(ψ∧ϕ) ⇒ ψ - th1-
(ψ∧ϕ) ⇒ (∧ϕψ) - règle du CP -
⇐:
ϕ ⇒ (ψ ⇒ (ψ∧ϕ)) - théorème du CP -
ϕ ⇒ (ψ ⇒ (ψ∧ϕ)) - nécessitation + K -
(ψ ⇒ (ψ∧ϕ)) ⇒ (ψ ⇒ (ψ∧ϕ)) - axiome K -
ϕ ⇒ (ψ ⇒ (ψ∧ϕ)) - syllogisme -
ϕ ∧ψ ⇒ (ψ∧ϕ) - théorème du CP -
Le théorème ainsi obtenu peut s’interpréter aussi bien en logique aléthique qu’en logique
déontique. Par exemple, en logique déontique : il est obligatoire de faire P et Q si et seulement
s’il est à la fois obligatoire de faire P et obligatoire de faire Q. On notera que l’utilisation du
principe de dualité impliqué dans Définition 1 permet tout aussi bien de prouver que :
◊(ψ∧ϕ) ⇔ (◊ϕ ∧ ◊ψ)
Autrement dit, en logique déontique, il est permis de faire P et Q si et seulement s’il est à la
fois permis de faire P et permis de faire Q.
En logique épistémique, cela donne aussi bien : si je sais que P et Q alors je sais que P et je
sais que Q, et réciproquement.
Toutes ces règles de distributivité de l’opérateur modal par rapport à la conjonction et nous
paraissent normales. En revanche, on n’a pas la même régularité avec la conjonction ou. On
prouve en effet facilement :
Th3 : (ϕ ∨ ψ) ⇒ (ψ ∨ ϕ)
Mais pas la réciproque ! Cela concorde encore avec notre intuition selon laquelle s’il est bien
vrai que s’il est nécessaire que P ou nécessaire que Q, alors il est nécessaire que P ou Q, en
revanche, le fait que nécessairement P ou Q doive se produire n’implique pas que se produise
nécessairement P ou nécessairement Q : ce peut être tantôt l’un, tantôt l’autre.
On peut se poser des questions relativement à l’application de ce dernier théorème en logique
déontique : est-ce que l’obligation de faire P, ou l’obligation de faire Q, implique l’obligation
de faire soit P soit Q ? Est-ce que, si je dois payer mes impôts avant le 15 mars, je dois payer
mes impôts ou regarder passer l’Isère ? A la réflexion, ce type d’inférence n’est pas
complètement distinct de l’inférence selon laquelle de « p », je peux toujours déduire « p ou
q » : l’inférence est juste au sens où « qui peut le plus peut le moins » : on peut toujours
affaiblir ses hypothèses… mais on ne le fait quasiment jamais (à quoi cela servirait-il ?), de
même il n’y a aucun intérêt à affaiblir ses obligations. De quelle consolation me serait le fait
de savoir que je dois payer mes impôts ou regarder passer l’Isère alors que je sais que je dois
payer mes impôts de toutes façons ! P. Bailhache (Bailhache, 2005) signale aussi le problème
qu’il y a, en logique déontique, avec l’axiome K lui-même. Appliqué à une situation concrète,
il donne par exemple : « si, pour aller à Nantes, il est nécessaire d’acheter préalablement son
billet de train pour Nantes, alors si je dois aller à Nantes, je dois acheter préalablement mon
billet de train pour cette ville », mais que se passe-t-il si, bien que devant aller à Nantes, je n’y
vais pas (pour cause de maladie par exemple) ? Dois-je quand même acheter mon billet ? Cela
serait sans doute considéré comme absurde par beaucoup de gens !
Un autre paradoxe est celui du Bon Samaritain : il a l’obligation de porter secours à toute
victime, mais obligatoirement, s’il porte secours à une victime c’est qu’auparavant il y a eu
crime, par K on obtient à partir de cette dernière phrase : s’il y a obligation de porter secours,
alors il y a obligation de crime ( !). Comme il y a obligation de porter secours, il y a donc