j o h a n s t ra u s s f i l s Dossier pédagogique L e s j e u n e s a u c œ u r d u G ra n d T h é â t re Programme pédagogique réalisé grâce au soutien de la Banque Pictet & Cie et du Département de l’instruction publique du Canton de Genève d i re c t i o n g é n é ra l e j e a n - m a r i e b l a n c h a rd fondation subventionnée par la ville de genève b o u l e v a rd d u t h é â t re 1 1 c h 1 2 1 1 g e n è v e 1 1 t+41 22 418 30 00 f+41 22 418 30 01 w w w. g e n e v e o p e ra . c h g ra n d t h é â t re d e g e n è v e o p é ra La Chauve-Souris Die Fledermaus Opérette en trois actes Musique de Johann Strauss fils Livret en allemand de Karl Haffner et Richard Genée d’après Le Réveillon d’Henri Meilhac & Ludovic Halévy Version originale en allemand Créé au Theater an der Wien (Vienne) le 5 avril 1874 L’action se passe à Vienne à l’époque de François-Joseph 1er chez un couple de riches bourgeois. Chacun – le mari, l’épouse et la femme de chambre – s’apprêtent à se rendre à l’insu des autres, à une grande fête chez un jeune prince fortuné et désoeuvré. Cette soirée sera sans doute très réussie puisqu’un souper fastueux attend les invités qui s’étourdiront ensuite de danses et de champagne. Mais le clou de la fête sera sans doute un petit divertissement étrangement intitulé « Vengeance d’une chauve-souris » mis au point par un des convives pour amuser le prince. Mais qui est la chauve-souris ? Nous le saurons à l’issue du spectacle lorsque tous les personnages bien éméchés se retrouveront au petit matin, dans la prison où l’un d’entre d’eux doit passer quelques jours après avoir molesté un gendarme. Les Jeunes au cœur du Grand Théâtre Programme pédagogique du Grand Théâtre de Genève Dossier réalisé par Kathereen Abhervé Octobre 2008 1 Sommaire Introduction 3 Production du Grand Théâtre 5 I. Ce que chacun doit savoir avant d’assister au spectacle 7 L’argument de La Chauve-Souris en musique 7 Galerie de portraits :Les personnages de La Chauve-Souris 9 Présentation de la production du Grand Théâtre 14 II. Pour les plus curieux Qui est Johann Strauss fils 15 Sa vie Son œuvre 15 17 La Chauve-Souris ou les tribulations d'un livret 19 La Chauve-Souris est une opérette 21 La Chauve-Souris, un pot-pourri de danses viennoises 23 Vienne à l’époque de La Chauve-Souris 25 La chauve-souris, cet étrange animal 27 Annexes 29 Texte allemand/français extrait du livret 31 Questionnaires élèves/enseignants 43 2 Introduction Ce dossier pédagogique est destiné aux enseignants qui participent au parcours pédagogique proposé autour de l’opérette La Chauve-Souris de Johann Strauss fils, dans le cadre du programme « Les jeunes au cœur du Grand Théâtre ». Son contenu s’adresse aux classes primaires, à celles du cycle d’orientation et du post-obligatoire. Il est conçu afin que chaque élève, quelque soit son âge et son niveau de connaissances puisse en tirer le meilleur profit. Ce dossier est divisé en deux parties : la première intitulée « Ce que chacun doit savoir avant d’assister au spectacle », présente les aspects essentiels de l’œuvre que tous les élèves doivent IMPERATIVEMENT connaître en amont du parcours pédagogique et du spectacle. L’argument de La Chauve-Souris Les personnages Les extraits musicaux Une bonne connaissance de ces trois points garantira un maximum de profit et de plaisir pour les élèves venant au Grand Théâtre pour assister à la répétition générale de La Chauve-Souris. La seconde partie intitulée « Pour les plus curieux », en abordant la biographie du compositeur et le contexte historique et culturel dans lequel l’œuvre a été composée, permet d’aller plus loin dans la découverte de l’œuvre. Nous recommandons aux enseignants de sélectionner ou adapter le contenu de ce dossier selon leurs besoins. Les élèves peuvent utiliser eux-mêmes le dossier pédagogique consultable en ligne, en cliquant sur le titre de l’œuvre désirée : http://www.geneveopera.ch/dossier pédagogique.php De plus nous remercions les enseignants de bien vouloir remettre à chacun de leurs élèves, le questionnaire ci-après, élaboré à leur intention et de nous les renvoyer remplis accompagnés du leur, à l’issue de a répétition générale. Cela nous permettra d’évaluer l’intérêt et la pertinence de nos propositions et de savoir si, grâce à ce programme, les jeunes ont éprouvé du plaisir à entrer dans le monde de la danse et de la musique classique. Nous pourrons également nous déplacer dans les classes afin de renforcer votre travail préparatoire et de répondre aux questions de vos élèves. Nous vous remercions pour votre collaboration et vous souhaitons, à vos classes et à vous-même, un parcours pédagogique inoubliable au cœur du Grand Théâtre. Les responsables du programme pédagogique « Les jeunes au cœur du Grand Théâtre » Kathereen Abhervé [email protected] 022 418 31 72 Christopher Park [email protected] 022 418 31 88 3 4 La Chauve-Souris De Johann Strauss fils Direction musicale : Mise en scène et Lumières : Décors : Costumes : Etudes musicales : Chefs de chant:: Thomas Rösner Stephen Lawless Benoit Dugardyn Ingeborg Bernerth Assistant à la mise en scène : Régisseur de production : Chef de plateau: Régisseur : Stagiaire à la régie : Top lumières : Top surtitres : Sam Wass Jean-Pierre Dequaire Olivier Loup Rhadia Habbes Susanna Campo Anne-Laure teroni Gabriel von Eisenstein : Rosalinde : Franck : Le prince Orlofsky : Alfred : Docteur Falke : Docteur Blind : Adèle: Ida : Frosch : Johannes Martin Kränzle Stella Doufexis Joseph Wagner Theresa Kronthaler Pavol Breslik Claudio Otelli Stuart Patterson Jane Archibald Solenn’ Lavanant-Linke Uwe Schoenbeck Réginald Le Reun / Todd Camburn Orchestre de la Suisse Romande Chœurs du Grand Théâtre, direction : Ching-Lien Wu Production du Grand Théâtre de Genève Grand Théâtre de Genève, Répétition générale mercredi 10 décembre, à 19h30 vendredi 12, samedi 13 décembre 2008 à 20h00 lundi 15, mardi 16, mercredi 17, vendredi 19 décembre 2008 à 20h00 dimanche 21 décembre 2008 à 16h30 lundi 22, vendredi 26, samedi 27 décembre à 20h00 mardi 30, mercredi 31 décembre