CONCLUSION Toshihiko Izutsu,1 l’islamologue japonais, pour expliquer ce qui, au fondement de toute pensée orientale traditionnelle, diffère de l’humanisme occidental s’appuie sur l’analyse d’une scène connue de La Nausée, le premier roman de Jean-Paul Sartre. Nous présentons tout d’abord cette scène. C’est Roquentin, le héros du roman, qui parle : « J’étais tout à l’heure au Jardin public. La racine du marronnier s’enfonçait dans la terre, juste au-dessous de mon banc. Je ne me rappelais plus que c’était une racine. Les mots s’étaient évanouis et, avec eux, la signification des choses, leurs modes d’emploi, les faibles repères que les hommes ont tracés à leur surface. J’étais assis, un peu voûté, la tête basse, seul en face de cette masse noire et noueuse, entièrement brute et qui me faisait peur. »2 Sartre décrit une expérience de la disparition des mots. Roquentin est transi d’horreur quand il s’aperçoit qu’il peut à peine saisir des choses selon le mot être. Il ne peut plus dire que l’existence est ou l’être est. À la place des choses, qui sont distinguées clairement, apparaît finalement l’existence dévoilée qui n’est qu’une pâte sans distinction des choses. Les distinctions et les significations disparaissent complètement. « (…) la racine, les grilles du jardin, le banc, le gazon rare de la pelouse, tout ça s’était évanoui ; la diversité des choses, leur individualité n’était qu’une apparence, un vernis. Ce vernis avait fondu, il restait des masses monstrueuses et molles, en désordre – nues, d’une effrayante et obscène nudité. »3 Roquentin ressent la nausée face à l’existence même qui se présente comme une pâte révélant la manière inerte de l’existence en soi des choses. Mais, en surmontant la peur de cette manière inerte de l’existence des choses, Roquentin s’éveille Toshihiko Izutsu (1914-1993) est spécialiste du mysticisme islamique, mais en dépassant ce domaine, il a cherché à déterminer une philosophie globale. Jacques Derrida publie une lettre destinée à Izutsu. Cf. Jacques Derrida, Lettre à un ami japonais in Psyché, Éditions Galilée, Paris, 1987. 2 Jean-Paul Sartre, La Nausée, Éditions Gallimard, Paris, 1938. p.181. 3 Ibid.p.182. 1 527 à l’existence humaine et à la liberté à laquelle sa volonté lui donne accès. Sartre poursuit l’histoire de Roquentin vers une interprétation humaniste de cette expérience. D’après Izutsu, Sartre a bien décrit une expérience de la disparition des essences humaines notamment des essences linguistiques. Autrement dit, il a exprimé le processus du passage du niveau superficiel humain au niveau profond de la ‘’dimension absolue du sans-distinction’’ de la conscience. Cependant, Sartre n’a envisagé cette expérience du niveau profond que négativement, et il ne la traduit que sous la forme d’une pensée humaniste ou bien anthropocentriste. C’est parce que Sartre a toujours résidé dans la dimension superficielle de la conscience humaine subjective. Au contraire, dans la pensée traditionnelle orientale, cette sorte d’expérience n’a pas de sens négatif, mais plutôt elle est le point de départ de la pensée authentique. Autrement dit, il faut commencer à penser à partir de cette ‘’dimension absolue du sans-distinction’’ et sur cette base objectiver et re-saisir le monde ordinaire humain.4 Nous avons présenté ce point de vue sur la pensée orientale selon Izutsu, parce qu’il s’agit ici d’une problématique de la différence. À partir de la ‘’dimension absolue de sans-distinction’’, autrement dit de la dimension non-humaine, nous devons saisir le monde qui est couvert par des distinctions