8 janvier 2015
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Perspectives économiques et financières 2015
Perspectives économiques pour 2015
En ce début de 2015, nous nous trouvons à la croisée des chemins en
termes de prévisions économiques. Nous sommes convaincus depuis
peu que l’économie américaine est définitivement tirée d'affaire malgré
les vents contraires qui persistent en début d'année ailleurs dans le
monde.
En conséquence, on s’attend à un relèvement des taux d’intérêt de
court terme aux États-Unis en milieu d’année 2015, après plus de cinq
ans de taux quasi nuls. Le moment exact où s'amorcera le mouvement
haussier, qui sera éventuellement suivi de majorations au Royaume-
Uni et au Canada, est encore incertain. Il dépendra de la rapidité à
laquelle les vents contraires économiques et financiers s'apaiseront.
Par exemple, il est peu probable que la Réserve fédérale et les autres
banques centrales agissent tant que la situation du marché du travail
ne sera pas normalisée et que les cibles relatives à l'inflation soient
plus près d’être atteintes.
D'un côté, le raffermissement du dollar américain et la chute du prix du
pétrole pourraient, en tempérant l'inflation, inciter la Réserve fédérale à
reporter le relèvement des taux au deuxième semestre de 2015. D'un
autre côté, la baisse des prix du pétrole et l’allégement du poids de
l'endettement des ménages américains incitent ceux-ci à dépenser, ce
qui pourrait stimuler l'embauche afin de permettre aux entreprises de
répondre à la demande vigoureuse. Et l'élan ainsi insufflé aux salaires
pourrait alors relancer l'inflation et convaincre la Fed d’agir plus tôt. La
situation économique plus problématique dans d'autres régions du
monde ne jouera qu'un rôle marginal dans la décision de la Réserve
fédérale, dont le mandat est de maximiser l'emploi et d'assurer la
stabilité des prix en sol américain.
De plus, l'économie américaine étant relativement fermée et diversifiée
– le secteur de l'exportation ne représente que 13 % du PIB –, les
États-Unis seront peu touchés par la modeste croissance mondiale.
Parallèlement, les importations, qui comptent pour 17 % du PIB,
baisseront sous l'effet du fléchissement des prix du pétrole et de
l'accroissement de la production pétrolière domestique. Ces deux
facteurs devraient contribuer à freiner la détérioration du compte
courant américain même si la vigueur du billet vert rend les
exportations américaines moins concurrentielles et que la faible
croissance mondiale ralentit la vigueur de la demande de biens et
services en provenance des États-Unis.
Pour ce qui est des taux d’intérêt de long terme, la baisse importante
des taux sur les obligations gouvernementales américaines à échéance
de 10 ans (maintenant sous la barre des 2%) semble contre-intuitive
dans un contexte où l’on s’attend à des hausses du taux directeur de la
part de la Fed.
Toutefois, ces taux restent relativement attrayants pour des
investisseurs européens, par exemple, qui doivent se contenter d’un
taux inférieur à 0.5% sur des obligations allemandes de même
échéance (un écart historiquement élevé depuis la création de l’Euro).
Dans un environnement favorable à l’appréciation du dollar américain, il
n’est donc pas surprenant de voir les investisseurs étrangers acheter
massivement des obligations américaines de long terme. Dans la
mesure où la BCE s’apprête à mettre en place un programme d’achat
d’obligation, créant ainsi des pressions à la baisse sur les taux
européens, on peut anticiper que les taux sur les obligations
américaines de long terme continueront à baisser pendant quelques
mois; du moins jusqu’à ce que la Fed confirme de façon définitive ses
hausses de taux.
Au Canada, l'économie maintient dans son ensemble un dynamisme
respectable, bien que les locomotives régionales de la croissance
changent.
La dépréciation du dollar canadien, combinée à la relance aux États-
Unis, a favorisé les exportations non énergétiques et stimulé l'inflation.
Cependant, malgré le fait que le taux d'inflation mesuré par l’IPC global
a temporairement excédé la cible de 2 % établie par la Banque du
Canada, deux obstacles se dressent toujours à l'horizon. Ceux-ci
devraient empêcher toute initiative de notre banque centrale avant
2016.