à 20h00 5 6 I. Ce que chacun doit savoir avant d’assister au spectacle 1. Argument de La Chauve-Souris en 26 extraits musicaux Premier acte Nous sommes à Vienne dans les années 1875, dans le salon de Gabriel von Eisenstein. On entend une sérénade venir du dehors (piste 3). Adèle, la femme de chambre de la maison supplie sa patronne Rosalinde, de la laisser aller au bal du Prince Orlofsky (piste 4). Elle sanglote et évoque une tante malade, tandis que Rosalinde semble ne pas être indifférente à la voix qu’elle entend lui chanter la sérénade (5). Mais la maîtresse de maison doit se ressaisir car son époux arrive en se disputant avec Blind, le notaire qui a mal défendu sa cause alors qu’il était condamné à plusieurs jours de prison pour avoir molesté un gendarme. Survient le Docteur Falke qui convainc sans trop de peine Eisenstein à l’accompagner au bal du Prince Orlofsky au lieu d’aller dormir en prison (piste 6). D’accord pourvu que sa femme n’en sache rien. Parfumé, vêtu de velours et de soie, Eisenstein s’élance vers « la prison » en compagnie de son ami tandis que sa femme feignant la tristesse (piste 7), se réjouit de la venue d’Alfred, le rossignol qui l’a charmée au début de la scène. Mais aussitôt entré, le jeune soupirant s’installe aussitôt à la place du mari, met sa robe de chambre et boit son vin (piste 8). Frank, le directeur de la prison se présente pour prendre livraison de son prisonnier avant de se rendre à la fête du Prince. C’est Alfred qui fait les frais du quiproquo et qui va se retrouver derrière les barreaux à la place du mari (piste 9). Il en profite pour embrasser très tendrement Rosalinde qui ne se fait pas prier (piste 10). Deuxième acte Les invités du Prince Orlofsky se divertissent en attendant sa venue. Adèle retrouve sa sœur Ida très étonnée de sa présence en ce lieu. Arrive le jeune Prince (pistes 12 et 13) auquel le docteur Falke, le maître de cérémonie de la soirée promet un grand divertissement : une comédie intitulée « Vengeance d’une chauve-souris » à laquelle participeront à leur insu de nombreux convives, dont Adèle alias « Olga » (pistes 14). Le héros en sera le « Marquis Renard » qui n’est autre qu’Eisenstein. Mais la comédie ne peut commencer sans Rosalinde, elle aussi invitée, qui paraît masquée. Cette mystérieuse « comtesse » hongroise reconnaît aussitôt sa femme de chambre vêtue de l’une de ses robes (piste 15) que son propre mari est en train de courtiser en lui faisant le « coup de la montre ». Eisenstein entreprend aussitôt de séduire cette belle « comtesse » qui, cachant sa colère, accepte tout de même de jouer le jeu pour mieux confondre son mari volage. Elle réussit à lui subtiliser sa montre-piège-à-cœur, preuve irréfutable de son délit. Un groupe de joyeux fêtards doutant des origines hongroises de la comtesse réclament qu’elle se démasque. Elle leur répond par une czardas éblouissante (piste 16). Quoique ravie l’assistance réclame à Falke la plaisanterie promise. Eisenstein se souvient alors du tour qu’il lui avait joué en l’abandonnant ivre mort sous les arbres du Prado, un soir de réveillon, en costume de chauve-souris, obligeant l’infortuné à traverser la ville dans cet accoutrement sous les quolibets (piste 17). Rires de l’assemblée qui ensuite est invitée à souper. Le champagne coule à flots (pistes 18 et 19), mais l’horloge sonne pour Eisenstein qui doit regagner sa geôle et 7 pour Frank, le directeur de la prison surnommé le « Chevalier Chagrin ». Les voilà partis bras dessus bras dessous en ignorant tout de l’autre. Grand intermède de valses et de polkas (pistes 20 et 21) Troisième acte Nous sommes dans la prison où va se jouer le dénouement. Frosch, le gardien est ivre mort (piste 22). Frank ne vaut guère mieux et s’endort à son bureau (piste 23) lorsque Ida arrive accompagnée de sa soeur Adèle qui sollicite l’aide du « Chevalier » pour devenir artiste (piste 24). Survient le « Marquis Renard » qui n’est autre qu’Eisenstein. Ce qui ne manque pas de déstabiliser Frank qui à la grande surprise d’Eisenstein, n’est pas non plus « Chevalier ». Le pauvre directeur n’en croit pas ses yeux, puisqu’il se souvient avoir lui-mêmearrêté la veille au soir, Eisenstein chez lui alors qu’il soupait avec sa femme à laquelle il a d’ailleurs fait de bien tendres adieux ! L’affaire se corse et Eisenstein n’a plus du tout envie de rire. Arrive alors une dame voilée qui n’est autre que Rosalinde venue conjurer Alfred de fuir pour ne pas risquer de rencontrer son mari. Entre temps Eisenstein emprunte perruque, lunettes et dossier au Docteur Blind appelé par Alfred-Eisenstein pour le défendre. Pour se faire, le faux « avocat » demande à Alfred et à Rosalinde de lui conter les détails de la soirée de la veille. Fou de rage, il se fait reconnaître et démasque l’infidèle et le suborneur. Mais Rosalinde à son tour l’accuse de l’avoir trompée sans vergogne et sort la fameuse montre. Eisenstein est confondu, mais il refuse d’achever la peine de prison commencée par Alfred (piste 25). Les masques tombent et tous les personnages assistent au dénouement de la farce entièrement montée par Falke enfin vengé. Il ne reste plus qu’à chanter les vertus du champagne qui pousse parfois à certains égarements, mais finit toujours par ramener la joie et la bonne humeur (piste 26). 