humaines. Dans le taoïsme et le bouddhisme zen, ce problème est posé comme celui du jinen. Le jinen signifie finalement l’apparition de la nature vivante ou plutôt l’essence du jinen se rapporte à la puissance du devenir ou de la genèse du monde. Mais ce devenir n’est pas l’apparition d’une substance. Le jinen en tant que devenir signifie l’apparition d’une différence ou plutôt d’une différenciation fondamentale. Après une expérience de la disparition des différences ordinaires du monde humain, à partir de la ‘’dimension du sans-distinction’’, il faut saisir ou plutôt vivre le devenir du jinen en tant que différenciation. Chez les philosophes et également les artistes orientaux dans la perspective traditionnelle, saisir cette puissance du devenir en tant que différenciation constitue le problème fondamental. En fait, en posant la problématique de la nature, nous avons recherché le problème de la différence qui consiste virtuellement dans les notions que nous avons étudiées : la Gestalt, la langue, le style, la chair, le ki, l’engi, l’Ereignis, etc. Mais une différence fondamentale en tant que jinen ne doit pas être confondue avec la distinction substantialiste entre une chose en soi et une autre chose en soi, mais plutôt une apparition de la différence fondamentale avec laquelle des choses elles-mêmes surgissent. Une chose apparaît qui se distingue des autres, mais qu’une chose existe Cf, Toshihiko Izutsu, Ishiki to Honshitsu, (Conscience et Essence), Éditions Iwanami shoten, Tokyo, 1983. p.11-12 et 14-15. Il n’y pas de traduction en français. 4 528 signifie que l’être n’est rien d’autre que l’apparition de différence. Et avant l’apparition d’une différence, il n’y a rien. Une différence et des choses apparaissent simultanément. La problématique du jinen en tant que devenir indique celle de la co-apparition des différences. Prenons encore la formule bouddhique que nous avons mentionnée souvent : ‘’Shiki soku ze kû, kû soku ze shiki’’ (Le phénomène est la vacuité, la vacuité est le phénomène). Le phénomène (shiki) signifie la forme. La vacuité signifie le vide du vide, sans-substance et sans-fondement. Ce qui importe, c’est que ‘’l’expérience du sans-distinction’’ n’est pas une expérience directe de la vacuité elle-même. La vacuité apparaît comme une proposition symbolique. Mais il faut saisir le monde à travers la perspective symbolique de la totalité en tant que vacuité, laquelle nous nous permet de comprendre le fait qu’il n’y a que les phénomènes en tant que formes dans le monde. Les formes sont avant tout les différenciations en tant que devenir du jinen. Nous pensons que l’Être est aussi la vacuité. Mais en utilisant le même mot, l’être, Heidegger explique également les différenciations en tant que devenir. Cette pensée concerne la notion d’être en tant qu’Ereignis. Or nous avons expliqué que l’Ereignis est lié à la notion de physis. Enfin, selon ce point de vue de la différenciation, le jinen se rapporte à la physis en grec. Ce qui est intéressant, c’est que Heidegger saisit la problématique de la différence dans le concept du Logos d’Héraclite. En résumant le texte heideggerien, intitulé Logos, Éliane Escoubas aborde cette problématique de la différence ontologique dans la conclusion de son ouvrage, Imago Mundi. Ici, notre but n’est pas d’étudier l’ensemble de la pensée de Heidegger sur le logos ni celle d’Escoubas, et ainsi nous allons examiner brièvement cette problématique à notre façon, en nous référant à l’explication d’Escoubas. Le logos d’Héraclite a été interprété différemment comme ratio, comme