Premièrement, la dégringolade des prix du pétrole au cours des
derniers mois ne peut que tempérer l'enthousiasme des producteurs
canadiens. De l’autre côté de la médaille, un meilleur soutien au
secteur manufacturier, surtout en Ontario et au Québec, contribuera à
rééquilibrer la croissance au pays. Il n'empêche que le recul des
revenus pétroliers constitue manifestement un facteur négatif pour
l'ensemble du Canada.
Deuxièmement, à moins que la création d’emplois n'augmente au
même rythme qu'aux États-Unis, les consommateurs canadiens sont
trop endettés pour continuer à soutenir la croissance économique
comme ils l'ont fait durant la dernière décennie. De plus, le marché
immobilier semble être à sa pleine valeur. Dans ce contexte, une
augmentation du taux directeur de la Banque du Canada (qui atteint
déjà 1 % alors qu’il est toujours nul aux États-Unis) paraît peu probable
avant 2016. Non seulement les ménages les plus vulnérables auraient-
ils du mal à absorber des hausses de taux, mais de tels hausses
pourraient également perturber le marché immobilier et freiner les
dépenses d'investissement en capital, déjà stagnantes.
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Le Canada accuse encore du retard sur le plan de la productivité, et la
reprise des investissements privés est encore insuffisante pour combler
l'écart. Par ricochet, le dollar canadien se raffermirait sans doute à la
suite d'une majoration des taux, compromettant ainsi le redressement
vigoureux au chapitre des exportations enregistré récemment. Le fait
que le gouverneur de la Banque du Canada ait indiqué qu'il préférait
avoir affaire à une inflation légèrement supérieure à la cible, plutôt que
se retrouver constamment sous celle-ci, a de quoi rassurer les
investisseurs. Par contre, le récent retrait des indications prospectives
de la Banque du Canada quant à l’orientation de la politique monétaire
laisse craindre qu'une croissance et une inflation supérieures aux
attentes puissent surprendre les participants du marché et inciter la
Banque à intervenir plus tôt que prévu.
Sur le plan budgétaire, le gouvernement fédéral a annoncé des
réductions d'impôts aux particuliers depuis l'automne dernier. Celles-ci,
combinées à la diminution du prix de l'essence à la pompe,
augmenteront le revenu discrétionnaire des consommateurs. L’effet sur
la croissance économique en 2015 dépendra entre autres de la
propension à consommer, qui pourraient s’avérer moindre que de
coutume, puisque les ménages sont endettés.
Il sera quelque peu plus difficile pour le gouvernement fédéral
d’annoncer autant de mesures incitatives durant la première moitié de
l’année 2015, avant les élections d’octobre, dans la mesure où la chute
du prix du pétrole risque de gruger le coussin annuel de 3 milliards de
dollars et les modestes surplus projetés lors de la mise à jour financière
de l’automne dernier. La nouvelle réalité de prix du pétrole plus bas
pourrait freiner le désir du gouvernement fédéral d'offrir de nouveaux
allégements fiscaux.
Enfin, un prix du pétrole plus bas qu’escompté pendant de nombreux
mois pourrait signifier des déficits budgétaires considérables pour
l’Alberta, la Saskatchewan et Terre-Neuve-et-Labrador. Ces provinces
pétrolières pourraient alors prendre les moyens pour s’approcher de
l'équilibre budgétaire, une situation qui prévaut déjà au Québec et en
Ontario. Ainsi, des décisions à l’échelle provinciale visant à assainir les
finances publiques, pourraient annuler une partie de l’apport fiscal
positif du budget fédéral.
