Le modèle économique et social français doit s`adapter pour durer

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EDHEC BUSINESS SCHOOL
PÔLE DE RECHERCHE EN ÉCONOMIE,
ÉVALUATION DES POLITIQUES
PUBLIQUES ET RÉFORME DE L'ÉTAT
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Le modèle économique et social
français doit s’adapter pour durer
Avril 2012
Arnaud Chéron
Professeur des Universités,
Directeur de recherche, EDHEC Business School
Stéphane Gregoir
Directeur, pôle de recherche en Economie, EDHEC Business School
Directeur de la recherche, EDHEC Business School
Résumé
Force est de constater que l’analyse des
défis auxquels notre modèle économique
et social au sens large est confronté a
été absente du débat politique jusqu’à
présent. Elle n’a donc pu être à l’origine
de proposition de réformes susceptibles de
contribuer à son adaptation compte tenu
de la situation des finances publiques et de
l’évolution de l’environnement économique
de la France. Les débats économiques
ont porté sur des mesures fiscales et des
réductions ou nouvelles dépenses publiques
en laissant implicite la perspective d’un
retour à la situation d’antan. Enfin, les
efforts financiers envisagés ont été minorés
en faisant le pari d’un retour à des niveaux
de croissance que l’économie française n’a
pas connus depuis de nombreuses années.
Cependant, si un retour à l’équilibre
budgétaire est visé à l’horizon du
quinquennat à venir, il s’agit de générer par
rapport à la situation actuelle plus de 400
milliards d’euro de réduction de dépenses
ou d’augmentation d’impôts cumulés sur la
durée du mandat. Le niveau d’endettement
de la France atteint sera alors voisin de
80% du PIB et des efforts supplémentaires
seront nécessaires pour le réduire aux
60% envisagés dans le cadre du traité de
Maastricht et réaffirmés dans l’accord de
Bruxelles de décembre 2011. Une adaptation
de notre modèle économique et social est
implicitement nécessaire et il nous paraît
primordial d’un point de vue démocratique
de débattre de ces questions lors de cette
campagne présidentielle aux risques
en son absence de faire le lit des partis
extrémistes pour la prochaine mandature.
La contribution d’un tel débat n’est pas
que politique. Les ménages conscients
de la nécessité de ces ajustements mais
sans perspectives politiques et d’idée de
l’ampleur des efforts à produire épargnent
2
massivement lorsqu’ils en ont la possibilité.
Les entreprises en situation d’incertitude
accrue réévaluent et éventuellement
décalent leurs projets.
Il est donc souhaitable de discuter des
ajustements possibles qui seront propices
au maintien d’une protection sociale
adaptée au monde d’aujourd’hui. Le rapide
tour d’horizon que nous dressons suggère
que, si dans les secteurs de la santé ou des
retraites, des réformes ont été engagées
et doivent être complètement mises en
œuvre et poursuivies, les priorités actuelles
selon nous concernent le marché du travail
au travers du système éducatif et de la
protection sociale des travailleurs. Les
principes et objectifs qui ont été mobilisés
il y a quelques décennies pour construire
le modèle social français dans ce domaine
doivent s’adapter à notre environnement
actuel. Nous sommes dans une économie
globalisée plus complexe requérant plus
de compétences en évolution rapide et
dans laquelle seront bien peu nombreux
les travailleurs qui ne connaîtront qu’un
seul employeur au cours d’une carrière
professionnelle toujours plus longue.
Sur ces deux terrains, l’EDHEC fait des
propositions. D’une part, le financement
de l’enseignement du supérieur et les
incitations à la formation continue devraient
être repensés, par le biais d’un contrat
d’enseignement supérieur impliquant
financièrement le jeune diplômé en cas de
succès professionnel et d’une modulation
des subventions à la formation en fonction
de la rémunération des travailleurs, en lieu
et place du dispositif « former ou payer ».
D’autre part, la législation entourant les
modalités de licenciement devraient être
revues, car en l’état elles se traduisent
par une forte protection des adultes au
détriment des jeunes.
Ce document constitue une synthèse de travaux scientifiques conduits au sein de l'EDHEC. Pour plus d'informations, nous
vous prions de vous adresser à la direction de la recherche de l'EDHEC : [email protected]
Les opinions exprimées sont celles des auteurs et n'engagent pas la responsabilité de l'EDHEC.
A propos des auteurs
Arnaud Chéron est professeur des Universités
en Sciences Economiques (Le Mans) et
directeur de recherche sur l'évaluation
des politiques de l'emploi au sein du pôle
économie de l’EDHEC. Ancien chercheur à
l’EUREQua et au CEPREMAP, il a obtenu son
doctorat en 2000 à l’Université de Paris I
Panthéon-Sorbonne. Il a effectué des
recherches dans les domaines de l’économie
de l’emploi, les politiques publiques et les
cycles économiques, donnant lieu à de
nombreuses publications dans des revues
académiques françaises et internationales
(Annales d’Economie et Statistiques, Revue
Française d’Economie, Journal of Economic
Theory, Review of Economic Dynamics)
ainsi qu’à des réalisations professionnelles
(contrats avec le Ministère du Travail,
le Commissariat Général au Plan et la
Commission européenne).
Stéphane Gregoir est professeur en
économie, directeur du pôle de recherche
en économie et directeur de la recherche à
l’EDHEC. Il est économètre et économiste.
Il a été précédemment directeur du CREST
(Paris) et a occupé différents postes
d’étude et d’analyse économique auprès du
Ministère des Finances français. Stéphane
Gregoir a enseigné à l’Ecole Centrale,
l’Université Paris IX Dauphine, ENSAE,
l’Université d’Evry et l’Ecole Polytechnique.
Il a publié de nombreux papiers en
économétrie et macroéconomie appliquée.
Lauréat du prix international Tjalling C.
Koopmans pour une contribution à la
théorie économétrique (1997-1999), il
a été éditeur des Annales d’Economie
et de Statistiques, éditeur associé du
Econometrics Journal et membre du
comité éditorial de différentes revues
scientifiques.
3
Table des matières
Introduction.........................................................................................................................................5
1. Quels gains de productivité pour quelle croissance ? ............................................................8
2. La pérennité du système de santé à assurer ........................................................................11
3. A propos du système de formation : repenser le financement de l’enseignement
du supérieur et subventionner la formation continue .......................................................... 15
4. Un système de protection des travailleurs qui protège les insiders............................... 20
Conclusion......................................................................................................................................... 24.
Position Papers et Publications du Pôle de Recherche en Economie
de l’EDHEC (2009-2012)................................................................................................................. 25
4
Introduction
A deux semaines du premier tour de l’élection
présidentielle, il est difficile de retenir des
propositions économiques « phares » au sein
des projets portés par les grands prétendants
à l’élection présidentielle. Dans un contexte
miné par la crise et l’endettement public, les
principaux candidats à la fonction suprême
se limitent à promouvoir la crédibilité
de leur scénario de retour à l’équilibre
des finances publiques, en essayant de
faire émerger quelques mesures, pouvant
souvent apparaître comme techniques et
partageant un objectif pour le moins
louable : faire de l’emploi une priorité, en
mettant l’accent sur les jeunes, la formation,
et ré-industrialisation la France… tout
en augmentant quelques prélèvements
obligatoires et quelques dépenses publiques.
