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Bull. Soc. Linn. Bordeaux, Tome 144, (N.S.) n° 37 (4) 2009 : 457-468.
Note sur la présence d’
Emarhopa rufa
(G
ERMAR
) en Lot-et-
Garonne et de quelques autres Chrysomelidae intéressants
pour ce département (Coleoptera Chrysomelidae)
Note on the presence of Emarhopa rufa (GERMAR) in Lot-et-Garonne
and of some other Chrysomelidae interesting for this department
(Coleoptera Chrysomelidae)
Jean-Philippe TAMISIER
2 rue des Pavillons, F-47300 Villeneuve-sur-Lot
Résumé - Une liste de 19 espèces de Coléoptères Chrysomelidae rares ou nouveaux pour le
département du Lot-et-Garonne ou pour l’Aquitaine, est proposée sur la base de données récentes
de l’auteur.
Mots-clés - Coleoptera, Chrysomelidae, répartition, Lot-et-Garonne, Sud-Ouest, France.
Abstract - 19 species of Chrysomelidae beetles, representing rare or new records for the Lot-
et-Garonne department or the Aquitaine region, are listed, based on data gathered recently by the
author.
Keywords - Coleoptera, Chrysomelidae, distribution, Lot-et-Garonne department,
Southwestern France.
1. Données sur Emarhopa rufa
Pour la région Aquitaine, Emarhopa rufa (GERMAR, 1824) (photo 10) ne
fut longtemps connue que du département de la Gironde, sa présence avait
été signalée par G. TEMPÈRE dès 1927. Ce dernier l’observa durant une
cinquantaine d’années, dans Bordeaux ou ses alentours (huit stations), et fut le
premier à signaler deux plantes hôtes pour cette espèce sur notre territoire
[Convolvulus arvensis LINNÉ et Calystegia sepium (LINNÉ)] (TEMPÈRE, 1927a et
b).
Le 26 mars 1997, je découvrais l’espèce en Lot-et-Garonne, en prospectant
une friche xérotherme sur plateau calcaire, à proximité immédiate de
Villeneuve-sur-Lot. Une première femelle, réfugiée sous une pierre, fut récoltée
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sur une parcelle de terrain nu ayant été retourné durant l’hiver (et,
malheureusement, venant tout juste d’être plantée en pins sylvestres…). La
même année, deux autres spécimens furent découverts le 16 août dans la
même station, alors que la végétation composée pour l’essentiel de
nombreuses ‘mauvaises herbes’ hébergeait plusieurs pieds de Convolvulus
arvensis.
Le 5 et le 16 avril 1999, j’y capturais à nouveau deux spécimens réfugiés
sous des pierres et, le 30 juin, j’en découvris près d’une quarantaine (dont une
douzaine furent prélevés) sous un pied de Liseron des champs dont les feuilles
étaient criblées de mangeures. La parcelle ayant été enrésinée et
régulièrement sarclée, tous les individus se tenaient dans une terre encore
meuble et un peu humide, à environ deux ou trois centimètres de profondeur
sous les tiges rampantes de la plante. Sans doute y passaient-ils la journée,
fuyant les ardeurs du soleil alors déjà haut dans le ciel. Aucune larve ne fut
découverte et tous les pieds de Liseron alentour furent prospectés sans
succès… Les quelques fois où, par la suite, je pus retourner sur le site ne me
permirent pas de revoir l’espèce. Aujourd’hui, la friche a fait place à une jeune
pinède prospère et la station est désormais totalement dénaturée.
Cependant, fin avril 2000, j’observais à la mi-journée un spécimen
arpentant le bitume non loin d’une pelouse rase, à l’entrée du village de Pujols,
station située sur un autre petit plateau calcaire à proximité de Villeneuve-sur-
Lot.
L’espèce semble apprécier les zones chaudes hébergeant naturellement
ses plantes hôtes. Sa présence établie sur les plateaux calcaires lot-et-
garonnais plaide localement en faveur d’un indigénat qui n’est plus à
démontrer, contrairement à ce qu’en pensait Tempère qui voyait dans ce taxon
répandu en Europe centrale, une espèce ayant été importée durant la première
guerre mondiale et principalement présente dans ou autour des grandes
villes1.
Planche I (traits d'échelle = 1 mm). Photos : 1. Chilotomina nigritarsis 2.
Cryptocephalus populi 3. Cryptocephalus infirmior 4. Lachnaia pubescens 5.