L'année 2014 aura également été marquée par l'abandon des
politiques d'austérité européennes. Et même si cela est encore peu
perceptible, le président de la Banque centrale européenne, Mario
Draghi, a déjà annoncé que l'Europe s'apprêtait à adopter d'autres
mesures de relance monétaire dès que les obstacles politiques et
institutionnels auront été franchis. La stratégie de croissance de
l'Europe constituerait essentiellement une réplique du plan mis en
œuvre par les États-Unis depuis cinq ans, qui s'est révélé plus efficace
que les mesures d'austérité européennes. Pour être pleinement
efficaces, les mesures de stimulation monétaire devront cependant être
accompagnées de politiques budgétaires accommodantes; un autre
obstacle important à franchir, puisque les Allemands y sont fortement
opposés et que le niveau d'endettement élevé des autres pays leur
laisse peu de marge de manœuvre à cet égard. Si une entente est
conclue à cet effet au début de 2015, l'euro devrait poursuivre son
déclin et pourrait même atteindre la parité avec le dollar américain d'ici
la fin de 2016. Deux autres évènements risquent d’affecter les marchés
financiers en 2015 : les attentes et le résultat des élections générales
en Grèce (qui auront lieu le 25 janvier) et en Espagne (qui auront lieu
au plus tard le 20 décembre).
Ailleurs dans le monde, le Japon a mis sur pied un ambitieux
programme d'achat d'obligations l'an dernier. Il s’agit d’une autre
tentative de sortir l’économie japonaise du marasme et d'échapper à la
déflation qui mine le pays depuis deux décennies.
La Chine, aux prises avec ses propres vents contraires, mais
déterminée à atteindre sa cible de croissance de 7,5 %, a récemment
abaissé ses taux d'intérêt et injecté des capitaux importants dans son
secteur bancaire dans l'espoir de stimuler les investissements et la
consommation, d'une part, et de gérer efficacement le recul en cours
dans le secteur immobilier, d'autre part. Le niveau élevé des stocks
immobiliers, entrainant une chute des prix des logements dans la
plupart des villes chinoises pour la première fois depuis de nombreuses
années, inquiète les autorités chinoises. L'offre excédentaire de
logements se répercute non seulement sur les marges bénéficiaires
des promoteurs mais aussi sur le bilan des banques, affaiblies par
l'augmentation des prêts délinquants. D’autre part, ce ralentissement
immobilier exerce des pressions à la baisse sur le prix des matières
premières contribuant en partie à absorber le choc.
En Inde, le mandat fort obtenu par le nouveau premier ministre
réformiste, Narendra Modi, a ranimé l'espoir de voir se réaliser une
réforme profonde de l’économie.
Dans cette partie du monde, de nombreux pays du Moyen-Orient sont
toujours aux prises avec de graves crises politiques, guerres civiles et
insurrections. La baisse des prix du pétrole et des recettes fiscales
subséquentes risquent d'envenimer les choses en obligeant les
dirigeants politiques à sabrer les programmes sociaux et les
subventions pétrolières. Dans une région en proie à des remous, de
nouvelles coupures dans les dépenses exacerberont les revendications
populaires pour de meilleures conditions de vie et une amélioration de
la gouvernance publique, contribuant à aggraver davantage l’instabilité
politique.
La Russie, aux prises avec la crise en Ukraine, est également touchée
par la guerre des prix du pétrole. Les sanctions occidentales
l'empêchent de recourir aux marchés financiers pour combler son
déficit budgétaire croissant et compenser la diminution de ses réserves
de devises. La chute subséquente du rouble, qui a poussé l'inflation et
les taux d’intérêt à la hausse, a plongé le pays dans une sévère
récession. Si, craignant que l'inflation ne rogne leur pouvoir d'achat, les
citoyens décident d'abandonner la monnaie nationale au profit du dollar
américain, la dégringolade du rouble se poursuivra.
Les pays les plus touchés par l'instabilité du marché du pétrole
comprennent le Venezuela et l'Iran (qui font tous deux l'objet de
sanctions et sont en butte à l'agitation sociale), de même que l'Irak et le
Nigeria (deux pays minés par des insurrections). Ces quatre pays sont
des producteurs relativement importants qui n'ont ni la volonté ni la
capacité de réduire leur production en vue d'assurer la discipline du
cartel de l’OPEP, et qui ont besoin d'une hausse considérable des prix
du pétrole en vue d'équilibrer leur budget.