Sur le terrain des prévisions de croissance
et du retour à l’équilibre budgétaire, les
scenarii considérés par François Hollande et
Nicolas Sarkozy sont relativement proches :
le premier table sur un taux de croissance
de 0,5% en 2012, 1,7% en 2013, 2% en
2014, et de 2,5% à partir de cette date, et
un retour à un déficit budgétaire nul à partir
de cette date. Pour le second, les prévisions
gouvernementales issues de l’INSEE viennent
d’être révisées : à la hausse pour le taux de
croissance de 0,5 à 0,7% pour 2012, mais
en revanche à la baisse pour 2013 de 2% à
1,75%. Le retour à l’équilibre budgétaire est
lui prévu en 2016.
Ces prévisions de croissance demeurent
relativement élevées pour 2013, au regard
des estimations données par l’OCDE et le
FMI, avec entre 0,7 et 0,3 point d’écart selon
la prévision considérée (voir le tableau 1).
Evidemment, la conséquence immédiate
est que si la croissance s’avérait plus faible
qu’escomptée par l’INSEE et les candidats
à l’élection présidentielle, les projets
économiques actuellement présentés ne
seraient plus financièrement tenables, et se
réduiraient in fine à « peau de chagrin ».
Pourquoi, dès lors, ne pas profiter de ce
rendez-vous de l’élection présidentielle
pour poser la question de l’évaluation du
modèle économique et social français, c'està-dire de son financement, de son efficacité
économique et de son équité ? N’y auraitil pas des réformes structurelles à engager,
permettant non seulement de garantir un
assainissement des finances de l’Etat sans
être « au fil du rasoir » comme dans les
scenarii actuels, et parallèlement de gagner
en efficacité et équité du système et de
renforcer les conditions de sa soutenabilité
pour les générations à venir ?
Ainsi, au-delà de la problématique des
prévisions macroéconomiques à très court
terme, il semble que deux types de questions
doivent être posées :
• Qu’en est-il de notre capacité à générer
2% ou plus de croissance au-delà de 2014,
comme peuvent l’espérer les candidats
actuels ? Il en va de la crédibilité des
programmes proposés. Ceci nécessite
d’examiner plus en détails les ressorts des
gains de productivité, principaux moteurs
de la croissance économique.
• 
Reste-t-il des leviers à actionner
permettant de faire « coup double » :
favoriser la réduction des déficits publics et
s’inscrire simultanément dans une réflexion
de long terme, guidée par l’efficacité
économique et l’équité.
Les réponses apportées à ces questions sont
liées, puisque une plus grande efficacité
économique constitue un terrain sur lequel
peuvent précisément se nourrir les gains
de productivité. Les marges de manœuvre
sont bien sûr réduites, précisément à
cause du cahier des charges pour le moins
contraignant imposé par le rééquilibrage de
nos finances publiques, et qui explique en
partie la faible différenciation des projets
rédigés par les principaux candidats à
l’élection présidentielle.
5
Introduction
Tableau 1 : Synthèse de prévisions macroéconomiques
1.1 Taux de croissance du PIB réel
Prévisions OCDE (Nov. 2011)
2011
2012
2013
Zone Euro
1,6
0,2
1,4
Etats-Unis
1,7
2,0
2,5
Allemagne
3,0
0,6
1,9
France
1,6
0,3
1,4
Zone Euro
1,6
-0,5
0,8
Etats-Unis
1,8
1,8
2,2
Allemagne
3,0
0,3
1,5
France
1,6
0,2
1,0
Prévisions OCDE (Nov. 2011)
2011
2012
2013
Zone Euro
-4,0
-2,9
-1,9
Etats-Unis
-10
-9,3
-8,3
Allemagne
-1,2
-1,1
-0,6
France
-5,7
-4,5
-3,0
Prévisions FMI (Janv. 2012)
1.2 Solde public (% du PIB)
Prévisions FMI (Sept. 2011)
2016
Zone Euro
-4,1
-3,1
-1,3
Etats-Unis
-9,6
-7,9
-6,0
Allemagne
-1,7
-1,1
0,4
France
-5,9
-4,6
-1,4
Prévisions FMI (Sept. 2011)
2011
2012
2016
Zone Euro
88,6
90,0
86,6
1.3 Dette publique (% du PIB)
6
Etats-Unis
100,0
105,0
115,4
Allemagne
82,6
81,9
75,0
France
86,8
89,4
87,7
Ce document vise, dans un premier temps,
à faire le point sur les perspectives de gains
de productivité à moyen et long terme, en
prenant appui sur l’expérience passée et
l’observation de réallocations sectorielles
en cours. Dans un deuxième temps, il
s’agira de proposer une cartographie de
notre modèle économique et social dans
une perspective internationale. A cette
occasion, un certain nombre de pistes
examinées par l’EDHEC seront discutées,
s’inscrivant précisément dans cette double
problématique, de réduction des déficits
publics à court terme, et d’efficacité-équité
à long terme.
Sans chercher à être complètement
exhaustif, trois grands thèmes caractérisant
le modèle économique et social français
seront ainsi abordés. La question du
coût et de l’efficacité de notre système
de santé sera brièvement discutée, puis
nous examinerons un certain nombre
de questions relatives à notre système
éducatif, qu’il s’agisse de formation
initiale ou de formation continue, et
Introduction
nous évoquerons finalement la question
de la protection sociale des travailleurs, au
travers notamment de l’assurance chômage
et de la législation en matière de protection
des emplois.1
1 - Le système de retraite par répartition constitue également une des composantes de notre modèle économique et social. Nous faisons le choix de ne pas revenir dans ce
document sur ce débat dont les principaux tenants et aboutissants sont maintenant connus (ajustement de l’âge légal, de la durée de cotisation ou du taux de cotisation). La
réforme Sarkozy de 2010, pour limitée qu’elle soit, garantit viabilité du système jusqu’à la fin de la prochaine législature et selon le rythme de croissance que connaîtra le pays de
nouveaux ajustements seront peut-être nécessaires.
7
1. Quels gains de productivité pour quelle croissance ?
En l’état, les prévisions macroéconomiques
de croissance utilisées sont essentiellement
fondées sur l’expérience passée en matière
de gains de productivité. Pourtant, il
nous semble que la situation économique
de la France, au-delà de la conjoncture
actuelle dégradée, est dans une situation
tendancielle pouvant conduire à se
questionner sur le réalisme des gains de
productivité pour la décennie à venir.
Pourquoi une telle interrogation ?
8
soit le nombre d’heures travaillées. En
définissant un secteur comme exposé
lorsque les importations de ses produits
représentent plus de 20% de la production
nationale, nous obtenons les évolutions
des gains de productivité sur la période
1985-2006 présentées.
Différents travaux économiques récents
ont montré comment les mesures agrégées
de croissance au niveau d’une économie
pouvaient être reliées à de nombreux
facteurs qui vont des efforts de recherche
et développement des entreprises ou des
institutions d’enseignement et de recherche,
aux modes de gestion des entreprises, en
passant par le recours à l’emploi qualifié,
et la plus ou moins grande exposition à la
concurrence du fait d’une faible régulation
ou de concurrents étrangers exportant
leurs produits sur le marché national mais
aussi d’une activité d’exportateur sur les
marchés étrangers tout en maintenant un
outil de production local. Dans chaque
pays, il y a une hétérogénéité de situations
des entreprises, mais certains pays ont
plus d’entreprises peu productives que
d’autres. L’exposition à la concurrence,
en particulier celle venant de producteurs
étrangers exportateurs dans le pays,
constitue un facteur qui affecte les gains
de productivité.
