Dossier D ossier La phase active du travail Active stage of labor A. Fournié, L. Sentilhès, C. Lefebvre-Lacoeuille, B. Subayi, S. Madzou, P. Gillard, P. Descamps* O n distingue depuis Friedman (1) une première phase du travail qui se termine à dilatation complète, une deuxième qui se termine à la sortie du fœtus, et une troisième qui concerne la délivrance. La première phase est subdivisée en phase de latence et en phase active. Cette phase active comprend une phase d’accélération, une phase de dilatation maximale et une phase de décélération. D’un point de vue clinique (1), la phase de latence et la phase d’accélération peuvent être reliées dans une phase de préparation. Elles sont surveillées de la même manière et partagent les mêmes anomalies. Puis, c’est la phase de dilatation : pendant un intervalle de temps assez court, la dilatation progresse. Elle est le résultat de la combinaison de plusieurs facteurs : qualité des contractions utérines (CU), souplesse du col, effet dilatateur de la présentation ou de la poche des eaux. La phase pelvienne est la deuxième phase du travail, pendant laquelle le fœtus descend dans l’excavation pelvienne, effectue sa rotation et naît. Elle commence à dilatation complète ou presque complète. Son étude sort de notre propos. Ainsi, dans la phase active, la phase d’accélération est rattachée à la phase de latence. Le début de la phase de dilatation correspond au début du travail et la phase de décélération est rattachée à la phase pelvienne. Nous étudierons cette phase de dilatation. Le début du travail Théoriquement, le travail commence avec la phase de latence, mais ce début n’est homologable que lorsque l’on a atteint la phase active. Il peut aussi débuter avec la phase de dilatation, ce qui est le cas dans les études cliniques (2). Le premier critère permettant de définir le début du travail est celui de CU régulières perçues par la mère : cela suffit pour Friedman (1). Beaucoup d’auteurs demandent des CU régulières associées à des modifications cervicales, mais le col peut se modifier longtemps avant l’entrée en travail (3). Parmi ces modifications, l’effacement est essentiel pour parler de vrai début du travail et de début de la dilatation ; chez la multipare, comme la fin de l’effacement et le début de la dilatation coïncident, une dilatation à 4 cm est en général requise. C’est ensuite l’observation d’une vitesse de dilatation d’au moins 1,2 cm/h chez la nullipare et de 1,5 cm/h chez la multipare qui permet d’être sûr que l’on est en phase active (4). L’équipe de Dublin (5) est moins restrictive. Elle définit le * Pôle de gynécologie obstétrique, médecine fœtale, reproduction humaine et orthogénie (P. Descamps), CHU d’Angers, 4, rue Larrey, 49933 Angers Cedex 01. La Lettre du Gynécologue - n° 334 - septembre 2008 début du travail par des CU régulières douloureuses et soit une rupture des membranes, soit un écoulement de mucus sanguinolent, soit un effacement du col. La patiente est alors admise en salle d’accouchement (et s’il y a un doute, le point sera fait une heure plus tard). En pratique, le début du travail correspond au début de la phase active, et à 3-4 cm de dilatation. Ce diagnostic du début du travail est essentiel, car il conditionne l’entrée en salle de travail. Les patientes admises en faux travail ou avec une dystocie de démarrage ont un moins bon pronostic obstétrical que celles qui sont admises en travail. Ces anomalies sont plus fréquentes chez les nullipares. Bailit (6) note que le taux de césariennes réalisé chez les primigestes admises avec une dilatation de moins de 4 cm est plus important que chez celles qui sont admises en salle de naissance après 4 cm (14,2 % contre 6,7 %, p < 0,001). La phase active Généralités Une fois la dilatation commencée, le travail proprement dit débute : c’est la phase active. La dilatation progresse de manière régulière, de plus de 1 cm/h en moyenne. En général, la présentation progresse peu : elle descendra et tournera dans la phase pelvienne. Interviennent dans la durée : l’analgésie péridurale (APD), les variétés postérieures, qui sont à l’origine de dilatations traînantes, et les méthodes de direction du travail (rupture de la poche des eaux, perfusion d’ocytocine). Anomalies de la phase active Elles sont regroupées sous