AVANT-PROPOS
En mai 2002, dans le contexte d’une forte mobilisation sur la recherche dans
les pays en développement, l’Anrs s’est doté d’une charte précisant les condi-
tions éthiques dans lesquelles elle s’engageait à financer des projets de re-
cherche dans ce domaine. Il s’agissait en grande partie de fixer un cadre pour
la protection des personnes qui se prêtent aux recherches, en l’absence de législation dé-
diée, ce qui est le cas dans la plupart des pays avec lesquels l’Anrs collabore. Conçue
d’emblée comme un document à visée didactique, constructif d’un partenariat en pleine
évolution en particulier sur les sites de recherche Anrs dans les pays en développement [1],
elle fut le résultat d’un processus de consultations multiples, auprès de chercheurs, de re-
présentants du monde associatif, de membres de comités d’éthique. Elle s’appliquait es-
sentiellement dans un premier temps à la recherche biomédicale sur le VIH/sida.
Le besoin s’est fait progressivement sentir d’un approfondissement de la réflexion dans
d’autres disciplines (recherches en sciences humaines, en santé publique, en économie,
recherches en prévention) et conformément à l’évolution des missions de l’Anrs, dans
les pathologies liées aux hépatites virales B et C.
Une démarche identique de consultation a été mise en place pour l’élaboration d’une nou-
velle version de la charte. Au terme de plusieurs échanges, des choix ont été effectués. Ils
ne ferment pas le débat mais doivent au contraire alimenter la poursuite de la réflexion :
ILa charte s’adresse aux recherches dans les pays en développement et non à
toutes les recherches menées par l’Anrs. Si ses grands principes s’appliquent de fait à
toute recherche, elle ne prend tout son sens que là où la protection des sujets n’est pas
encadrée par une législation.
ILa terminologie « pays en développement » est maintenue. Aucun autre terme
n’est apparu plus pertinent (pays du Sud, pays à ressources limitées…) et les respon-
sables des sites Anrs l’ont validé d’un commun accord.
ILe texte n’a pas été divisé en chapitres thématiques (recherches en prévention,
en sciences sociales, sur les hépatites etc.) au vu de notre expérience de l’interdiscipli-
narité et de la fréquence de projets recoupant plusieurs pathologies. Il reflète la volonté
de générer un questionnement éthique applicable à tout type de recherche.
IS’agissant des projets de recherche biomédicale, le choix de ne soumettre ces der-
niers qu’aux comités d’éthique des pays partenaires avait prévalu lors de la précédente
version de la charte. Cette position ne concordait pas avec celle de plusieurs instances in-
ternationales et en particulier du CIOMS [2]. À plusieurs reprises, notamment à la de-
2
1. Les sites ANRS sont implantés au Sénégal, au Burkina Faso, en Côte d'Ivoire, au Cameroun, en Égypte, au Bré-
sil, au Cambodge et au Vietnam.
2. Council for International Organizations of Medical Sciences.