LES HYPERKERATOSES • • • Les hyperkératoses d'origine mécanique Les hyperkératoses d'origine non mécanique Les verrues B. MOERMAN 1 Les hyperkératoses plantaires d'origine mécanique Définitions Une hyperkératose est un épaississement localisé de la couche cornée, c'est à dire de la couche superficielle de l'épiderme. Ces hyperkératoses répondent à des appellations différentes en fonction de leur aspect et surtout de leur topographie : • Un cor est un clou kératosique nucléé qui irrite les terminaisons nerveuses du derme. On distingue : • • • • • • • • Le cor sur l'articulation inter-phalangienne. Le cor interdigital plus communément appelé œil de perdrix situé entre deux orteils. Suite à l'humidité susceptible de régner entre les orteils, il peut se transformer en « cor macéré/mou ». Ce cor est généralement très douloureux. A ne pas confondre avec un ulcère entre deux orteils. Le cor pulpaire situé sur la pulpe de l'orteil. Le cor sous-unguéal situé sous le bord libre de l'ongle ou sous la plaque unguéale. Ce cor s'enfonce dans l'hyponychium et/ou dans le lit de l'ongle. Le cor péri-unguéal situé dans le repli péri-unguéal. Le bénéficiaire peut le confondre avec un ongle incarné, la douleur étant similaire. Les cors miliaires (en forme de grain de millet) ou granuleux situés souvent en grand nombre et de façon éparpillée sur la plante du pied ou au talon. Ces petits cors peuvent être dissimulés sous un durillon dans lequel ils semblent être enchâssés. Ils sont en général indolores et se rencontrent souvent chez les personnes âgées à peau sèche. Remarque : tous les cors (à l'exception des cors miliaires) peuvent être vasculaires, des papilles vasculaires étant incluses dans les parties indurées ou neuro-vasculaires si des terminaisons nerveuses y sont en plus incluses. On provoque facilement des saignements lors du traitement de ces cors. Un durillon est une induration siégeant de préférence sur la face plantaire du pied, en particulier au niveau des têtes métatarsiennes et du talon. Plus étendu et moins bien délimité qu'un cor, il n'est pas nucléé. B. MOERMAN 2 Mécanisme de formation La peau agressée par des micro-traumatismes répétés provenant de la chaussure va réagir par une prolifération cellulaire exagérée. Ces cellules vont mourir prématurément et s'agglutiner au niveau de la couche cornée créant un épaississement localisé de celle-ci. C'est le premier stade de l'hyperkératose. Rappel : • La peau est formée de trois couches distinctes avec, de l'extérieur vers l'intérieur, l'épiderme, le derme et l'hypoderme. L'épiderme est constitué de cellules appelées kératinocytes (cellules épithéliales), qui se forment dans la couche basale (couche cellulaire située à la jonction du derme et de l'épiderme). Les kératinocytes effectuent une migration vers la surface. En vieillissant, ils perdent leur noyau et se chargent de kératine. Ils forment le stratum corneum, ou couche cornée. Ils sont ensuite éliminés par desquamation. Ce cycle cellulaire dure en moyenne 35 jours. Il existe un équilibre entre la multiplication cellulaire des kératinocytes et leur évacuation par desquamation. Dans certaines maladies de peau (psoriasis...), ou lorsque la peau subit une agression (pressions, frottement, ...), et surtout si ces agressions se répètent, l'organisme déclenche une réaction inflammatoire localisée. L'inflammation va augmenter le processus de renouvellement cellulaire des kératinocytes. Ce mécanisme de défense va entraîner un déséquilibre entre « création » et « élimination ». Les cellules mortes chargées en kératine vont donc être en surnombre et finissent par se compacter pour former des blocs de kératine, c'est l'hyperkératose. Causes Une cause déterminante : la chaussure (pointure ou largeur mal adaptée, une aspérité, chaussure neuve ou dure, couture intérieure mal placée); le repli d'une chaussette peut aussi être traumatisant. Des causes prédisposantes multiples : hallux valgus, quintus varus, griffes d'orteils, avant-pied rhumatoïde, pieds creux, pieds valgus, ..., en bref, un trouble d'un orteil, du pied, d'un membre inférieur ou de la marche. Des causes favorisantes : fonte des capitons plantaires, sécheresse cutanée (diminue l'élasticité de la peau), macération (pieds d'athlète). Evolution Premier stade : voir mécanisme de formation. En l'absence de traitement, l'évolution se fera selon les 2 stades suivants : B. MOERMAN 3 • • Un « stade d'hygroma » qui voit la constitution d'une bourse séreuse de friction entre l'hyperkératose et la pièce osseuse sus ou sous-jacente. Un « stade d'atteinte osseuse » qui est rare et matérialisée le plus souvent par une périostite faisant suite à l'inflammation et à l'infection de l'hygroma, pouvant même conduire à une ostéite. Une autre complication est le mal