trois grandes catégories : – prolongation de la phase active, par lenteur excessive de la dilatation, c’est-à-dire par une dilatation inférieure au 5e percentile ; – arrêt secondaire de la dilatation, pendant au moins 2 heures ; – anomalies combinées (arrêt après une phase de dilatation traînante). Trois causes sont possibles, qui peuvent s’associer : – une activité utérine insuffisante : la dilatation est traînante, définie classiquement comme une dilatation inférieure à 1 ou 1,2 cm/h chez la nullipare, et à 1,5 cm/h chez la multipare ; – une disproportion céphalopelvienne : elle entraînerait plutôt un arrêt de la dilatation après 5 cm. Les rétrécissements pelviens anatomiques deviennent une cause rare de disproportion ; – les variétés postérieures : un défaut de sollicitation du col pourrait diminuer l’intensité des CU (réflexe de Ferguson) ; l’emploi de l’APD inhibe ce réflexe. Marpeau (7) étudie les causes d’arrêt de la dilatation ; il note que 21 Dossier D ossier les dimensions du détroit supérieur sont normales dans 83 % des cas de stagnation de plus de 2 heures ayant nécessité une césarienne. Dans la moitié des cas, il existe une insuffisance de CU et, dans de nombreux cas, une variété postérieure. Le partogramme Le partogramme est la représentation graphique du déroulement du travail. Le partogramme reprend les éléments de la surveillance du travail : surveillance de la dilatation et du rythme cardiaque fœtal, de la hauteur de la présentation et de sa variété, état de la poche des eaux et couleur du liquide, comportement maternel, tension artérielle et température maternelle. L’Anaes (8) a défini une liste de critères qu’un partogramme doit satisfaire. Le partogramme est commencé en général avec la phase active ou l’admission en salle de travail, en excluant la phase de latence (8, 9). Avec Philpott (10, 11), une ligne d’alerte et une ligne d’action ont été dressées et adoptées. La ligne d’alerte représente une vitesse de dilatation de 1 cm/h, vitesse de dilatation communément admise chez la nulligeste comme étant la limite inférieure de la normale. Cette vitesse correspond au 5e percentile de la vitesse de dilatation. La vitesse de 1 cm/h reste le standard, et si la courbe de dilatation est à droite de cette ligne, ou bien la croise, on sort de la physiologie. La ligne d’action est une ligne parallèle à cette ligne d’alerte, et lorsqu’elle sera franchie, on doit entreprendre une action correctrice. La période comprise entre ligne d’alerte et ligne d’action est fixée arbitrairement par chaque unité : un grand intervalle diminue le besoin de stimuler (55 % des nullipares si la ligne d’action est la même que la ligne d’alerte, contre 19 % si elles sont séparées de deux heures). Les souhaits de la femme, la philosophie de l’équipe, sa disponibilité et les possibilités matérielles font adopter un délai plutôt qu’un autre. La fréquence des touchers vaginaux (TV) dépend bien sûr de ces recommandations : par exemple, si l’on doit agir au bout de trois heures, on respecte, sauf événements intercurrents (tels des troubles du rythme cardiaque fœtal, RCF), un intervalle de trois heures entre deux examens. Si la ligne d’action est franchie, il va falloir corriger l’anomalie, et l’on a recours alors à une technique ou méthode de direction du travail. La direction du travail et ses moyens La direction du travail est l’ensemble des mesures mises en œuvre pour modifier le déroulement de l’accouchement (12). On peut chercher, en dirigeant un travail : soit la normalisation d’un accouchement dont le déroulement n’est pas physiologique, soit l’amélioration du confort maternel. Parfois l’accouchement trop long, mal toléré, entraîne un surmenage maternel, et par le biais de troubles acido-basiques, une souffrance fœtale. Cette éventualité, fréquente avant un large accès à l’APD, est actuellement très rare. Parfois la patiente, préparée ou non, souhaite ne pas souffrir alors que le travail paraît normal. Dans ce cas, le travail doit rester physiologique. La direction du travail ne doit nuire ni au fœtus, ni à la mère. Elle engage la responsabilité de l’équipe obstétricale, mais l’abstention engage aussi sa responsabilité. 