Perspectives des marchés des capitaux pour 2015
D'après plusieurs mesures que nous suivons, une correction boursière,
telle que celles que nous avons connues en octobre et en décembre
dernier, reste plus que probable dans les prochains mois et pourrait
offrir aux investisseurs un point d'entrée plus opportun.
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À notre avis, tel qu’ils se présentent aujourd’hui, les marchés d'actions
américaines reflètent déjà pleinement la valeur réelle des titres qui
compose ses indices. Par conséquent, les investisseurs devraient
s'attendre l'an prochain à des rendements plus près des moyennes
historiques, soit entre 6 % et 7 %; les rendements exceptionnels des
quatre dernières années étant peu susceptibles de se répéter. Le fait
que la Réserve fédérale s'apprête à relever les taux d'intérêt renforce
notre opinion selon laquelle les rendements boursiers de 2015 seront
inférieurs à ceux des dernières années.
Non seulement la hausse des taux d’intérêt et le niveau actuel des
cours bousiers auront-ils un effet réducteur sur les gains en capital en
2015, mais le prix des actions devrait également connaître une plus
grande volatilité à mesure que les nouvelles du relèvement des taux
d’intérêt et du redressement économique aux États-Unis (condition
essentielle à la hausse des taux) feront constamment osciller les cours
boursiers à la baisse, puis à la hausse.
L'augmentation des taux et la volatilité accrue des marchés
déclencheront inévitablement une contraction des multiples, entraînant
généralement à son tour une baisse du cours des actions. Mais comme
la reprise économique pousse généralement à la hausse les résultats –
actuels et prévus – des entreprises, la reprise contribuera de son côté à
soutenir le prix des actions.
De plus, la diminution de la prime de risque sur les actions – induite par
le regain de confiance des investisseurs dans la vigueur et la durabilité
de la reprise et l'apaisement des vents contraires à l'échelle
internationale – augmentera également l'attrait des actions et la
propension des investisseurs et des entreprises à prendre des risques.
Certaines stratégies de répartition de portefeuille pourraient donc être
payantes dans un tel contexte. En effet, lorsque les taux amorceront
une remontée, certains secteurs seront plus à même de tirer profit des
deux tendances positives (perspective d'amélioration des résultats et
réduction de la prime de risque) contrairement à d'autres, qui ne
profiteront ni de l'une ni de l'autre.
Voici nos recommandations pour les marchés boursiers aux États-
Unis :
Les titres à faible dividende, à faible croissance et à faible
coefficient bêta, mais assortis d'un ratio de distribution élevé et
d'un taux d'endettement relativement important ne seront pas à la
hauteur de la plupart des autres titres : leurs dividendes auront
peu de possibilités de croître et la prime de risque déjà peu élevée
incorporée dans le coût du capital de ces entreprises ne pourra
être comprimée davantage.
À l'inverse, les sociétés à croissance rapide, relativement peu
endettées ou disposant de liquidités importantes, de même que
les titres à dividendes élevés et à faible taux de distribution, sous
l'effet de la contraction de la prime de risque qui leur est associée,
devraient offrir des rendements supérieurs à la moyenne en 2015.
De plus, ces sociétés pourraient bénéficier de l'amélioration des
perspectives de croissance de leurs profits, de rachats d'actions et
d'augmentation de leurs dividendes; toutes des retombées
favorisées tant par la reprise économique que par leur saine
situation financière.
Les sociétés nord-américaines de technologie, notamment,
profiteront grandement de la confirmation de la reprise américaine
puisque celle-ci aura pour effet de raffermir leurs perspectives de
croissance tout en réduisant la prime de risque plus élevée
comprise dans leur coût du capital.
Entre autres facteurs, le regain de confiance du consommateur
américain, une économie en expansion qui crée des emplois, la
baisse des prix du pétrole, le retour graduel de l'effet de richesse
et l'allégement des obligations financières des ménages devraient
favoriser les titres du secteur de la consommation
discrétionnaire, dans la mesure où les consommateurs seront
plus enclins à dépenser et même à réduire leur taux d’épargne.
