tom à la ferme - Théâtre de la Manufacture

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29 NOV > 10 DÉC
LA FABRIQUE
LA MANUFACTURE - NANCY
TOM À LA FERME
MICHEL MARC BOUCHARD
JESSICA CZEKALSKI & ALEXANDRE DOLLE
CONTACT RELATIONS PUBLIQUES
PASCALE BRENCKLE & EMILIE ROSSIGNOL
[email protected]
[email protected]
CENTRE DRAMATIQUE NATIONAL
NANCY LORRAINE
DIRECTION MICHEL DIDYM
10 RUE BARON LOUIS - BP 63349
54014 NANCY CEDEX
WWW.THEATRE-MANUFACTURE.FR
03183 37 12 99
Sommaire
PAGE 3 PRÉSENTATION ET INFORMATIONS PRATIQUES
PAGE 4 NOTE D’INTENTION
PAGE 5 MOTS DE L’AUTEUR
PAGES 6 > 9 ENTRETIEN AVEC LES METTEURS EN SCÈNE
PAGES 10 > 11 LA SCÉNOGRAPHIE
PAGE 12 PHOTOGRAPHIES DU SPECTACLE
PAGES 13 > 14 L’ADAPTATION AU CINÉMA
PAGES 15 > 17 BIOGRAPHIES
PAGES 18 > 21 EXTRAITS DE TOM À LA FERME
Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture
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TOM À LA FERME
MICHEL MARC BOUCHARD
JESSICA CZEKALSKI & ALEXANDRE DOLLE
Tom est un jeune publicitaire urbain et raffiné. Son compagnon Guillaume vient
de mourir dans un accident de voiture. Chez les parents de Guillaume, éleveurs
de vaches laitières, Tom vient assister aux obsèques.
Les parents ne comprennent pas qui est ce Tom. Guillaume leur avait tout caché.
Seul Francis, le frère, sait. Mais celui-ci va jouer un jeu trouble où rien n’est dit
franchement et où le désir ne s’avoue jamais comme tel.
29 NOV > 10 DÉC
LA FABRIQUE
De Michel Marc Bouchard
(Éditions Théâtrales)
Mise en scène Jessica Czekalski et
Alexandre Dolle
Avec Laure Budzinski, Alexandre
Dolle, Maxime Keller, Nadine Ledru
Chorégraphies Camille Michel
Régie plateau Anna Moriot
Création Sonore Maxime Keller
Création lumière Élise Lih Drouet
Scénographie Martin Clor
Production Compagnie Stasima
Production déléguée Centre
Dramatique National Nancy
Lorraine, La Manufacture
Avec le soutien de La Manufacture
Atlantique, Bordeaux
et de La Factorine, Nancy
Texte publié aux éditions Théâtrales,
éditeur et agent de l’auteur
 1H50 - Dès 15 ans
Le compositeur – et acteur – Maxime Keller baigne le spectacle dans une
ambiance sonore envoûtante. C’est inquiétant et captivant comme un film
d’Hitchcock et le tout est enlevé par un trio d’acteurs qui n’ont pas froid aux yeux.
La pièce de l’auteur québécois Michel Marc Bouchard a été adaptée au
cinéma par Xavier Dolan.
La compagnie Stasima est née à Nancy en septembre 2014 ; les deux
metteurs en scène ont participé à trois aventures théâtrales de la
Manufacture dirigées par Michel Didym : Confessions en 2012, Divans en
2013 et Examen de 2014 à 2016.
TEASER : WWW.YOUTUBE.COM/WATCH?V=KAT6Q4XYHI8
CALENDRIER
Mardi 29, Mercredi 30 Novembre à 20H,
Vendredi 2, Mardi 6, Mercredi 7, Vendredi 9 Décembre à 20H,
Jeudi 1er, Samedi 3 et Jeudi 8 Décembre 19H
REPRÉSENTATIONS SUPPLÉMENTAIRES
Lundi 5 Décembre à 19H
Samedi 10 Décembre à 15H
TARIFS
Tarif plein 22€ / Tarif réduit 17€ / Tarif jeunes 9€
RÉSERVATIONS
Au 03 83 37 42 42 du lundi au vendredi de 12h à 19h,
le mercredi de 10h à 19h, et le samedi en période de représentation de 14h à 15h.
En ligne sur notre site Internet www.theatre-manufacture.fr
AUTOUR DU SPECTACLE
>> Répétition publique suivie d’une rencontre avec Alexandre Dolle
Mardi 22 novembre de 18h30 à 20h - La Fabrique – entrée libre
>> Rencontre avec l’équipe du spectacle
Jeudi 1er décembre à l’issue de la représentation (vers 21h) La Fabrique – entrée libre
>> En scène ! Atelier de pratique théâtrale
avec Jessica Czekalski et Alexandre Dolle, metteurs en scène
Samedi 3 décembre de 9h30 à 13h30, Au Théâtre de la Manufacture
Ouvert à tous à partir de 16 ans. Plein tarif 20€ / Tarif réduit* 12€€
>> Projection de Tom à la ferme réalisé par Xavier Dolan (2013)
Lundi 5 décembre à 20h
Caméo Commanderie 5,20€ sur présentation du billet du spectacle
Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture
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NOTE D’INTENTION
Mettre en scène Tom à la ferme de Michel Marc Bouchard est un désir qui m’habite depuis deux ans.
