
5 Les IEC sont-ils dangereux
chez l’insufsant rénal ?
Non, leur efcacité est prouvée dans la réduction de la protéinurie
des glomérulopathies et la néphroprotection chez les patients
diabétiques et/ou hypertendus. Ce sont donc des médicaments
de première intention.
Leur maniement est parfois difficile du fait des risques d’hyperka-
liémie et d’aggravation initiale de l’insuffisance rénale.
> La créatininémie et la kaliémie doivent être contrôlés 8 jours
après chaque changement de posologie.
6 L’Education thérapeutique (ETP)
est-elle utile dans le suivi de l’IRC ?
Oui et même indispensable !
Aux stades précoces, le ralentissement de la progression de l’IRC
passe par le contrôle des facteurs de risque, l’observance au traite-
ment et l’hygiène de vie, champs privilégiés d’action de l’ETP.
L’annonce du diagnostic, la progression de la maladie, la survenue
d’une complication, le choix du traitement de suppléance, la mise
en dialyse ou la greffe sont des moments-clés pour proposer au
patient des interventions ciblées.
La collaboration entre le médecin traitant et l’équipe d’ETP est un
gage d’efcacité.
Pour l’IRC, plusieurs programmes sont ou vont être mis en place
en Aquitaine, où vous pourrez inscrire vos patients : renseigne-
ments sur le site internet pace-aquitaine.com
7 Faut-il vraiment dialyser les sujets âgés ?
Oui, lorsque les comorbidités ne sont pas majeures, car la dialyse amé-
liore l’état cardiovasculaire et facilite le suivi rapproché des patients.
7 personnes sur 10, de 75 ans ou plus, ayant commencé une dia-
lyse sont en vie au bout d’un an. La survie des patients dialysés de
plus de 79 ans est meilleure que celle des patients non IRC.
La décision de mise en dialyse se fait toutefois en fonction du
contexte (espérance de vie, néoplasie, dénutrition, autonomie,
troubles cognitifs, etc.).
Modications pharmacocinétiques au cours de l’IRC
De nombreux médicaments ou leurs métabolites ont une élimi-
nation rénale prédominante, voire exclusive. Une diminution du
débit de filtration glomérulaire, entraîne une diminution de l’ex-
crétion urinaire, donc une accumulation dans l’organisme.
La toxicité des médicaments est rénale et aussi souvent ex-
trarénale : surdité par surdosage en aminosides, troubles du
rythme cardiaque par accumulation de digitaliques, syndromes
extrapyramidaux avec des antiémétiques, obstruction tubulaire
par dépôts dans la lumière tubulaire (anti rétroviraux)…
Les RCP des médicaments dans le VIDAL utilisent généralement
la formule de Cockcroft pour l’adaptation des posologies des
médicaments au cours de l’IRC.
Chez l’IRC non dialysé
Préférer les médicaments dont les voies d’élimination sont
connues et non modifiées par l’insuffisance rénale, en pratique
les médicaments à élimination biliaire prédominante.
Les médicaments à élimination rénale seront utilisés soit en ré-
duisant les doses unitaires sans changer le rythme des prises
ou des injections, soit en allongeant l’intervalle entre les doses
unitaires.
Ne pas utiliser des AINS à partir du stade 3 de la maladie rénale
chronique, attention aux injections d’iode.
Arrêter les traitements diurétiques et la plupart des antihy-
pertenseurs (IEC, sartans) en cas de déshydratation aigüe et
tout risque d’hypoperfusion rénale (diarrhée, vomissements…).
Chez la personne âgée, ne pas associer les diurétiques, sartans
et/ou IEC avec les AINS.
Le DFG est souvent diminué chez les personnes âgées : penser
à adapter la posologie des médicaments.
Chez l’IRCT traité par dialyse
En plus des règles précédentes, il faut tenir compte de la dia-
lysance des médicaments, c’est-à-dire de la quantité épurée
pendant les traitements de suppléance (hémodialyse ou dialyse
péritonéale) et adapter la dose des médicaments en rapport.
Deux règles complémentaires doivent être connues :
- tout médicament éliminé par la dialyse doit être absorbé ou
injecté en fin de séance d’hémodialyse,
- les variations rapides de kaliémie pendant les séances d’hé-
modialyse augmentent le risque de troubles du rythme en cas
de prises d’anti-arythmique.
les feuillets de l’URPS-ML Aquitaine Mars 2014
Il existe deux techniques de dialyse : l’hémodialyse (HD) et la dia-
lyse péritonéale (DP), basées toutes les deux sur les échanges
entre sang et « dialysat ». Elles sont d’efficacité comparable. Le
choix de la technique, en l’absence de contre-indication, est fait
par le patient aidé dans sa démarche par l’équipe soignante. Le
passage d’une technique à l’autre est possible.
La dialyse péritonéale (DP) utilise le péritoine comme support
d’échange. Un liquide, le « dialysat », est injecté dans la cavité
abdominale grâce à un cathéter souple, implanté chirurgicalement
plusieurs semaines avant son utilisation, et laissé à demeure.
Deux techniques de DP peuvent être proposées : la DPCA (dia-
lyse péritonéale continue ambulatoire) qui nécessite trois à
quatre changements manuels quotidiens de poches de dialysat
ou la DPA (dialyse péritonéale automatisée) nécessitant une ma-
chine et pratiquée quotidiennement en nocturne. Ces techniques
se font à domicile, par le patient, qui peut être assisté par une
infirmière.
L’hémodialyse (HD) utilise une circulation sanguine extracorpo-
relle au travers d’une membrane artificielle (dialyseur), assurée
par une machine (générateur d’hémodialyse). Cette technique
nécessite d’avoir un abord vasculaire. Il s’agit soit d’une fistule
artério-veineuse, qui doit être créée chirurgicalement plusieurs
semaines avant son utilisation, soit d’un cathéter central. Les
séances d’hémodialyse sont réalisées le plus souvent trois fois
par semaine et durent quatre heures au minimum.
L’HD peut être réalisé en centre, en unité de dialyse médicalisée,
en unité d’autodialyse (assistée ou simple), à domicile. Selon la mo-
dalité d’HD et l’état de santé des patients, une présence médicale
ou infirmière sera permanente ou intermittente pendant la séance.
Les complications les plus fréquentes liées au traitement
par dialyse : pour l’HD, l’hyperkaliémie et, pendant la séance,
la baisse de la tension artérielle et les crampes ; pour la DP,
est l’infection du liquide de dialyse péritonéale ; pour les deux
méthodes : l’œdème pulmonaire par surcharge hydrosodée.
La dialyse : un des traitements de suppléance de l’IRCT
Prescription des médicaments chez l’insufsant rénal chronique