N-glycanes jouent un rôle important au cours de la syn-
thèse des protéines virales et dans les interactions entre le
virus et son hôte. Ainsi, les glycanes peuvent être impli-
qués dans la stabilité et le repliement des protéines virales
et dans l’assemblage des particules virales. Ils peuvent
aussi jouer un rôle dans les interactions entre le virus et les
cellules hôtes, dans l’entrée virale ou dans l’immunogéni-
cité des protéines virales.
Mise en conformation
des glycoprotéines
dans le réticulum endoplasmique
Dans le réticulum endoplasmique, parallèlement à la
N-glycosylation, les N-glycosylprotéines acquièrent leur
conformation définitive (conformation secondaire, ter-
tiaire et quaternaire). La mise en conformation des
N-glycosylprotéines est un phénomène dynamique assisté
par des protéines résidentes du réticulum endoplasmique,
des protéines chaperons. L’interaction des protéines
immatures avec les protéines chaperons de mise en
conformation va éviter qu’elles ne s’engagent trop vite
dans une voie de sécrétion, faciliter l’assemblage des pro-
téines oligomériques et éviter leur engagement dans une
voie de dégradation. L’immunoglobulin heavy chain bin-
ding protein (BiP ou grp78) et la peptide disulfure isomé-
rase (PDI) sont des protéines chaperons qui interviennent
essentiellement lors de la mise en conformation des pro-
téines. Elles interagissent transitoirement avec les protéi-
nes naissantes jusqu’à leur mise en conformation correcte
qui favorise alors la dissociation des complexes formés
avec la protéine chaperon [6]. À côté des protéines chape-
rons qui interviennent dans la mise en conformation des
protéines, trois protéines ont été décrites comme étant
spécifiques des N-glycosylprotéines : la calnexine (CNX),
la calréticuline (CRT) et l’ERp57. La CNX est une pro-
téine transmembranaire de type I, résidente du réticulum
endoplasmique qui reconnaît spécifiquement les
N-glycosylprotéines [7]. La CRT est un analogue soluble
de la CNX présente dans la lumière du réticulum endo-
plasmique. La calnexine et la calréticuline interagissent
avec le co-chaperon ERp57. L’ERp57 (ou grp58 ou ER60)
est une protéine soluble résidente du réticulum endoplas-
mique ayant des homologies avec la PDI (revue dans [8]).
Elle est généralement associée à la CNX ou à la CRT.
L’association de la protéine immature avec la CNX ou la
CRT permet sa rétention dans le réticulum endoplasmique
jusqu’à ce qu’elle ait acquis sa conformation définitive et
terminé sa maturation. Une fois qu’elles sont correctement
repliées et maturées, les glycoprotéines se dissocient des
p
rotéines chaperons et quittent le réticulum endoplasmique.
Les glycoprotéines E1 et E2 du VHC
Les glycoprotéines E1 et E2 sont des protéines transmem-
branaires de type I avec un ectodomaine N-terminal
N-glycosylé et un ancrage membranaire hydrophobe
carboxy-terminal. Au cours de leur maturation dans le
réticulum endoplasmique, les protéines E1 et E2 s’assem-
blent pour former des hétérodimères. Deux voies d’assem-
blage permettent la formation des hétérodimères : une
voie dite “ productive ” qui aboutit à la formation des
hétérodimères E1E2 non-covalents et une voie dite “ non
productive ” qui aboutit à la formation d’agrégats hétéro-
gènes liés par des ponts disulfures [2, 9]. Les complexes
non-covalents se replient lentement après leur association
àlaCNX(figure 4) [9, 10]. Cet hétérodimère pourrait être
la forme de pré-bourgeonnement du complexe E1E2 pré-
sent à la surface des particules virales [11]. Le repliement
de E1 est dépendant de la co-expression de E2, alors que
E2 atteint un état conformationnel avancé en l’absence de
E1 [12]. Par ailleurs, l’interaction entre les domaines
transmembranaires de E1 et de E2 est indispensable au
repliement de E1, en même temps que l’expression de E2
[11]. L’interaction des deux domaines transmembranaires
pourrait stabiliser la protéine E1 immature et rapprocher
les ectodomaines de E1 et de E2, favorisant le repliement
de E1. Par ailleurs, la glycoprotéine E1 influence égale-
ment le repliement de E2 [13, 14]. La mise en conforma-
tion de E1 et de E2 est contrôlée par les protéines chape-
rons du RE : la CNX s’associe plutôt aux hétérodimères
non covalents [10], alors que la CRT et la BiP interagis-
sent préférentiellement avec les agrégats liés de façon
covalente [10, 15].
Tableau 1. Nature des acides aminés (AA) influençant l’efficacité
de la N-glycosylation.
Asn-X-Ser/Thr-Y
Contexte favorable
en X [4]
Contexte favorable
en Y [5]
Petit acide aminé Glycine
AA chargés
positivement
Lysine, Arginine,
Histidine
Arginine
AA portant
un résidu hydroxy
Sérine, Thréonine Sérine, Thréonine
Contexte défavorable
en X [4]
Contexte défavorable
en Y [5]
Proline Proline
AA hydrophobes
de grande taille
Leucine, Phénylalanine,
Tryptophane, Tyrosine
Tryptophane
AA chargés
négativement
Acide glutamique, Acide
aspartique
Acide glutamique
La nature des acides aminés qui constituent le séquon peut modifier les
conditions locales et influencer l’activité de l’oligosaccharyltransférase
[4, 5]. En général, la présence d’un résidu sérine en troisième position
rend le séquon plus sensible à la structure des acides aminés en X et en
Y. L’influence d’un résidu cystéine en position X ou Y dépend de son
implication éventuelle dans la formation d’un pont disulfure.
revue générale
Ann Biol Clin, vol. 65, n° 3, mai-juin 2007240
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