À la première lecture de cette pièce, il m’est apparu qu’elle enfermait tout ce qui me semble indispensable
au théâtre : des personnages forts et dépassés par les situations dans lesquelles ils se sont enfermés,
des relations entre eux qui ne passent pas nécessairement par le dialogue, une ambiguïté continue entre
chacun d’entre eux, et un message contemporain sur la vie d’aujourd’hui, la différence et les difficultés à
communiquer.
(...)
Tom à la ferme est ma première mise en scène d’une pièce intégrale. Il n’est nullement ici question de
faire un copier-coller de ce que j’ai déjà pu voir sur cette œuvre, ni de faire une redite de l’adaptation
cinématographique, extrêmement réussie, réalisée par Xavier Dolan. J’ai voulu au contraire apporter un
regard nouveau, motivé par la jeunesse, le travail, et l’ambition de la compagnie, qui puisse apporter aux
spectateurs ce que j’ai toujours considéré comme une œuvre réussie sur les planches, c’est-à-dire un beau
moment de divertissement ainsi qu’une véritable réflexion sur des sujets forts qui suscitent la discussion
et le débat à la sortie.
Alexandre Dolle, metteur en scène
Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture
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MOTS DE L’AUTEUR
MICHEL MARC BOUCHARD
Perdre quelqu’un subitement, c’est un fil qui se casse. Ce lien qui nous retenait à l’autre, à celui qui n’est plus
là. Les bouts effilochés de la vie de Tom et de ceux de la mère et du frère du défunt, cherchent par instinct,
par survie, à se nouer à quelque chose d’autre, à un autre bout de fil effiloché. Peu importe qui. Peu importe
quoi. L’autre devient en partie synonyme de celui qui n’est plus là; un frère, un fils, un amant. Pour Tom, cet
endeuillé en perte de repères, les mensonges deviennent des vérités et les coups, des caresses.
À la suite de la mort accidentelle de son premier amoureux, Tom en quête de réconfort et de repères se rend
à la campagne auprès de sa belle-famille, des inconnus. Sur fond de nature austère, ce néophyte de la vie
est projeté dans une histoire où les équivalents ne sont qu’une déclinaison de mensonges.
L’amant, le camarade, le fils, le frère, ce mort sans nom n’a laissé comme héritage qu’une fable tissée de
fausses vérités qui, selon ses propres carnets de jeunesse, lui étaient essentielles à sa survie, car un jour,
jadis, dans cette même campagne, un jeune homme a détruit un autre jeune homme qui en aimait un autre.
Telle une tragédie antique, ce drame vient rattraper, des années plus tard, le destin innocent de Tom.
L’adolescence est la période de la vie caractérisée par l’évolution individuelle de la personnalité enfantine
vers la personnalité adulte. Elle débute avec la maturité sexuelle et prend fin avec la maturité sociale. C’est
à cette étape déterminante de l’existence que les diktats de la normalité font le plus de ravages sur ceux
qui en sont en marge.
Chaque jour, de jeunes homosexuels sont agressés dans les cours d’école, à la maison, au travail, au sport,
autant en ville qu’à la campagne. Chaque jour, des victimes injuriées, ostracisées, violentées, moquées,
humiliées, blessées, battues, taxées, souillées, isolées, bafouées. Certains s’en sortent, d’autres pas.
Certains deviennent des mystificateurs de leur vie, d’autres des bêtes de foire.
Le mépris contre les homosexuels n’est pas un sujet obsolète comme certains voudraient le croire,
particulièrement ceux qui se sont lassés d’en avoir entendu parler une fois ou ceux qui croient, tout comme
le reste, que si les médias l’ont dit, c’est que quelqu’un s’en occupe.
J’ai cherché longtemps un titre à cette pièce. La Fabrication des synonymes. La Fiancée du mort. Le Bois
aux coyotes. La Beauté du mensonge. La Veuve-garçon. Finalement, j’ai choisi Tom à la ferme. Titre bon
enfant aux accents bucoliques, mais tout comme le reste de la pièce, c’est un titre trompeur.
J’ai aussi tenté plusieurs fins heureuses, mais les œuvres réconciliatrices dans leur résolution nous
déresponsabilisent face aux solutions et aux conflits. Elles sont faites de morales à consommer sur place.
Tiens, je tente cette phrase : Tendre l’oreille à la souffrance amoureuse, on y peut tous, un peu, quelque
chose, chaque jour.
Avant d’apprendre à aimer, les homosexuels apprennent à mentir.
Nous sommes des mythomanes courageux.
Michel Marc Bouchard, novembre 2010
Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture
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AUTOUR DE LA MISE EN SCÈNE
entretien avec Jessica Czekalski et Alexandre Dolle
Alexandre, c’est toi le premier qui a découvert Tom à la ferme de Michel Marc Bouchard. Qu’est-ce qui t’a
tout de suite marqué ? Pourquoi choisir cette pièce plutôt qu’un classique comme première création de
la Compagnie Stasima ?
Alexandre Dolle : Je pense que les membres de la compagnie ont une sensibilité qui est plus proche du
contemporain que du classique. Et ce qui m’a vraiment plu dans cette écriture c’est sa simplicité. Elle est
très directe et très poétique ; ça fonctionne sans avoir besoin de passer, comme c’est le cas parfois, par
énormément de figures de style ou par énormément de description. Et, surtout, c’est une pièce qui traite
de sujets qui nous paraissaient très importants. Avec Jessica (Czekalski), nous avons une idée du théâtre
qui doit être très engagée, il faut qu’il y ait une forme presque politique derrière.
