26 juin 2002
Note de consensus des psychologues cliniciens belges concernant la pratique de la
psychologie clinique. Elle décrit comment le psychologue clinicien fonctionne de façon
autonome, d’une part, dans son domaine propre et, d’autre part, en travaillant sur un
même niveau avec d’autres disciplines dans le cadre de la sanmentale, dans le
respect mutuel des compétences propres à chacun.:
1. Introduction
En 2000, un groupe d’experts en psychologie, constitué par le cabinet du Ministère de
la santé publique, a été consulté sur le projet de loi concernant la pratique de la
psychologie clinique. Lors de la dernière réunion de ce groupe d’experts, il fut
demandé à la Fédération belge des psychologues (BFP-FBP) d’assurer la coordination
d’un groupe de travail qui préparerait les futurs arrêtés d’exécution. A partir de juin
2001, les responsables néerlandophones et francophones du « Secteur psychologie
clinique de la Fédération belge des Psychologues » ont coordonné ce groupe de travail,
composé de responsables mandatés par toutes les associations cliniques francophones
et néerlandophones membres de la BFP-FBP et de représentants de toutes les
universités belges concernées. Après mûre délibération, ce groupe de travail a produit
ce texte consensuel.
2. Définition de la psychologue clinique
La psychologie clinique est une discipline scientifique qui vise, par ses applications, à
un fonctionnement psychologique correct expérience et conduite ainsi que valable
lorsqu’il se voit mis en question, en danger ou perturbé. D’un point de vue
scientifique, la psychologie clinique comprend (a) l’étude du fonctionnement
psychique normal ou altéré et (b) l’étude du lien entre le fonctionnement
psychologique, d’une part, et le cadre psychosomatique, l’environnement et la santé de
la personne et des systèmes auxquels elle se rattache, d’autre part.
Par référence aux connaissances (scientifiques et cliniques-théoriques) et à la
formation (méthodes et techniques) dérivées de cette étude, la psychologie clinique
s’intéresse en pratique aux processus psychologiques et relationnels de la personne
concernée de même qu’à leur contexte. Elle a pour objectif d’analyser et/ou de
soutenir et/ou d’améliorer ces processus et contexte, ainsi que d’influer dans un sens
favorable sur les conduites (ou potentialités de
Fédération Belge des Psychologues
Note de consensus sur la psychologie clinique
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Conduites) qui y sont associées. A cette fin, le psychologue clinicien fait appel en
toute indépendance et sous sa responsabilité à des méthodes de prévention, de
diagnostic, de conseil, de revalidation et de traitement.
3. Activités du psychologue clinicien
Nous souhaitons éclaircir cette définition par une brève présentation de quelques
dimensions importantes du travail de psychologue clinicien, un aperçu qui n’a rien
d’exhaustif par ailleurs.
Prévention
La prévention au sens psychologique consiste à appliquer un ensemble de principes
ayant pour objectif de restreindre la présence d’attitudes ou de conduites nocives, soit
encore d’événements à risques. Elle crée les conditions psychologiques nécessaires à
la mise en place de modifications au plan individuel et relationnel et à l’amélioration
du bien-être collectif.
Diagnostic
Le diagnostic psychologique revêt toujours la forme d’une investigation
psychodiagnostique par laquelle se voient examinés les aspects suivants : l’intelligence
et les fonctions cognitives, le ressenti et les plaintes, les symptômes psychiques et
comportementaux, la personnalité, la dynamique relationnelle … Les principales
méthodes diagnostiques sont à cet égard l’entretien ou interview, l’observation et les
tests psychologiques dont l’inventaire offre une contribution essentielle pour la
psychologie clinique. Les problématiques psychodiagnostiques spécifiques sont
définies par rapport aux divers terrains d’approche au sein desquels le psychologue
clinicien se rend actif : un cadre de traitement résidentiel ou ambulatoire, un contexte
de revalidation, un mandat d’expertise, un contexte psychiatrique ou médico-légal, …
Conseil
Sur base des données psychodiagnostiques, le psychologue clinicien formule des avis
argumentés (a) aux patients, en fonction de leurs questionnements et des décisions
qu’ils sont appelés à prendre, ou (b) à d’autres instances ou pourvoyeurs d’assistance.
Revalidation
De concert avec d’autres disciplines, le psychologue clinicien s’investit dans
l’atténuation des suites d’une maladie ou d’un handicap tant en faveur du patient que
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de l’entourage. Il intervient surtout dans les situations les facteurs psychologiques
jouent ou peuvent jouer un rôle déterminant ou lorsque les interventions requièrent une
approche psychologique spécifique, scientifiquement fondée.
Traitement
L’accompagnement psychologique est une activité ayant pour but
d’encourager,d’aider, d’orienter un sujet quant à l’épanouissement de sa personnalité
et la prise de décisions mûrement réfléchies face à des choix difficiles concernant la
vie personnelle, familiale, sociale, scolaire ou professionnelle. L’accompagnement est
fonction d’une analyse de l’appel d’aide et de l’écoute approfondie ainsi que de la
compréhension de la personne en relation avec son cadre d’existence. Il se base sur
une analyse des attitudes, des intérêts individuels, des aptitudes, des motivations
personnelles etc. De pareils avis peuvent être fondés sur les résultats de tests
psychologiques ou d’échelles standardisées. La relation d’aide clinique revêt un
caractère d’investigation spécifique.