loi du monde, comme sens, comme raison, etc.5 Cependant chez Héraclite, avant tout le ‘’ « Logos » est le Leitwort (le mot directeur) pour l’être de l’étant. Le Logos héraclitéen est : to eon, das Sein des Seienden (…).’’6 C’est-à-dire que le logos éclaire ce qu’est l’Être. À travers les analyses étymologiques des rapport entre les mots legein en grec (dire et discourir) et legen en allemand (poser et étendre-devant), etc., Heidegger éclaire les doubles sens dans le logos : ‘’un « laisser-entrer en présence »’’ et ‘’un « restituer-à-l’absence »’’. Le logos fait apparaître les êtres « en présence », mais lui-même n’apparaît jamais. Dans ce sens, le logos est aléthéia. Mais en effet, ces Cf. Martin Heidegger, Logos, in Essais et conférences, traduit de l’allemand par André Préau, Éditions Gallimard, Paris, 1958. p.250. (Titre original de cet ouvrage : Vorträge und Aufsätze, Pfullingen, 1954). 6 Éliane Escoubas, Imago Mundi -Topologie de l’art-, Éditions Galilée, Paris, 1986. p.407. 5 529 analyses indiquent que le logos est En Panta : tout est un. Le mot clef est « est ». Le mot « est » lie le Tout et l’Un, mais en même temps, ce mot distingue le Tout de l’Un. Autrement dit, avec la distinction établie par le mot « est », le Tout et l’Un apparaissent, mais pour cela, la signification de « est » doit en être absente. Ainsi, Escoubas écrit : « Or dans la détermination initiale du logos grec, la pensée de la différence est la pensée de l’En Panta, de l’Un-Tout héraclitéen. »7 La différence est indiquée précisément par le tiré (-) entre l’Un et le Tout. Sur cette différence, Escoubas donne diverses explications : « (…) une « différence » qui n’a rien d’une altérité, ni d’une contrariété. Une différence qui ne s’offre à aucune dialectique, une différence qui ne se « relève » pas. Différence insurmontable – parce qu’il n’y a pas à la surmonter, elle n’est aucunement le terrain des oppositions, en tant qu’alternances et exclusions. Une différence qui est toujours déjà l’Un unissant : le contraste et non le contraire. »8 La différence sans altérité ou non dialectique, etc. indique justement la différence non substantielle. La vision de la différence exprimée par Escoubas est l’apparition de la différence indiquant l’apparition du phénomène en tant que forme. De plus, Escoubas précise : « La « différence » réside dans le temps, celui-ci réside dans l’Ereignis, dans l’advenir. »9 Le logos se rapporte à l’être en tant que différence. Cet être est l’Ereignis et donc il s’agit de l’être en tant que différenciation ou bien du devenir. Pour saisir plus précisément ce problème, il faut comprendre que la thématique du logos est liée à la phénoménologie, mais cette phénoménologie n’est pas la même que la phénoménologie husserlienne. C’est une phénoménologie qui a pour base l’ontologie. Le logos est phénoméno-logos 10 qui signifie l’apparition du logos à la façon de la physis. En effet, le logos apparaît comme l’Ereignis, c’est-à-dire l’événement qui advient en présence. Et Ibid.p.410-411. Ibid.p.411-412. 9 Ibid.p.412. 10 Ibid.p.413. 