developpement de projet college international de philosophie 2017

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DE L’ELABORATION DE NOTRE CONNAISSANCE
A L’UTILISATION DE NOTRE PROPRE CORPS
(Le langage : une superstructure gestuelle ?)
« Il est rare que les domaines dans lesquels une théorie scientifique peut se comparer
directement à la nature soit nombreux….il est souvent nécessaire d’avoir recours à des
approximations théoriques et expérimentales qui limitent énormément la concordance que
l’on peut attendre. Améliorer cette concordance, découvrir de nouveaux domaines où l’on
puisse le vérifier constitue un défi constant à l’habileté et à l’imagination des
expérimentateurs et observateurs. »
Thomas Kuhn, La structure des révolutions scientifiques
Il est nécessaire, pour développer une pensée innovante afin de donner à la recherche un autre
regard, de faire pont entre la neurophysiologie et les divers domaines de la pensée humaine
pour offrir à la philosophie sa juste part. C’est à la phénoménologie contemporaine, comme
fondement des sciences cognitives, dont l’héritage profond s’ancre dans les Recherches
logiques d’Edmund Husserl, qu’il faut faire retour, car c’est cette « visée» husserlienne qui est
sans cesse remise en chantier. Ainsi que l’écrit Gaston Bachelard dans Le nouvel esprit
scientifique « La philosophie des sciences est une philosophie qui s’applique. » Ce
cheminement de la pensée dont témoigne Emile Meyerson traverse l’univers bergsonien de la
pensée et du mouvant pour tenter de donner un sens concret au Bruit du sensible de Jocelyn
Benoist. Les recherches que nous menons sur l’apraxie ayant pour conséquences une
désactivation de l’aire de Broca en sont un puissant témoignage. C’est en nous appuyant sur
des travaux et des pensées aussi diverses que celles de Niels Bohr qui dans sa Physique
atomique, et connaissance humaine, développe son principe de complémentarité qui nous a
fait comprendre, en donnant une nouvelle définition à l’intuition sensible kantienne, ce qu’il
se produit lorsque dans un cas d’apraxie de la pensée, on n’est pas en mesure de développer
une pensée propre ; ou encore sur celle d’Heisenberg qui par son Manuscrit de 1942 nous
a permis de trouver un prolongement et une application possible à cette pensée. Ainsi avons-
nous cheminé pour améliorer cette concordance nécessaire aux expérimentateurs et
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observateurs, qu’évoque Thomas Khun dans sa Structure des révolutions scientifiques. C’est
en nous appuyant également sur des travaux comme ceux d’Henri Atlan dont la réflexion
nous a éclairé tant sur l’auto-organisation que sur la théorie de l’information, dans le
domaine de l’organisation biologique que nous avons compris pourquoi et comment
l’obstacle que constitue le bruit cérébral pouvait être source d’une nouvelle auto-organisation
et de fait d’une nouvelle forme d’enrichissement, faisant écho aux travaux tant de Claude
Shannon que de Gérald Edelman. Enfin ce sont les travaux très récemment menés par Antoine
Balzeau dans le domaine de la paléontologie sur l’aire de Broca chez les hommes fossiles
qui nous permettent de poursuivre notre réflexion sur les différentes structures que constitue
cette aire, ainsi que les tout derniers travaux de Svante Pääbo qui offre à la paléo-génétique
une pensée rénovatrice et prometteuse. Ainsi, explorons-nous les différents systèmes qui
régissent l’aire de Broca. C’est ce rapprochement entre la philosophie des sciences, la
neurophysiologie, la physique quantique, et la paléo-génétique que nous soumettons pour
projet à votre réflexion. Si, ainsi que l’écrit Jacobi, dans une lettre à Legendre en 1830, « le
but unique de la science c’est l’honneur de l’esprit humain », ce cri pour la science ne peut
faire sens que si l’on se porte à découvrir, pour poursuivre notre Recherche, de nouvelles
manières de penser la science. Ainsi, il ne peut y avoir aujourd’hui de neurophysiologie sans
phénoménologie, car elle fait pont entre la science et la philosophie. Il ne peut y avoir de
compréhension profonde de la neuroscience sans philosophie.