22 Les moyens de renforcer l’activité utérine L’activité utérine peut être renforcée par deux moyens : l’amniotomie et l’ocytocine. L’amniotomie Elle permet un meilleur contact entre le col et la présentation. Elle occasionne une libération de prostaglandines endogènes. Elle permet de contrôler l’aspect du liquide. Elle peut être suffisante pour accélérer le travail et en raccourcir la durée. Elle a plusieurs inconvénients théoriques. Elle ouvre la cavité amniotique aux germes pathogènes vaginaux, entraîne un plus grand nombre d’examens vaginaux et peut favoriser une procidence du cordon. Elle favorise les phénomènes de compression sur la tête, les déformations plastiques et les troubles du RCF. Elle peut être réalisée à 3-4 cm, pour faciliter l’entrée en phase active du travail ; elle peut aussi être faite avant (cas des déclenchements) ou en cours de travail. En pratique, il est très difficile d’isoler les seuls effets de l’amniotomie du reste de la prise en charge de l’accouchement. Les études confirment : – un raccourcissement du travail, sans incidence sur l’état fœtal (13, 14) ; – une augmentation des troubles RCF (15), sans effets sur l’état fœtal, mais à l’origine d’une augmentation du taux des césariennes, plus ou moins significative. Il est évident que si l’on ne pratique pas de contrôle de l’état fœtal par étude de l’oxygénation ou de l’équilibre acido-basique du fœtus, le taux de césariennes risque d’augmenter ; – une réduction de la fréquence des dystocies fonctionnelles définies comme une stagnation d’au moins 4 heures avec une dilatation inférieure à 0,5 cm/h. L’emploi de l’ocytocine après rupture des membranes L’ocytocine est utilisée en général après rupture des membranes. Deux principaux schémas d’utilisation sont retrouvés : les fortes posologies et les faibles posologies. Chaque publication détaille son protocole et chaque service a ses modalités d’emploi du produit, notamment la manière d’augmenter la posologie. Tous les auteurs s’accordent à éviter une hyperstimulation. La définition de l’hyperstimulation varie : plus de 5-6 CU/10 min, ou plus de 7 CU /15 min. Elle est parfois complétée par une durée des CU, plus rarement par une activité utérine définie en unités Montevideo ou en kilopascal. Un début d’hyperstimulation conduit à réduire la dose d’ocytocine, en revenant à la posologie précédente. Les protocoles utilisant de fortes doses commencent avec des doses de 5 mU/min, avec des paliers de 5 mU/15 min et une dose maximale de 30 mU/min (16). Le protocole initial de Dublin débute la perfusion à 6-7 mU/min, avec une posologie maximale de 40 mU/min. Un protocole intermédiaire débute avec 4 mU/min, puis avec des paliers de 4 mU/15 min, et une dose maximale 40 mU/min. Ce protocole diffère surtout du précédent par la seule dose de départ. Les protocoles “faibles doses” commencent à 1 ou 2 mU/min. Sadler (17) commence avec 1 mU/min, augmentée de 1 mU/min La Lettre du Gynécologue - n° 334 - septembre 2008 toutes les 10 minutes jusqu’à 8 mU/min, puis augmentée de 2 mU/min jusqu’à 40 mU/min. Beaucoup commencent à 2 mU/ min (18). La posologie est augmentée de 2 mU/min toutes les 30 minutes, pour obtenir 3 à 4 CU/10 min, et la dose minimale pour obtenir ce nombre est conservée. En général, des CU efficaces sont obtenues pour 12 mU/min. La dose maximale autorisée est de 32 mU/min. Cammu (19) commence à 2 mU/min, puis passe avec des paliers de 20 minutes, à 4, 6, 9, 14, 20 et 30 mU/ min. Cette posologie est atteinte après 120 minutes. Peu d’études sont conduites en tenant compte de l’intensité des CU mesurée par monitorage interne. Avec la tocométrie interne, l’activité utérine est mesurée en unités Montevideo (ou en kilopascal) et elle est normalement comprise entre 200 et 300 unités Montevideo (somme de l’intensité des CU, en mmHg, par 10 min). Le but est de maintenir une activité d’au moins 200 unités Montevideo. Selon Chua (20), il n’y aurait pas de bénéfice à utiliser un tel monitorage. La comparaison des doses fortes et modérées a été réalisée par Satin (21). Les doses fortes s’accompagnent de moins d’applications instrumentales et de moins de césariennes. On relève aussi moins de chorio-amniotites et un travail plus court. Satin (21) a aussi comparé un intervalle de 20 minutes à un intervalle de 40 minutes : l’intervalle de 20 minutes s’accompagne de moins de césariennes pour dystocies. L’ocytocine utilisée sans