Discours 18 juin 2010

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Discours pour le dévoilement de la plaque à la mémoire de Félix EBOUE
18 juin 2010
Nous
sommes
une nouvelle fois
réunis
pour commémorer
l’anniversaire de l’Appel lancé depuis Londres par le général de
GAULLE, le 18 juin 1940, premier signal de la mobilisation du
peuple français pour la Résistance à l’occupant nazi. Sans l’Appel, la
France serait-elle aujourd’hui un pays libre ?
En quelques phrases sobres et simples, susceptibles d’être comprises
de toutes et de tous, le Général de Brigade Charles de GAULLE, alors
peu connu en France, lançait un appel.
Un appel pour le rejoindre à Londres, un appel à la poursuite des
combats, un appel porteur d’espoir et d’espérance pour un peuple dont
l’armée venait d’être battue et qui allait avoir à subir une longue
occupation.
L’exhortation lancée par « l’homme du 18 juin » est désormais gravée
dans nos mémoires : « La France a perdu une bataille, mais la France
n’a pas perdu la guerre. La flamme de la résistance française ne doit
pas s’éteindre et ne s’éteindra pas ».
Cet appel est devenu un symbole. Symbole de la France qui dit non,
de la France qui se bat et refuse la défaite. C’est un message d’espoir
et de mobilisation.
En raison de l’exode massif déclenché par l’avancée des troupes
allemandes, peu de Français entendront le message. Parmi eux, Felix
EBOUE, dont cette place de notre arrondissement porte le nom.
Nous avons souhaité honorer tout particulièrement la mémoire de
Félix EBOUE, ce visionnaire, ici, sur la place qui porte son nom.
Petit fils d’esclave, né à Cayenne en 1884, Félix EBOUE est nommé
Gouverneur du Tchad en 1938 avec pour mission d’assurer la
protection de la voie stratégique vers le Congo français. Il fait
d’ailleurs construire les routes qui permettront en janvier 1943 à la
colonne Leclerc de remonter rapidement vers l’Afrique du Nord.
Bouleversé par l’appel du général de GAULLE, il rallie le général et
s’en explique en ces termes : « c’est une force individuelle profonde
qui nous a conduit individuellement à agir. Un précepte moral absolu
qui nous a interdit de capituler et commandé de reprendre chacun à
son compte, le destin de la Patrie. »
Le 26 août, à la mairie de Fort-Lamy, il proclame, avec le colonel
MARCHAND, commandant militaire du territoire, le ralliement
officiel du Tchad au général de GAULLE, donnant ainsi « le signal de
redressement de l'empire tout entier» et une légitimité politique au
général qui n'était jusqu'ici qu'un roi sans terre. René PLEVEN,
envoyé du général de Gaulle assistait à cette proclamation. Le 15
octobre Félix Éboué reçoit de Gaulle à Fort-Lamy, qui va le nommer,
le 12 novembre, gouverneur général de l'Afrique équatoriale française.
Le 29 janvier 1941, il sera parmi les cinq premières personnes à
recevoir du général de Gaulle la croix de l'Ordre de la Libération. Il
transforme l'AEF en une véritable plaque tournante géostratégique
d'où partent les premières forces armées de la France libre, conduites
par les généraux de LARMINAT, KOENIG et LECLERC.
Résidant à Brazzaville, il organise une armée de 40 000 hommes et
accélère la production de guerre. N’oublions jamais que les colonies
françaises, d’Afrique et d’Asie joueront un rôle majeur dans la guerre
contre les puissances de l’Axe.
Il est l’un de ceux qui prendront le plus part à la conférence de
Brazzaville du 30 janvier 1944, car il estime que c’est une mauvaise
méthode de remettre au jour de la Victoire toutes les réformes
nécessaires.
Epuisé à la tâche, Félix EBOUE, Compagnon des premières heures,
meurt au Caire le 17 mai 1944, à l’aube de la Libération.
Quelques temps après sa mort, le général de GAULLE, lui rendant un
dernier hommage, déclarait à Alger : « Félix EBOUE, grand Français,
grand Africain, est mort à force de servir. Mais voici qu’il est entré
dans le génie même de la France ».
Homme d’une rare qualité, dont toute la carrière faite de dévouement
et de dignité, grand serviteur de l’Etat, la mémoire de Félix EBOUE
est gardée sous les voûtes du Panthéon depuis le 20 mai 1949 pour
l’éternité. Désormais, cette mémoire sera aussi, humblement,
préservée sur cette place du 12e arrondissement.
Je vous remercie.
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