8 Galerie de portraits Les personnages principaux : Gabriel von Eisenstein - le « Marquis Renard » (ténor) C’est un bourgeois de son temps qui ne saurait confondre mariage et plaisir. Il est marié, mais ne se gêne pas pour mentir à sa femme afin d’aller en toute tranquillité la tromper dans une fête où ne sont en principe pas invitées les épouses, mais des femmes dites « légères » (piste 6). Les bourgeois de la fin du XIXe siècle n’ont guère de scrupules, mais ont toutefois le souci de la respectabilité, des apparences et du confort familial. Eisenstein est quelqu’un d’assez coléreux qui a la main leste (il s’est battu avec un gendarme, il est ensuite prêt à assommer Alfred). Mais il est surtout très naïf et sera le « dindon » de la farce mise sur pied par son ami Falke. De plus il pensait tromper son épouse avec un « joujou extra » (une petite montre), mais c’est lui qui sera berné et ridiculisé. Nous savons par son ami Falke qu’il est jeune. Il est sans doute assez séduisant. Le compositeur lui a par conséquent attribué une voix de ténor et écrit des airs permettant de mettre en valeur ses qualités vocales (piste 15). Rosalinde, épouse d’Eisenstein - la « Comtesse » hongroise (soprano) Elle est jeune et jolie et semble elle aussi avoir terriblement envie de tromper son mari avec l’homme qu’elle a jadis aimé (piste 5) mais en bonne bourgeoise qu’elle est, elle essaie de sauver les apparences. Elle n’a cependant rien du stéréotype de la bourgeoise triste et casanière, c’est au contraire une jeune femme joyeuse et pétillante, au franc parlé qui ne laisse pas sa part d’amusement. Elle accepte de jouer la « comtesse hongroise » et se prête fort bien à ce jeu-là (piste 16). Le compositeur l’a doté d’une voix de soprano très haute et très agile qui prend toutes ses couleurs dans la czardas (piste 10). Elle a la même tessiture que sa femme de chambre avec laquelle elle rivalise vocalement dans de très beaux duos (piste 4) 9 Adèle, femme de chambre chez les Eisenstein « Olga » (soprano) C’est le personnage typique de la servante, jeune, insolente (particulièrement avec ses patrons), ingénue au franc parler (pistes 5 et 24). Elle est prête à tout pour sortir de son statut de servante. Elle veut devenir actrice comme la plupart des jeunes filles de condition modeste de la fin XIXe siècle. Le théâtre étant à cette époque, le moyen le plus rapide de se faire remarquer de riches amateurs, d’autant qu’Adèle est belle, séduisante et fière de sa personne (piste 14). Le compositeur lui a prêté une voix de soprano, dans une tessiture identique à celle de Rosalinde, prouvant sa jeunesse (piste 4). Prince Alexandre Orlofsky (mezzo-soprano) C’est un jeune prince russe de dix huit ans très riche, désœuvré et blasé (pistes 12 et 13) qui ne sait pas comment dépenser son argent. Il le « jette » d’ailleurs vraiment par les fenêtres, ce qui était de bon ton à la fin du XIXe siècle. Cette caricature de l’aristocrate qui impose ses désirs et ses lois a sans doute été inspirée à Strauss, par un des aristocrates qu’il a croisés lors de l’une de ses tournées en Russie. Le compositeur lui a attribué une voix de mezzosoprano qui est une voix féminine assez grave capable de monter dans l’aigu, afin de caractériser la grande jeunesse du Prince et son androgynie. Les rôles de travesti renforcent en général l’ambiguïté des personnages. Les étranges sauts d’intervalles illustrent certainement les problèmes de mue d’un adolescent de cet âge. Ce rôle a également été tenu par des ténors voire une basse contrefaisant sa voix, comme sur la piste 12. 10 Docteur Falke, ami d’Eisenstein et notaire - « La Chauve-Souris » (baryton) C’est un notable comme son ami Eisenstein avec lequel il a souvent partagé fêtes et beuveries (piste 7). Malgré cette franche amitié qui les unit, il n’a pas oublié la blague que lui a faite Eisenstein, un soir de réveillon, alors qu’il était déguisé en chauve-souris. Il vient de trouer un moyen de se venger de cette mauvaise plaisanterie en manigançant une mise en scène qui permettra de confondre son ami, tout en amusant le Prince dont il est « l’intendant de menus plaisirs ». Il possède une voix de baryton. Cette tessiture assez grave désigne en principe un personnage d’un certain âge et caractérise, dans le cas précis, un personnage un peu démoniaque, sorte de Méphistophélès qui invite à enfreindre les conventions comme l’utilisation du tutoiement (piste 19). Falke est un manipulateur qui s’amuse à confondre les autres (en masquant les uns et en modifiant l’identité des autres). Son déguisement de chauve-souris (que l’on ne verra jamais) convient parfaitement à ses intentions de vengeance. Alfred, professeur de chant du prince (ténor) Comme dans tout vaudeville, il y a l’amant de la femme. Alfred va tenir le rôle de l’amant de Rosalinde. Il ne se cachera pas dans l’armoire mais sera enfermé volontairement en prison. Il est jeune et fringant mais ne semble pas avoir inventé la poudre. C’est un esprit léger et joyeux qui aime chanter (piste 3). Drôle de destin pour ce rossignol qui ne chante qu’au tout début de l’ouvrage, disparaît derrière les barreaux durant tout le spectacle pour ne réapparaître qu’à la fin, . C’est un rôle comique dont le jeu réside dans l’outrance et l’usurpation du rôle du mari de sa maîtresse, une situation bien connue du théâtre de l’époque (piste 5). 11 Les personnages secondaires : Frank, le directeur de la prison - le « Chevalier Chagrin » (baryton) C’est un personnage secondaire assez bougon (piste 9) affublé d’un nom d’emprunt symbolisant bien sa profession. Sa présence induit systématiquement des situations cocasses (l’arrestation d’Alfred, le retour à la prison en compagnie de son prisonnier, quiproquo dans la prison avec son prisonnier et avec Adèle qui le prend pour un chevalier). Il est directeur de prison le jour et fêtard la nuit (piste 23). Drôle de contraste. N’oublions pas qu’à cette époque, l’activité essentielle et vitale des bourgeois est le divertissement. Sa voix de baryton correspondant à sa position sociale et sans doute à son âge. On suppose que c’est un monsieur d’âge mûr. Docteur Blind, avocat d’Eisenstein (ténor) Il est bègue, ce qui n’est pas recommandé pour un avocat. C’est un peu le souffre-douleur d’Eisenstein. Il apparaît dans deux scènes (scène 6, Acte 1 et scène 9, Acte 3). Au début de l’opérette, il se fait insulter par Eisenstein qui le traite ensuite de « paperassier véreux » ou « misérable ramasseur de circonstances atténuantes » et qui à la fin de l’ouvrage, lui vole ses vêtements pour s’en travestir. Il a une voix de ténor assez banale. Ida, soeur d’Adèle (mezzo-soprano) N’apparaît qu’épisodiquement et permet de donner la réplique à sa sœur. Elle possède une voix de mezzo-soprano, c’est-àdire plus grave que celle de sa sœur, ce qui permet de penser qu’il s’agit de sa sœur aînée. Frosch, le gardien de prison (rôle parlé) C’est un rôle parlé comme on en trouve dans certains opéras et opérettes. Cette particularité est réservée la plupart du temps à des personnages comiques nécessitant l’emploi d’un comédien (piste 22) qui très souvent improvise sur l’actualité. Il est arrivé que certains acteurs monologuent jusqu’à une demi-heure, amusant autant le public que les chanteurs qui attendent dans les coulisses. 