Les secteurs exposés sont essentiellement
des secteurs industriels, les secteurs
protégés, ceux des activités de services à
la personne ou des activités réglementées.
Nous observons que les gains de productivité
du secteur exposé se maintiennent, voire
croissent légèrement sur la période, alors
que ceux des secteurs protégés baissent.
En parallèle à ces évolutions, nous
observons que la part des heures travaillées
dans les secteurs exposés se contracte
régulièrement sur la période, partant de
39% pour atteindre 25% en fin de période.
La perte ou le maintien de parts de marché
nationales ou à l’exportation entraîne,
du fait des gains de productivité, une
contraction de la main d’œuvre employée.
Il en est de même pour les choix industriels
de relocaliser des activités dans des pays à
bas coûts de production ou dans lesquels
une classe moyenne émerge. L’évolution
des gains de productivité au niveau de
l’économie française résulte ainsi de
ces deux tendances : un secteur exposé
productif dont le poids va en décroissant
régulièrement, un secteur protégé peu
productif dont le poids en emplois est
croissant.
Au niveau de l’économie française, il est
possible de décomposer à titre illustratif
les gains de productivité en mesurant la
contribution des secteurs exposés à la
concurrence extérieure et celle des secteurs
qui en sont protégés. Dans l’illustration de
la Figure 1, nous avons omis le secteur
agricole et les secteurs d’activité de santé,
d’éducation ou administratifs pour lesquels
il est, soit difficile de mesurer la production,
Dans ce cadre, pour retrouver sur les
vingt prochaines années des gains de
productivité de l’ordre de 1,8% l’an comme
lors de la période 1990-2007, cela suppose
qu’en France des emplois en nombre
puissent être créés dans des secteurs
productifs. Sans modification structurelle
notable (dérégulation des professions
régulées, innovation technologique,…), il
semble difficile de trouver dans le passé
1. Quels gains de productivité pour quelle croissance ?
Figure 1: Gains de productivité trimestriels en taux de croissance et poids relatif des heures travaillées dans le secteur exposé (en
pourcentage annuel)
Source : INSEE, calcul EDHEC (1985-2006, hors agriculture et secteurs d’activités de santé, d’éducation, administrations, NES 15)
les arguments soutenant ce scénario.
L’hypothèse de 1,8% de gains tendanciels
apparaît en fait comme une hypothèse
très haute. En poursuivant les gains de
productivité des secteurs exposés et la
suppression d’emplois dans les secteurs
exposés compensés par des créations dans
les secteurs protégés (emplois en général
peu qualifiés), le niveau en 2020 serait
inférieur, voisin au mieux de 1,4% l’an.
Ensuite, la politique de baisse de charges
en faveur des emplois non qualifiés depuis
le milieu des années 1990 a été favorable à
la création d’emplois peu qualifiés, ce qui
pèse mécaniquement sur la productivité.
Un arbitrage entre volume d’emplois et
qualité productive des emplois a été fait.
Il s’appuie en partie sur les exonérations
de charges : 59 dispositifs sont en cours
et représentent un coût de plus de 32
Milliards d’euros. Cette politique a permis
à la France, à la différence de la plupart
de ses partenaires, de créer entre 1996
et 2005 des emplois non qualifiés et de
maintenir des emplois peu productifs et des
entreprises peu productives, en particulier
dans des secteurs peu exposés (Cour des
comptes (2008)) premiers bénéficiaires
des baisses charges: Commerce (7,8%),
service
hôtels-restaurants
(13,6%),
construction (9,8%)… au détriment des
entreprises industrielles porteuses de gains
de productivité (automobile (2%)). Ce type
de politique a par ailleurs un effet pervers
sur l’accumulation de capital humain: il
entraîne un déclassement des diplômés qui
sont surqualifiés pour les emplois qu’ils se
voient offrir et qu’ils occupent à la place
des personnes moins qualifiées (entre 12%
et 29% de jeunes surqualifiés en France en
2001 selon Nauze-Fichet et Tomasini (2002))
et ainsi diminue les incitations à se former
favorables à la croissance ou alimente une
émigration de personnes qualifiées.
Au bilan, ces différents éléments d’analyse
mettent en doute notre capacité à retrouver
une croissance moyenne supérieure
à 2% dans les prochaines années, alors
même que cette hypothèse est retenue
par les principaux candidats à l’élection
présidentielle dans leurs scenarii de retour
à l’équilibre des finances publiques. Ceci
a des conséquences sur les montants
d’ajustement à envisager pour un retour
à l’équilibre budgétaire à l’horizon de cinq
ans. Il s’agit dans une perspective médiane
9
1. Quels gains de productivité pour quelle croissance ?
d’environ 400 milliards cumulés jusqu’à
mai 2017, soit un effort sensiblement
supérieur à ce qui est envisagé dans les
programmes des candidats. Pourquoi en
conséquence ne pas poser, dès à présent, à
l’occasion de cette élection présidentielle,
la question d’une réforme en profondeur
de notre modèle économique et social,
dans ses différentes dimensions ? Il s’agit
en fait de réduire les incertitudes
nombreuses qui affectent les anticipations
des consommateurs et des investisseurs et
donc pèsent sur l’activité économique2 et
d’éviter la précipitation néfaste de futurs
ajustements qui pourraient résulter d’une
croissance plus modeste qu’escomptée, en
déterminant comment réduire les coûts du
système sans perdre en efficacité, et en
faisant en sorte que les réformes soient
les plus justes possibles. D’autant qu’il est
utile de rappeler qu’une nouvelle dérive
des comptes publics français serait en
toute vraisemblance accompagnée d’une
augmentation des taux d’intérêt auxquels
l’Etat s’endette et qu’une augmentation
d’un point de taux d’intérêt représente
au niveau d’endettement actuel, sur la
première année, le budget de la Région
Nord-Pas-de-Calais ou 40% du budget
du Ministère des Affaires Etrangères et,
au bout de sept ans (durée approximative
des titres de la dette française), le budget
de l’Etat alloué aux actions « solidarité,
insertion et égalité des chances » (3,4% du
budget).
10
2 - Le taux d’épargne des ménages français est un des plus élevés de la Zone Euro avec la Belgique et l’Allemagne
2. La pérennité du système de santé à assurer
Une des caractéristiques importante du
modèle social français renvoie à son
système de santé, largement assis sur une
couverture publique qui représente plus de
85% des dépenses engagées, contre moins
de la moitié par exemple aux Etats-Unis.3
Ce système doit supporter un choc de
grande ampleur démographique. Entre
1960 et 2009, le nombre d’années de
vie gagnées a augmenté de plus de 10
ans, avec une espérance de vie à la
naissance qui équivaut 81 ans, soit des
chiffres comparables à la moyenne OCDE.
Cette tendance lourde a des conséquences
fortes sur les dépenses de santé, qui
doivent être maîtrisées pour garantir la
pérennité de la prise en charge publique,
sans rogner sur son efficacité. Qu’en estil précisément ? Ces deux points sont
évoqués successivement.