Zeugophora subspinosa 6. Colaspidema barbarum 7. Chrysolina brunsvicensis
8. Chrysolina femoralis aveyronensis9. Chrysolina graminis.
Note : Chrysolina brunsvicensis (photo 7) ne possède pas de tache noire central e.
La présence de cette dernière est due au système d’éclairage utilisé pour la prise de
vue. De même, sur la photo 9, la prise de vue n’a pu restituer correctement la
couleur de Chrysolina graminis qui est d’un beau vert doré avec deux bandes
cuivreuses sur le disque des élytres, alors qu’elle apparaît ici en bonne partie bleue.
1 Avis que partageait également à l’époque le spécialiste français des Galerucinae,
Victor Laboissière (LABOISSIÈRE, 1934).
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Dans un article complet assez récent, nos collègues J.-C. BOURDONNÉ & J.-
M. MALDÈS (1995), reprenant en détail la chorologie et la chronologie des
données relatives à Emarhopa rufa, ont démontré que l’espèce faisait bien
partie de notre patrimoine naturel mais qu’elle était rare en France. La liste des
données qu’ils établissent concerne ainsi les départements de la Gironde, du
Tarn, du Rhône (SAINTE-CLAIRE DEVILLE, 1935), du Gard (THÉROND, 1976)
auxquels ils ajoutent l’Ardèche, la Drôme, le Vaucluse, et l’Hérault.
À ces huit départements méridionaux, il convient donc d’ajouter le Lot-et-
Garonne (données de la présente note), mais aussi la Dordogne où notre
regretté collègue C. Duverger avait également capturé E. rufa : "une dizaine
d’individus dans une pelouse rudéralisée, sous les herbes sèches, fin août
1999 à Bonneville (24)" (THOMAS, 2000a).
Ajoutons que, plus récemment, quatre exemplaires furent récoltés non loin
de Bonneville, mais en Gironde à Saint-Magne-de-Castillon, le 3-XI-2007 par
notre collègue P. Dauphin : "au pied d’un muret calcaire bordant une vigne,
sous une dense végétation de Convolvulus arvensis" (Anonyme, 2008).
En Lot-et-Garonne, il serait intéressant d’observer l’espèce sur les zones
les plus chaudes de l’est du département où est également présente une
troisième espèce de Liseron (Convolvulus cantabrica LINNÉ) qui
potentiellement, pourrait constituer une nouvelle plante hôte pour Emarhopa
rufa. Jusqu’à présent, je n’ai rien trouvé au pied du Liseron cantabrique, que je
n’ai pourtant pas manqué d’inspecter chaque fois que l’occasion se
présentait…
2. Autres espèces de Chrysomelidae
Zeugophora subspinosa (FABRICIUS, 1781) (Photo 5). Si l’espèce est
connue de toute la France, les mentions du Sud-Ouest sont peu nombreuses.
En Aquitaine l’espèce semble rare. Elle vient d’être signalée à deux reprises
de Gironde par P. Dauphin : "Listrac (Gironde), le 8-VII-2002, sur fleurs
d’Achillea millefolium. Rare. P. Dauphin réc. et dét." (Anonyme, 2002),
(DAUPHIN, 2006) et "Prise en nombre à Hourtin en avril, mai, juin, et juillet 2008,
sur Populus tremula. Espèce rare en Gironde. Réc. et t. Patrick Dauphin"
(Anonyme, 2008). Pour ma part, j’ai pu capturer l’espèce en Lot-et-Garonne
elle était connue d’après une unique station rapportée par R. THERMES & J.
LEPLAT (1997) dans leur publication sur le contenu de la collection
entomologique de H. Hauret, à savoir la commune de Calonges. Elle est
également rare dans le département voisin du Lot d’où elle n’est connue que
de deux stations (F. BURLE & D. DELPY, comm. pers.). GOBERT, dans son
Catalogue des Landes (1880) qui inclut les captures lot-et-garonnaises de P.
Bauduer (principalement effectuées à Sos et alentours), ne signale pas ce
taxon. Personnellement, je n’ai pu observer cette espèce qu’une seule fois, en
un exemplaire, dans une station pourtant j’ai prospecà de nombreuses
reprises.
Lot-et-Garonne. Pompogne, lieu-dit Etang du Coureau. Etang sur le cours de l’Avance au
milieu de la pinède. Un exemplaire au battage de Salix jouxtant un Populus tremula LINNÉ, le 8-V-
2008, J.-Ph. Tamisier leg. [= legit].