12 Autres personnages : 1. Le champagne Le champagne que chacun chante à sa façon revient comme un leitmotiv (pistes 18, et 23). le champagne est le roi de tous les vins. Il est cause de tous les ennuis, mais il donne aussi la vérité. Il fera l'objet du mot de la fin (piste 26). Le champagne est omniprésent dès l’ouverture jouée par l’orchestre avec le rideau de scène baissé représentant une étiquette de bouteille de champagne dont la marque est Die Fledermaus. 1. Les danses : Les valses, les polkas, galops et csardas (pistes 1, 20 et 21) 13 La production du Grand Théâtre La production du Grand Théâtre signée par le metteur en scène Stephen Lawless provient du Festival de Glyndebourne. Elle propose un décor unique Art déco placé sur une très grande tournette. Les transformations à vue apportent une profondeur particulière à certaines scènes. Pour la scène du bal, un grand escalier central à double volée permet aux personnages de faire des entrées très remarquées comme l’arrivée de la Comtesse hongroise. Benoit Dugardyn a placé l’action dans un décor Art déco aux lignes épurées. De grandes grilles de fer forgé aux dessins géométriques apportent légèreté et élégance. Au premier acte, la lumière entre dans l’appartement d’Eiseinstein par de grandes baies vitrées. Elle se fait plus chaude et cuivrée au second acte pour éclairer la fête chez le Prince Orlofsky. Au sol, un parquet en chevron alternant bois clair et bois foncé. Au troisième acte, Benoit Dugardyn a imaginé pour la scène de la prison, une lumière bleutée éclairant un escalier placé côté jardin. Les costumes dessinés par Ingeborg Berneth : Point de crinoline pour les dames, mais des robes longues, aux étoffes souples enrichis de motifs Art déco. Cheveux courts et chapeaux. 14 II. Pour les plus curieux Johann Strauss II (1825-1899) Sa vie Johann Strauss II également appelé Johann Strauss fils ou Johann Strauss Junior est né à Vienne le 25 octobre 1825. Il meurt le 3 juin 1899 à Vienne où il est inhumé en grande pompe. Johann Strauss II est le fils de Johann Strauss I, plus communément appelé Johann Strauss père ou le « roi de la valse ». Johann Strauss II fera mieux que son père dans ce domaine et donnera à la valse une dimension internationale. Ses deux frères cadets, Josef et Eduard sont également compositeurs, mais il est le plus célèbre des trois. Il composa 160 valses dont le célèbre Beau Danube bleu ou La Valse de l’Empereur, des polkas, 16 opérettes dont la plus connue est La Chauve-souris et un opéra, Ritter Pasman (Le cavalier Pasman). Il est très tôt saisi par le virus de la musique et compose sa première valse dès l’âge de 6 ans. Mais son père ne l’entend pas de cette oreille et s’oppose à ce que son fils fasse de la musique et à fortiori devienne musicien. La légende raconte même qu’un jour qu’il entendit son fils jouer du violon, il lui confisqua l’instrument que son épouse remplaça aussitôt à l’insu de son époux. C’est grâce à sa mère que Johann a pu étudier en cachette le violon (avec Franz Ammon, le premier violon de l’orchestre de son père !), le piano, l’harmonie et le contrepoint. Il commence très jeune à composer de la musique religieuse, puis se consacre rapidement à la direction d’orchestre et à la composition de valses et de polkas, faisant ainsi directement concurrence à son père, le dépassant même assez rapidement dans ce domaine. Il n’a pas vingt ans lorsqu’il débute dans la banlieue viennoise – son père lui refusant l’accès à toutes les salles de Vienne – à la tête des 24 musiciens de l’orchestre qu’il vient de monter. Au programme, des valses de son père et quelques-unes de ses compositions qui seront bissées 19 fois par un public en liesse. Quelques méchantes langues diront : « Adieu Strauss père ! Bonjour Strauss fils ! » Pour l’anecdote, on peut rappeler que pendant la Révolution de 1848, le père monarchiste fut du côté de la répression alors que ses fils se tenaient sur les barricades aux côtés des libéraux. Johann Strauss II devient chef de la musique municipale de Vienne, tandis que son père prend la direction des bals de la Cour d’Autriche au Palais de Schönbrunn. Mais les deux hommes finiront par se réconcilier et à la mort de son père, Johann Strauss fils forme un orchestre de haut vol avec les meilleurs éléments des deux précédents. Il succède à son père comme directeur de la musique de bal de la Cour. 15 Commencent alors de nombreuses tournées en Europe, en Russie, puis aux EtatsUnis lui permettant de faire connaître ses œuvres qui remportent partout un immense succès. Après son mariage en 1862, avec la cantatrice Henriette Treffz (Jetty), il abandonne la direction d’orchestre pour se consacrer à la composition et passe la baguette à ses frères cadets Josef (1827-1870) puis à Eduard (1835-1916) euxmêmes compositeurs de valses et de polkas mais moins inspirés que leur frère aîné. A la mort de Johann, Eduard reprend l’orchestre familial. Plusieurs descendants des frères Strauss ont d’ailleurs perpétué la tradition familiale au XXe siècle. Johann Strauss fils écrira de nombreuses valses dont certaines deviendront très célèbres comme Le Beau Danube bleu qui remporte un véritable triomphe, puis se lance dans la composition d’opérettes. Jetty Treffz sera durant 16 ans une formidable source d’inspiration et une conseillère irremplaçable. A sa mort il fera un second mariage malheureux, divorcera et se remariera avec une jeune veuve de 37 ans sa cadette Adèle Deutsch qui sera une compagne précieuse. Le 22 mai 1899, alors qu’il dirige l’ouverture de La Chauve-Souris, il prend froid et meurt trois semaines plus tard, laissant inachevée sa dernière opérette Cinderella. 