En France, en 2009 les dépenses de santé
représentent près de 12% du PIB (Figure
2.1). Parmi les pays de l’OCDE, seuls les
Etats-Unis et les Pays-Bas dépensent
plus. Les dépenses de santé par habitant
équivalent en France approximativement
3000 euros chaque année, ce qui reste
deux fois inférieur (en équivalent pouvoir
d’achat) aux dépenses par habitant aux
Etats-Unis. Le rythme de croissance de
ces dépenses de santé par habitant est
sensiblement supérieur à celui du PIB par
habitant. Sur la période 2000-2009, le
taux de croissance des dépenses de santé
par habitant en France équivaut 2,2%
contre une croissance du PIB par habitant
de 0,5%. Cette croissance de la dépense de
santé par habitant est néanmoins moins
élevée en France que dans de nombreux
pays développés (4% en moyenne pour
les pays de l’OCDE), ce qui est un facteur
positif.
Cette croissance des dépenses de santé
peut s’expliquer par l’effet brut du volume
de la démographie, et de la déformation de
la structure par âge de la population, les
personnes âgées dépensant en moyenne
plus pour leur santé que les autres.
Aujourd’hui, selon Cornilleau (2011),
chacun de ses facteurs expliquerait une
croissance de 0,5 point par an de dépenses
totales de santé, soit au total 1% de
croissance annuelle des dépenses totales
de santé imputables à la démographie.
Ensuite, différents travaux économiques
ont également mis en exergue un « effet
de richesse », lié à la croissance du PIB,
modifiant les arbitrages des individus
à l’égard des dépenses de soins (voir
notamment Hall et Jones (2007)). La part
des dépenses de santé dans le PIB tend
en effet à augmenter dès lors que, en
réaction à l’augmentation du PIB et de la
consommation, l’utilité marginale de cette
dernière décroît suffisamment rapidement
relativement, (i) à la satisfaction de vivre
plus longtemps, et (ii) à l’effet des dépenses
de santé sur la capacité à accroître
l’espérance de vie. En d’autres termes,
dans des économies où le PIB par habitant,
et donc la consommation par tête, sont
élevés, les individus préfèrent augmenter
leur effort relatif de consommation de
soins qui accroît leur espérance de vie
tant que ces dépenses sont suffisamment
efficaces.
En parallèle, le progrès technique médical
qui accroît le rendement des dépenses
de santé sur l’espérance de vie contribue
également à expliquer la croissance des
dépenses de santé et l’augmentation de la
part relative de ces dépenses dans le PIB.
Au bilan, sur ce premier aspect lié au
financement du système de santé, on
peut résumer de la façon suivante la
situation française : les dépenses de santé,
initialement élevées, restent en croissance
sensible au vu du rythme de croissance
3 - Une fois la contribution des assurances complémentaires déduites, le reste à charge moyen pour les patients tombe en deçà de 2% en France.
11
2. La pérennité du système de santé à assurer
Figure 2 : Panorama des dépenses de santé (source OCDE)
2.1 Dépenses totales de santé en 2009, en % du PIB
2.2 Taux de croissance annuelle moyen
Dépenses de santé par habitant x PIB par habitant (%) 2000-2009
modérée de la richesse produite et ce
en partie sous l’effet du vieillissement
démographique.
Reste à déterminer si ces dépenses de santé
s’accompagnent d’un niveau élevé d’accès
aux soins et de leur qualité. Il est en fait très
difficile de produire une mesure précise et
exhaustive de la qualité moyenne des soins
en France. Nous proposons en fait de nous
limiter ici à une mesure très imparfaite,
sur la base de l’offre disponible, aux
travers de deux indicateurs quantitatifs
et d’une enquête sur le renoncement aux
soins. Nous considérons le nombre de
médecins en activité pour 1000 habitants,
ainsi que le nombre de lits d’hôpitaux
pour 1000 habitants et les motifs de non
recours aux soins pour les 20% ménages
les plus pauvres et les 20% les plus
riches. La figure 3 reporte la valeur des
12
deux premiers indicateurs en 2000 et en
2009, pour un échantillon de pays de
l’OCDE ainsi que les résultats de l’enquête
européenne SILC (EU-Statistics on Income
and Living Conditions).
Alors que la France est initialement un
des pays où on dépense le plus pour
la santé, l’idée est ici de mesurer si
cette dépense est efficace. L’analyse des
chiffres de la figure 3 conduit toutefois
à des résultats contrastés. Que ce soit en
termes de médecins ou de lits d’hôpitaux,
la France se situe aux alentours de la
moyenne OCDE, avec 3,3 médecins et 6,6
lits d’hôpitaux pour 1000 habitants. Si
l’on compare l’Allemagne à la France, il
faut constater que pour une dépense par
habitant plus faible en Allemagne, l’offre
de lits et le nombre de médecins sont
supérieurs. Les motifs de non recours aux
2. La pérennité du système de santé à assurer
soins entre les deux pays sont comparables
si ce n’est que l’attente semble plus grande
en Allemagne et qu’il existe un motif
d’éloignement qui n’existe pas en France.
Ceci traduit l’organisation de la santé
en Allemagne concentrée sur certains
lieux de soins dans les länder alors que la
France maintient un maillage important
de petites institutions dont le coût élevé
et l’efficacité modérée du fait de faibles
niveaux d’activité sont souvent évoqués
dans les différents classements diffusés
dans la presse française. Les dépenses
importantes de santé engagées en France,
et très largement financées par l’Etat,
ne se traduisent donc pas par un niveau
d’offre de soins supérieur. Des réformes
ont été engagées (plan Hôpital 2007 et
2012) pour réorganiser le maillage de
l’offre de soins, améliorer les systèmes
d’information, mettre en commun des
ressources. En revanche les problèmes
d’implantation de médecins généralistes
et spécialistes dans les petites communes
et en zone rurale sont appelés à s’aggraver.
Si le numerus clausus a été assoupli, il
faut garder en tête que les populations de
jeunes médecins sont majoritairement des
femmes4 (environ 55% dans la classe d’âge
30-39 ans, Sicart (2011)) qui ne suivront
pas nécessairement les exemples de leurs
prédécesseurs masculins en termes de
niveau d’activité si elles souhaitent fonder
une famille.
Au final, ceci suggère que sur le volet
« santé » les réformes prioritaires
doivent plutôt viser à une réallocation
des dépenses, permettant à la fois
d’accroître la densité de médecins en
évitant certains déserts médicaux, et
d’accroître l’offre de soins efficaces au
sein d’hôpitaux moins nombreux. Ceci
peut aussi passer par une optimisation des
dépenses pharmaceutiques (modification
du conditionnement des produits) et
du fonctionnement des hôpitaux, dans
laquelle s’inscrit la récente réforme de la
tarification à l’acte (T2A). Des réformes
ont été engagées. Elles rencontrent parfois
des résistances locales. Il est encore trop
tôt cependant pour en dresser un bilan
précis.
Figure 3 : Indicateurs d’offre de soins
3.1 Médecins en activité pour 1000 habitants, en 2000 et 2009
1. Les données incluent non seulement les médecins dispensant des soins aux patients, mais aussi ceux exerçant dans le secteur de
la santé en tant qu'administrateur, professeur, chercheur, etc. (ajoutant 5 à 10% de médecins).
13
4 - et ceci se confirme dans les promotions en formation.
2. La pérennité du système de santé à assurer
3.2 Nombre de Lits d’hôpitaux pour 1000 habitants, 2000 et 2009
3.3 Besoins insatisfaits d'examen médical pour différentes raisons, par quintile de revenu (Q1 quintile des revenus les plus élevés, Q5
quintile des revenus les plus faibles) pays européens, 2009 (enquête EU-SILC-OCDE).