Jessica Czekalski : Oui, c’est quand même une pièce à messages : on a le rapport entre la campagne et la
ville, l’acceptation, ça parle énormément de tolérance, d’homosexualité, d’homophobie...
A.D : ... la peur de l’autre. Il y a une grosse dénonciation de l’homophobie, mais ce n’est pas accusateur
« dans la campagne ils sont homophobes ». La pièce cherche plutôt à aller aux sources. Je ne suis pas pour
donner des réponses claires mais il y a quelques clefs, par exemple, Francis dit « Ici c’est un trou » : ils se
connaissent tous, le jugement est plus rapide. On a aussi tous peur de ce qu’on ne connaît pas.
Tom n’est à ce sujet pas non plus très honnête. Il peut reprocher l’homophobie de ce milieu mais il a aussi
plein de clichés sur la campagne. Dans un monologue, il dénigre la famille parce qu’ils portent des chemises
froissées !
J.C : L ‘homophobie se regroupe avec un énorme thème qui est la tolérance et l’acceptation de l’autre. Et
je pense que c’est surtout ça qui a regroupé tous l’équipe autour de Tom à la ferme, une pièce qui traite de
choses qui sont malheureusement toujours aussi actuelles.
Comment avez-vous abordé au plateau le rapport au jeu de rôle incessant et assez machiavélique, qui,
dans l’écriture est finement mené ?
A.D : C’est vrai qu’au-delà de l’écriture, les personnages sont d’une richesse incroyable. C’est très intéressant
en termes de jeu et de direction d’acteurs.
Notamment dans le tableau 9 (l’arrivée de Sara), le jeu dans le jeu, nous éprouvons un vrai plaisir...
J.C : ... et il y a une vraie progression de tous les personnages tout au long de la pièce ; on s’en rend compte à
la lecture mais surtout au plateau. Aucun d’eux n’est soit noir soit blanc, ils ont tous un côté un peu malsain,
via le mensonge ou le transfert. Agathe voit en Tom la résurrection de son fils mort ; Tom voit en Francis le
sosie de son petit-ami défunt, il existe ainsi un rapport charnel et, peut-être, amoureux, c’est ambigu ; et
pour Francis, la venue de Tom est celle de quelqu’un qui l’accepte dans son espace, qui veut bien lui parler,
Tom représente une compagnie que Francis ne connaît plus depuis longtemps.
Les liens entre les personnages évoluent également beaucoup. Par exemple, quand Sara est complètement
abasourdie de voir l’état dans lequel elle retrouve Tom : du début de l’histoire où il arrive à la ferme dans des
vêtements hyper distingués, propre sur lui, à ce moment, en T-Shirt XXL, couvert de bleus et de bandages,
ne semblant plus porter intérêt à sa silhouette. La transformation est aussi physique.
Tom est-il le personnage qui se transforme le plus physiquement ?
A.D. : Oui, la transformation des autres personnages est moins physique. Tom est celui qui arrive à la
campagne, c’est donc lui qui prend progressivement les codes notamment vestimentaires. Et pour
rebondir sur ce que disait Jessica, ces personnages sont profondément humains et c’est en ça qu’ils nous
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ont touchés dans un premier temps et qu’ils touchent le public. Ils font des erreurs, ils se cherchent, ils font
des bonnes choses aussi, et c’est ce qui rend le tout finalement assez cohérent et, aussi, terrible.
Même Guillaume, le défunt, est loin d’être blanc comme neige, on en apprend sur lui tout au long de la pièce,
alors qu’on a tendance à idéaliser la personne décédée...
Dans cette histoire, les personnages, par le transfert ou la transformation, trouvent très vite leur place.
En revanche, Sara, l’amie de Tom, débarque assez brusquement dans ce « jeu ». Peut-on dire qu’il y a
également une évolution du personnage ?
A.D : Oui, elle n’imaginait pas l’ampleur du mensonge. Au départ, c’est une histoire très terre-à-terre. Sara
devait du fric à Tom, qui lui propose, pour le rembourser, de se faire passer pour la petite amie de Guillaume.
Elle voit juste un bon moyen de liquider ses dettes en mentant une demi-heure, elle ne s’attend pas du
tout à tout ça... ce qui est pourtant assez logique, quand on arrive en tant que fausse petite amie d’un fils
décédé et qu’on va parler à sa mère, ça ne peut qu’être dramatique...
Sara se fait prendre à son propre « rôle », elle évolue aussi au fur et à mesure du tableau. Elle vient pour
des mauvaises raisons mais on la voit essayer de résoudre les choses, encore une fois pas de la bonne
manière...
J.C : Quand la mère lui tend la boîte à souvenir, la première cravate, la première mèche de cheveux de
Guillaume, son fils décédé, et qu’elle dit « c’est à vous que ça revient », elle ne peut pas pousser plus loin le
mensonge même si elle est décrite, surtout par Tom, comme une personne frivole, très superficielle, portée
sur la boisson. Arrive un moment où elle hurle, elle parle en français et non plus en anglais comme le veut
son personnage de fausse petite amie, elle fait éclater la vérité. Sara a vraiment ce rôle de révélateur, c’est
elle qui enclenche le processus de destruction. Si la pièce s’achevait avant son arrivée, elle pourrait bien
se finir car l’épisode précédent est un épisode assez tendre entre Tom et Francis, tous deux commençant
à s’accepter.