La psychothérapie est une forme structurée et méthodique d’intervention d’aide. Elle
est adoptée librement et consiste en une interaction relationnelle entre une expert
thérapeute et un ou plusieurs patients/clients ou d’un ensemble structuré de clients. La
mise en œuvre de cette interaction est basée sur une vision théorique bien précise du
fonctionnement psychique et relationnel. La psychothérapie a pour objectif d’induire
des modifications bien circonscrites dans le mode de fonctionnement psychique d’un
individu ou dans les échanges au sein d’un système.
4. ontologie
Les psychologues cliniciens attachent toujours énormément d’importance à une
déontologie spécifique qui comporte différentes dimensions, et notamment les
suivantes :
1 Le psychologue est un spécialiste qui propose une relation d’aide d’une forme
personnalisée et unique de par la stricte confidentialité, le respect de la
personne et l’absence de tout jugement normatif.
2 Au cours de sa collaboration avec d’autres aidants, le psychologue veille à faire
respecter son indépendance professionnelle tout comme lui-même le fait envers
celle des autres intervenants.
3 Le psychologue assume la totale responsabilité de ses démarches. Il engage
formellement des efforts mais non des résultats. Il tient compte des limites de
ses compétences.
4 Le psychologue porte la responsabilité d’assurer la continuité de la dispense de
l’aide au client, en ce compris la collaboration avec les autres professionnels.
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Ce code déontologique porte son attention toute particulière aux principes
d’autonomie professionnelle, de responsabilité et de collaboration.
5. La collaboration horizontale avec d’autres disciplines dans le respect des
compétences de chacun, on peut préciser ce qui suit :
Accordant autant d’attention aux aspects psychologiques que biologiques
et sociaux de la santé du patient, le psychologue, chaque fois que la
nécessité s’en fera sentir, engagera une collaboration avec les experts
d’autres disciplines qui s’imposeront. Cette collaboration pourra revêtir
différentes formes. Pour une même situation d’aide, plusieurs disciplines
pourront se coordonner tant pour la phase de diagnostic que pour pour
celle de la démarche thérapeutique. Cette collaboration pourra encore
prendre la forme d’un débat, d’un échange de vues, d’une offre de
conseil ou d’information. d’un recours à - ou d’échanges entre -
intervenants sur une disponibilité personnelle réciproque.
Le psychologue clinicien accepte que les intervenants d’autres
disciplines avec lesquels il collabore, agissent de manière autonome dans
leur champ de compétence tout comme il le juge nécessaire à l’intérieur
de son propre domaine.
6. Autonomie et collaboration vues comme principes complémentaires et
non opposés.
Autonomie et collaboration vues comme principes complémentaires et non opposés.
Le concept d’autonomie n’est pas univoque : il convient de faire la distinction entre,
d’une part, « décider en parfaite indépendance de sa démarche personnelle » et, d’autre
part, « agir seul en tant que responsable unique ».
Le psychologue clinicien conserve toujours son indépendance en fait d’intervention
personnelle, même lorsqu’il collabore avec d’autres intervenants de santé. Cela
signifie que lui-même choisit son mode d’engagement à l’égard du patient et les
méthodes et techniques qu’il met en jeu dans ce but. Par ailleurs, il tient compte à ce
propos dans l’intérêt du patient une attitude totalement respectueuse de ses desiderata
et des implications des autres intervenants.
Pour un certain nombre de formes de soins qui relèvent du domaine de compétence du
psychologue clinicien, il pourra intervenir éventuellement comme référant unique et à
cet égard agir seul, de sa propre initiative et en son nom propre.
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7. La démarche autonome du psychologue clinicien dans le cadre de sa
spécialité implique les points suivants :
1 tout patient doit avoir la possibilité de consulter directement un psychologue
clinicien en vue de se faire aider à travers lui de la discipline psychologique
(diagnostic, recommandations, conseil et traitement).
2 tout médecin ou travailleur du secteur de la santé doit avoir la possibilité de
recourir directement à un psychologue clinicien.
3 le psychologue clinicien doit disposer librement du choix de ses méthodes et
techniques.
4 le psychologue clinicien soit avoir la liberté d’entamer une relation d’aide pour
laquelle il assume personnellement le choix de la forme et de la fréquence de
même qu’il y mettra un terme après avoir pris les dispositions réglementaires
quant à fournir cette aide face aux besoins/demandes et à leur continuité.
Le psychologue clinicien détermine lui-même à quel moment l’intervention
d’autres disciplines nécessitent d’être consultées ou même d’être sollicitées.
Dans le cadre de sa démarche déontologique, il tiendra compte à ce propos des
desiderata du patient, de la faisabilité au sein de la relation d’aide et des limites
de sa compétence.
8. Conclusion
La psychologie clinique peut offrir une contribution importante à la santé
publique. Elle ne peut remplir ce rôle de manière qualitative que dans le cadre
d’un statut légal qui permette au psychologue d’agir de façon autonome dans
son propre domaine et de travailler selon une structure horizontale avec
d’autres disciplines dans le respect des compétences de chacun. Pareil statut
requiert des critères de reconnaissance et un système d’enregistrement des
professionnels de la psychologie clinique. En fait de questionnements ou de
différends autour de la pratique professionnelle du psychologue clinicien, il
faut pouvoir faire appel, dans le souci de susciter et d’encourager la qualité, à
une commission déontologique dont les membres aient la formation voulue
pour évaluer la problématique selon une optique de psychologie clinique.
Confronté à cette note de consensus, le projet de loi relatif à l’exercice de la
psychologie clinique qui est à l’étude actuellement au Conseil d’Etat, soulève
quelques préoccupations. Celles-ci ont trait à l’étendue du domaine pour lequel
le psychologue clinicien peut agir indépendamment, à l’horizontalité de la
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