14
3. A propos du système de formation : repenser
le financement de l’enseignement du supérieur et
subventionner la formation continue
Un second volet de notre modèle
économique et social concerne le système
éducatif, qu’il s’agisse de formation initiale
ou de formation continue. La formation,
déterminant du capital humain des
individus, est sans conteste un moteur
de croissance à long terme. On peut ainsi
se demander si les sommes consacrées à
notre système éducatif sont suffisantes
et le sont à bon escient. Cette question
fondamentale est occultée dans l’actuel
débat présidentiel.
3.1 La formation initiale et la
question du financement de
l’enseignement du supérieur
En France, les dépenses publiques
représentent plus de 50% du PIB, ce qui
nous place en haut de la hiérarchie des
pays de l’OCDE, à des niveaux comparables
aux pays scandinaves. 12% de ces dépenses
publiques sont en fait consacrées à
l’éducation, ce qui traduit un poids du
secteur éducatif dans les dépenses totales
légèrement inférieur à la moyenne OCDE
(autour de 13%), et donc des dépenses au
titre des établissements d’enseignement
(tous niveaux confondus) équivalant 6% du
PIB. Cette position de la France s’explique
en partie par le fait que le système est
largement assis sur la subvention publique,
puisque les dépenses privées engagées
au titre des établissements représentent
moins de 20% (respectivement 10%)
pour l’enseignement tertiaire (primaire et
secondaire). En comparaison, ces chiffres
sont de 30% (resp. 10%) pour la moyenne
OCDE et 60% (resp. 10%) pour les EtatsUnis. Une plus grande participation des
personnes privées, propriétaires à l’issue
de leur formation de leur capital humain,
entraîne un niveau global moyen de
dépenses plus élevé dans ces pays.
L’évaluation de la pertinence de cette
caractéristique peut s’envisager de
différentes manières. Nous nous référons de
nouveau ici aux travaux de l’OCDE (Regards
sur l’Education 2011). La figure 4 reporte la
proportion de diplômés de l’enseignement
tertiaire dans la population dans différents
pays de l’OCDE. Pour la tranche d’âge
25-34 ans, seule un peu plus de 40% de la
population est diplômée de l’enseignement
du supérieur, ce qui place la France « dans
le ventre mou » du classement, les chiffres
allant de 10% à 60%. De même, le taux de
scolarisation des 20-29 ans équivaut 19%
en 2009 contre 26% (respectivement 27%)
pour la moyenne OCDE (resp. zone Euro).5
Ce bref aperçu suggère donc que, malgré
un investissement important de l’Etat en la
matière, la France n’est pas caractérisée par
un taux de scolarisation et un pourcentage
de diplômés de l’enseignement du supérieur
aussi élevé qu’on aurait pu l’espérer.6 Dans
ce contexte et compte tenu de la nécessité
d’investir dans l’enseignement supérieur
dans le cadre de l’agenda de Lisbonne
(révisé), il est nécessaire de questionner le
mode de financement de l’enseignement
du supérieur choisi en France.
Il s’agit d’un point sensible qui, bien
qu’absent du débat présidentiel, a été
évoqué par les présidents d’université
lors de leur dernier colloque annuel face
aux difficultés financières de l’Etat. La
difficulté à faire des arbitrages budgétaires
favorables à l’enseignement supérieur
a d’ailleurs été également rappelée par
Laurent Wauquiez lors de son intervention
devant la Conférence des Présidents
d’Université.
Au-delà des questions relatives aux
aides (au logement notamment) qui sont
5 - Les taux de scolarisation pour les 15-19 ans apparaissent en revanche relativement homogènes au sein de l’OCDE.
6 - Pour avoir une appréciation du système éducatif à des niveaux inférieurs, on peut par exemple se référer à l’enquête PISA menée par l’OCDE. En 2009, sur la compréhension
de l’écrit, le score moyen en France est 496 (493 en moyenne OCDE), sur une échelle allant de 412 au Brésil à 539 en Corée.
15
3. A propos du système de formation : repenser
le financement de l’enseignement du supérieur et
subventionner la formation continue
Figure 4. Proportion de diplômés de l’enseignement tertiaire dans la population, selon le groupe d’âge (2009)
Source : OCDE, Regard sur l’éducation 2011
importantes, le cœur de la réflexion porte
sur la manière d’accroître la réussite et en
parallèle d’améliorer la justice sociale du
système tout en dégageant des ressources,
car la France connaît sans conteste un
problème « d’égalité des chances » avec une
forte polarisation des dépenses publiques
sur certains diplômes. Ceci conduit à des
problèmes d’équité fiscale. Cette discussion
a été menée par l’EDHEC, qui propose de
revoir en profondeur le financement de
l’enseignement du supérieur.
L’EDHEC veut prendre à contre-pied le
mythe de « l’Université gratuite », qui
sous couvert d’un égalitarisme de façade
masque des problèmes d’équité d’accès et
d’équité fiscale : si l’Université n’est pas
gratuite, c’est qu’elle est payée in fine par
le contribuable. Par rapport à la situation
moyenne pour une génération, les
personnes d’origine populaire ont un taux
d’accès à l’enseignement supérieur deux
fois moins élevé, tandis que ceux d’origine
sociale supérieure ont un taux d’accès
deux fois plus élevé. Les inégalités d’accès
à l’enseignement supérieur selon l’origine
16
sociale sont d’autant plus fortes qu’elles
recouvrent des niveaux de subventions
publiques très hétérogènes selon le cursus
suivi.
Un argument généralement avancé pour
relativiser les inégalités générées par cette
hétérogénéité d’investissement consiste à
arguer du fait qu’un diplômé du supérieur
au sortir de ses études trouve facilement
un travail avec un bon niveau de salaire et
que le niveau de prélèvement obligatoire
auquel il est soumis compense largement ces
investissements initiaux de la collectivité.
Toutefois, pour 15% des diplômés du
supérieur, le montant des impôts collectés
tout au long de leur vie ne couvre pas la
dépense publique de formation initiale
(compte tenu de son coût d’opportunité) ;
pour les écoles d’ingénieurs ce taux atteint
22% et est un peu plus élevé pour les
très grandes écoles d’ingénieurs. Par
ailleurs, ce type d’argument valable il y a
quelques décennies ne l’est plus dans une
situation de globalisation des économies
et d’une mobilité internationale accrue
des élites. L’irrationalité de cette situation
3. A propos du système de formation : repenser
le financement de l’enseignement du supérieur et
subventionner la formation continue
commence à être perçue puisque l’Ecole
Polytechnique a décidé qu’à partir de
2013, les élèves ne prenant pas de poste
dans l’administration devraient s’acquitter
de frais de scolarité.
L’EDHEC recommande de changer
un modèle qui peine à favoriser la
mobilité sociale en France et a perdu sa
logique dans un monde globalisé aux
élites mobiles, par le biais d’un contrat
d’enseignement supérieur. Il s’agit d’un
contrat tripartite entre l’établissement
d’enseignement supérieur, la collectivité
et l’étudiant. Ce contrat spécifie le
niveau des investissements publics dont a
bénéficié le diplômé, ce que l’individu doit
à la collectivité (les droits d’inscription), et
les conditions de paiement de ces droits.
Dans ce cadre, il nous parait primordial
d’assortir l’augmentation des droits
d’inscription d’un Prêt à remboursement
conditionnel au revenu (PARC). Durant la
période de remboursement, c’est-à-dire
après l’entrée sur le marché du travail, les
annuités ne sont effectivement versées
par l’ancien étudiant que si son revenu
courant est supérieur à un certain seuil.
