grain de sucre N°10 mars 2006
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qu’on corrige davantage », et « pour bien
se porter, il faut bien se comporter. » En
conséquence, le malade est "coupable"
et « la politique de santé publique parti-
cipe à une normalisation collective des
comportements » qui « exige toujours
davantage du sujet une conformité com-
portementale qui limite la liberté indivi-
duelle. » Ce qui pourrait, si l’on n’y prend
pas garde, « constituer le symptôme
d’une des plus belles formes d’hypocrisie
sociale autorisant toutes les manipula-
tions ». Dans la mesure où « le droit de
tous à la santé n’est qu’un espoir totali-
taire, puisque la société ne peut accorder
que des droits aux soins », il est donc
souhaitable de réfléchir aux limites à ne
pas franchir pour que la prévention
conserve tout ce qu’elle peut avoir de béné-
fique. Et de potentiellement efficace en ter-
mes d’influence sur les comportements.
Et si, après avoir essayé plusieurs formu-
les et essuyé autant d’échecs, la société
décidait de faire le pari de la responsabi-
lisation sans culpabilisation ; et si le dis-
cours de prévention se recentrait sur la
notion de plaisir : le plaisir de manger
naturellement sain. Et si finalement, au
lieu de faire peur, le rôle de la publicité
était de créer un climat rassurant, de
donner une vision positive de la société
et de donner des repères pour que l’indi-
vidu, redevenu confiant, exerce pleine-
ment sa liberté de choix. Dès lors, pour-
quoi ne pas imaginer une campagne de
publicité qui, dans le cadre d’un plan de
prévention à visée nutritionnelle, rappel-
lerait la valeur-ajoutée d’un repas parfai-
tement varié et équilibré, avec toutes ses
composantes, de l’entrée au dessert. ■
1. Bureau de vérification de la publicité. Voir
également Grain de sucre n°8.
2. Éditions d’Organisation, Paris, 2004. Nicolas Riou
est conseiller en communication.
3. Source : Décisions marketing, n°37, janvier-mars
2005. Karine Gallopel est maître de Conférences à
l’Institut de gestion de Rennes.
4. Denoêl, Paris, 2005. Roland Gori est professeur
de psychopathologie à l’université Aix-Marseille I,
Marie-José del Volgo est maître de conférence à la
faculté de médecine d’Aix-Marseille II.
« JAND » : 46eédition et remise
du Prix Benjamin Delessert 2006
Après trois
années de
préparation, le
programme
ELPAS (Étude
longitudinale
prospective
alimentation et
santé) a été lancé en septembre
2005. Cette étude d’intervention*
initiée par le Ministère délégué à la
Recherche et soutenue par le Cedus
– l’un des tout premiers partenaires
financiers à s’y être associé – se
déroule à Paris, sur toute l’année
scolaire, auprès de 1 000 familles
volontaires. Son principe ? Suivre
dans chaque foyer un parent et un
enfant âgé de 7 à 9 ans, élève de
CE1 ou CE2, avec pour objectif
d’évaluer l’effet sur la santé d’un
régime riche en glucides et pauvre
en lipides.
Sur toute la durée de l’étude, les
participants vont recevoir des
conseils alimentaires simples ainsi
qu’un suivi nutritionnel
personnalisé. La constitution de
deux groupes d’intervention, dont
les consommations en glucides
simples et glucides complexes
seront orientées différemment,
permettra de mieux
cerner l’effet spécifique
des glucides simples ;
ces deux groupes seront
comparés à un groupe
contrôle. Afin de prendre en
compte l’effet de
l’alimentation, mais également
l’influence de l’environnement
global des participants, l’analyse
scientifique portera sur un ensemble
de paramètres cliniques, biologiques
(masse grasse, bilan lipidique,
glycémie…) et comportementaux
(activité physique, qualité de vie).
Ces paramètres seront relevés
périodiquement pendant les 10 mois
de l’étude.
Au-delà de l’implication des
volontaires, qui acceptent de
changer leurs habitudes
alimentaires en fonction des
objectifs d’intervention de leur
groupe, l’opération mobilise une
logistique complexe qui se prolonge
jusque dans les cinquante écoles
primaires parisiennes qui y
participent. Le soutien actif du
rectorat de l’Académie de Paris,
sous l’impulsion de son recteur,
Maurice Quenet, a ainsi constitué un
La 46eédition de la Journée
annuelle de Nutrition et Diététique
(JAND) s’est déroulée le 27 janvier
2006, à Paris. Organisée par le
service Nutrition de l’Hôtel-Dieu
(Université Paris VI) en collaboration
avec l’Institut Benjamin Delessert,
cette importante rencontre
francophone de Nutrition a réuni
près de 1 200 participants1autour
de deux thèmes. Le premier –
Pourquoi mange-t-on ce que l’on
mange ? Choix et décisions
alimentaires – a permis de croiser
le regard de différentes disciplines –
physiologie, psychologie, économie,
marketing – sur les multiples
déterminants des comportements
Nutri-Health : Damien Paineau,
Dr. Francis Bornet, coordination
scientifique ELPAS.
Tél. : 01 47 08 85 81. www.elpas.fr
Institut Benjamin Delessert :
Marie-Sylvie Billaux, secrétaire
générale. Tél. : 01 45 53 41 69.
atout décisif pour le déploiement
d’une étude sans précédent par son
ampleur et par sa méthodologie. Les
résultats d’ELPAS, qui prendront en
compte les rôles respectifs des
facteurs alimentaires sur la santé et
la prise de poids, seront
particulièrement utiles pour adapter
les futures recommandations
nutritionnelles de santé publique.
* Coordonnée par la société Nutri-Health,
l’étude ELPAS est encadrée par deux
Comités scientifiques constitués de
médecins nutritionnistes,
épidémiologistes, pédiatres, spécialistes
de l’obésité et experts en éthique
médicale.
en bref
SUCRE ET SANTÉ
Étude « ELPAS » :
2 000 volontaires pour mieux
connaître l’impact de
l’alimentation sur la santé.
alimentaires. Le second volet a été
consacré à un point sur la situation
des Carences nutritionnelles en
France, plus particulièrement pour la
population des personnes âgées et
sur deux éléments, l’iode et les
oméga 3.
Dans le cadre de
cette manifestation,
le Prix Benjamin
Delessert 2006 a
été décerné à
Michelle Le Barzic,
psychologue
clinicienne, chercheur et spécialiste
de l’étude des comportements
alimentaires et de la prise en charge
psychologique des patients obèses2.
Ce prix récompense chaque année,
depuis 1988, une personnalité
médicale ou scientifique pour
l’ensemble de ses travaux et pour
son action en faveur du
développement des connaissances
dans le domaine de la Nutrition.
1. Depuis sa fondation en 1960 par les
professeurs Henri Bour et Maurice Dérot,
alors chefs de Service à l’Hôtel-Dieu, la
JAND s’adresse à un public de médecins
et diététiciens auxquels se joignent des
cadres de l’industrie alimentaire, des
étudiants et des journalistes.
2. Michelle Le Barzic est également
co-auteur du livre La meilleure façon de
manger : les désarrois du mangeur
moderne, éd. Odile Jacob, Paris, 1998.