Présentation des séminaires
Les différents séminaires que nous présentons, se situent dans un cadre de recherches que
nous effectuons sur la désactivation de l’aire de Broca ayant pour conséquences une aphasie
entraînant une apraxie gestuelle et verbale, ainsi qu’une agraphie, mais également une
impossibilité de faire émerger une pensée propre. Cela questionne d’une part sur la nature de
cette structure ainsi que sur celle du langage. En effet, si l’aire de Broca est bien impliquée
dans l’origine du langage, elle est également chargée de hiérarchiser les actions qui permet à
l’observateur d’interpréter les gestes qu’il regarde s’exécuter devant lui pour les reproduire
dans la mesure où il partage le même format moteur que celui qu’il observe. Ainsi en vient-on
à s’interroger sur le langage en tant que superstructure motrice puisque nous avons pu
constater qu’une aphasie de Broca n’entraîne pas uniquement une apraxie gestuelle. On se
questionnera également sur cette même nature motrice de la pensée, puisque cette forme
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d’aphasie entraîne une apraxie de la pensée inhibant l’émergence de la pensée propre. Ainsi
un cas d’apraxie semble paralyser l’ensemble de toutes ces propriétés, qui pourraient donc
être considérées sous un format moteur commun. Enfin, nous nous interrogerons sur les bases
neurophysiologiques de la production écrite qui implique en partie l’aire de Broca ainsi que
l’aire d’Exner. Ce sont les travaux menés par le laboratoire du Professeur Jean-François
Démonet à l’université du Mirail à Toulouse qui nous ont guidés. Que sait-on du cerveau qui
écrit ? Si l’on sait que différents niveaux cérébraux sont impliqués, on ne sait pas encore très
précisément comment s’ordonnance les processus activés. La réflexion que nous menons
s’inspire de faits réels, chacun des thèmes traités dans ces séminaires, ont permis au fil des
années d’élaborer des exercices concrets, qui ont autorisé l’émergence parallèle de l’action,
du langage et de la pensée, accordant enfin l’activation des processus neurophysiologiques de
la production écrite..
Axes de recherche
Activation de l’aire de Broca ce que nous apprend l’étude de l’aire de Broca chez les hommes
fossiles
Notre premier séminaire portera sur le développement de l’aire de Broca lorsque le langage
n’était pas développé comme aujourd’hui, et que la gestuelle des premiers représentants du
genre Homo dits oldowayens, restait encore restreinte, car ils n’utilisaient que la partie
postérieure de l’aire de Broca pour tailler leurs outils et se montraient encore incapables de se
servir des gestes de l’autre pour faire évoluer leur propre gestuelle ; cela nous mènera à
comprendre en quoi et comment 500 000 ans plus tard le développement de l’aire de Broca
dans sa partie antérieure a permis l’évolution des gestes des hommes acheuléens ce qui a
autorisé le développement d’un format moteur partageable avec autrui
Activation de l’aire de Broca : Apraxie de la parole et agraphie apraxique
Notre second séminaire abordera les problèmes concernant le langage et montrera qu’ils ne
reposent pas uniquement sur l’aire de Broca, l’aire de Wernicke et le faisceau arqué qui relie
les deux aires. Ceux-ci seraient le résultat de différentes actions de plusieurs zones du cerveau
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dont on ne connait pas avec précision la localisation. Les circuits cérébraux associés aux
fonctions exécutives se situent dans le cortex préfrontal, ainsi, l’aire de Broca se situant dans
la troisième circonvolution frontale, est également impliquée dans la mémoire de travail, le
contrôle cognitif, les comportements dirigés vers un but et l’aire de Broca parait donc
impliquée dans le réseau codant pour les fonctions exécutives. On se demandera si on ne doit
pas envisager l’aire de Broca comme une zone plus complexe, que ne l’avait envisagé Paul
Broca, faisant intervenir des fonctions linguistiques et non linguistiques, dont les fonctions
exécutives ?