amniotomie Dans le travail de Pattinson (22) réalisé à Pretoria, une amniotomie n’est pas réalisée de principe, en raison d’un taux important d’infections par le VIH (20 %). L’auteur a comparé les résultats d’une direction par ocytocine (faibles doses) lorsque la ligne d’action est atteinte (TV toutes les 2 heures) à celle d’une direction conduite après une ligne d’action située quatre heures après la ligne d’alerte (TV toutes les 4 heures). Le taux de césarienne est diminué, de même que celui des extractions instrumentales, avec les délais courts. Le nombre de patientes requerrant une APD est identique. La lutte contre la douleur De nombreuses études ont étudié les effets de l’APD sur la durée de la phase active, avec des résultats variables. En 2001, Howell (23) relève une relation entre l’APD, une durée plus grande de la première phase du travail, l’emploi d’ocytocine, une incidence accrue de malpositions fœtales et d’extractions instrumentales. Mais il ne relève pas d’augmentation du taux de césariennes. Les alternatives La balnéation, les doulas, les postures ont peu d’effets sur la phase active. La mobilisation pendant la phase active ne modifie pas celle-ci, de même que l’APD ambulatoire. La direction active du travail À la fin des années 1960, l’équipe du National Maternity Hospital de Dublin, avec O’Driscoll et Meagher, introduit la direction active du travail (Active management of labour [AML]). Le point La Lettre du Gynécologue - n° 334 - septembre 2008 de départ d’O’Driscoll était l’abandon de la règle selon laquelle le soleil ne devait pas se lever deux fois sur une femme en travail (24). Le but était de limiter le travail prolongé : avec l’AML, la plus longue durée de travail tolérée est de 12 heures (10 pour la phase de dilatation, deux pour la deuxième phase). Au National Maternity Hospital, en 2000, l’incidence de travail long (plus de 12 heures) est de 1,8 %, et la moitié de ces cas va demander une césarienne (16). Le protocole de l’AML concerne uniquement les primigestes en présentation céphalique, dont la grossesse n’a pas été compliquée, entrées spontanément en travail et dont le liquide amniotique est clair. Les éléments de l’AML comprennent : – une préparation à la naissance : les femmes sont averties que leur travail ne durera pas plus de 12 heures, et qu’elles ne seront jamais laissées seules ; – un accompagnement (one-to-one) par une même sage-femme en charge de la patiente ; – une amniotomie précoce ; – un TV est fait après deux heures ; si la dilatation a progressé de 2 cm ou plus, un autre examen est réalisé deux heures après le précédent ; – si cela n’est pas le cas, la ligne d’alerte, de 1 cm de dilatation par heure, est franchie, et l’emploi de l’ocytocine est requis (cf. posologies données plus haut) ; l’intervention est précoce et concerne 50 % des patientes ; – une APD, si elle est jugée nécessaire par la patiente. Les résultats de cette direction active sont examinés et les cas sont revus par un senior, le tout régulièrement. Plus de 200 000 accouchements ont ainsi été réalisés selon ce protocole. Une évaluation globale est donnée dans les différentes éditions du manuel dédié (5, 25). Avec le temps, le taux de césariennes s’est accru au National Maternity Hospital de Dublin comme partout dans le monde, mais le nombre de césariennes indiquées par des dystocies, de la première phase notamment, reste à peu près constant, alors que, dans le même intervalle de temps, dans beaucoup d’établissements, la césarienne a été un moyen de résoudre les dystocies, sans trop chercher à améliorer la direction du travail. La totalité des études montre que les résultats néonatals sont comparables à ceux des accouchements non dirigés ou dirigés différemment, et sont bons. Deux études récentes font une évaluation de la pratique du National Maternity Hospital. Impey (26) a étudié les 500 premiers partogrammes obtenus en 1997 chez des nulligestes, en travail spontané et à terme. Il rapporte une durée moyenne de dilatation de 6,1 heures, une admission à une dilatation moyenne de 1,7 cm, et un taux d’accouchements dans les 12 heures de 97,2 %. Le taux de césariennes est de 5,4 % : sur les 27 cas, 14 pour dystocie, 12 pour souffrance fœtale et un cas pour chorio-amniotite. Bohra (16) a repris les 1 000 premiers