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Introduction
A deux semaines du premier tour de l’élection
présidentielle, il est difficile de retenir des
propositions économiques « phares » au sein
des projets portés par les grands prétendants
à l’élection présidentielle. Dans un contexte
miné par la crise et l’endettement public, les
principaux candidats à la fonction suprême
se limitent à promouvoir la crédibilité
de leur scénario de retour à l’équilibre
des finances publiques, en essayant de
faire émerger quelques mesures, pouvant
souvent apparaître comme techniques et
partageant un objectif pour le moins
louable : faire de l’emploi une priorité, en
mettant l’accent sur les jeunes, la formation,
et ré-industrialisation la France… tout
en augmentant quelques prélèvements
obligatoires et quelques dépenses publiques.
Sur le terrain des prévisions de croissance
et du retour à l’équilibre budgétaire, les
scenarii considérés par François Hollande et
Nicolas Sarkozy sont relativement proches :
le premier table sur un taux de croissance
de 0,5% en 2012, 1,7% en 2013, 2% en
2014, et de 2,5% à partir de cette date, et
un retour à un déficit budgétaire nul à partir
de cette date. Pour le second, les prévisions
gouvernementales issues de l’INSEE viennent
d’être révisées : à la hausse pour le taux de
croissance de 0,5 à 0,7% pour 2012, mais
en revanche à la baisse pour 2013 de 2% à
1,75%. Le retour à l’équilibre budgétaire est
lui prévu en 2016.
Ces prévisions de croissance demeurent
relativement élevées pour 2013, au regard
des estimations données par l’OCDE et le
FMI, avec entre 0,7 et 0,3 point d’écart selon
la prévision considérée (voir le tableau 1).
Evidemment, la conséquence immédiate
est que si la croissance s’avérait plus faible
qu’escomptée par l’INSEE et les candidats
à l’élection présidentielle, les projets
économiques actuellement présentés ne
seraient plus financièrement tenables, et se
réduiraient
in fine
à « peau de chagrin ».
Pourquoi, dès lors, ne pas profiter de ce
rendez-vous de l’élection présidentielle
pour poser la question de l’évaluation du
modèle économique et social français, c'est-
à-dire de son financement, de son efficacité
économique et de son équité ? N’y aurait-
il pas des réformes structurelles à engager,
permettant non seulement de garantir un
assainissement des finances de l’Etat sans
être « au fil du rasoir » comme dans les
scenarii actuels, et parallèlement de gagner
en efficacité et équité du système et de
renforcer les conditions de sa soutenabilité
pour les générations à venir ?
Ainsi, au-delà de la problématique des
prévisions macroéconomiques à très court
terme, il semble que deux types de questions
doivent être posées :
• Qu’en est-il de notre capacité à générer
2% ou plus de croissance au-delà de 2014,
comme peuvent l’espérer les candidats
actuels ? Il en va de la crédibilité des
programmes proposés. Ceci nécessite
d’examiner plus en détails les ressorts des
gains de productivité, principaux moteurs
de la croissance économique.
• Reste-t-il des leviers à actionner
permettant de faire « coup double » :
favoriser la réduction des déficits publics et
s’inscrire simultanément dans une réflexion
de long terme, guidée par l’efficacité
économique et l’équité.
Les réponses apportées à ces questions sont
liées, puisque une plus grande efficacité
économique constitue un terrain sur lequel
peuvent précisément se nourrir les gains
de productivité. Les marges de manœuvre
sont bien sûr réduites, précisément à
cause du cahier des charges pour le moins
contraignant imposé par le rééquilibrage de
nos finances publiques, et qui explique en
partie la faible différenciation des projets
rédigés par les principaux candidats à
l’élection présidentielle.