A.D : Oui, Tom représente tout ce que Francis déteste : le citadin un peu raffiné, avec certains codes
esthétiques, homosexuel, sauf qu’il est tellement seul dans cette ferme, seul avec sa mère, plus personne
ne veut lui parler, qu’il s’attache à Tom. Et c’est très compliqué pour lui, très ambigu également, il s’attache
à quelqu’un qu’il déteste. C’est ce qui ajoute de la profondeur à son personnage.
Comme vous parliez de la relation entre Tom et Francis, comment l’avez-vous abordée dans la mise en
scène et dans la direction d’acteurs ?
J.C : Cette relation a évolué. Nous travaillons énormément au plateau. Nous sommes partis du principe que
Francis était quelqu’un qui ne communique que par le physique, que par la violence. C’est pour cela que, pris
d’un coup de folie, il a un jour déchiré un visage au lieu de parler à la personne qui venait le voir.
Le point de départ entre Tom et Francis commence ainsi avec une scène d’étranglement. Et toute la relation
se construit à partir de cela. Il y a même un jeu sado-masochiste qui s’instaure entre eux, quand Francis
un moment étrangle Tom et dit « Tu me dis quand arrêter mon homme. » et Tom se laisse faire et répond
« Vas-y ok je vais te montrer, je suis capable de tenir, je suis capable de te rendre fier, regarde je suis
quelqu’un de fort aussi ». C’est à partir de cette relation que naissent, paradoxalement, les moments de
tendresse...
A.D : ... tous les rapports entre eux sont physiques, la tendresse, la danse, les scènes d’affrontement... ce
qui nous a aussi plu car la compagnie, au-delà de Tom à la ferme, travaille essentiellement sur le corporel,
que ce soit dans les échauffements, dans les recherches, dans les autres formes que l’on crée.
Je pense également que Tom, qui revoit en Francis son amant disparu, a compris que le seul rapprochement
qu’il peut avoir avec lui, c’est le contact ; même quand il se fait frapper, Tom finit par accepter de se faire
« toucher » de cette façon-là.
J.C : Et l’évolution de leur relation reste physique. Au début Tom, se place comme une victime. Dès le tableau
2, en train de se faire étrangler, il se recroqueville... Le rapport de force bascule progressivement, Tom va
avoir un contact très frontal avec Francis jusqu’à lui sauter dessus. Dans le texte, l’image pour illustrer ce
Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture
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changement de rôle est très claire : c’est celle du coyote et du lièvre, le prédateur et l’animal inoffensif. À la
fin, Tom prend le pouvoir, Francis devient le lièvre, « Francis est un lièvre, il bouge encore. »
Ce rapport au corps et cette confrontation physique ont été compliqués à mettre en scène ?
A.D : Ce qui nous a facilité les choses, c’est qu’il y a déjà une domination physique du corps de Maxime
(Keller) sur le mien. Maxime est plus grand, carré, plus imposant que moi qui suis plus chétif. Visuellement,
cela fonctionnait d’ores et déjà bien.
J.C : Puis on commence la recherche au plateau qui se prolonge par un travail plus chorégraphié.
Vous commenciez par de l’improvisation ?
A.D : Oui, des improvisations autour des situations de Tom ou des personnages qui se passaient parfois
avant la pièce, parfois après, parfois pendant mais en parallèle. On a construit les personnages de cette
façon, en essayant de leur apporter un vécu et de faire en sorte que chaque comédien puisse avoir de la
matière. C’est une façon de travailler qu’on applique très régulièrement. On met de la musique, on fait un
long échauffement.
La musique influe une énergie très particulière. Je parle souvent d’une histoire, d’un voyage que l’on fait. À
partir de musiques variées mais qui gravitent toujours autour d’un même thème ou d’une même ambiance,
on doit exprimer sans aucun mot ce qui nous traverse, soit individuellement soit avec les autres. C’est une
phase de recherche essentielle pour la compagnie Stasima.
J.C : Oui même en ce moment, pour le dernier tableau, on continue à procéder comme ça car nous n’avons
pas encore fixé les choses. C’est un tableau final très complexe.
Pourriez-vous nous rappeler en quoi consiste ce dernier tableau ?
A.D : C’est l’assassinat de Francis par Tom. La forme est un peu compliquée car c’est un monologue dit au
présent, dans lequel il parle de l’acte qu’il a déjà commis. Ce n’est pas possible de mettre en scène ce qu’il
est en train de dire. Mais on se pose la question : devons-nous montrer le corps de Francis au sol ? Tom
vient-il de l’assassiner ? Est-il en train de se remémorer les choses ? À qui s’adresse-t-il ? À Guillaume,
l’amant décédé comme c’est le cas tout au long de la pièce ? Devons-nous mixer les différents états ? Nous
sommes encore en phase de recherche.
À part la relation Tom/Francis, retrouve-t-on ce rapport charnel, chorégraphique, entre les autres
personnages ?
J.C : Il y a les deux, les duos Tom/Agathe, Tom/Francis, Agathe/Sara, Francis/Sara, et le collectif.
Tout le travail chorégraphique se base sur le point commun entre tous les personnages : le défunt. Il
fonctionne par duo dans tout l’espace, puis les duos s’inter-changent jusqu’à une sorte de danse collective,
une expression corporelle commune autour de la présence de Guillaume. La chorégraphe part des
sentiments de chaque personnage pour créer tout en s’adaptant au corps des comédiens.