accouchements de primigestes survenus dans le service de Dublin en 2000, et les compare aux données d’O’Driscoll (5) et à celles de l’article de synthèse d’Impey (27). Le taux de césariennes n’a pas beaucoup augmenté. En 2000, Bohra rapporte un taux de 4,2 % (45 % pour défaut de progression, 47,6 % pour suspicion de souffrance fœtale, 7,2 % pour d’autres raisons). Le taux est de 4,8 % dans les cas où une APD est réalisée, contre 2,8 % sans (non significatif [ns]). Le taux Dossier D ossier 23 Dossier D ossier d’extractions instrumentales est de 32 % avec APD, contre 9 % sans. Dans l’étude initiale d’O’Driscoll (5), le taux d’APD était de 1,3 %, alors que dans le travail de Bohra (16), le taux est de 72,2 %. Le taux d’extraction a augmenté (24 % contre 19,5 %), mais, en 2000, la majorité des extractions était effectuée par ventouses, alors qu’en 1978, elle était effectuée par forceps. À Dublin, l’admission en salle de naissance est précoce : à 2 cm ou moins dans 81% des cas. La rupture des membranes, qui n’est réalisée que lorsque l’entrée en travail est actée, se fait en moyenne à 1,8 cm. Ces résultats ont conduit beaucoup de services à réfléchir sur leurs pratiques, à étudier l’AML et à améliorer leurs protocoles de surveillance du travail. Résultats des protocoles appliqués dans les années 1980 Une étude compare les résultats de Dublin à ceux relevés en 1978 aux États-Unis (28). Elle montre qu’à Dublin, le taux global de césariennes, déclenchements du travail inclus, est de 4,8 % contre 15,2 % à New York. Les dystocies non réduites représentaient 0,7 % à Dublin contre 4,7 % à New York. Leveno (29) a réalisé en 1985 une comparaison des pratiques entre le Parkland Memorial Hospital (Dallas) et le National Maternity Hospital. Le taux global de césariennes à Dallas était de 18 % contre 6 % à Dublin. Mais les populations ne sont pas totalement comparables, les critères de diagnostic de la souffrance fœtale non plus. O’Driscoll ne note pas de différences dans les résultats périnatals entre Dallas et Dublin (30). Études comparatives historiques Le fait de remplacer la conduite du travail habituelle par l’AML témoigne de la volonté d’améliorer les résultats. Ces études historiques montrent une diminution du taux de césariennes (31). L’étude de Hogston (32), réalisée à Portsmouth en 1993, compare les données de deux unités d’accouchement voisines, une pratiquant l’AML, l’autre une attitude classique. Il note dans la première unité un travail plus court, moins d’extractions instrumentales, moins de césariennes (ns) et une plus grande satisfaction des patientes. L’auteur souligne l’intérêt d’un diagnostic précis du début du travail, et celui du one-to-one. Études randomisées Globalement, ces études incluent des patientes à une dilatation plus avancée que les études de Dublin. Elles notent une réduction de la durée moyenne du travail et du nombre d’accouchements durant plus de 12 heures. Les taux de césariennes en première phase du travail sont proches. De plus, une partie des différences dans les taux de césariennes peut provenir de dystocies de la deuxième phase du travail. Lopez-Zeno (33) rapporte avec l’AML une diminution du nombre de dystocies (notamment par arrêt de la dilatation) et de césariennes (10,5 % contre 14,1 %) et aussi de la durée du travail de 1 h 40. Une étude multicentrique, réalisée dans 14 centres par Frigoletto (34), relève avec l’AML moins de césariennes (ns), et moins d’applications instrumentales (ns). 24 Cammu (19) compare une direction du travail commencée précocement (4,2 cm, rupture précoce, ocytocine commencée à 2 mU) à une direction plus tardive (5,2 cm, rupture si stagnation, puis si nécessaire 2 h après ocytocine à faibles doses). Il ne note pas de différences dans les taux de césariennes, d’extractions instrumentales, et dans les paramètres fœtaux. Il conclut que la direction précoce n’apporte pas de bénéfices par rapport à une attitude à la demande, mais l’attitude dite précoce est bien différente de celle proposée à Dublin. Fraser (35) reprend en 1998 dans une métaanalyse les études comparatives. Il note que la puissance des études est trop faible pour conclure, et qu’il n’y a pas de critères communs pour le diagnostic de dystocie. La dernière étude de Sadler (17), en 2000, a un effectif assez