perforant plantaire qui concerne principalement les personnes souffrant de diabète (voir chapitre sur le diabète). Traitement préventif Port de chaussures adaptées. Orthèses de protection (voir cours de techniques spéciales). Pansements spéciaux (voir gamme Epitact). Port de semelles orthopédiques. Traitement des hyperkératoses (pédicure médicale) Voir techniques de soins et cours techniques spéciales (orthoplastie). Traitement médical Dans certains cas, une intervention chirurgicale peut s'avérer indispensable. B. MOERMAN 4 Les hyperkératoses plantaires d'origine non mécanique (encore appelée kératodermies plantaires) Toutes les hyperkératoses ne sont pas d'origine mécanique. Elles peuvent être également d'origine dermatologique. Ainsi, le psoriasis, l'eczéma, le lichen-plan sont des dermatoses qui s'accompagnent d'un épaississement de la couche cornée lorsqu'elles touchent le pied. Remarquons d'emblée que ces affections sont souvent difficiles à être différenciées et relèvent bien évidemment de la seule compétence du médecin. En présence d'une affection dermatologique présentant une certaine ampleur, la pédicure se doit de diriger le patient vers son médecin traitant qui d'ailleurs enverra souvent le patient chez un dermatologue. Il n'appartient pas à la pédicure d'émettre un diagnostic. Information ayant trait à ce sujet : voir site « piedspassisimples » (L'observatoire du mouvement – Le pied 3ième partie). B. MOERMAN 5 Les verrues plantaires Définition et description Une verrue est une kératose d'origine virale . L'agent viral responsable est un papillomavirus (HPV) dont la période d'incubation de 4 mois en moyenne, peut s'étendre jusqu'à 21 mois. La verrue plantaire siège habituellement au niveau d'une zone d'appui (habituellement sous l'avant-pied, parfois sous le talon). Elle aura d'ailleurs tendance à s'y incruster du fait de la pression exercée sur ces zones lors de la marche et de la station debout. D'autres zones peuvent encore être atteintes : le bord externe du pied, la pulpe des orteils. Des verrues peuvent même siéger dans les zones péri et sous-unguéales. Il existe différents types de verrues. Elles peuvent être uniques ou multiples, saillantes ou planes. Elles seront le plus souvent recouvertes d'une hyperkératose. Deux signes sont particulièrement évocateurs : • La disparition des sillons épidermiques normaux. • La présence de points noirâtres après abrasion superficielle (la verrue est vascularisée). Une verrue peut être douloureuse à la pression directe et au pincement. La verrue est l'infection virale la plus fréquente. Causes • • • • La contagion peut se faire directement (de peau à peau) ou indirectement (par des objets ou instruments non désinfectés ayant été en contact avec de la peau infectée). La marche pieds nus sur des sols à risques (piscines, douches collectives, hammams, saunas,...) constitue également un vecteur particulièrement important de contamination. Les verrues peuvent également se propager d'une partie à l'autre du corps sur une même personne . Les facteurs suivants favoriseront l'apparition de verrues : • Etre fatigué ou subir un stress intense. Le stress prolongé et la fatigue B. MOERMAN 6 • rendent l'organisme plus vulnérable aux infections. On a remarqué que les verrues sont plus importantes pendant et après des périodes d'épuisement. Avoir une faiblesse du système immunitaire. Evolution La plupart des verrues disparaissent sans traitement au bout de quelques mois. Cependant, chez certaines personnes, elles peuvent revêtir un caractère chronique. Malgré leur allure peu engageante, les verrues sont généralement sans gravité. Elles peuvent néanmoins être parfois douloureuses. Traitement préventif Comme les verrues constituent une maladie cutanée particulièrement infectante, la règle doit être : « Prévenir vaut mieux que guérir ». La prophylaxie repose sur les règles suivantes : • Eviter de marcher pieds nus sur des sols à risques. • Ne pas utiliser les serviettes et gants de toilette d'une personne ayant une verrue. • Ne pas réutiliser une lime ou une pierre ponce qui a été frottée sur une verrue. • Se désinfecter soigneusement les mains après avoir touché une verrue. Traitement curatif Lorsque l'on constate la présence d'une verrue, il est vivement recommandé de conseiller au patient de consulter son médecin traitant qui prendra les mesures appropriées! Il peut aussi ne pas s'agir d'une verrue... Différents traitements sont utilisés : • Traitement topique à l'acide salicylique (décapage chimique). • Traitement à l'azote liquide (cryothérapie : 20 secondes de réfrigération). • Destruction de la verrue au laser. • Destruction par électrocoagulation. • Injection de bléomycine. • ... Ces traitements sont effectués par un médecin. B. MOERMAN 7 B. MOERMAN 8