Les sociétés industrielles devraient également profiter de
l'augmentation des dépenses de consommation, car celles-ci
inciteront les entreprises à investir et à augmenter leur acquisition
de machines et matériel en 2015. Les sociétés industrielles des
secteurs en forte croissance qui sont principalement exposées à
l'économie américaine devraient commencer à tirer profit de la
situation tôt en 2015. Les autres sociétés leur emboîteront le pas
lorsque la relance aura pris forme à l'échelle mondiale plus tard
dans l'année. Évidemment, si notre scénario de reprise mondiale
ne devait pas se réaliser et que la croissance mondiale demeurait
stagnante, l’amélioration du cours de ces titres serait retardée.
Les titres bancaires devraient bénéficier d’un relèvement, même
minime, des taux d'intérêt en favorisant un élargissement de leurs
marges bénéficiaires. De plus, dans un climat économique sain
incitant les entreprises à investir davantage, les banques devraient
être en mesure d'augmenter sensiblement leurs dividendes en
2015, d'autant plus que les pénalités associées à la crise
financière sont pratiquement chose du passé, que les nouveaux
règlements ont dans l’ensemble été mis en œuvre et qu'elles
affichent pour la plupart un bilan favorable. Enfin, sur le plan de la
valeur comptable, les banques américaines semblent sous-
évaluées par rapport à leurs contreparties canadiennes.
Les sociétés du secteur pharmaceutique, y compris les
entreprises de services médicaux, nous semblent attrayantes
parce qu'elles sont aussi sous-évaluées; nombre d'entre elles sont
très peu endettées et paient, à leur cours actuel, des dividendes
généreux et stables.
Ce raisonnement vaut aussi pour les fiducies de placement
immobilier (FPI), qui sont nombreuses à offrir des occasions de
placement fiables et stables assorties de dividendes supérieurs à
la moyenne. La hausse des taux d'intérêt en 2015 pourrait
bouleverser l'ordre des choses, mais nous croyons que les
investisseurs devraient tirer profit des replis pour établir ou
accroître leur position dans ce secteur. La généreuse prime que
certaines des meilleures FPI offrent maintenant, et la tendance
historique de ces dernières à accroître les dividendes au fil du
temps, fourniront une compensation plus qu'adéquate aux
investisseurs, en regard de la hausse très lente des taux d’intérêt
de la Réserve fédérale et, éventuellement, de la Banque du
Canada au cours des années à venir.
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Quant au marché boursier canadien, il présente de nombreuses
similitudes avec la situation qui prévaut dans la plupart des secteurs
aux États-Unis, avec, toutefois, quelques différences importantes.
D'abord, les hausses de taux d'intérêt devraient survenir plus tard
que les majorations anticipées aux États-Unis, reportant d'autant
leur incidence sur le cours des actions, tel qu'il a été mentionné
plus haut; et ce, malgré le risque que le resserrement de la
politique monétaire américaine dans les trimestres à venir se
répercute chez nous avant même que la Banque du Canada ne
relève son taux directeur. Le cas échéant, l'affaiblissement du
dollar canadien qui en découlera continuera de favoriser les
exportateurs canadiens au détriment des entreprises qui visent le
marché national. Par contre, les investisseurs canadiens qui
opteront pour les actions américaines pourraient tirer profit du
raffermissement du billet vert en début de 2015.
Ensuite, la pondération importante des titres du secteur des
produits de base dans l'indice TSX continuera de plomber le
marché boursier canadien, d'autant plus que la reprise dans les
secteurs de l'énergie et des mines et métaux n'est pas près de
se concrétiser. Nous prévoyons toutefois un redressement du
secteur de l'énergie au second semestre, avec la fin de l'impasse
entre l'OPEP et les producteurs de pétrole nord-américains. Le
dollar canadien pourrait alors graduellement récupérer le terrain
perdu depuis l’automne dernier. Les prix de l'or et les producteurs
aurifères subiront des pressions étant donné que les cours ont
tendance à fluctuer à la baisse dans un contexte de hausse des
taux et de faible inflation.