réduit (320/331). Les auteurs notent une réduction de la durée du travail de 50 minutes et un nombre moins important de travail prolongé, sans modification du taux de césariennes, mais le protocole n’est pas suivi strictement dans 40 % des cas, et la présence constante d’une sage-femme n’est pas réalisée dans 47 % des cas. La satisfaction des patientes est plus grande dans le groupe AML (ns). Commentaires sur ces études comparatives Lorsque l’AML fut développée, peu d’équipes s’intéressaient à la durée du travail et au confort des patientes. Cette prise en charge a contribué à maintenir bas le taux de césariennes. Avec l’amélioration des techniques de prise en charge, l’augmentation des césariennes dues aux dystocies de la première phase du travail s’est restreinte, en sachant qu’il reste un taux de dystocies mal réductible, quelle que soit la technique de direction du travail employée. Les études observationnelles de Dublin et celles randomisées donnent parfois des résultats différents (27). Un biais peut venir de l’hétérogénéité des études randomisées. Celles-ci incluent des patientes à une dilatation plus avancée que les études de Dublin. De plus, un effet Hawthorne, renforçant l’attention au respect des protocoles, est présent dans les études randomisées. Cet effet ne peut jouer à Dublin, vu l’ancienneté du protocole. Un soutien constant par un acteur de l’accouchement est un apport important. Ce soutien est à Dublin celui de la sage-femme référente, qui dirige le travail. Un soutien par une doula ou un proche ne semble pas donner des résultats nets sur le déroulement du travail. Quand commencer la direction du travail ? Ligne d’alerte et ligne d’action sont confondues à Dublin. Lorsqu’elles sont décalées, on intervient après le passage de la ligne d’action. Cette ligne est fixée à une heure (19), deux heures (33, 36), trois ou quatre heures (10, 11, 37) après la ligne d’alerte. Une fois cette ligne franchie, on entreprend une action : amniotomie si les membranes sont intactes et perfusion d’ocytocine. Lavender (18) a comparé les limites de deux, trois et quatre heures, et porte le diagnostic de dystocie plus fréquemment avec deux heures (52 %) qu’avec quatre heures (38 %), ce qui La Lettre du Gynécologue - n° 334 - septembre 2008 paraît évident. Il opte pour deux heures en termes de ressenti psychologique. Notons que la durée de deux heures est celle préconisée par l’American College des gynécologues obstétriciens. Rouse (38) remet en cause l’action à deux heures. Il débute l’ocytocine à faibles doses s’il y a un arrêt de dilatation (0,5 cm/h) pendant deux heures. La plupart des femmes progressent après deux heures de perfusion. Si l’on se donne quatre heures au lieu de deux heures, 67 % des patientes qui n’avaient pas assez progressé en deux heures accoucheront par voie basse. Une césarienne est réalisée si la dystocie persiste quatre heures avec une activité utérine supérieure à 200 unités Montevideo, et six heures si cette activité ne peut être obtenue. Dans un travail ultérieur, Rouse (36) confirme l’intérêt de savoir attendre : 61 % des patientes qui présentent un arrêt de la dilatation de deux heures, et qui ont une activité utérine normale, accoucheront par voie vaginale si la perfusion d’ocytocine est poursuivie. Le 10e percentile de la progression de la dilatation sous ocytocine est de 0,6 cm/h, le 5e est de 0,5 cm/h : cette vitesse est plus lente que celle définie par Friedman (1,2 cm/h), ce qui peut être lié au taux d’APD (84 %). Dépasser deux heures est possible et efficace pour éviter une césarienne. Degré de satisfaction des patientes Si le travail est dystocique, les femmes préfèrent une intervention rapide (39). L’AML n’a pas d’effet fâcheux sur la satisfaction maternelle, en raison de la réduction du temps de travail et du faible taux de travail prolongé. Les explications données et la prise en charge correcte de la douleur font partie de la satisfaction des patientes. Un soutien par une doula ou un proche, sans donner des résultats nets sur le déroulement du travail, satisfait les parturientes. Cas particulier des multipares Les césariennes sont moins fréquentes avec la multiparité, si l’on exclut les césariennes itératives (28). Le défaut de progression est dû à une disproportion fœtopelvienne. Les