16 Son œuvre Dès 1864, il compose de grandes valses symphoniques comme Le Beau Danube bleu, Histoires de la forêt viennoise, Aimer, boire et chanter et La Valse de l’empereur. Ces grandes valses sont de véritable pièces symphoniques, sans doute plus faciles à écouter qu’à danser. « Il arrivait souvent, écrivait Alexandre Dumas père, que ma cavalière et moi-même, dansant sur la musique magique de Strauss, devions nous arrêter pour mieux suivre le déroulement de ce rêve inspiré. Il nous semblait presque sacrilège de permettre à de telles mélodies de servir à un plaisir physique ». Pendant que les valses de Johann Strauss fils font tournoyer les Viennois, les opérettes de Jacques Offenbach font un véritable tabac à Vienne. Encouragé par ce succès, incité par Offenbach lui-même, par son épouse Jetty Treffz et Steiner, le directeur du théâtre An der Wien, Strauss aborde le théâtre, d’abord sans grand succès, puis grâce à de bons livrets, il compose des opérettes qui triomphent sur toutes les scènes du monde, comme La Chauve-Souris en 1874, Une Nuit à Venise en 1883 et Le baron tzigane en 1885. La musique de Johann fils est beaucoup plus originale que celle de son père. Ses valses comme Le Beau Danube bleu et Histoires de la Forêt viennoise, sont des chefs-d’œuvre incontestables qui figurent toujours au répertoire des plus grands orchestres, notamment l’Orchestre Philharmonique de Vienne lors du fameux Concert de Nouvel An. Bien que considérée comme de la musique classique légère, l’œuvre de Johann Strauss fils, est appréciée des grands compositeurs de son temps. Il est l’ami de Brahms et de Franz Liszt pour lequel il a dirigé son opéra Mazeppa. Il impose Wagner à Vienne en dirigeant des extraits de Tristan et Isolde, partition jugée injouable par les musiciens de l’Opéra de Vienne. Wagner dont il a subi l’influence, disait de Strauss qu’il était « l’esprit le plus musical de toute l’Europe ». Il dirigea même à la mort de son père, le Requiem de Mozart qui à cette époque était tombé dans l’oubli. Le grand chef d’orchestre, Hans von Bülow (le premier mari de Cosima Wagner), connu pour son exigence, disait de lui : « Strauss est un de mes rares confrères pour qui j’ai une admiration sans réserves. Il y a toujours quelque chose à apprendre de lui. » Même l'avant-garde ne reniera pas son héritage : Berg, Schoenberg ou Webern transcriront ses valses pour quatuor à cordes. Lors d’une tournée américaine, il lui arriva même de diriger Le Beau Danube bleu, à la tête de 2 000 musiciens et 20 0000 chanteurs, aidés de 100 adjoints, devant 100 000 spectateurs. L’apogée de Johann Strauss fils correspond à celle de la capitale de l'Empire Austrohongrois qui rayonne sur la vie culturelle de l’Europe du XIXe siècle. 17 18 La Chauve-Souris ou les tribulations d’un livret La Chauve-Souris, Die Fledermaus est l’une des opérettes les plus célèbres de Johann Strauss fils qui fut créée avec un certain succès – contrairement à la légende – dans la capitale autrichienne, au Theater an der Wien, le 5 avril 1874. Quelques mois plus tard elle remportait un véritable triomphe à Berlin, Budapest, puis New York. Elle est considérée aujourd’hui comme le sommet de l’opérette viennoise. Les tribulations du livret de cette opérette, un peu rocambolesques, aideront toutefois à comprendre les étapes de construction auxquelles sont soumis la plupart des ouvrages lyriques. A l’origine il y a une pièce de théâtre autrichienne Das Gefängnis (La prison) de Roderich Benedix (1851) qui inspira aux auteurs parisiens Ludovic Halévy et Henri Meilhac (les librettistes attitrés de Jacques Offenbach) une comédie intitulée Le Réveillon. Il y était question du désir de la vengeance d’un notaire contraint par son ami de traverser la ville au petit matin dans son costume de carnaval. Il s’agissait alors d’un oiseau bleu au bec jaune. La pièce remporta à sa création en 1872, un grand succès à Paris et retourna à Vienne pour y être traduite par Karl Haffner. Mais la sauce ne prit pas. Finalement c’est le compositeur, chef d’orchestre et librettiste allemand Richard Genée qui remet à plat toute l’histoire, conservant les personnages de Haffner auquel il rajoute un personnage vengeur (Docteur Falke), transposant le bal du réveillon en souper princier et transformant l’oiseau bleu en… chauve-souris, déguisement très en vogue à cette époque en Allemagne. Johann Strauss qui n’avait jusqu’alors composé que deux opérettes mineures, fut séduit par le livret. Il lui fallut à peine 42 jours pour accoucher de ce chefd’œuvre (entre fin août et début octobre 1873). La création remporta un succès respectable, certains lui reprochant d’être un pot-pourri de motifs de valses et de polkas. Le spectacle tiendra tout de même l’affiche pendant près de trois mois. La période n’était peut-être pas vraiment à l’euphorie générale du fait du krach boursier qui un an avant avait ruiné de nombreux Viennois. Le véritable triomphe viendra de l’étranger. L’œuvre est créée avec succès trois ans plus tard à Paris (octobre 1877) mais cette fois-ci dans une version française (La Tzigane) revue et corrigée par Alfred Delacour et Victor Wilder, les deux librettistes Meilhac et Halévy ayant interdit l’utilisation de leur livret. Mais l’aventure ne s’arrête pas là puisqu’en 1904, la capitale française redécouvre La Chauve-Souris avec un nouveau livret de Paul Ferrier, proche de l’intrigue viennoise. En 1933, nouveau coup du sort : le livret est réécrit et le compositeur Erich Korngold remet La Chauve-Souris au goût du jour en la « jazzéfiant » ! On lui rajoute bientôt des pages orchestrales non prévues par Johann Strauss. Il est aussi d’usage de manipuler les dialogues parlés – fort nombreux – pour les adapter à l’actualité. Le rôle parlé de Frosch, le 19 gardien de prison est souvent incarné par de grands comédiens qui se permettent d’ailleurs de savoureuses improvisations. Ainsi La Chauve-Souris par sa musique légère et élégante, à la fois parodique et sentimentale, pathétique et comique, a conquis tous les continents et séduit tous les publics. Elle fait maintenant partie du répertoire des plus grandes maisons d’opéra qui la programme en principe à la période des fêtes de fin d’année. Les plus grands chefs d’orchestre l’ont dirigée, les meilleures chanteurs l’ont interprétée et enregistrée, de nombreux metteurs en scène s’y intéressent également. Certains réalisant des scénographie parfois assez contestées comme celle de Hans Neuenfels (Festival de Salzbourg, 2001). 