des différences entre races, l’ Intelligence des Blancs et des Nègres10. Ils eurent un tel succès
aux Etats-Unis que lors du recrutement des cadres de l’armée américaine en 1917 on crut
s’apercevoir des maigres scores des soldats noirs à la différence des WASP. Apparemment
détachée de tels intérêts pseudo-scientifiques, l’école de psychologie française à ses débuts va
néanmoins développer un terreau favorable à la psychologie des foules11 puis à celle des
peuples répondant en cela aux préoccupations républicaines du temps12. Ce fut dans cette
perspective que s’inscrivit le travail du célèbre havrais André Siegfried.
II-La figure emblèmatique du politologue normand A. Siegfried et son héritage intellectuel
(France des années 30 et pays anglo-saxons).
1)-André Siegfried, sa pensée, son milieu intellectuel et culturel de la veille de la
première guerre mondiale à l’après seconde guerre mondiale :
-le parcours d’un « grand havrais »:
André Siegfried fut une figure emblèmatique de la IIIe puis de la IVe
République13. Représentant éminent de la science politique française dans les années qui
suivirent la Libération, il fut un proche du président René Coty. Professeur au collège de
France, il fut nommé membre de l’Institut puis président du conseil d’administration de
l’Ecole libre de Science Politique. Il y poursuivit ses cours pendant la seconde guerre
mondiale tout comme au Collège de France. Il cumulait alors ses fonctions avec celle de
membre de l’Académie des Sciences Morales et Politiques et de président de l’Association
Française de Science Politique. Il y professait aussi des cours sur les « races » tout en restant
silencieux sur les rafles organisées par Vichy. Ce qui lui a été reproché bien plus tard. En
effet, Siegfried avait été désigné par Pétain pour être membre du Conseil National de Vichy,
poste qu’il refusa à la différence des petits déjeuners à l’Ambassade d’Allemagne à partir de
194114.
10 Voir les différents numéros de L’Année Psychologique et
11Voir Barrows (S.), Miroirs déformants : réflexions sur la foule en France à la fin du XXe siècle, Paris, Aubier,
1990, 226p. et Moscovici (S.), L’âge des foules. Un traité historique de psychologie des masses, Paris,
Complexe, 1985, 503p.
12Voir Rosanvallon (P.), Le peuple introuvable. Histoire de la représentation démocratique en France, Paris,
Gallimard, 1998 (notamment le chapitre III « Sociologie et démocratie », pp131-175). ; Balibar (E.), Wallerstein
(E.), Race, nation, classe, Paris, La Découverte, 1997. ; Noiriel (G.), Etat, nation et immigration. Vers une
histoire du pouvoir, Paris, Gallimard, 2001, 587p. et Arendt (Hannah), Les origines du totalitarisme.
L’impérialisme, Fayard, 1968, 350p. (notamment les chapitres « Race et bureaucratie » pp111-170 et « Le déclin
de l’Etat-Nation et la fin des Droits de l’homme », pp239-292.
13 Claret (Ph.), « André Siegfried et la psychologie politique. Contribution à la relecture d’une œuvre
scientifique », Cahiers de sociologie économique et culturelle. Ethnopsychologie, n°23, juin 1995, pp9-33. ;
Bonnefous (E.), « Le centenaire d’André Siegfried », Nouvelle Revue des Deux-Mondes, 1975, n°7, pp17-23. ;
Célébration du centenaire de la naissance d’A. Siegfried : séance du 26 mai 1975, Institut de France, Académie
Française, Section des Sciences Morales et politiques, Paris, 37p. ; Comité pour le centenaire de la naissance
d’André Siegfried, Collège de France (Paris, mars 1975), Paris), L’œuvre scientifique d’André Siegfried, Presses
de la Fondation nationale des Sciences politiques, 1977, 129p. ; Pommier (J.), Notice sur la vie et les travaux
d’André Siegfried (1875-1959), Paris, Institut de France, Firmin-Didot, 1961.
14 Voir sur ce point Sternhell (Zeev), « Morphologie et historiographie du fascisme en France » dans Ni droite,
Ni gauche. L’idéologie fasciste en France, Paris, Fayard, pp11-112. (Préface à la 3e édition), Birnbaum (P.),
« André Siegfried. La géographie des races » dans La France aux Français. Histoire des haines nationalistes,
Paris, Seuil, 1993, pp ainsi que Milza (P.), Présentation, Siegfried André, Tableau politique de la France de
l’ouest, Imp. Nat., 1913 (Rééd. 1995), Paris, pp7-35. Milza (P.), Fascisme français : passé et présent, Paris,
Flammarion, 1987, 463p.