règles données à Dublin sont d’administrer l’ocytocine à doses plus faibles, pour obtenir 4 CU/10 min (CU > 40 sec). Comme on peut le voir dans le tableau, les dystocies sont beaucoup plus rares que chez la primipare (28). Tableau. Indications des césariennes chez les multipares (en dehors des césariennes itératives). Dystocies Nullipares n = 3 106 (%) Multipares n = 5 636 (%) 1,5 0,2 Souffrance foetale 1 0,2 Sièges 0,8 0,3 Autres 2,2 2,1 Total 5,5 2,8 La Lettre du Gynécologue - n° 334 - septembre 2008 Conclusion La phase active du travail se caractérise par une dilatation assez rapide, normalement supérieure à 1 cm/h. Si cela n’est pas le cas, la question se pose d’une intervention, c’est-à-dire d’une direction du travail. On peut intervenir tôt, dès la stagnation, ou attendre. Le moment de l’intervention doit dépendre de protocoles discutés en équipe, comme des désirs de la patiente dûment informée. L’information devrait être donnée avant l’accouchement. Impey (27) distingue des femmes qui demandent une césarienne avant le travail (pour “préserver leur périnée”), d’autres qui demandent une non-intervention (les naturocrates) et, enfin, certaines comprennent que l’on peut améliorer leurs conditions d’accouchement. À nous de leur expliquer ce que nous proposons. ■ Dossier D ossier Références bibliographiques 1. Friedman EA. Labor: clinical evaluation and management. 2nd edition. Appleton Century Crofts Eds. New York, 1978:73-88. 2. Ness A, Goldberg J, Berghella V. Abnormalities of the first and second stages of labor. Obstet Gynecol Clin N Am 2005;32:201-20. 3. Hendricks CH, Brenner WE, Kraus G. Normal cervical dilatation pattern in late pregnancy and labor. Am J Obstet Gynecol 1969;106:1065-80. 4. Peisner DB, Rosen MG. Transition from latent to active labor. Obstet Gynecol 1986;68:448-51. 5. O’Driscoll K, Meagher D. Active management of labour. Saunders Eds. London, 1980. 6. Bailit JL, Leroy D, Blanchard MH, Mercer BM. 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Protéines plasmatiques humaines � 25 mg/ml* • Ig anti-D 1500 UI (300 microgrammes) soit 750 UI (150 microgrammes) par ml. Protéines plasmatiques humaines � 30 mg/ml* * dont 10 mg/ml d'albumine humaine (stabilisant) et � 95 % d'IgG. IgA � 5 µg/ml. Excipients : albumine humaine, glycine, chlorure de sodium, eau ppi. Indications : Prévention de l’allo-immunisation fœtomaternelle Rh(D) chez les femmes Rh(D)-négatif : grossesse / accouchement d’un enfant Rh(D)-positif, fausse couche / menace de fausse couche / grossesse ectopique ou môle hydatiforme, hémorragie transplacentaire secondaire à une hémorragie pré-partum, amniocentèse, biopsie de villosité choriale ou manœuvres obstétricales, telles que version céphalique externe ou traumatisme abdominal. Traitement des sujets Rh(D)négatif après transfusions incompatibles de sang Rh(D)-positif ou d'autres produits contenant des hématies Rh(D)-positif. • Posologie* : Respecter les directives professionnelles en vigueur. Schémas recommandés : Prévention de l’allo-immunisation fœtomaternelle Rh(D) chez les femmes Rh(D)-négatif • Prophylaxie avant l'accouchement : dose unique de 300 µg (1500 UI) IV ou IM à 28-30 semaines de grossesse. • Prophylaxie après l'accouchement : 200 µg (1000 UI) IV ou de 200 µg (1000 UI) à 300 µg (1500 UI) IM. Administrer RHOPHYLAC le plus tôt possible dans les 72 heures qui suivent l'accouchement. Administrer également la dose postpartum si une prophylaxie antepartum a été administrée. Si hémorragie fœtomaternelle importante (> 4 ml (0,7 % 0,8 % des femmes)) soupçonnée (ex. : anémie fœtale, mort fœtale intra-utérine), estimer son intensité par un test de Kleihauer-Betke : administrer des doses complémentaires d'Ig anti-D à raison de 20 µg/100 UI par ml d'hématies fœtales.