7 8 530 donc, pensons-nous, le logos indique l’apparition de l’événement comme devenir de la physis. De plus, Escoubas écrit sur « le sens originaire de la pensée de la phénoménologie » selon Heidegger. La phénoménologie originaire concerne la pensée homologique c’est-à-dire la pensée tautologique. Ou bien, c’est la ‘’pensée de l’anwesen selbst’’, la ‘’pensée de « l’être comme tel » : pensée de l’innommable – pensée de ce qui n’a de nom (propre) dans aucune langue. Dans cette phénoménologie, nous trouvons la même problématique que celle du taoïsme et du bouddhisme sur le jinen concernant ‘’l’être comme tel’’, c’est-à-dire ‘’l’être en tant qu’il est’’. La problématique de la physis qui croise le concept du logos dans la pensée présocratique est comparable à celle du jinen. Autrement dit, les Occidentaux ont aussi considéré la problématique de la physis comme la problématique fondamentale de la philosophie. À ce propos, pour conclure cette thèse, nous présentons un art japonais qui a pour vocation de saisir l’apparition de l’événement en tant que physis et jinen. Nous avons déjà donné des explications sur la peinture traditionnelle : sansui-ga, et donc nous présentons ici un genre traditionnel de poésie japonaise nommé haïku. Le haïku est un poème court constitué seulement de dix sept syllabes. Ces dix sept syllabes sont distinguées en trois unités avec cinq, sept, cinq syllabes. Et de plus, il faut utiliser un mot indiquant une saison. Mais, en utilisant ces règles dépouillées et strictes, le haïku essaie de saisir l’apparition de l’événement tel quel. Roland Barthes explique bien la spécificité du haïku : « La description, genre occidental, a son répondant spirituel dans la contemplation, inventaire méthodique des formes attributives de la divinité ou des épisodes du récit évangélique (…) ; le haïku, au contraire, articulé sur une métaphysique sans sujet et sans dieu, correspond au Mu [Rien] bouddhiste, au satori [l’Éveil] Zen, qui n’est nullement descente illuminative de Dieu, mais « réveil devant le fait », saisie de la chose comme événement et non comme substance, atteinte de ce bord antérieur du langage, contigu à la matité (…) de l’aventure (ce qui advient au langage, plus encore qu’au sujet). »11 Un haïku ne décrit pas le fait, car la description devient souvent une histoire et parfois mon histoire. L’événement tel quel, c’est-à-dire l’événement en tant que jinen advient dans la dimension sans sujet et non-humaine. Cette poésie est le « réveil devant Roland Barthes, L’Empire des signes, Éditions du Seuil, Paris, 2005. p.105. La première édition de cet ouvrage a été publiée en 1970 par les Éditions d’Art Albert Skira. 11 531 le fait ». C’est parce que cette poésie elle-même réalise le devenir du jinen. Comme exemple, nous choisissons un haïku, qui est un des plus connus par les Japonais et en même temps contient une perspective très bouddhique. L’auteur de ce haïku est Bashô (1644-1694), qui a établi le genre du haïku artistique lié à la pensée bouddhique. Nous présentons tout d’abord la poésie originale en japonais avec la lecture en caractères latins. 古池や蛙飛び込む水の音 Furuike ya Kawazu tobikomu Mizu no Oto Il est difficile de saisir le sens exact et vivant d’une poésie par la traduction. Pourtant pour l’aborder, il faut présenter une traduction. La vieille mare : Une grenouille saute dedans : Oh ! Le bruit de l’eau.12 Comme le haïku en général, la scène de ce haïku n’est ni description ni histoire. Il est sûr que c’est un fait vulgaire qu’on peut saisir dans la vision de ce haïku. Il n’y a ni accident ni affaire ni aventure. Une grenouille saute dans l’eau, c’est tout. Mais à travers la forme symbolique de la poésie, à l’instant précis, un événement surgit. L’événement surgit comme bruit de l’eau, ou plutôt son de l’eau. Le son sonne et résonne… en faisant trembler la vielle mare. À ce moment, la vieille mare n’est plus une mare banale. ‘’Vieille’’, ce mot évoque l’épaisseur de la dimension temporelle, qui apparaît en présence comme la source primordiale. C’est le lieu de la ‘’dimension du