A.C : C’est adapté à ce que chacun peut faire, on ne recherche pas une technique mais une émotion.
Et le duo Tom/Agathe, la mère ?
A.D : Il y a une belle et réelle affection entre eux. Agathe, voyant quelqu’un de la ville pour l’enterrement,
est confortée dans le fait que son fils était quelqu’un de bien. Elle sent le parfum de Tom qui est le même
que celui de Guillaume, elle se sent tout de suite bien avec lui. Très religieuse, elle voit d’une certaine façon
la résurrection de son fils. Tom, en revanche, met plus de temps à se rapprocher. Il voit en Agathe une
campagnarde, il est plein de clichés ; la ville c’est la vie, la campagne, ce ne sont que des bouseux. Quand
elle le touche au début, il est très distant. Même née sur un mensonge, l’évolution de leur relation est belle
car il va se prendre d’affection pour elle, il va vraiment vouloir l’aider.
J.C : C’est cette compassion qui va faire que Tom appelle Sara et continue à nourrir la mascarade. Il le
fait pour la mère, parce qu’il voit qu’elle en a besoin. Il comprend vraiment ce qu’elle ressent vu qu’il vit
exactement la même chose.
Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture
8
A.D : Agathe est plus démonstrative. Elle pleure, elle est gauche dans certains mouvements, c’est également
un de leur point commun, et Tom le ressent.
J.C : Elle est par ailleurs dans une forme de violence beaucoup plus moral, surtout avec Francis.
A.D : Elle est beaucoup plus réservée ; dans la tenue, il y a quelque chose de sa vie à la ferme depuis toute
petite, il y a quelque chose d’assez pudique dans le corps. Son rapport à la religion fait également qu’on
a développé un travail du corps beaucoup plus figé. Alors que Francis, c’est l’inverse, il ne va que dans la
violence.
Tom est plus impudique parce qu’il vient d’un milieu beaucoup plus superficiel, comme Sara d’ailleurs. Il a
plus tendance à pleurer en public devant un film. Il arrive dans un milieu qu’il ne connaît pas, il va tout de
suite se raidir, tout en gardant sa façon d’être c’est-à-dire qu’il va croiser les jambes, etc.
On pourrait faire toute la pièce en enlevant le texte. J’aime travailler comme ça : si on enlève tous les
dialogues, comment parle le corps ? Comment comprend-on les enjeux et les situations juste en se grattant
le petit doigt, en se remettant une mèche de cheveux, en se levant d’une certaine façon ?
Une des scènes très marquantes du spectacle est la scène de viol de Sara par Francis...
J.C : Oui, c’est une autre forme de violence physique. L’auteur Michel Marc Bouchard n’a pas précisé qu’il
fallait que l’on voit l’acte. Il y a juste ce monologue de Tom qui est très explicite. On s’est posé la question de
savoir s’il s’agissait réellement d’un viol, si on le figurait sur scène, si on entendait des choses ou pas. Je
trouvais intéressant de parler de cette notion de consentement, dont on en entend beaucoup parler en ce
moment. Sara peut paraître aguicheuse, mais même si elle a de nombreuses aventures d’un soir, ça ne veut
pas dire que cette chose-là est consentie. Je voulais vraiment traiter de cette ambiguïté, interroger cette
frontière, questionner les gens sur le rapport au consentement face à la violence physique.
A.D : On renoue avec cette idée d’un engagement assez politique, avec ce qu’on veut montrer, ce qui nous
insupporte. Le fait d’illustrer qu’ils ont bu, qu’ils sont ivres, qu’elle l’aguiche, qu’elle l’embrasse, qu’elle rigole
mais qu’à partir du moment où il commence à vouloir y aller, elle dit non et que lui la force, c’est montrer
frontalement que rien ne justifie le viol.
On est aussi dans une autre forme de violence. Après la première maquette de travail présentée il y a plus
d’un an, certains spectateurs disaient qu’on ne pouvait pas représenter ça au théâtre, car c’était trop direct.
Je leur avais répondu que pendant 1H20 on voyait quand même quelqu’un se faire casser la gueule, se
prendre des coups, se faire traîner, se faire ligoter, se faire pendre au-dessus d’une fosse à vaches et que
ça ne choquait pas...
J.C : ...enfin, c’était acceptable, en tout cas.
A.D : Selon moi, ça devrait être choquant dès le départ. Représenter ces formes de violence n’est pas gratuit,
ce n’est pas pour faire scandale; le propos est de montrer qu’elles existent et qu’aucune d’elles ne devrait
être tolérable.
Entretien avec Jessica Czekalski et Alexandre Dolle, metteurs en scène, 21 novembre 2016, CDN Nancy
Lorraine, La Manufacture
Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture
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LA SCÉNOGRAPHIE
Les espaces scéniques
Les espaces ont été épurés au fur et à mesure, ça respire un peu plus.
Mais nous avions dès le départ les trois espaces : la chambre et la cuisine. La cuisine, la chambre de
Francis et l’extérieur sont les trois espaces présents sur scène. Les personnages passent ainsi d’une partie
à l’autre tout au long de l’histoire. Le parti pris est de mettre en avant les transferts que chaque personnage
réalise sur un autre.