Emergence de la pensée propre: Décohérence, non-localité et téléportation
Notre troisième séminaire sera le premier volet d’une réflexion sur l’émergence de la pensée
propre, et s’appuiera sur des principes très spécifiques à la mécanique quantique que sont
l’intrication, la non-localité et la téléportation, pour tracer un parallèle entre les processus
atomiques et les processus neuronaux, dans la mesure où nous défendons la thèse que le
comportement des neurones est comparable au comportement des atomes et que dans un cas
d’apraxie de la pensée, on constate très nettement des phénomènes assimilables à l’intrication
et à la téléportation.
Emergence de la pensée propre ou comment comprendre concrètement le « principe de
complémentarité » de Niels Bohr ?
Dans notre quatrième séminaire qui sera le second volet de cette réflexion, on s’appuiera
plus spécifiquement sur l’œuvre et la pensée de Niels Bohr dont la compréhension des
phénomènes quantiques paraît précisément illustrer ce qu’il se produit dans le processus
neuronal dans un cas d’apraxie de la pensée. Pour Bohr, la discontinuité constitue le point
central des phénomènes quantiques, lesquels possèdent donc une valeur minimale d’énergie
observable appelée quantum. Nous défendons la thèse que le comportement des neurones est
comparable à celui des atomes, et que les neurones possèdent également une forme de
quantum en-deçà duquel l’énergie n’est pas observable mais cependant opérante. Or, Bohr,
refuse d’accepter qu’il ne soit pas possible d’envisager simultanément une description causale
et une description spatio-temporelle de ces phénomènes. Autrement dit, quand le phénomène
a une cause elle ne se situe pas dans l’espace-temps, et lorsque l’on peut situer le phénomène
dans l’espace-temps, on ne peut pas en déterminer la cause. Le principe de complémentarité
cherche fondamentalement à résoudre ce problème. Il faut donc qu’il soit possible d’utiliser
simultanément une description causale et une description spatio-temporelle, dans la mesure où
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on ne peut se passer d’aucune des deux descriptions. La question qui se pose est donc de
comprendre comment faire pour maintenir les deux types de description simultanément : cette
réflexion porte directement à la question du langage, sur la manière de l’utiliser et de
l’interpréter. Pour pouvoir concilier les deux formes d’observation, il faut redéfinir, selon
Bohr, le principe kantien d’intuition sensible, pour ce faire, il faut attribuer à chaque
phénomène très précisément le domaine de validité dans lequel intervient et est interprétée
l’observation. Tant il est vrai que : « ce sont les structures qui ont une genèse empirique, c’est
notre expérience du monde macroscopique qui a formé nos structures mentales. Les
représentations spatio-temporelles courantes sont donc le fruit d’une sélection et peuvent
donc changer… la principale difficulté que nous rencontrons dans cette voie provient de ce
que, somme toute, chaque mot de notre langue dépend de notre forme d’intuition ».
Emergence de la pensée propre : De la Théorie de la Sélection des Groupes Neuronaux
(TSGN) au bruit comme principe d’auto-organisation et d’enrichissement.
Notre cinquième séminaire proposera un dernier volet de réflexion sur l’émergence de la
pensée propre. Si Le principe de complémentarité bohrien induisant une redéfinition de
l’intuition sensible kantienne est nécessairement de mise, pour permettre l’émergence de la
pensée propre, il est essentiel de se demander comment doit évoluer cette éclosion d’une part
en appliquant la Théorie de la Sélection des Groupes Neuronaux (TSGN) de Gerald Edelman,
impliquant des réentrées cérébrales fluides, circulant de manière massivement parallèle, mais
également devant pouvoir devenir de plus en plus complexes, laquelle complexité engendrant
un phénomène de bruit cérébral, source d’obstacles, faisant jaillir une auto-organisation de
l’information, source d’enrichissement.
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