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Lachnaia pubescens (DUFOUR, 1820) (Photo 4). Ce gros Clytrinae de la
région méditerranéenne, également signalé, pour le Sud-Ouest, du Tarn à Albi
et Castres (SAINTE-CLAIRE DEVILLE, 1935) et du Tarn-et-Garonne (TRESSENS,
1952a et b) est nouveau pour l’Aquitaine. Je l’ai capturé à plusieurs reprises
en Lot-et-Garonne, sur les coteaux calcaires bien ensoleillés de la moitié est
du département il fréquente dès le mois de mai divers buissons et arbustes
mais aussi le Dorycnium pentaphyllum SCOPOLI en fleurs, sur lequel il est très
présent. Notons qu’il est également connu du département limitrophe du Lot (F.
BURLE & D. DELPY, comm. pers.).
Lot-et-Garonne. Villeneuve-sur-Lot, lieu-dit Tour de Teyssonat. Deux exemplaires, in copula
sur jeune chêne, le 2-V-1997, un exemplaire sur graminées le 3-V-1997. J.-Ph. Tamisier leg.
Lot-et-Garonne. Villeneuve-sur-Lot, lieu-dit Lacroze. Coteau calcaire exposé au sud. Un
exemplaire au fauchage de Dorycnium pentaphyllum le 20-VI-2009. J.-Ph. Tamisier leg.
Lot-et-Garonne. Hautefage-la-Tour, lieu-dit Trescols. Coteau calcaire exposé au sud. Un
exemplaire le 21-V-2004 et un exemplaire le 31-V-2009 sur Dorycnium pentaphyllum. J.-Ph.
Tamisier leg.
Lot-et-Garonne. Pujols, lieu-dit Testou. Coteau calcaire. Un exemplaire le 20-VI-2004. J.-Ph.
Tamisier leg.
Lot-et-Garonne. Villeneuve-sur-Lot, lieu-dit La Sylvestrie à proximité de la petite église de
Collongue. Coteau calcaire. Trois exemplaires sur Dorycnium pentaphyllum le 20-V-2007. J.-Ph.
Tamisier leg.
Lot-et-Garonne. Tournon d’Agenais, lieu-dit Casserouge. Coteau calcaire exposé au sud/sud-
ouest. Quatre exemplaires le 1-VI-2003, un exemplaire le 13-VI-2004, un exemplaire le 17-V-2009
et de nombreux exemplaires observés notamment le 13-VI-2009. J.-Ph. Tamisier leg.
Lot-et-Garonne. Thézac, lieu-dit Malcoussel. Affleurement calcaire. Un exemplaire sur
Dorycnium pentaphyllum le 14-VI-2009. J.-Ph. Tamisier leg.
Chilotomina nigritarsis (LACORDAIRE, 1848) (Photo 1). Cette espèce
méridionale, commune en Provence selon CAILLOL (1914) et remontant dans le
centre de la France elle atteint au nord l’Yonne et l’Essonne (SAINTE-CLAIRE
DEVILLE, 1935), ne semble pas avoir été signalée souvent du Sud-Ouest. Elle
est présente dans le Lot elle est répandue sur la partie calcaire (F. BURLE &
D. DELPY, comm. pers.) et où elle a été récoltée sur chêne, noisetier, aubépine
et sur Dorycnium pentaphyllum. Elle a aussi été signalée de Gironde sur la
base d’une donnée ancienne2 (DAUPHIN, 2006), et récoltée au moins une fois
en Dordogne3. Elle est nouvelle pour le Lot-et-Garonne. Elle y est rare et je
n’ai pu l’observer qu’une seule fois jusqu’à présent, sur un site pourtant
régulièrement prospecté…
Lot-et-Garonne. Villeneuve-sur-Lot, lieu-dit Lacroze. Coteau calcaire exposé au sud. Un
exemplaire au fauchage de Dorycnium pentaphyllum, le 28-IV-1999. J.-Ph. Tamisier leg.
2 Gironde. Citon-Cenac, sur aulne le 10-VI-1906. Un exemplaire, ex. coll. Giraud, coll. P.
Dauphin.
3 Dordogne. Bonneville. Un exemplaire le 16-VI-1986. P. Dauphin leg./coll. (P. Dauphin
comm. pers.)
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