20 La Chauve-souris est une opérette Le mot « opérette » est d’origine autrichienne. Il apparaît à Vienne dès 1730 et désigne des œuvres comico-parodiques ou féeriques qui pouvaient être chantées en allemand ou en italien. En 1877, l’Empereur François-Joseph 1er fonde la « Nationaloperette » pour y faire représenter ce type d’ouvrages que l’on considérait plutôt à l’époque comme des « singspiel », qui désignaient une forme d’opéracomique accompagné de dialogues parlés en allemand. Mais qu’est-ce qu’une opérette ? C’est un petit opéra, pour la différencier du grand l’opéra (Meyerbeer, Verdi, Puccini, Donizetti, Wagner, etc). L’opérette est une forme d’opéra léger où les dialogues parlés remplaçant les récitatifs, alternent avec des parties chantées qui peuvent être virtuoses, et des parties dansées. Le style d’écriture d’une opérette doit être léger et vif, en vu d’offrir un divertissement basé sur des situations comiques résultant de quiproquos, d’échange ou d’usurpation d’identités, d’inversion de rôles et de positions sociales, etc. A la différence de l’opéra comique qui, au XIXe siècle, traite des thèmes sérieux entrecoupés de scènes parlées, l’opérette traite des sujets futiles et gais. L’opérette peut offrir des moments pathétiques ou sentimentaux s'équilibrant avec des passages comiques, gais sans aller jusqu'à la bouffonnerie, ou parodiques, son principe fondamental étant la légèreté. La Chauve-souris rentre parfaitement dans ce schéma d’autant que sa composition germée sur un terreau de crise sociale et politique des années 1870, a aussitôt trouvé un public réceptif, fuyant la réalité en se divertissant. L’opérette française et l’opérette viennoise La première opérette française intitulée Le Chalet fut créée en 1834 par Adolphe Adam qui a dû toutefois s’esquiver devant le génie prolifique de Jacques Offenbach créateur d’une centaine d’opérettes dont certaines sont devenues extrêmement célèbres comme La Belle Hélène, La Périchole ou Orphée aux enfers. Compositeur allemand émigré en France, il a imposé l’opérette française, comme Lully, compositeur italien émigré en France, deux siècles plus tôt, avait imposé la tragédie lyrique. Offenbach devint le maître du genre grâce au choix des sujets souvent satiriques, à la musique légère et pétillante, riche en mélodies et en rythmes. Il a eut une influence considérable sur certains compositeurs français et par delà les frontières, sur les compositeurs autrichiens Franz von Suppé et Johann Strauss (fils). Das Pensionat de Suppé créé à Vienne en avril 1860 peut être considéré comme la 21 première opérette viennoise. Cinq ans plus tard Die Schöne Galathée incluant valses et galops prépare le terrain à Johann Strauss fils qui s’essaie plusieurs fois sans grand succès à l’opérette avant de composer son chef d’œuvre. La Chauve-Souris est à l’origine de l’épanouissement de l’opérette viennoise. Il ne s'agit pas ici de satire à la Offenbach, mais de révélateur de la nature humaine dévoilée avec la naturelle gaieté viennoise. Les personnages inspirés de la mythologie comme on en rencontre chez Offenbach sont remplacés dans La Chauve-Souris par des hommes ordinaires en tenue de soirée de notre époque. Ce genre a également séduit certains compositeurs hongrois comme Emmerich Kálmán et Franz Lehár (La Veuve Joyeuse, Le pays du Sourire), des Anglais comme Gilbert et Sullivan (Princess Ida, Le Mikado). C’est d’ailleurs en Angleterre qu’un genre musical nouveau naîtra à la toute fin du XIXe siècle, directement inspiré de l’opérette : la comédie musicale qui abandonnera l’aspect lyrique pour des chansons à succès. Malgré quelques belles réussites du début du XXe siècle, comme Princesse Czardas de P. Abraham, Sissi de Kreisler ou la célèbre Auberge du Cheval Blanc de Benatzky, la première guerre mondiale sera fatale à l’opérette viennoise. L’opérette française aura quant à elle encore de beaux jours avec des compositeurs comme Francis Lopez ou Emmanuel Rosenthal. Comme Offenbach symbolise un Second Empire dansant sur une poudrière et virevoltant vers sa fin prochaine, l’opérette viennoise reste indissociable d’un Empire austro-hongrois achevant sa décomposition dans un flot de champagne et un bouquet de valses. L’opérette reste encore aujourd’hui partagée entre ces deux formes : la parisienne proche du French cancan et la viennoise attachée à la valse. 22 La Chauve-Souris, un pot-pourri de danses viennoises 1. La valse A l’époque de sa création, certaines critiques considérèrent La Chauve-souris comme un pot-pourri de valses viennoises. Le mot est sans doute un peu fort, mais La Chauve-Souris reste toutefois un éternel hymne à la valse. La valse, cette étonnante danse à trois temps Les origines de la valse sont assez contestées. Quoique les Allemands, les Autrichiens et les Français en revendiquent chacun la paternité, la valse issue de danses populaires ou de cour, résulte d’une évolution naturelle de la culture européenne. Si l’on se réfère à l’étymologie du français « valse », on note une origine germanique du substantif provenant de l’allemand Waltzer. Le verbe « valser » vient de walser (Gd Robert de la langue française, 1992) La valse se reconnaît par son rythme à trois temps (3/4). Elle peut être lente (écrite à la noire). Le plus souvent elle est rapide (écrite à la blanche pointée) et donne à suivre ce rythme ternaire avec un premier temps fort et appuyé suivi de deux temps plus faibles et plus légers = 1 – 2 – 3 pas. Le premier temps est plus déplacé que les deux autres, qui sont piétinés, mais tous ont la même durée. - Pour les hommes : (1 2 