sans-distinction’’. Cette dimension est celle du Mu (rien). Mais le son de l’eau creuse une différence, une déchirure, une ouverture sur cette mare en tant que lieu originaire. Le son de l’eau nous éveille. Cependant, le son qu’on perçoit n’est pas le son sublime d’une révélation divine. Au contraire, on écoute le son tel quel, c’est-à-dire le son en tant que jinen. Mais cet événement en tant que jinen qui résonne évoque un autre événement qui résonne, évoquant un autre qui résonne… Ici, l’événement est justement le shiki (le phénomène en tant que forme) au sens bouddhique. En utilisant une doctrine bouddhique, Roland Barthes explique que la vision du devenir en tant que jinen est la spécificité du haïku lui-même. 12 Ibid.p.97. 532 « (…) selon une image proposée par la doctrine Hua-Yen, on pourrait dire que le corps collectif des haïku est un réseau de joyaux, dans lequel chaque joyau reflète tous les autres et ainsi de suite, à l’infini, sans qu’il y ait jamais à saisir un centre, un noyau premier d’irradiation (…). »13 Et ensuite, en posant l’exemple du miroir symbolique, Barthes précise le sens de cette image. « En Occident, le miroir est un objet essentiellement narcissique (…) mais en Orient, semble-t-il, le miroir est vide ; il est symbole du vide même des symboles (…) : le miroir ne capte que d’autres miroirs, et cette réflexion infinie est le vide même (qui, on le sait, est la forme). Ainsi le haïku nous fait souvenir de ce qui ne nous est jamais arrivé ; en lui nous reconnaissons une répétition sans origine, un événement sans cause, une mémoire sans personne, une parole sans amarres. »14 La pensée exposée ici par Barthes n’est rien d’autre que la vision de l’univers contenue dans la formule bouddhique : ‘’Le phénomène (forme) est la vacuité, la vacuité est le phénomène (forme)’’. Il n’y a que des formes qui se différencient et se rapportent. Mais l’univers n’est pas une boite de ces formes. Le système organique des mouvements des formes constitue l’univers lui-même. Des œuvres artistiques telles que le haïku et le sansui-ga visent à devenir des formes se rapportant aux mouvements des formes de l’univers. Mais ces mouvements qui deviennent sont nommés le jinen. En réalisant une forme symbolique en tant que miroir symbolique, une œuvre et aussi un homme deviennent le jinen. Nous pensons que le logos en tant que physis a exposé la même pensée que le jinen. D’après la pensée du jinen et de la physis, nous devons re-saisir la perspective de l’univers en tant que nature vivante, pour avoir la connaissance fondamentale de la condition humaine. C’est-à-dire que l’homme n’est qu’une partie de l’univers vivant, et c’est justement pour vivre que l’homme doit retrouver l’harmonie avec cette nature vivante. 13 14 Ibid.p.108. Ibid.p.108. 533 BIBLIOGRAPHIE I. 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(Die Physis bei Aristoteles, 1958) - D’un entretien de la parole - Entre un Japonais et un qui demande -, in Acheminement vers la parole, traduit par Jean Beaufret, Wolfgang Brockmeiner et François Fédier, Gallimard, 1976. 537 (Unterweges zur Sprache, Günther Neske, Pfullingen, 1959) - Nietzsche I et II, traduit par Pierre Klossowski, Gallimard, Paris, 1971. (Nietzsche, Günther Neske, Pfullingen, 1961) - Temps et Être, traduit par François Fédier, in Questions III et IV. (Zeit und Sein, Max Niemeyer, Tübingen, 1969) - Schelling - Le traité de 1809 sur l’essence de la liberté humaine -, édité par Hildegard Feick, traduit par Jean-François Courtine, Gallimard, Paris, 1977. (Schelling abhandlung über das Wesen der Menschlichen Freit, Max Niemeyer, Tübingen, 1971) - Les Problèmes fondamentaux de la phénoménologie, traduit par Jean-François Courtine, Gallimard, Paris, 1985. 