Les espaces sont très simples car quasiment tout se passe dans la maison. L’idée était d’avoir l’ambiance
de cette ferme, ce côté rural. Nous voulions également garder ce côté huis clos et claustrophobe : tous
les personnages sont enfermés dans leurs mensonges, nous avons ainsi choisi de représenter cet
enfermement constant. Il y a une seule entrée figurée en porte et le reste est pendrilloné.
Le choix de la chambre et la cuisine est purement dramaturgique. Mais la cuisine c’est aussi l’espace
d’Agathe, l’espace de la mère de famille. C’est là qu’elle congèle, qu’elle dégèle, qu’elle fait sa cuisine, c’est
son espace, là où elle se sent bien, elle sait où tout se trouve, et c’était plus intéressant une cuisine qu’un
salon.
Jessica Czekalski et Alexandre Dolle, metteurs en scène
Premiers croquis de la scénographie de Tom à la ferme - Cie Stasima
Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture
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L’utilisation du cyclo
Il a semblé très vite essentiel d’intégrer le personnage du défunt.
Non pas comme un « esprit », un « fantôme » ou autre apparition mystique, mais tout simplement comme
une présence qui habite cette ferme isolée et qui reste au centre de toute l’histoire.
C’est pourquoi un cyclo a été intégré à la scénographie, ce mur transparent à travers lequel nous pouvons
voir à plusieurs moments des ombres, que ce soit celle de Francis dansant avec Guillaume au tout début
de la pièce ou celle de Guillaume lui-même, dansant lorsque la tension monte, comme pour comprendre ce
que lui ressent également à travers tous les passages clefs de l’œuvre.
Les passages du cyclo sont là en partie pour permettre des transitions. Mais L’écriture l’amène également.
La venue de Tom et tout ce que ça crée, son passage de la ville à la campagne, son intrusion dans le cercle
familial, ... et ça monte, ça monte pour qu‘à un moment le défunt soit partout ; il est dans les murs, sa
présence transpire partout...
On insiste beaucoup sur le fait que ce n’est pas le fantôme de Guillaume. On utilise ce corps pour transmettre
une émotion et une dilatation de l’espace parce qu’il a passé toute son enfance, toute son adolescence
dans ces lieux. On part du principe que les lieux transpirent aussi ce qu’ils ont traversé et donc sa présence
est là, dans les murs, dans le lit, dans les odeurs. C’est pour ça qu’on ne voit pas son visage, que c’est une
silhouette, c’est tout ce que Guillaume représente dans cette maison, ce qu’il a vécu, ses relations aux
autres.
Quand on fait face au décès d’un être cher, on ressent encore la présence de la personne disparue même
si elle n’est plus là physiquement. Et c’est aussi cette question qu’on veut aborder : comment vit-on le deuil
quand on perd un fils, un frère, un petit-ami, un ami, un amant ? Chacun appréhende les événements à sa
façon tout en faisant attention à ce que l’autre vit. Et cela crée forcément des incompréhensions. D’autant
plus dans cette pièce car pour Agathe, Tom « n’a perdu qu’un » ami. Il doit aussi doser ses réactions, montrer
un faux deuil.
C’est aussi dans l’espace de la maison que Guillaume a enfoui son secret. Il a inscrit la vérité dans ses
calepins, ses carnets, ses dessins. Sauf qu’une fois parti, sa mère a décidé de ne pas les ouvrir, par respect.
La maison est vraiment le lieu où plane le secret, d’où le huis-clos et la présence de Guillaume, ado et
enfant, celui du passé et du secret.
Jessica Czekalski et Alexandre Dolle, metteurs en scène
Photographie du décor de Tom à la ferme - Cie Stasima durant les répétitions - novembre 2016
Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture
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PHOTOGRAPHIES DU SPECTACLE
Répétitions de Tom à la ferme - Cie Stasima - novembre 2016 - © Camille Michel
Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture
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TOM À LA FERME AU CINÉMA
sur l’adaptation réalisée par Xavier Dolan (2013)
Jessica Czekalski et Alexandre Dolle, metteurs en scène
Ce qui nous rapproche, c’est l’histoire et ses enjeux.
Le film a pris beaucoup de libertés, notamment sur la fin. Le film est très centré sur Tom, dans la pièce
c’est beaucoup plus dilué, chacun a son importance et même au niveau de l’écriture chacun, à un moment
donné, a du texte et des monologues très forts. Agathe par exemple est beaucoup moins présente dans le
film ; après la scène de la boîte on ne la voit plus ; dans la pièce au contraire non seulement on la voit, mais,
en plus, elle a une partie extrêmement importante.
La différence de support est évidemment déterminante. Dolan utilise des longs plans-séquences, des
images très esthétiques, des gros plans, très peu de paroles... Dans le film, on a un autre rapport au temps.
Au théâtre ça parle tout le temps, c’est vivant. La pièce s’ancre également beaucoup plus dans le réalisme.
Elle est en effet très claire, très riche. Et c’est aussi pour ça que dans la mise en scène nous avons choisi des
parties oniriques avec la présence du cyclo, de la silhouette dansée et de la musique, les chorégraphies...
afin d’apporter un autre niveau de lecture qui accompagne l’écriture.
La Compagnie Stasima est par nature pluridisciplinaire : notre rapport au visuel et au cinéma est très fort.
Mais nous avons choisi pour Tom à la ferme de développer le côté cinématographique dans le teaser plutôt
que dans la mise en scène.
