98 C.-M. MARLE, G. DE SAXC´
E, C. VALL´
EE
pourtant capable d’accueillir 200 auditeurs, est pleine, et il doit exposer deux fois
chacune de ses le¸cons !
En 1952, alors qu’il est chef de groupe, d´e¸cu par l’organisation bureaucratique
de la recherche `a l’ONERA, il quitte cet organisme et devient Professeur `a l’Institut
des Hautes ´
Etudes de Tunis. Malgr´e (ou grˆace `a) un relatif isolement scientifique,
il y poursuit ses r´eflexions sur les principes de la M´ecanique et d´ecouvre le rˆole cen-
tral des structures symplectiques, rarement soulign´e dans les trait´es de M´ecanique
de l’´epoque (et d’aujourd’hui) ; il apprendra plus tard, en lisant la M´ecanique ana-
lytique de Joseph Louis Lagrange, que leur importance avait d´ej`a ´et´e aper¸cue d`es
1809 par cet illustre savant. Son premier travail sur le sujet, intitul´e «G´eom´etrie
symplectique diff´erentielle. Applications »4, est pr´esent´e au colloque du CNRS de
Strasbourg en 1953. En 1956, il fonde avec quelques coll`egues et ses ´etudiants
le Colloque International de Th´eories Variationnelles (CITV) qui organise chaque
ann´ee une rencontre informelle entre chercheurs de tous niveaux. Apr`es plus de 50
ans, ces rencontres, auxquelles Claude Vall´ee a donn´e un nouveau souffle `a partir
de 1996, ont toujours lieu5.
En 1958, il est nomm´e Professeur `a l’universit´e d’Aix-Marseille. Jusqu’`a son
d´epart en retraite, il y enseigne, `a tous les niveaux universitaires, les sujets
les plus vari´es : Math´ematiques, M´ecanique, th´eorie de la Relativit´e, M´ethodes
math´ematiques de la Physique, Informatique. Il joue un rˆole de premier plan lors
de la cr´eation du Centre de Physique th´eorique de Luminy, qu’il dirige de 1978 `a
1985. Les ´echanges scientifiques avec ses coll`egues physiciens l’am`enent `a penser
que les structures symplectiques doivent avoir une place en M´ecanique quantique,
plus importante encore qu’en M´ecanique classique. Il comprend l’importance
des groupes de sym´etrie d’un syst`eme m´ecanique (classique ou quantique) et
montre que la classification des orbites coadjointes du groupe de Poincar´e est en
relation tr`es ´etroite avec celle des particules ´el´ementaires. Il s’int´eresse aussi `a bien
d’autres domaines de la Physique, auxquels il apporte des contributions originales :
M´ecanique statistique, Thermodynamique (classique et relativiste), Astronomie
et Cosmologie. Il dirige pendant cinq ans le troisi`eme cycle interuniversitaire
de Math´ematiques pures de Marseille, et pendant cinq ans le troisi`eme cycle
interuniversitaire de Physique th´eorique de Marseille-Nice.
Jean-Marie Souriau est l’auteur de plus d’une centaine d’articles scientifiques.
Ses livres Calcul lin´eaire6,G´eom´etrie et relativit´e7et Structure des syst`emes dy-
namiques8cachent, sous l’apparence trompeuse de manuels d’enseignement pour
´etudiants d´ebutants, nombre de contributions originales qui ont inspir´e ses ´el`eves
en th`ese et serviront encore longtemps de point de d´epart `a des recherches nou-
velles. Il laisse un livre de philosophie scientifique non publi´e, mais disponible sur
son site internet : Grammaire de la nature.
4G´eom´etrie symplectique diff´erentielle. Applications. Colloques Internationaux du CNRS, Stras-
bourg, 1953, pp. 53-59. CNRS, Paris, 1953.
5La prochaine, organis´ee par G´ery de Saxc´e, se tiendra fin aoˆut 2012 `a Aix-en-Provence.
6Calcul lin´eaire. En deux vol. Presses Universitaires de France, Paris, 1959 et 1965.
7G´eom´etrie et relativit´e. Hermann, Paris, 1964.
8Structure des syst`emes dynamiques. Dunod, Paris, 1970.
SMF – Gazette – 133, juillet 2012