ENJEU DE DEUX TENTATIVES DE PAIX AVORTÉES
supporter plus longtemps les sacrifices affreux que la guerre imposait. Il
voulait mettre fin à l'effusion de sang. Chacun de ses actes, durant son
règne éphémère s'inspira de cette pensée; elle est la clé de toutes ses déci-
sions.»
«Je veux, avait-il proclamé dans son premier message, rendre à mes
peuples les bienfaits de la paix et tout faire pour bannir dans le plus bref
délai les horreurs et les sacrifices de la guerre.»
En 1911, l'archiduc Charles avait épousé une princesse de Parme,
Zita de Bourbon, descendante de Henri IV, de Louis XIV et du petit-fils de
ce dernier, Philippe, duc d'Anjou, lui-même fils du Grand Dauphin,
devenu roi d'Espagne en 1701.
L'impératrice Zita avait deux frères, Sixte et Xavier cousins comme
elle-même, du souverain espagnol et de la reine Elisabeth de Belgique.
Lorsqu'éclata la guerre en 1914, Sixte et Xavier avaient eu pour uni-
que pensée : servir leur patrie.
Mais comme ils appartenaient à la Maison de France, l'armée fran-
çaise leur était interdite. Aussi revêtirent-ils l'uniforme de l'armée belge
dans laquelle ils servirent d'ailleurs avec bravoure.
Dès 1914, le prince Sixte avait tenté des démarches auprès de sa sœur,
en vue d'amener l'Autriche à se détacher de l'Allemagne. L'impératrice lui
répondit alors que l'heure n'était pas encore venue pour l'archiduc Char-
les,
d'intervenir.
En 1915, Sixte faisait remettre au Vatican une note, par laquelle il
priait le Souverain Pontife de s'entremettre auprès de l'Autriche en faveur
d'une paix séparée.
Victorieuse ou vaincue, tel est son avis, la Monarchie austro-
hongroise deviendrait une vassale de la Prusse.
Au mois de mars de la même année, Sixte était reçu par Benoît XV,
qui consentit à seconder les efforts du prince.
Au mois de janvier 1916, deux amis «sûrs» de Sixte et de son frère,
rencontrent M. William Martin, chef du protocole du quai d'Orsay, et lui
suggèrent la possibilité pour la France d'entrer en rapport avec la Cour
d'Autriche par l'intermédiaire des deux princes si les intérêts du pays
venaient à l'exiger.
Le 21 mai 1916, Poincaré, tenu informé de cette démarche, profite
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