L’HEURE DE LA DÉSALPE: TOUT UN SYMBOLE
En 1947, le troupeau de l’alpage de Catogne, emmené par la reine décorée, rejoint
la désalpe de Sembrancher.
©Albert Emonet, Fonds Beattie, Médiathèque Valais-Martigny
L’élection au Conseil des Etats devait mobiliser l’opinion.
Que nenni! Du moins jusqu’à ce jour. Faute de combat-
tants résolus? Explication trop facile. Mais un fait de-
meure: dans les esprits se heurtent, mêlées parfois, deux
conceptions de la représentation: la conception an-
cienne, médiévale, de la représentation territoriale, et la
conception moderne, républicaine, de la représentation
populaire. On balance entre deux visions de la démocratie:
les élus ont-ils à représenter les citoyens ou les collectivi-
tés? La société générale ou les communautés particuliè-
res? Aux adeptes d’une répartition équilibrée des sièges
entre les partis en lice, on rétorque sur un ton offusqué:
vous bafouez les droits historiques du Haut-Valais, vous
mettez en danger l’unité du canton! Ainsi, entre le souci
intelligent de ne pas léser la minorité culturelle et la légi-
timité avérée du pluralisme règne une confusion maligne,
et la pesée des intérêts est constante. Les minorités politi-
ques, devenues l’évidente majorité du peuple, sont-elles à
traiter avec moins d’égards que la minorité linguistique,
qui, par ailleurs, a perdu de sa cohésion et de son poids dé-
mographique? Reste que le Valais, malgré sa riche diversi-
té, ne forme qu’un seul Etat: le Haut-Valais ne peut être as-
similé à une région autonome, dotée de privilèges
immuables. Malgré les apparences trom-
peuses, on devine l’absurdité et les dangers
d’une approche contraire, mais aussi la
persistance des deux idées de la représenta-
tion. Faut-il dès lors envisager un autre
mode d’élection, et introduire la représen-
tation proportionnelle, à l’exemple du Jura
et de Neuchâtel?
Le départ de Micheline Calmy-Rey laisse
un siège vacant au Conseil fédéral, que les
socialistes romands s’empresseront d’oc-
cuper. Outre les candidatures du Fribour-
geois Alain Berset et du Vaudois Pierre-
Yves Maillard pourrait émerger celle d’un
Valaisan: Stéphane Rossini. Or, pas un
bruit ni un murmure dans le landerneau cantonal! Silen-
ces prudents et mémoires courtes! Ravivons donc les sou-
venirs, en notant qu’à trois reprises, quand le Valais fit
bloc derrière une candidature, ce fut le succès. En 1950,
avec le PDC Joseph Escher, ouvertement appuyé par le ra-
dical Camille Crittin. En 1962, avec le
PDC Roger Bonvin, que le socialiste Karl
Dellberg soutint sans réserve. En 1998,
avec le radical Pascal Couchepin, qui rallia
les voix du PDC et de la Gauche de Peter
Bodenmann et Thomas Burgener. Mais, à
l’inverse, quand prédomina la discorde, ce
fut l’échec. Ainsi, en 1940, avec le PDC
Maurice Troillet et le radical Camille Crit-
tin, qui durent s’incliner. Trop de haines
recuites, trop de méchants règlements de
comptes. Alors, cette question: la person-
nalité de Stéphane Rossini serait-elle si
terne, ses compétences si faibles et son ex-
périence de la chose publique si mince,
que l’on puisse, sans autre, écarter son nom, et passer son
chemin, dans l’indifférence ou le mépris?
Valais divisé, Valais uni
L’INVITÉ
PHILIPPE
BENDER
COURTHION
HISTORIEN
Outre les
candidatures
d’Alain Berset
et de Pierre-Yves
Maillard pourrait
émerger celle
d’un Valaisan:
Stéphane Rossini
Finance ou haute voltige?
La haute finance évolue ac-
tuellement dans un climat
anxiogène, les bourses sont
chahutées et l’euro boit la
tasse. Tout cela est le fruit
non seulement des dettes
souveraines (des Etats),
mais aussi de la financiarisa-
tion excessive de l’écono-
mie. Quand on voit une sim-
ple agence de notation faire
trembler une superpuis-
sance comme les Etats-Unis
et paniquer certains Etats
européens, on peut se poser
de sérieuses questions.
Paul Dembinski, directeur
de l’Observatoire de la fi-
nance, rappelle que tout a
changé lorsque les Etats-
Unis ont décroché le dollar
et les monnaies de l’or. Ce
n’était qu’une étape vers une
mutation plus profonde en-
core: la montée en puis-
sance des activités pure-
ment financières. Autrefois,
la monnaie servait surtout
une logique commerciale.
Aujourd’hui on assiste à la
domination de la devise
comme actif financier sur la
devise comme moyen de
paiement. Paul Dembinski
expliquait: «En 2010, les vo-
lumes échangés sur les mar-
chés de change en dix jours ou-
vrables suffiraient aux besoins
des transactions commerciales
(durant un an); le reste de
l’année ces marchés tra-
vaillent donc pour les besoins
des stratégies de couverture et
d’investissement. Il a fallu plu-
sieurs années pour que la logi-
que commerciale s’estompe
face à la logique financière do-
minante aujourd’hui.» Les al-
chimistes de la finance ont
pris le pouvoir et la crois-
sance se fait souvent à cré-
dit.
Dans ses fondamentaux, le
système ne change pas vrai-
ment. Bref, les mécanismes
mêmes de l’économie ac-
tuelle ne sont pas sains non
seulement à cause de la
dette des Etats, mais aussi à
cause de la globalisation et
de la financiarisation exces-
sive de l’économie.
Il suffit de voir que les ban-
ques de proximité ont profité
de la crise en s’attirant de
nouveaux clients.
Le prix Nobel d’économie
Maurice Allais constatait il y
a plus de dix ans que c’est
toujours ceux qui n’ont pas
vu venir la crise qui l’expli-
quent ensuite doctement et
que le système ne change
donc pas.
Il accusait aussi l’Organisa-
tion mondiale du commerce
et prônait dans certains cas
le protectionnisme.
jmt - ar