3) Gauche-droite-gauche – (1 2 3) Droite-gauche-droite - Pour les femmes : (1 2 3) Droite-gauche-droite – ( 1 2 3) Gauche-droite-gauche La valse viennoise est une valse rapide (entre 110 et 180 battements par minute). Elle peut être plus lente (entre 60 et 80 battements par minute). Il existe d’autres formes de valses. - La valse lente et anglaise à deux temps, la valse musette apparue en France à la fin du XIXe siècle, puis la java plus rapide que la valse classique, la valse tango apparue en Argentine qui se danse sur trois temps. - Il existe aussi des valses plus complexes (valses à 5, 8 ou 11 temps) La valse se danse en principe en position rapprochée. A l’époque de Johann Strauss père et fils, les partenaires étaient plus distants l’un de l’autre qu’aujourd’hui. Ce qui n’empêchait pas les jeunes gens de bonnes famille de flirter – mais à distance réglementaire –, au nez et à la barbe de leurs parents. Certains conservateurs n’appréciaient guère cette danse la jugeant inconvenante puisqu’elle permettait la fusion des corps dans des mouvements vertigineux et provoquait une délicieuse et dangereuse griserie… Elle fut d’ailleurs interdite par l’Eglise pendant longtemps. La valse viennoise est arrivée en France vers 1780 (La reine Marie-Antoinette était autrichienne) et prit tout son essor après la Révolution française (valse considérée comme révolutionnaire par rapport au menuet représentant l’ancien régime). La valse s’est vraiment imposée après le congrès de Vienne (1815), qui retraçait les frontières de l’Europe occupée quelques années plus tôt par Napoléon. Elle éclipsa alors toutes les autres danses jusqu’à la première guerre mondiale. 23 On comprend aisément que durant ces années difficiles, les Viennois aient eut envie de s’amuser afin d’oublier les privations. La valse orchestrée par Johann Strauss père prit alors possession de Vienne et de ses habitants pour toujours, ce qui eut par ailleurs l’effet de calmer les esprits. De tout temps, les politiciens ont toujours préféré voir valser leur peuple que de les voir réfléchir. Après l’échec de la Révolution de 1848, c’est le fils qui a repris le flambeau pour faire valser les Viennois. De nos jours, si la vogue des bals s’est un peu perdue en Europe au détriment des clubs ou des « boîtes », Vienne a jalousement conservé cette tradition. On recense à Vienne, à la période du Carnaval c’est-à-dire du 31 décembre au mercredi des Cendres – on peut tout de même danser de novembre à juin – jusqu’à 400 bals, dont 170 considérés comme majeurs avec en tête le célèbre bal de l’Opéra. C’est le bal le plus élégant et le plus médiatisé qui permet aux jeunes filles de la bourgeoisie « les débutantes » de faire leur première apparition officielle dans la bonne société. Chaque corps de métier propose également son propre bal. On estime que la majorité des 1 600 000 de Viennois participent à l’un ou plusieurs d’entre eux chaque saison. Une trentaine d’écoles de danses viennoises dont la plus célèbre, l’école Elmayer, apprennent chaque année à valser aux jeunes gens et jeunes filles. Les touristes sont également les bienvenus. 2. La polka Le mot « polka » vient du tchèque « pulka » qui signifie moitié ou demi, décrivant le pas chassé (demi-pas) servant de base à la danse. C’est une danse paysanne originaire de Bohème (aujourd’hui République tchèque). Elle se développe à Prague dès les années 1835-40 et se répand dans toute l’Europe, gagnant toutes les couches de la population, des milieux bourgeois aux plus populaires. La polka est une danse très rapide à deux temps (2/4, 852 battements par minute). Johann Strauss père en a composées. Mais Johann Strauss fils reste le maître incontesté de la polka de la fin du XIXe siècle avec plus de 150 compositions. Johann Strauss fils en intègre à ses opérettes, Jacques Offenbach à ses opérasbouffes. De nombreux compositeurs, comme Georges Bizet, Rossini, Martinu ou Chostakovitch s’y essayèrent. Smetana et Dvorak apporteront à la polka une dimension « nationale ». 3. Le galop Vient de galopade. Cette danse fut introduite en 1820 à Paris par la Duchesse de Berry. Comme la valse, le galop combine une glissade et un pas chassé en alternant les pieds. C'est une danse rapide à 2 temps (2/4) 4. La Csardas est la danse hongroise la plus connue. C'est une danse où le couple se déplace de gauche à droite, soit ensemble, soit du même pied sur un petit cercle. Il existe plusieurs figures : les déplacements latéraux, les ouvertures et séparations du couple qui permettent aux garçons d'exécuter des solos. 24 Vienne à l’époque de La Chauve-Souris Chronique d’une fin annoncée 1874. A cette époque Vienne est la capitale d’un empire immense qui commence à se déliter mais qui tient encore bon. Le grand empire austro-hongrois sur lequel règne fermement depuis 1848, l’empereur François-Joseph 1er, a toutefois perdu les territoires italiens de Lombardie et de Venise. L’armée autrichienne a été battue par la Prusse à Sadowa en 1966. A l’intérieur ce n’est guère mieux avec les Hongrois, les Tchèques et les Slaves du sud qui réclament des concessions à leur nationalisme naissant. Depuis 1867, les libéraux appelés à gouverner officiellement la monarchie, se consacrent presque exclusivement à l’expansion économique. L’exposition universelle de 1873, organisée à l’occasion du vingt-cinquième anniversaire de l’accession au trône de François-Joseph, devait tenter de montrer au monde la puissance économique d’un pays qui n’est plus ce qu’il était. Pour se faire, on a construit à tout va, on a investi, spéculé tant et plus pour accueillir les sept millions de touristes espérés et la plupart des souverains de l’Europe. L’exposition ouvre le 1er mai 1873 marquée par des grèves et endeuillée par une épidémie de choléra qui ravage la ville. Une semaine plus tard, la bourse de Vienne s’effondre entraînant de nombreuses faillites. Des milliers de petits épargnants se suicident. Le « krach financier » du vendredi noir a des effets désastreux sur la plupart des établissements financiers de l’Europe. L’histoire se répète malheureusement