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Ouvrages japonais Pour les ouvrages en japonais qui ne sont pas traduits en français, nous avons transcrit phonétiquement en caractères latins le titre japonais, en ajoutant entre parenthèses la traduction en français. Taoïsme Lao-tseu, Tchouang-tseu, Rôshi, Sôshi, (Lao-tseu, Tchouang-tseu), traduit par Tamaki Ogawa et Mikisaburô Mori, Chûokôron sha, Tokyo, 1978. Nâgârjuna Nâgârjuna, Chûron, (Traité du milieu), - trois volumes -, traduit et annoté par Mitsuyoshi Saigusa, Daisanbunmei sha, 1984. Nakamura Hajime, Ryûju (Nâgârjuna) Kôdan sha, Tokyo, 1980. Dôgen Dôgen, Shôbôgenzô, (La Vraie Loi, Trésor de l’Œil), - quatre volumes -, annoté par Yaoko Mizuno, Iwanami shoten, Tokyo, 1990-1993. Dôgen, Shôbôgenzô, (La Vraie Loi, Trésor de l’Œil), - tome 1 -, traduit en japonais actuel et annoté par Fumio Masutani, Kôdan sha, Tokyo, 2004. Morimoto Kazuo, Derrida kara Dôgen e, (De Derrida à Dôgen), Chikuma shobô, Tokyo, 1999. Pensée orientale Izutsu Toshihiko, Ishiki to Honshitsu, (Conscience et Essence), Iwanami shoten, Tokyo, 540 1983. Nakanishi Susumu, Nihon-bunka o yomu, (Lire la culture japonaise), Ozawa shoten, Tokyo, 1994. Ôkôchi Ryôgi, Jinen no Fukken, (Réhabiliation du Jinen), Mainichi-shinbun sha, Tokyo, 1985. Suzuki Daisetz, ‘’Shizen’’ ni kaere, (Revenez à la nature), in Tôyôteki na Mikata (Point de vue oriental), Iwanami shoten, Tokyo, 1997. Ueda Shizuteru et Yanagida Seizan, Jyûgyû-zu – Jiko no Genshôgaku, (Les Dix Tableaux de la vache – Phénoménologie du soi), Chikuma shobô, Tokyo, 1992. Heidegger Heidegger Martin, Keijijyôgaku Nyûmon, (Introduction à la métaphysique), traduit en japonais par Eihô Kawahara, Heibon sha, Tokyo, 1994. Kotoba ni tsuite no Taiwa, (D’un entretien de la parole), traduit en japonais, par Tamaki Takada, Heibon sha, Tokyo, 2000. Kida Gen, Heidegger, ‘’Sonzai to Jikan’’ no Kôchiku, (Heidegger, Construction de ‘’Sein und Zeit’’), Iwanami shoten, Tokyo, 2000. 541 TABLE DES MATIÈRES Introduction .………………………………………………………………………………............ 3 Première partie : Genèse du monde chez MerleauMerleau-Ponty Chapitre I Phénoménologie merleau-pontienne 1. La philosophie de la Gestalt .………………………………………………………………...6 2. Avant-propos de la Phénoménologie de la perception ………………………………….18 Chapitre II Expression et Corps 1. La nature de Cézanne .……………………………………………………………………..34 2. Le corps propre et l’attitude naturelle ……………………...……………………………47 3. Parole et Corps ………………………………………………………………………………65 4. Langue et Style ……………………………………………………………………………...82 Chapitre III Approche de l’ontologie 1. L’Histoire et l’Être …………………………………………………………………………100 2. La corporéité ontologique …………………………………………………………………112 3. L’ontologie de la peinture …………………………………………………………………123 4. Le concept de Nature chez Merleau-Ponty …………………………………………….142 Deuxième partie : Pensée ontologique de la nature dans le taoïsme et le bouddhisme Chapitre I Sur un mot japonais : jinen …………………………………………………….159 Chapitre II Le Taoïsme 1. Lao-tseu, fondateur de la pensée taoïste ……………………………………………….170 2. Développement de la pensée ontologique du taoïsme chez Tchouang-tseu ……….181 Chapitre III Le Bouddhisme (1) - Nâgârjuna - 542 1. La pensée bouddhique de la vacuité …………………………………………………….200 2. Le Traité du milieu ………………………………………………………………………...207 Chapitre IV Le Bouddhisme (2) - Dôgen 1. Caractéristique du bouddhisme zen .……………………………………………………243 2. Le retour au jinen .