Les titres des secteurs des produits forestiers et de l'agriculture
ont également une pondération plus forte au Canada qu'aux États-
Unis. Avantagés par la reprise américaine et la forte demande des
pays émergents pour ces produits, ils devraient continuer à offrir
des rendements supérieurs à celui de l'indice. Le secteur des
fertilisants devrait tout particulièrement bénéficier de la baisse des
prix du pétrole, puisque cette industrie est reconnue pour être
énergivore. De plus, grâce à la stabilisation de l'offre, la situation
devrait également s'améliorer pour les producteurs de potasse.
Enfin, les ventes au détail au Canada ne semblent pas vouloir se
redresser au même rythme qu'aux États-Unis en raison du niveau
d'endettement élevé des consommateurs, une création d’emplois
moins importante que par les années passées et une croissance
plus faible des salaires. À cela vient s'ajouter l'appréciation du
dollar américain, qui augmente le prix des produits et services
importés et comprime les marges des détaillants canadiens sur de
nombreux biens. Ces facteurs exerceront des pressions sur le
secteur de la consommation surtout au deuxième semestre de
2015.
Finalement, les marchés boursiers étrangers pourraient offrir des
perspectives plus attrayantes que les marchés nord-américains l'an
prochain.
Pour ce qui est du Japon et de l'Europe, l'évaluation des marchés
semble plus prometteuse que celle des marchés boursiers américains,
du moins si on se fie aux ratios cours/bénéfice. Plusieurs entreprises du
Japon et de l'Europe se portent mieux que ce que l'on pourrait croire en
se fiant aux piètres perspectives de croissance des économies dont
elles sont issues. En effet, la portée internationale de nombreuses
sociétés européennes et japonaises qui représentent une grande partie
des indices européens et japonais, ainsi que la dépréciation de l'euro et
du yen attendue l'an prochain (les deux monnaies se sont déjà
sensiblement repliées au cours des six derniers mois), favorisera la
croissance des bénéfices de ces multinationales, une perspective
alléchante pour les investisseurs. Des risques persistants de
dépréciation pourraient se matérialiser en 2015 en raison du maintien
de politiques monétaires expansionnistes de la BCE et la banque
centrale japonaise, alors que la Réserve fédérale s'apprête à
augmenter ses propres taux d'intérêt. Ainsi, nous recommandons aux
investisseurs canadiens qui seraient tentés de diversifier leur
portefeuille, en y intégrant des actions européennes et japonaises, de
prendre des mesures de mitigation contre les risques de change.
De nombreux fonds offrent implicitement de telles protections. Il est
également possible d'investir dans des actions et des fonds non
couverts et de couvrir séparément les risques de change sur le marché
des devises. En achetant à terme des dollars canadiens ou américains
à escompte profitant de l'écart de taux favorable entre les deux groupes
de pays (États-Unis et Canada d’une part et Europe et Japon d’autre
part), les investisseurs pourraient bénéficier d'un gain annuel de l'ordre
de 1 % ou plus découlant de l'opération de portage. Mais en raison des
coûts, de la surveillance et de la complexité d'une telle stratégie de
couverture, celle-ci pourrait ne pas convenir à tous les investisseurs.
À l'intérieur des marchés qui composent l'indice MSCI Monde, il faut
distinguer deux catégories de pays émergents: les économies axées
sur l'exportation de produits de base (la Russie et le Brésil par
exemple) et celles qui dépendent plutôt de l'importation de matières
premières à un prix raisonnable pour atteindre leurs ambitieuses cibles
de croissance (notamment la Chine et l'Inde). Bien que ces deux
derniers pays aient à affronter certains problèmes structurels qui leur
sont propres, ils devraient s'en tirer relativement bien l'an prochain.
Déterminée à poursuivre son essor, la Chine a déjà mis en place les
mécanismes nécessaires et adopté certaines mesures pour atteindre
ses objectifs de croissance. De son côté, l'Inde compte sur les réformes
promises par son nouveau gouvernement pour tirer pleinement profit de
son énorme potentiel économique.