Il nous semble que la mise en place
de Contrat d’enseignement supérieur a
plusieurs avantages : 1) elle rend public les
coûts publics de l’enseignement supérieur,
2) elle ne remet pas en cause brutalement
le système de formation actuelle, 3)
elle permet de dégager des ressources
financières en misant sur la réussite des
étudiants et en tenant compte de leur
capacité contributive effective, 4) elle offre
une assurance contre un surendettement
en cas de début de carrière poussif. Les flux
financiers collectés peuvent être utilisés
pour accompagner le développement des
établissements et renforcer et étendre les
aides aux étudiants de manière pérenne.
Un tel dispositif permettrait, sur la base
des paramètres retenus par l’EDHEC, de
dégager de l’ordre de 0,5 milliard d’euros
à la fin du quinquennat ; arrivé à maturité
ce dispositif rapporterait un peu moins de
cinq milliards.
3.2 Repenser le système de
formation professionnelle
continue pour plus d’efficacité et
d’équité
En France, 30 milliards d’euros sont
consacrés à la formation professionnelle
continue, soit environ 1,5% du PIB.
Les entreprises constituent le premier
financeur de ces dépenses, à hauteur de
12,6 milliards (42% des dépenses totales),
à destination donc des salariés. Mais l’Etat
et les Régions abondent également à ce
financement, notamment à destination
des chômeurs, respectivement à hauteur
de 16% et 15%, soit pour ces deux
contributeurs un total de 9,3 milliards
d’euros.
La contribution de l’Etat en France est
ainsi du même acabit qu’en Allemagne,
en Finlande ou en Suède, mais en revanche
quatre fois plus élevée qu’au RoyaumeUni, aux Etats-Unis ou en Australie ; l’Etat
danois contribue lui quatre fois plus que
l’Etat français, en pourcentage du PIB (voir
données OCDE, extractions issues de la
base fournie par Bassani et Duval [2006]).
Dans une perspective internationale,
l’effort financier de l’Etat en faveur de
la formation professionnelle se situe
donc dans une fourchette haute. Tel est
également le cas s’agissant des dépenses
de formation engagées par les entreprises.
La figure 5 exploite les données d’Eurostat,
en présentant les dépenses de formation
professionnelle en entreprises, en
17
3. A propos du système de formation : repenser
le financement de l’enseignement du supérieur et
subventionner la formation continue
Figure 5. Dépenses de formation professionnelle en entreprises, en % du coût total de la main-d’œuvre
Source : Données Eurostat – CVTS, Enquêtes 1999 et 2005.
pourcentage du coût total de la main
d’œuvre, pour les différents pays de l’Union
Européenne : les entreprises françaises
consacraient en 2005 2,3% de leur masse
salariale aux dépenses de formation
continue, soit un niveau comparable aux
pays Nordiques.
18
Globalement, on peut donc considérer
que la France consacre un effort financier
à la formation professionnelle continue
quantitativement important. La question
n’est donc pas tant de savoir s’il faut
dépenser plus, mais de déterminer si les
financements actuels sont utilisés de
manière efficace. C’est en fait là que «
le bât blesse ». Le système français de
formation continue est fortement marqué
par le dispositif d’obligation à former ou
payer. Plusieurs voix se sont élevées pour
contester l’efficacité de ce dispositif (voir
encore le récent rapport de Cahuc, Ferraci
et Zylberberg [2011]), la loi de février
2007 sur la formation tout au long de la
3. A propos du système de formation : repenser
le financement de l’enseignement du supérieur et
subventionner la formation continue
vie n’ayant notamment pas remis en cause
ce dispositif. Les implications perverses du
dispositif central du système de formation
professionnelle continue des salariés « former ou payer » - sont en effet
bien établies. L’entreprise a l’obligation
d’effectuer des dépenses de formation, à
hauteur d’une certaine proportion de sa
masse salariale (1,6% pour les entreprises
d’au moins 20 salariés), ou de s’acquitter
d’une taxe. L’entreprise ayant la liberté de
choisir les bénéficiaires de ces dépenses,
il en résulte que les travailleurs les moins
qualifiés en sont relativement moins
destinataires. L’introduction du Droit
Individuel à la Formation en 2007 pourrait
en partie contrecarrer ce phénomène :
l’individualisation des droits implique
que tout travailleur peut prétendre à un
minimum de formation. Toutefois, ce DIF
ne permet au salarié d’accumuler des
droits à la formation qu’à hauteur de 20
heures par an, avec un volume global
plafonné à 120 heures.
L’instauration de subventions publiques
à la formation, sous forme de déductions
fiscales financées via un prélèvement sur
la masse salariale, comme le proposent en
particulier Cahuc, Ferraci et Zylberberg,
constitue un moyen de stimuler des
dépenses efficaces de formation, tout en
évitant certaines dépenses contraintes,
inefficaces. Rappelons que la prise en
charge d’une partie des coûts inhérents à
la formation professionnelle de certains
travailleurs par la collectivité se justifie
par le gain collectif qui peut en être tiré.
que, pour une classe d’âges et une catégorie
socioprofessionnelle (CSP) donnée, il serait
socialement souhaitable de subventionner
relativement plus (moins) la formation
des travailleurs payés en deçà (au-dessus)
de la moyenne des rémunérations. Un
salaire mensuel de 1400 euros ne donne
en effet pas la même indication s’il s’agit
d’un technicien de 50 ans ou 25 ans,
de même qu’il ne donne pas la même
information s’il s’agit d’un cadre ou d’un
technicien âgés tous deux de 25 ans. En
d’autres termes, on pourra suspecter que,
en moyenne, le technicien de 50 ans ou
le cadre âgé de 25 ans présentent des
caractéristiques inférieures aux moyennes
de leur groupe d’appartenance, justifiant
l’instauration de taux de subvention plus
élevés sur ces cibles. Cette proposition
suggère notamment l’instauration d’une
grille de taux de subvention propre à
chaque CSP, mais avec des taux moyens
de subvention identique pour chaque CSP.
Au bilan, il serait certainement possible
de dépenser mieux tout en dépensant
moins pour la formation professionnelle,
en faisant reposer le système de formation
continue sur des subventions modulées
avec la rémunération. Ceci permettrait,
d’une part, d’éviter certaines dépenses non
productives et, d’autre part, de réallouer
les dépenses vers certains travailleurs dont
la productivité est inférieure à la moyenne.
Dans cette logique, l’EDHEC a récemment
souligné l’intérêt qu’il y aurait à mettre en
place une modulation des subventions à la
formation en fonction de la rémunération
des salariés. Il est notamment souligné
19
4. Un système de protection des travailleurs qui
protège les insiders
Si le système éducatif, au travers de
la formation initiale et de la formation
continue des travailleurs, constitue
sans nul doute un déterminant de la
performance du marché du travail, les
institutions qui régulent ce marché sont
évidemment elles aussi du premier ordre
quand il s’agit d’analyser des indicateurs
tels que les taux de chômage ou les taux
d’emploi.
A cet égard, on peut également
considérer qu’il y a un particularisme
français, caractéristique de notre modèle
économique et social. Le Tableau 2 souligne
en effet que la France se démarque par la
combinaison d’une législation en matière
de protection des emplois très stricte et
d’une assurance chômage relativement
élevée ; ce constat n’est pas nouveau
comme le suggère également la Figure 6
qui présente des indicateurs équivalents
pour différents pays de l’OCDE en 2000.
