Les avantages de l’IRM 3 Tesla en neuroimagérie.
Auteur(s): Dr Jean-Flory Luaba Tshibanda CHU de Liège
Lorsqu’on introduit le corps humain dans un champ magnétique intense, on provoque
une oscillation des protons d’hydrogène qui entrent dans la composition de l’eau et de la
graisse, éléments dont regorgent les tissus vivants. Si on applique, via une antenne
appropriée, une onde de radiofréquence oscillant à la même fréquence que les protons on
va aboutir à un transfert d’énergie entre les deux systèmes c’est-à-dire à un phénomène
de résonance. Celui-ci est illustré par l’expérience connue de la cantatrice qui émet des
ondes sonores d’une certaine fréquence et qui parvient à briser un cristal lorsque celui-ci
vibre à la même fréquence. A l’arrêt de l’émission de l’onde de radiofréquence et donc de
l’excitation des protons, ceux-ci restituent l’énergie reçue sous la forme d’un signal qui va
subir un traitement informatique avant d’aboutir à l’image par résonance magnétique.
Ce signal est d’autant plus grand que l’intensité du champ magnétique exprimée en tesla
est élevée. Il peut cependant être altéré par du bruit généré par des signaux parasites
recueillis en même temps par l’antenne réceptrice et qui ne participent pas à la
constitution de l’image.
Il existe trois types d’aimants :
• Les aimants permanents
• Les aimants résistifs ou électro-aimants
• Les aimants supraconducteurs qui nécessitent l’utilisation de l’hélium
pour obtenir de très basses températures indispensables à leur
fonctionnement.
En Belgique la plupart des institutions hospitalières disposent des aimants
supraconducteurs de 1,5 tesla. C’est seulement depuis peu de temps que des hôpitaux
universitaires dont le CHU de Liège se sont dotés des aimants de 3 tesla. En effet
l’imagerie par résonance magnétique à 3 tesla est restée longtemps du domaine de la
recherche en neurosciences pour des raisons de contraintes techniques qui rendaient
difficile son utilisation en clinique quotidienne. Le développement de nouvelles antennes ,
de nouvelles séquences d’acquisition d’images ainsi que de techniques d’imagerie rapide
dite parallèle ont permis de relever le défi de l’imagerie corps entier à 3 tesla.
Les explorations de neuro-imagerie sur un appareil d’IRM 3 tesla bénéficient d’une
augmentation du rapport signal sur bruit d’un facteur 2 par rapport à l’IRM 1,5 tesla. Il
en découle une amélioration de la résolution spatiale c.-à-d. une définition plus précise
des structures étudiées et/ou une amélioration de la résolution temporelle, synonyme
d’un gain de temps lors de la réalisation des examens.
L’augmentation du champ magnétique entraine un allongement du T1 du tissu cérébral et
améliore ainsi le contraste entre les structures vasculaires et le tissu adjacent. Ceci a
pour effet d’optimaliser considérablement l’angiographie cérébrale avec ou sans injection
de produit de contraste. On peut ainsi explorer les structures vasculaires distales et
réaliser de manière plus performante les séquences dynamiques. L’angiographie
cérébrale en temps de vol est de qualité supérieure à ce qu’on obtient à 1,5 tesla.
L’imagerie en pondération T2 est améliorée à 3 tesla. En effet, on obtient pour la même
séquence et pour le même temps d’acquisition une meilleure résolution spatiale. Il
devient possible de réaliser des acquisitions 3D en haute résolution dans des délais très
courts, aussi bien en turbo spin écho T2 qu’en FLAIR. On peut grâce à cela étudier de
manière très fine l’hippocampe et l’oreille interne et détecter de façon très précise les
petites lésions de sclérose en plaques, notamment dans les localisations juxta-
ventriculaires et intra-corticales (Fig 1).