technique retenue permette de mettre en évidence les
contaminants présents, de les identifier et éventuellement
de les quantifier. En effet, même pour un impact pédagogi-
que, les résultats obtenus doivent être les plus proches
possibles de la contamination réelle. Dans la recherche
d’un réservoir microbien, la technique doit être à même de
trouver les bactéries à l’origine de l’épidémie.
Plusieurs techniques de prélèvements sont proposées dans
la littérature [6, 7] comme les empreintes directes à l’aide
de lame gélosées ou de géloses contacts « count tact » ou
« Rodac », le transfert sur velours, le « brossage-lavage-
récupération », « l’aspersion-récupération » et l’écou-
villonnage à l’aide d’un écouvillon humide pressé dans
l’eau stérile ou simplement épuisé dans un milieu de cul-
ture. Le rendement de chacune de ces méthodes est varia-
ble, fonction d’un coefficient « d’arrachement » des
micro-organismes à la surface prélevée, qui dépend
notamment de la nature de cette surface et des espèces
bactériennes présentes. La standardisation de ces métho-
des n’est pas toujours possible, en effet, les paramètres qui
interviennent au cours du prélèvement sont sujets à de
nombreuses variables.
Le prélèvement par la technique « count tact » ou « gélose
Rodac » n’est possible que sur les surfaces planes, même
si les pressions sont standardisées. Mais les incertitudes
sont nombreuses quant au rendement d’extraction qui
dépend du type de surface, de l’espèce voire de la souche
bactérienne et rendent les bénéfices attendus minces. Le
Rodac peut néanmoins être utilisé à des fins de comparai-
son des procédures de bionettoyage par exemple, à condi-
tion que le rendement d’extraction soit suffisant pour la
surface étudiée et permette effectivement d’isoler suffi-
samment d’espèces bactériennes pour une comparaison de
résultats. Lemmen et al. [8] montrent néanmoins une dif-
férence d’efficacité des méthodes de prélèvements de
surfaces en fonction des espèces identifiées. Ainsi, la tech-
nique Rodac a, selon ces auteurs, une sensibilité proche de
70 % pour isoler les bactéries à Gram positif alors que les
écouvillons seraient mieux adaptés à la mise en évidence
des bactéries à Gram négatif (sensibilité de 74,4 %) [8].
Nous avons choisi une technique simple qui permet
d’effectuer les prélèvements sur tous les types de surfaces
et notamment celles qui sont le plus manipulées, qui pour-
raient par conséquent être contaminées et donc constituer
des réservoirs pour les espèces manuportées.
Nous avons volontairement privilégié la comparaison des
techniques à partir de prélèvements effectués sur des sur-
faces hospitalières plutôt que des surfaces artificiellement
contaminées. De même, nous ne calculons pas de rende-
ments d’extraction [9] qui ne peuvent être réalisés que sur
des surfaces planes par la technique des empreintes gélo-
sées et devraient être calculés pour chaque type de surface.
Nous comparons quatre techniques associant ou non une
étape d’enrichissement et un milieu de culture pauvre ou
riche, à partir d’un même prélèvement effectué par un seul
écouvillon.
Les recommandations en matière de prélèvements micro-
biologiques des surfaces proposent les indications de ces
analyses mais ne détaillent pas la méthodologie à suivre
[5, 6]. Les milieux de culture à utiliser ne sont notamment
pas spécifiés et le choix de ces milieux est aussi contro-
versé entre des milieux dits pauvres, permettant la culture
des bactéries stressées par un environnement hostile à leur
survie et les milieux enrichis comme les géloses au sang.
La microbiologie de l’environnement recommande
notamment pour la mise en évidence et la quantification
des bactéries dans l’eau l’utilisation de milieu nutritifs très
pauvres comme le milieu R2A qui ne contient que 1,5 %
d’extraits protéiques (tryptone : 0,25 % ; peptones :
0,75 % et extrait de levure : 0,5 %), des milieux comme le
TGEA ou des milieux « à l’eau » afin de maintenir les
bactéries dans des milieux les plus proches possibles de
leur écosystème naturel.
Nos résultats montrent que l’utilisation de milieux pauvres
ne se justifie manifestement pas pour la recherche des
bactéries de surfaces qui, bien que stressées par leur man-
que de nutriments, retrouvent rapidement la vitalité néces-
saire à leur mise en évidence par une étape d’enrichisse-
ment en milieu nutritif riche liquide.
Nous avons voulu comparer quatre techniques dont deux
incluent une étape d’enrichissement en milieu liquide.
Cette étape s’apparente à la « revitalisation » des bactéries
telle qu’elle est préconisée en microbiologie des aliments
par exemple. Elle permet une première culture des bacté-
ries présentes et une prolifération facilitant leur mise en
évidence secondaire à la surface d’un milieu gélosé. À la
lecture de nos résultats, cette étape d’enrichissement,
même si elle nécessite une incubation supplémentaire de
18 heures, est fondamentale pour la mise en évidence de
nombreuses espèces bactériennes pertinentes en hygiène
hospitalière comme Staphylococcus aureus, Pseudomo-
nas aeruginosa ou E. coli, responsables respectivement de
19,8, 11,1 et 22,6 % des infections nosocomiales en
France [10].
Dans notre travail, les résultats obtenus par les techniques
sans enrichissement (techniques 1 et 2) pourraient être
comparés à des prélèvements de type Rodac puisque dans
les deux cas, c’est l’application directe sur le milieu
gélosé des bactéries provenant de la surface. Or nous mon-
trons une très faible efficacité de cette méthode pour isoler
les bactéries d’intérêt en termes d’hygiène hospitalière et
d’infections nosocomiales. Même les espèces omnipré-
sentes dans un environnement fréquenté par l’homme
(Bacillus sp et Staphylococcus sp) ne sont pas systémati-
quement mises en évidence.
article original
Ann Biol Clin, vol. 63, n° 5, septembre-octobre 2005484
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