TEASER : WWW.YOUTUBE.COM/WATCH?V=KAT6Q4XYHI8
Visuels officiels du film Tom à la ferme réalisé par Xavier Dolan (2013)
Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture
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Extrait de l’article sur Xavier Dolan écrit par Jacques KERMABON, Encyclopædia Universalis
Le prix du jury attribué à Mommy lors du festival de Cannes 2014 est venu confirmer le statut de jeune
prodige souvent accolé au nom de Xavier Dolan. Né en 1989 à Montréal, il est le fils de Manuel Tadros,
auteur-compositeur de variétés et comédien québécois. Il débute comme acteur à l’âge de quatre ans dans
un téléfilm et dans des clips publicitaires pour Jean Coutu, une chaîne de pharmacies nord-américaine.
Dans la version doublée des Harry Potter au Québec, Dolan est la voix de Ron.
Cette présence précoce sur les plateaux lui permet de s’initier aux métiers du cinéma. Il réalise son premier
film à vingt ans. J’ai tué ma mère, adapté de Matricide, une nouvelle écrite de sa main quelques années
auparavant, est sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs au festival de Cannes 2009. On a pu y voir un
clin d’oeil aux 400 Coups, de François Truffaut, un des trois films fondateurs pour Dolan, avec Mort à Venise
et Paris-Texas, sans oublier la découverte du cinéma de Gus Van Sant et celle de l’oeuvre photographique
de Nan Goldin.
La violence des rapports entre un adolescent et sa génitrice qui l’élève seule et la relation d’amour-haine
répétée de J’ai tué ma mère à Mommy ne font pas pour autant de ces deux œuvres des films jumeaux. Le
premier, puisant directement à une matière autobiographique et simulant le ton du journal intime, parle
directement à tout et à chacun, tant la crise de l’adolescence est le lot de toute cellule familiale. Mommy,
fable d’anticipation vaguement inspirée d’un fait divers – une femme, terrorisée par la brutalité de son jeune
fils à son égard, s’était résolue à le placer dans un établissement carcéral adapté –, revêt une coloration
sociale et politique.
Ce qui unit ces deux œuvres aux autres films de Dolan, c’est d’abord un style décomplexé, une manière,
souvent en surchauffe, de filmer le quotidien, les relations amicales ou amoureuses, les larmes et les
rires. Loin du naturalisme, et tout en brossant avec justesse le tumulte des âmes et des comportements
humains, Dolan flirte avec le mélo et, pour accompagner les passions inextinguibles de ses personnages,
recourt avec jubilation aux outils que le cinéma lui offre : une caméra très mobile, le cadre et les décadrages,
la musique, les ralentis, tout cela avec une force éruptive qui, chez d’autres, apparaîtrait comme exagérée.
Ici, elle s’inscrit comme naturellement dans son tempo, celui d’un cinéma de l’excès.
(...)
Dolan adapte ici (Tom à la ferme) une pièce de Michel Marc Bouchard et met en scène Lise Roy et Évelyne
Brochu dans les rôles qu’elles ont interprétés à la scène. Cheveux teints en blond, Dolan y incarne un jeune
publicitaire montréalais qui se rend, au fin fond de la campagne québécoise, à l’enterrement de l’homme qui
partageait sa vie pour y découvrir que la mère de ce dernier ignorait tout de l’homosexualité de son fils. On a
parlé de thriller psychologique et cité Hitchcock à propos de ce film trouble et vénéneux. On peut imaginer
combien le personnage de cette fermière aimante et autoritaire a pu captiver Dolan, tout comme ce qui se
trame entre ce publicitaire et le frère de son amant. Ce dernier sait que son frère était homosexuel, et noue,
avec le publicitaire québécois, entre répulsion et fascination, une relation sadomasochiste, autre motif que
l’on peut retrouver en filigrane dans l’œuvre de Dolan.
Cet admirateur de Jean Cocteau ose des inserts qui excèdent le rationnel – un papillon qui sort de la bouche
d’un personnage – ou rompent la chronologie – une vitrine qui vole en éclats ...
De telles images, plus proche d’une dimension sensible que d’une volonté symbolique, peuvent aussi
relever d’une bouffée onirique ou d’une remémoration. (...)
Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture
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BIOGRAPHIES
MICHEL MARC BOUCHARD
Michel Marc Bouchard a écrit plus de 25 pièces, toutes créées à la scène.
Traduites en plusieurs langues et jouées régulièrement à travers le monde
particulièrement en France, en Italie et au Japon.
Boursier des conseils des arts du Québec, de l’Ontario, du Canada et de la
Fondation Beaumarchais de Paris, il a reçu de nombreux prix notamment le
Prix littéraire du Journal de Montréal à deux reprises, le Prix de la Banque
Laurentienne, le Betty Mitchell Award, le Dora Mavor Moore Award, le Prix du
Centre national des arts (Ottawa), le Prix de la SACD (Paris), l’American Lambda
Award (New York) et le Primo Candoni (Italie). Il a reçu les prix de la critique
du Québec, de Toronto et du Mexique. Il a été récipiendaire du Prix LaurentMcCutcheon pour sa lutte contre l’homophobie, du Prix Gascon-Thomas, décerné
à des artistes ou artisans de la scène qui ont contribué de façon exceptionnelle
à l’épanouissement du théâtre au Canada et le Grand Prix du Centre de recherche
en civilisation canadienne-française pour sa contribution exceptionnelle. Michel
Marc Bouchard est Officier de l’Ordre du Canada, Chevalier de l’Ordre national du
Québec, membre de l’Ordre du Bleuet et de l’Académie des lettres du Québec. Il
a fait son entrée au dictionnaire Larousse en 2015.