…………………………………………………………………………250 3. L’espace vide ………………………………………………………………………………..264 4. La nature-bouddha ....……………………………………………………………………..271 5. La dimension symbolique et le jinen ……………………………………………………301 6. Sur le kotoba (parole).……………………………………………………………………..327 Troisième partie : Questions sur le jinen et l’ontologie heideggerienne Chapitre I Problème du soi 1. Mizukara et Onozukara - Du soi-même subjectif et du soi-même naturel - …….344 2. Jyûgyû-zu - Les Dix Tableaux de la vache dans le bouddhisme zen - ……………357 3. La rose est sans pourquoi …………………………………………………………………369 Chapitre II Être, Temps, Devenir 1. Wesen – Ester …..………………………………………………………………………..397 2. Physis et Aléthéia …………………………………………………………………………406 3. Être-Temps (Uji) …………………………………………………………………………422 Chapitre III Le monde n’est qu’une branloire pérenne (un branle éternel) 1. Temporalité .……………………………………………………………………………….. 444 2. Ereignis .……………………………………………………………………………………. 459 3. Terre et Ciel ……………………………………………………………………………….. 476 4. Paysage et Fûkei .…………………………………………………………………………. 498 Conclusion ……………………………………………………………………………………….527 Bibliographie …………………………………………………………………………………… 534 543 Approche d’une ontologie de la nature - MerleauMerleau-Ponty, Heidegger, Dôgen Le thème de cette thèse est la nature, ou plutôt la nature vivante, qui ne se réduit pas au concept substantiel et objectif de la philosophie moderne en tant que métaphysique. Pour éclairer le sens de cette nature, nous examinons les philosophies merleau-pontienne et heideggerienne. Mais pour relativiser la philosophie occidentale, nous étudions le taoïsme et le bouddhisme, notamment la pensée de Dôgen, bouddhiste zen japonais du XIIIe siècle, et également les idées de philosophes japonais tels que Tetsurô Watsuji et Bin Kimura. Nous essayons d’éclairer le sens du mot, jinen, mot sino-japonais comparable au terme grec physis. En fait, le concept de nature vivante que le jinen et la physis recouvrent est l’origine de l’ontologie et en même temps, il ouvre la possibilité d’une nouvelle voie philosophique. Approch to an ontology of the nature - MerleauMerleau-Ponty, Heidegger, Dogen The theme of this thesis is Nature, or rather Nature alive, which cannot be reduced to the substantial and objective concept of modern philosophy seen as metaphysics. In order to illustrate the meaning of this Nature, we study Merleau-Pontiy’s and Heidegger’s philosophy. Moreover, in order to relativize Western philosophy, we study Taoism and Buddhism, especially the doctrine of Dogen, a japanese zen buddhist of XIIIth century, and also the ideas of japanese philosohpers such as Tetsuro Watsuji and Bin Kimura. We try to clarify the meaning of the word jinen, Sino-Japanese word, which is comparable to the Greek term physis. In fact, the concept of Nature alive that the jinen and the physis indicate is at the origine of ontology, which opens the possibility of a new philosophic path. Mots clés : nature (jinen, physis) forme (Gestalt) parole chair différence phénoménologie ontologie taoïsme nature (jinen, physis) form (Gestalt) difference phenomenology ontology bouddhisme speaking Taoism être temps devenir flesh Merleau-Ponty being Buddhism time événement (Ereignis) Heidegger becoming Merleau-Ponty Nâgârjuna event (Ereignis) Heidegger Nagarjuna symbole Dôgen symbol Dogen Yosuke KOJIMA Université Paris XIIXII-Val de Marne E.D. 0403 : Lettres, Sciences Sciences humaines et sociales (LSHSS) E.A 3953 : Philosophie et littérature : Textes, traditions, Idées 61 Avenue du Général de Gaulle 94010 Créteil Cedex 544