• Prophylaxie après une complication de la grossesse : - Interventions et incidents � 12 semaines de grossesse : 200 µg (1000 UI) IV ou IM. - Interventions et incidents > 12 semaines de grossesse : au moins 200 µg (1000 UI) IV ou IM. - Prélèvement de villosités choriales : 200 µg (1000 UI) IV ou IM. Administrer RHOPHYLAC dès que possible, sans dépasser 72 heures après l'événement à risque. Transfusions incompatibles : Dose recommandée : 20 µg (100 UI) d’Ig anti-D pour 2 ml de sang Rh(D)-positif transfusés ou par ml de concentré érythrocytaire. Injection IV recommandée. En cas d'injection IM : si les doses sont importantes, les administrer sur plusieurs jours. Dose maximale de 3000 µg suffisante dans le cas d'importantes transfusions incompatibles, indépendamment du fait que le volume de transfusion soit > à 300 ml de sang Rh(D)-positif. Mode d'administration : RHOPHYLAC peut être administré par injection IV ou IM. En cas de troubles hémorragiques contre-indiquant les injections IM, administrer par voie IV. Si dose importante (> 5 ml) et voie IM, fractionner la dose et administrer en des sites différents. Contreindications Hypersensibilité à l'un des composants. Voie IM contre-indiquée en cas de thrombocytopénie sévère ou d'autres troubles de l'hémostase. Mises en garde spéciales et précautions particulières d’emploi* : Après l'accouchement, l'Ig anti-D est destinée à la mère. Ne pas administrer au nouveau-né. Ne pas utiliser chez les sujets Rh(D)-positif. Maintenir les patients en observation pendant 20 mn au moins après l’administration. En cas de réaction allergique 26 outcome. Response from the House of Horne. 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Cependant, lorsque des médicaments préparés à partir de sang ou de plasma humain sont administrés, le risque de transmission d’agents infectieux ne peut pas être totalement exclu. Ceci s’applique également aux virus inconnus ou émergents ou autres types d’agents infectieux. Les mesures prises sont considérées comme efficaces vis-à-vis des virus enveloppés (VIH, VHB et VHC). Elles peuvent être d’efficacité limitée vis-à-vis des virus non enveloppés (VHA et parvovirus B19). L’expérience clinique avec les Ig montre l’absence de transmission du VHA ou du parvovirus B19 et laisse également supposer que la présence d’anticorps contribue de façon importante à la sécurité virale. Il est fortement recommandé lors de chaque administration de RHOPHYLAC à un patient, d’enregistrer le nom et le numéro de lot du médicament, afin de maintenir un lien entre le patient et le lot du produit. Interactions* : Reporter l'immunisation active avec des vaccins à virus vivant atténué de 3 mois après la dernière administration de l'Ig anti-D car l'efficacité du vaccin peut être altérée. Si l’Ig anti-D administrée dans les 2 à 4 semaines qui suivent cette vaccination, son efficacité peut être altérée. Augmentation transitoire des anticorps transférés passivement dans le sang du patient (p. ex. test de Coombs positif chez le nouveau-né). RHOPHYLAC peut renfermer des anticorps dirigés contre d'autres antigènes Rh, p. ex. anti-Rh(C), qui peuvent être détectés après administration. Grossesse et allaitement* : Médicament destiné à une utilisation pendant la grossesse. Aucun événement indésirable imputable au médicament n'a été rapporté chez les enfants. Effets indésirables* : Douleur et sensibilité locales au point d'injection. Hyperthermie, malaise, céphalées, réactions cutanées et frissons occasionnels. Rares cas de nausées, vomissements, hypotension artérielle, tachycardie et réactions de type allergique ou anaphylactique (dyspnée, choc), même en l'absence d'hypersensibilité du patient lors d'une administration précédente. Surdosage* : Aucune donnée disponible. Surveillance clinique et biologique en raison du risque de réaction hémolytique. Incompatibilités : Ne pas mélanger avec d'autres médicaments. Conservation : 3 ans, conserver la seringue (conditionnement primaire) dans l’emballage extérieur, au réfrigérateur (entre 2°C et 8°C) et à l'abri de la lumière. Ne pas congeler. Tenir hors de la portée et de la vue des enfants. Précautions particulières d’élimination et de manipulation* : Usage unique (une seringue-un patient). Titulaire de l'Autorisation de Mise sur le Marché : LFB BIOMEDICAMENTS- 3, avenue des Tropiques - BP 305 - LES ULIS - 91958 Courtabœuf Cedex - FRANCE. AMM n° : 363 970-2 : 2 ml (200 microgrammes) - 363 971-9 : 2 ml (300 microgrammes). JUIN 2004/FEVRIER 2006. Liste I. Agréé Collectivités. Remboursé Sécurité Sociale à 100 %. Prix public TTC : RHOPHYLAC 200 µg/2 ml : 61,57 �, • RHOPHYLAC 300 µg/2 ml : 85,16 �. *Pour une information complète, se reporter au RCP ou au dictionnaire des spécialités pharmaceutiques. JUILLET 2007 - 06G0486/3.0 La Lettre du Gynécologue - n° 334 - septembre 2008