L’EDHEC a récemment souligné que cette
combinaison, si elle pouvait constituer un
outil de sécurisation pour les adultes sans
dommage pour leurs emplois, pouvait en
revanche s’avérer très dommageable pour
l’insertion des jeunes sur le marché du
travail.
Précisons tout d’abord que les statistiques
en matière de chômage des jeunes en
France sont en effet loin d’être élogieuses.
Alors qu’en 2010 les taux de chômage et
de non-emploi moyens étaient en France
relativement proches de la moyenne OCDE,
le taux de chômage des jeunes (15-24 ans)
était 2,4 fois plus élevé que le taux de
chômage moyen, à comparer aux chiffres
de 1,4 pour la moyenne OCDE et même
1,15 pour l’Allemagne. Si déficit d’emploi
il y a également pour les seniors, on
notera toutefois qu’il est clairement moins
marqué que pour les jeunes, et surtout que
l’écart avec les autres pays de l’OCDE est
bien moindre que pour les jeunes (Tableau
3). De même, les évolutions des taux
d’emploi en France sont symptomatiques
(Figure 6) : alors que le taux d’emploi des
55-59 ans est depuis 10 ans en phase
d’augmentation relativement à celui de
35-39 ans, puisqu’il a gagné près de 10
points sur cette période, on n’observe
pas de telle tendance chez les jeunes. Le
taux d’emploi des 20-24 ans qui était
équivalent au milieu des années 1970 à
celui des 35-39 ans, ne représente plus
depuis le milieu des années 1990 que 60%
du taux d’emploi des 35-39 ans. Aucune
inversion de tendance durable n’est de
plus à noter.
De ce point de vue, on ne peut donc
que rejoindre le diagnostic des principaux
candidats à l’élection présidentielle : les
difficultés d’insertion des jeunes sur le
marché du travail sont « un cancer de
notre société ». Dans quelle mesure peuton tenir pour responsable de ce diagnostic
nos institutions sur le marché du travail ?
Tableau 2. Indicateurs de protection des emplois et d’assurance chômage (données OCDE 2007,2008)
20
Indicateur de niveau de protection des
emplois (données 2008)
Ratio de remplacement
(en % du salaire passé, données 2007)
OCDE
2,1
24,7
Etats-Unis
0,7
13,6
Allemagne
2,4
23,7
France
2,9
39
4. Un système de protection des travailleurs qui
protège les insiders
Tableau 3. Taux de chômage et taux de non-emploi
2000
2010
6,3
8,5
4
9,8
Taux de chômage moyen
OCDE
Etats-Unis
Allemagne
7,8
7,2
France
10,3
9,3
34,6
35,4
Taux de non-emploi moyen
OCDE
Etats-Unis
25,9
33,3
Allemagne
34,4
28,8
France
38,3
36
OCDE
1,35
1,38
Etats-Unis
2,45
1,98
Allemagne
0,92
1,15
2
2,42
Taux de chômage 15-24/ Taux de chômage moyen
France
Taux de non-emploi 55-64/ Taux de non-emploi moyen
OCDE
1,51
1,30
Etats-Unis
1,62
1,19
Allemagne
1,81
1,47
France
1,85
1,67
Figure 6. Les combinaisons institutionnelles (données OCDE 2000)
Figure 7. Taux d’emploi par âge en France
21
4. Un système de protection des travailleurs qui
protège les insiders
L’EDHEC a récemment souligné que la
combinaison
assurance
chômageprotection des emplois en France pouvait
expliquer l’occurrence de taux d’emploi
chez les adultes comparables à la moyenne
OCDE et parallèlement des taux d’emploi
très faibles chez les jeunes.
En d’autres termes, le choix fait en France
d’une protection des emplois importante
et d’une assurance chômage élevée
conduit in fine à protéger les insiders (les
travailleurs en place) et ralentit l’insertion
des outsiders (les jeunes). Les raisons en
sont relativement simples, la combinaison
institutionnelle retenue conduit à
simultanément réduire les créations et les
destructions d’emplois, alors que pour les
jeunes le taux d’emploi est évidemment
en premier lieu conditionné par les
embauches.
D’une part, un niveau d’indemnisation
chômage élevé pèse sur l’effort de
recherche d’emploi des chômeurs et
fait pression à la hausse des salaires.
Les coûts de séparation importants liés
à la législation sur la protection des
emplois7, et anticipés par les employeurs,
conduisent également ces derniers à être
plus timorés en matière d’embauches.
Ces différents arguments concourent à
réduire les créations d’emplois. D’autre
part, ces coûts de licenciement élevés
limitent les destructions d’emplois. Dès
lors, pour la statistique agrégée du taux
d’emploi, ces deux effets de sens opposés
peuvent se compenser pour les travailleurs
en place, c'est-à-dire de plus de 30 ans. En
revanche, ce bilan peut ne pas s’équilibrer
pour les jeunes pour qui, avant tout, la
problématique est de trouver un premier
emploi, c'est-à-dire avant même de savoir
si celui-ci sera plus ou moins durable.
Les données du problème sont donc les
suivantes : souhaite-t-on revoir notre
22
système de protection sociale des travailleurs
qui privilégie les travailleurs en place à
l’encontre des jeunes ? Cette question
pose un véritable dilemme, qui mériterait
d’être abordé durant le débat présidentiel.
Mais il est vrai que le sujet est difficile :
comment avoir une discussion sereine à ce
sujet sans être taxé d’excès de libéralisme ?
Les niveaux d’assurance chômage et de
protection des emplois doivent a priori
garantir une sécurité aux travailleurs. Les
évaluations subjectives de cette sécurité,
ou plutôt donc sur le sentiment de
sécurité/précarité, montrent cependant
qu’il n’est pas aussi élevé que ce qui
pourrait être attendu. Ceci suggère que le
sentiment de précarité ne relève pas tant
de la « probabilité » de licenciement, mais
plutôt du poids accordé à la réalisation
de ce risque, c'est-à-dire aux durées de
chômage élevées en moyenne supportées
par les travailleurs qui perdent leur emploi.
Les alternatives à notre système sont
bien connues : soit un système à l’anglosaxonne avec une assurance chômage et
une protection des emplois faibles, soit
une flexisécurité à la Danoise maintenant
une indemnisation chômage au moins
aussi généreuse qu’en France mais
laissant une plus grande flexibilité aux
entreprises dans leur gestion de main
d’œuvre. La « nouveauté » de la réflexion
menée présentement consiste donc à dire
que le choix de ce système n’est pas
nécessairement déterminant pour l’emploi
des adultes mais peut en revanche l’être
s’agissant de l’emploi des jeunes, alors que
c’est précisément pour cette catégorie de
travailleurs que la performance française
en matières d’emplois se situe bien en
deçà de la moyenne internationale.
Reste à préciser dans quel contexte
financier de l’assurance chômage cette
réflexion doit être menée. En 2011, le
déficit de l’UNEDIC s’établissait à 2,5
7 - Ces coûts intègrent non seulement les indemnités de licenciement mais aussi l’ensemble des coûts administratifs et procéduraux intégrés dans l’indicateur OCDE mesurant le degré
de protection des emplois.
4. Un système de protection des travailleurs qui
protège les insiders
milliards d’euros. Pour 2012, le déficit
prévu se monte à 4,3 milliards d’euros, avec
un endettement supérieur à 15 milliards.