Il a été le maître d’œuvre d’importantes expositions historiques et thématiques.
Il a donné des classes de maître à la Sala Beckett de Barcelone et au Teatro
d’Argot de Rome et enseigne périodiquement en dramaturgie à l’École nationale
de théâtre du Canada depuis 2006.
Plusieurs de ses œuvres ont été adaptées pour le cinéma dont Les Feluettes
(John Greyson, 1996, Prix Génie du meilleur film, L’Histoire de l’oie,(Tim Southam,
1998, Prix Gémeaux de la meilleure œuvre dramatique, Les Muses orphelines,
(Robert Favreau, 2002), Les Grandes chaleurs, (Sophie Lorain, 2005), Tom
à la ferme,(Xavier Dolan, 2013) Prix de la critique Mostra de Venise et The Girl
king, (Mika Kaurismäki, 2015) Prix du public au Festival des films du monde de
Montréal. Les Feluettes dans sa version lyrique sera créée à l’Opéra de Montréal
(2016) sur une musique de Kevin March et La Reine-garçon, au Canadian
Opera Company de Toronto (2020) sur une musique d’Ana Sokolovic. Michel
Marc a également collaboré avec Michel Lemieux et Victor Pilon à l’installation
multimédia Cité Mémoire, un hommage au 375e anniversaire de la ville de
Montréal. Il travaille présentement à un important projet italien regroupant un
collectif d’auteurs européens autour de l’œuvre de James Bidgood.
Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture
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ALEXANDRE DOLLE
Il intègre la classe d’Art Dramatique au Conservatoire de Nancy en septembre
2010. C’est là qu’il étudie des œuvres telles que Le songe d’une nuit d’été de
William Shakespeare, L’échange de Paul Claudel ou encore Ubu roi d’Alfred
Jarry. Il y découvre également l’art du masque, du clown et de I’improvisation
à travers la classe de Boutros El Amari, domaine qu’il approfondira par un stage
encadré par Hélène Cinque au théâtre du soleil.
En 2012, il travaille avec la compagnie «Les gueules de Gluck» dans laquelle
il interprète le rôle de Raphaël Blondin dans leur création originale A traveler
man de Jean-Baptiste Aubert et Aurélien Munier. II enchaîne ensuite avec
le rôle d’lsmaïl dans Croisades de Michel Azama dans une mise en scène
de Christophe Pichard puis dans Ie rôle d’Octave des Caprices de Marianne
dans une mise en scène de Boutros El Amari. Il collabore également avec le
réalisateur Hugo Le Gourrierec avec lequel il tournera La tombée des masques
puis Anna, sélectionnés dans plusieurs festivals. Durant cette période, il
travaille également sous la direction de Michel Didym, directeur du Centre
Dramatique National de Lorraine, dans trois créations originales : Confessions
en 2012, Divans en 2013 puis Examen de 2014 à 2016.
Il crée en novembre 2015 le spectacle Je veux tout vivre avec Laure Budzinski
et Camille Michel, pour la compagnie Stasima dont il est le directeur artistique.
La même année, il retrouve Michel Didym dans sa dernière création Sales
gosses, de Mihaela Michailov où il assure l’assistanat à la mise en scène.
JESSICA CZEKALSKI
Titulaire d’une licence Études culturelles et du diplôme universitaire d’études
théâtrales à la faculté de lettres de Nancy, elle prépare actuellement un master
de théâtre à I’Université de Bordeaux .
Elle travaille sous la direction de Michel Didym dans deux de ses créations,
Divans puis Examen, où elle interprète tour à tour une comédienne
déstabilisée dans son interprétation puis une jeune scientifique nymphomane
postulant pour un voyage dans un autre univers.
Elle établit par la suite un travail de recherche autour des textes Perceptions,
d’Aiat Fayez et That moment, de Nicoleta Esinencu, dont elle propose une
perspective de mise en scène en décembre 2015.
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LA COMPAGNIE STASIMA
Créée en septembre 2014 par Alexandre DOLLE, issu de la classe d’Art
Dramatique du Conservatoire Régional du Grand Nancy, elle est composée
de comédiens, metteurs en scènes, danseurs ou encore de graphistes et de
scénographes.
Souhaitant sans cesse se renouveler, la compagnie est en constante création,
aussi bien de formes courtes que de formes longues.
Défendant un théâtre basé sur le corps et le mélange des arts de la scène, elle
intègre la danse et le chant dans chacune de ses créations.
Sa première création, Insaniam Comminus présente un homme fragile et
dérangeant qui traverse la barbarie des recherches psychiatriques tout en
essayant de se comprendre lui-même. Cette oeuvre originale fut présentée
pour la première fois en octobre 2014 à la MJC Lillebonne.
En novembre 2015, Stasima se produit chaque soir à la Factorine, invitant le
public dans l’univers quotidien et excessif d’un homme et d’une femme : « Je
veux tout vivre »
En plus de petites formes théâtrales, la compagnie a réalisé l’adaptation de
Tom à la Ferme, de Michel Marc Bouchard,créée au Théâtre de la Manufacture le
29 novembre 2016.
http://stasima.free.fr/
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EXTRAITS
tom à la ferme, éditions théâtrales, 2012
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