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Les investisseurs qui s'aventurent sur les marchés des actions et des
obligations des pays émergents doivent surmonter plusieurs contraintes
et problèmes de taille, notamment en matière de gouvernance
d’entreprise. C'est pourquoi nous leur recommandons d'investir dans
des fonds communs de placement de façon à obtenir une meilleure
diversification et à réduire les risques associés à l'investissement dans
un nombre restreint de titres. À notre avis, les instruments de
couverture contre les risques de change sont trop coûteux et inutiles à
long terme étant donné que les pays émergents ont des perspectives
de croissance supérieures à celle des pays développés. Par
conséquent, on peut s'attendre à ce que leur monnaie s'apprécie par
rapport au dollar canadien dans les prochaines années. À ce point-ci,
nous ne recommandons pas d'investir dans les marchés russes et
brésiliens en 2015.
La persistance de la crise du pétrole pourrait faire reculer un peu plus le
dollar canadien en début 2015 mais celui-ci devrait se raffermir par
rapport à la devise américaine d’ici la fin de l’année. Le huard devrait
aussi conserver sa valeur, voire se raffermir, par rapport à l'euro et au
yen. Quatre raisons nous portent à croire que le dollar canadien ne
risque toutefois pas de revenir au-dessus de la barre des 90 cents d’ici
la fin de l’année:
1. La Réserve fédérale devancera la Banque du Canada en matière
de hausse des taux d'intérêt (après tout, à 1 %, nos taux à court
terme sont déjà plus élevés qu'aux États-Unis).
2. Tout semble indiquer que l'économie américaine est plus
vigoureuse que la nôtre et que la reprise y est mieux enclenchée.
3. Les secteurs du pétrole et des autres produits de base, qui pèsent
plus lourd dans l'économie canadienne que dans celle de nos
voisins du Sud, constituent déjà une entrave à la croissance et
devraient continuer de se replier au cours de la première moitié de
l’année 2015.
4. Nous avons besoin d'un dollar canadien plus faible pour soutenir
nos exportations, lesquelles constitueront le fer de lance de notre
reprise en 2015;
Les ménages canadiens ont soutenu de façon remarquable l'économie
du pays au cours des dernières années mais cette tendance pourrait
tirer à sa fin. En effet, le consommateur canadien est relativement plus
endetté que son homologue américain qui, après cinq ans de
consolidation de bilan, dispose aujourd'hui d'un plus grand revenu
discrétionnaire. Sans des investissements plus importants de la part
des entreprises pour prendre le relais, et sans une relance de l'emploi,
la croissance de l’économie canadienne ralentira inévitablement; d'où le
besoin de maintenir les taux d'intérêt et le dollar canadien à de faibles
niveaux pour favoriser la croissance des exportations non-énergétiques
comme vecteur de développement économique pour soutenir
l’investissement et la création d’emplois.
De toute évidence, ces perspectives sur l'évolution de l'économie et
des marchés comportent des risques :
La croissance mondiale pourrait s'essouffler si le ralentissement
économique de la Chine est plus important que prévu. Un recul
marqué en Chine qui ramènerait son taux de croissance à 3 %
aurait, selon certaines estimations, un impact d'à peine 0,5 % sur
les prévisions de croissance aux États-Unis, mais les
répercussions seraient beaucoup plus graves pour d'autres pays,
dont le Canada.
Il existe également d'autres menaces, comme la résurgence de
l'Ebola, la propagation de virus électroniques qui paralyseraient les
serveurs et les réseaux de communication mondiaux, les crises
sociales d'envergure provoquées par la croissance des inégalités
de revenus, et les dérapages au Moyen-Orient ou dans d'autres
régions du monde.
Si de tels événements devaient compromettre le commerce et la libre
circulation des biens et des services à l'échelle du globe, nous devrons
alors nous préparer à affronter une récession mondiale. Dans la plupart
des cas, même si aucun marché ni aucune économie n’étaient tout à
fait épargnés, nous croyons que l'économie et le dollar américains
offriraient le refuge le plus sûr.
Meilleurs vœux de santé et prospérité pour 2015.
Nos prévisions sont disponibles dans le tableau à la page 6.
Luc Vallée, Ph.D | Stratège en chef
514 350-3000
Sébastien Lavoie | Économiste en chef adjoint
Éric Corbeil | Économiste principal
1 / 11 100%
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