et ce qui à l’époque déstabilisa l’Europe, peut-être plus que ne l’a fait un siècle plus tard, le krach boursier de Wall Street, a pris aujourd’hui des proportions planétaires dont on n’a pas encore vraiment mesuré toutes les conséquences. La bataille des anciens et des modernes Depuis la révolution réprimée de 1848, Vienne est une ville extrêmement dynamique, en pleine expansion, cosmopolite dont la population dépasse le million d’habitants. La dynastie des Rothschild a fondé en 1855 le Creditanstalt de Vienne, grande banque qui attire les capitaux ce qui permet l’essor des affaires. La bourgeoisie triomphe et se lance dans la rénovation complète de la cité. Les anciennes fortifications tombent pour laisser place à un immense boulevard ceinturant la ville, le Ring sur lequel industriels et négociants édifient entre 1869 et 1888, résidences et bâtiments officiels dont l’architecture s’inspire des siècles passés. Au style « historisme » va bientôt s’imposer le « Jugendstil » ou Art nouveau qui se dote d’un temple architectural, le pavillon de la Sécession conçu par Joseph Maria Olbrich. 25 Tourmentée par le pressentiment de son déclin, cette ville où se multiplient les tensions liées à cette période prérévolutionnaire, à l’hétérogénéité ethnique, aux contradictions multinationales, sociales et idéologiques, devient un lieu de conflit de l’ancien et du moderne, ce qui stimule la créativité mais inquiète la bourgeoisie conservatrice. Double visage d’une ville où l’antisémitisme gagnait la petite bourgeoisie désemparée devant la modernisation et celui fiévreux d’une Vienne des cafés littéraires, des milieux artistiques et scientifiques, politiques aussi, où se préparaient l’avènement du siècle nouveau qui serait celui du progrès, de la révolution esthétique et intellectuelle et celui de la paix… On peut dire que le XXe siècle est né à Vienne à partir des années 1870. Durant ces fameuses « années des fondateurs », Vienne est passée de la société ancienne à la société moderne. Les novateurs se dressent contre l’académisme et la lourdeur de l’art ancien, en peinture, en musique, en architecture. La Rot onde, symbole de l’ex position univ erselle de 1873 26 La chauve-souris, cet étrange animal La chauve-souris est un mammifère, le seul à avoir colonisé les airs. Elle possède à cet effet de grandes ailes membraneuses mais son corps recouvert de fourrure, ressemble à celui d’une souris. Son envergure peut varier selon les espèces européennes de 24cm à 35 cm. La chauve-souris fait partie des mammifères microchiroptères dont la plupart sont insectivores ou se nourissent de petites proies comme les grenouilles. Les autres sont nectarivores. Le genre vampire que l’on trouve en Amérique du Sud, se nourrit de sang. D’où peut-être cette légende qui entoure les chauve-souris depuis si longtemps. Après avoir été chassées – on les a clouées sur les portes des granges, jusqu’au milieu de XXe siècle – les chauve-souris sont aujourd’hui protégées. Il est interdit sous peine de sanction de les détruire, de les collectionner, de les transporter même mortes, de les capturer. L’ennemi numéro un de la chauvesouris reste cependant l’homme qui détruit les biotopes intéressants pour elle. De plus l’utilisation d’insecticides, atteignent directement la chaîne alimentaire, puisque la chauve-souris est un insectivore... A la fois mythique et mystérieuse, la chauve-souris qui est un animal nocturne, a depuis la haute antiquité, suscité la peur et le dégoût, enflammé l’imagination par méconnaissance de cet animal totalement inoffensif. La chauve-souris avec ses ailes sombres et ses cris stridents (ultra-sons), est la plupart du temps apparentée au diable ou au méchant. La chauve-souris a inspiré le monde du cinéma fantastique (Dracula ou Batman) et la bande dessinée. Les fêtes costumées comme Halloween leur réservent une belle place avec masques et capes noirs illustrant des personnages inquiétants et mystérieux. L’opérette La Chauve-souris raconte la vengeance du Docteur Falke, qui était, au moment de sa mésaventure, déguisé en chauve-souris (ce costume peut laisser supposer l’esprit vengeur du personnage). Par contre en Chine, la chauve-souris a eu plus de chance parce le caractère chinois « fu » bonheur est un homonyme de « fu » chauve-souris. Le motif de la chauvesouris a donc été utilisé pour illustrer le bonheur. 27 28 ANNEXES CD d’accompagnement : liste du contenu Pistes Intitulé 1 Ouverture 2 Adèle Das schreibt meine schwest er Ida 3 Alfred Täubc hen, das entflattert ist 4 Adèle/Rosalinde Ach, ich darf nicht hin zu dir ! 5 Ros alinde/Alf red Die arme Tante. Aber was soll ich machen ? 6 F et E Zum Teufel mit deiner Leimsiederei 7 R et E O Gott, wir rührt mich dies ! 8 Alfred Trinke, Liebchen, trink e schnell 9 Frank Folgen Sie nun schnell 10 Final Mein Herr, genug der Zärtlichkeit 11 Ouverture Ein Souper heut uns winkt 12 Orlofsky Ich lade gern mir Gäste ein 13 Orlofsky Ich lade gern mir Gäste ein 14 Adèle Sehr komisch, Herr Marquis, sind Sie ! 15 Duo R et E Belieben zu scherzen ! 16 Ros alinde(Csardas) O Land, wo so glücklich ich war ! 17 Eis enstein Bravo ! Bravissimo ! 18 Champagne Im Feuerstrom der Reben 19 Falke Folgt meinem Beispiel : das Glas zur Hand 20 Ballet 21 Polka 22 Alfred/Froch Täubc hen, das entflattert ist 23 Frank ivre So, da wär’n wir ja zu Hause im Vogelhaus 24 Adèle Wenn Sie das gesehn 25 La dis pute Da Sie alles wissen nun 26 Finale Rosalinde, verzeih deinem treuen Gabriel 29 25 extraits de La Chauve-souris utilisés sont tirés de l’enregistrement dirigé en 1976 par Carlos Kleiber à la tête du Bayerischer Staatsopernchor et Bayerisches Staatsorchester. Avec : Hermann Prey (Gabriel von Eisenstein), Julia Varady (Rosalinde), Lucia Popp (Adele), Iwan Rebroff (Prinz Orlofsky), René Kollo (Alfred), Bernd Weikl (Dr. Falke), Benno Kusche (Frank), Evi List (Ida) 1 extrait (piste 13) est tiré de l’enregistrement dirigé par Nikolaus Harnoncourt à la tête du Concertgebouw Orchestra, Amsterdam, du Nederlandse Opera Chorus. Avec : Marjana Lipovsek (Prinz Orlofsky) 30