Au bilan, même si la situation des jeunes ne
doit pas être opposée à celle des adultes,
il n’en demeure pas moins qu’au travers
de nos institutions un certain arbitrage
a été effectué, sur lequel il faudrait
certainement revenir. Selon l’EDHEC, ce
diagnostic général plaide donc, d’une
part, pour une maîtrise des dépenses de
l’assurance chômage, par exemple via
la fixité du montant des indemnités en
termes nominaux, et d’autre part pour
une réduction notable de la protection
des emplois.
Le gouvernement n’a pas rien tenté
en la matière durant la présidence de
Nicolas Sarkozy. Toutefois, le dispositif
de rupture conventionnelle adopté n’a
pas tant sécurisé le licenciement pour les
entreprises qu’introduit une subvention
publique aux démissions, ce dispositif
ouvrant effectivement droit à l’assurance
chômage. Plutôt qu’introduire un nouveau
dispositif, il semblerait donc préférable
de revenir sur la législation entourant
actuellement les licenciements, en
l’assouplissant. Rappelons à cet égard,
et pour conclure, que le sentiment de
précarité ne relève pas tant de l’exposition
des travailleurs au licenciement mais
plutôt au fait que si licenciement il y a, le
travailleur anticipe que le temps passé au
chômage risque d’être élevé.
Si l’emploi des jeunes est effectivement
une priorité des candidats à l’élection
présidentielle, une discussion doit
s’engager sur ce terrain : favoriser la
création d’emplois quitte à ce que cela
passe par une remise en cause partielle de
la situation des insiders.
23
Conclusion
Le principal objectif de ce document est
de stimuler une discussion, à l’occasion de
l’élection présidentielle, sur l’évaluation
de notre modèle économique et social au
sens large. Le rapide tour d’horizon que
nous avons dressé suggère que, si dans
les secteurs de la santé ou des retraites,
des réformes ont déjà été engagées et
doivent être poursuivies, les priorités
actuelles concernent certainement le
système éducatif et la protection sociale
des travailleurs. Sur ces deux terrains,
l’EDHEC apporte des propositions : d’une
part, le financement de l’enseignement du
supérieur et les incitations à la formation
continue devraient être repensés, par
le biais d’un contrat d’enseignement
supérieur impliquant financièrement
le jeune diplômé en cas de succès
professionnel et d’une modulation des
subventions à la formation en fonction
de la rémunération des travailleurs en lieu
et place du dispositif « former ou payer ».
D’autre part, la législation entourant les
modalités de licenciement devrait être
revue, car en l’état elles se traduisent par
une forte protection des adultes allant à
l’encontre de l’insertion des jeunes.
24
Position-Papers et Publications du Pôle de Recherche
en Economie de l’EDHEC (2009-2012)
Position Papers 2012
• Chéron, A., et S. Gregoir. Le modèle économique et social français doit s’adapter pour
durer (avril).
• Courtioux, P., et S. Gregoir. Mettre en place des Contrats de formation supérieure pour
développer une société des savoirs (février).
• Chéron, A. De la modulation des subventions à la formation continue des salariés (janvier).
Position Papers 2011
• Gregoir, S., et T.-P. Maury. La dégradation des rendements locatifs affectera l’évolution
des prix de l’immobilier (décembre).
• Courtioux, P. L’origine sociale joue-t-elle sur le rendement des études supérieures ?
(novembre).
• Chéron, A. Un haut niveau de protection de l'emploi ralentit l'insertion des jeunes sur
le marché du travail (juillet).
• Gregoir, S., et T.-P. Maury. The Impact of unemployment on homeownership in England
(juin).
• Courtioux, P., et S. Gregoir. L’investissement public dans l’enseignement supérieur remet-il
en cause l’équité fiscale ? (février).
• Chéron, A. L’évolution de la formation professionnelle continue : une perspective
internationale (janvier).
Position Papers 2010
• Palomino, F. Peut-on rendre les stock options versées aux dirigeants plus efficaces ?
(octobre).
• Courtioux, P., S. Gregoir. Les propositions de l’EDHEC pour réformer l’enseignement
supérieur : les contrats de formation supérieure (septembre).
• Amenc, N., Chéron, A., Gregoir. S., et L. Martellini. Il faut préserver le Fonds de Réserve
pour les Retraites (juillet).
•  Chéron, A. Réformer la protection de l’emploi des seniors pour accompagner l’augmentation
de l’âge de départ à la retraite : que peut-on attendre d’une baisse du coût de licenciement
d’un senior ? (mai).
• Gregoir, S., M. Hutin, T.-P. Maury et G. Prandi. Quels sont les rendements de l'immobilier
en Ile-de-France ? (mai).
• Chéron, A. Faut-il plus protéger les emplois à bas salaires ? (janvier).
•  Courtioux, P. L’effet du système socio-fiscal sur les rendements privés de l’enseignement
supérieur (janvier).
Position Papers 2009
• Palomino, F. La parité homme-femme est elle soluble dans les concours ? (juin).
• Chéron, A. Réformer l'indemnisation des chômeurs : plus de redistribution et moins
d'assurance (juin).
• Chéron, A. Quelle protection de l’emploi pour les seniors ? (janvier).
• Courtioux, P. Peut-on financer l’éducation du supérieur de manière plus équitable ?
(janvier).
• Gregoir, S., et T.-P. Maury. L’incertitude liée à la contraction du marché immobilier pèse
sur l’évolution des prix (janvier).
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Notes
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Le Groupe EDHEC a pour vocation de former des
étudiants et des dirigeants à mener des projets
et des hommes dans un contexte multiculturel.
Le Groupe offre un éventail de formations
destinées à couvrir l’ensemble des besoins des
entreprises. Sa large gamme de programmes
diplômants internationaux attire des étudiants
du monde entier. Près de 5 400 étudiants et
5 500 cadres en séminaires et formation sont
actuellement répartis sur ses cinq sites de Lille,
Nice, Paris, Londres et Singapour.
Dans le cadre de sa stratégie internationale,
le Groupe EDHEC développe une politique
innovante de recherche pour les entreprises,
organisée autour de six pôles de recherche.
Accréditée AACSB, AMBA et EQUIS, l’EDHEC
est régulièrement classée parmi les meilleures
écoles de gestion européennes.
Depuis février 2006, l’EDHEC dispose d’une
équipe de recherche en économie sur l’évaluation
des politiques publiques et la réforme de l’Etat.
Les objectifs du pôle sont de réaliser une
recherche innovante et appliquée permettant
à l’EDHEC de disposer d’une expertise reconnue
d’un point de vue académique sur des thèmes
stratégiques pour l’économie française.
Aujourd’hui le pôle de recherche « Economie »
fédère une équipe de 10 professeurs et
chercheurs permanents et associés autour
de grands thèmes qui s’articulent selon deux
directions, d’une part des problématiques à
l’intersection des questions économiques et
financières et d’autre part liées au modèle social
français, et plus particulièrement au marché
du travail et à l’éducation.
Copyright © 2012 EDHEC
Plus d’informations sur le site web du Groupe
EDHEC : www.edhec.com
EDHEC BUSINESS SCHOOL
PÔLE DE RECHERCHE EN ÉCONOMIE,
ÉVALUATION DES POLITIQUES
PUBLIQUES ET RÉFORME DE L'ÉTAT
393-400 promenade des Anglais
06202 Nice Cedex 3
Tél. : +33 (0)4 93 18 32 53
Fax : +33 (0)4 93 18 78 40
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