COLLOQUIUM MATHEMATICUM
VOL. LXVIII 1995 FASC. 2
RESTITUTION DES COEFFICIENTS
D’ONDELETTES DES SIGNAUX FILTR ´
ES
PAR
E. M A G H R A S (TALENCE)
1. Introduction. Une ondelette est un motif Ψbien localis´e en temps
et en fr´equences, tr`es r´egulier et tr`es oscillant tel que la famille (Ψj,l)j,lZ,
o`u Ψj,l(t) = 2j/2Ψ(2jtl), forme une base orthonorm´ee de l’espace L2(R)
des signaux d’´energie finie.
Dans ce cas, pour tout signal fd’´energie finie, on a la d´ecomposition en
s´erie d’ondelettes de fet la formule de synth`ese de fsuivante ([5, 9]) :
f=X
jZX
lZ
c(j, l)Ψj,l,
o`u
c(j, l) = hf|Ψj,li=
R
−∞
f(t)Ψj,l(t)dt,
o`u h· | ·i d´esigne le produit scalaire dans L2(R).
Les fonctions Ψj,l s’appellent les ondelettes et Ψs’appelle l’ondelette
analysante. Les coefficients c(j, l) s’appellent les coefficients d’ondelettes
du signal f.
La transformation qui `a tout signal fd’´energie finie associe la suite
num´erique (c(j, l))j,lZs’appelle la transformation en ondelettes.
Dans la d´ecomposition en s´erie d’ondelettes de fon voit que l’on a une
s´erie double dont les indices jet lont la signification suivante : le param`etre
jest li´e aux fr´equences, plus pr´ecisement il est li´e `a la position du spectre de
l’ondelette Ψj,l; par contre, le param`etre lest li´e au temps, plus pr´ecisement
il est li´e `a la position temporelle de l’ondelette Ψj,l.
C’est pour cela que les coefficients d’ondelettes c(j, l), j, l Z, repr´e-
sentent le signal fdans le domaine temps-fr´equences.
Notre probl`eme est le suivant : soient deux filtres µ1et µ2correspondant
`a des prises de moyenne
1991 Mathematics Subject Classification: 42A85, 42A16, 94A12, 94B10, 94A24.
[265]
266 E. M A G H R A S
µj=1
2rj
χ[rj,rj], j = 1,2,
o`u χ[rj,rj]d´esigne la fonction caract´eristique de l’intervalle [rj, rj], et
soit fun signal d’´energie finie. Le signal fest inconnu, mais on dispose
de la mesure des observations de ce signal `a travers les appareils µ1et µ2,
c’est-`a-dire on connaˆıt les signaux de sortie µ1? f et µ2? f, o`u ?esigne
l’op´eration de convolution. On veut restituer le signal f`a partir de µj? f,
j= 1,2,via la transformation en ondelettes.
Pour cela, on d´ecompose fen s´erie d’ondelettes, puis on donne des for-
mules explicites permettant de calculer ses coefficients d’ondelettes
(c(j, l))j,lZ`a xpartir des mesures observ´ees µ1? f et µ2? f et ce par des
op´erations de prises de moyenne et de sommation de mani`ere `a ne pas am-
plifier le bruit relatif au signal flors de sa restitution. L’id´ee de la m´ethode
est bas´ee sur les m´ecanismes explicites de d´econvolution ([2, 3, 4, 10]).
Enfin, on ´etablit aussi des relations entre les coefficients d’ondelettes
du signal fet les coefficients de Fourier des p´eriodis´ees de (µ1? f)χI2et
(µ2? f)χI1, o`u Ijd´esigne un intervalle de longueur 2rj.
2. Ondelettes et restitution. Nous supposons dans toute la suite que
r1et r2sont deux nombres r´eels strictement positifs simultan´ement mal ap-
proch´es par les rationnels, c’est-`a-dire il existe deux constantes strictement
positives cet ktelles que
(1)
r1
r2p
qc
|q|k,pZ,qZ.
Un tel couple (r1, r2) v´erifiant (1) existe; en effet, si r1et r2sont deux
nombres alg´ebriques et Q-lin´eairement ind´ependants, alors il existe deux
constantes strictement positives cet k(en fait, k2) telles que r1/r2
v´erifie la condition (1).
Le cas optimal o`u k= 2 est satisfait par tous les nombres quadratiques
non rationnels, comme par exemple
r1
r2
=2,r1
r2
=3,etc. ([7]).
Th´
eor`
eme 2.1. Soit fun signal de classe Cet d’´energie finie sur R.
Soit
µj=1
2rj
χ[rj,rj], j = 1,2,
les filtres correspondant `a des prises de moyenne,avec r1et r2erifiant
la condition (1). Soit ϕune fonction suffisamment r´eguli`ere et telle que le
support de ϕest contenu dans [(r1+r2), r1+r2]. On peut alors calculer
hf|ϕi`a partir de µ1? f et µ2? f par la formule suivante :
hf|ϕi=hν1;µ1? fi+hν2;µ2? fi,
COEFFICIENTS D’ONDELETTES 267
o`u h;iesigne le produit de dualit´e entre E0(R)et E(R), ν1et ν2´etant
des distributions `a support compact support´ees respectivement par [r2, r2]
et [r1, r1]et donn´ees par
ν1=X
kZbϕ(kπ/r2)
bµ1(kπ/r2)bµ0
2(kπ/r2)ν1,k,
ν2=X
kZbϕ(kπ/r1)
bµ0
1(kπ/r1)bµ2(kπ/r1)ν2,k,
o`u ν1,k et ν2,k sont des distributions `a support compact d´efinies par leur
transform´ee de Fourier et localis´ees par
bν1,k (z) = bµ2(z)
zkπ/r2
,cv(supp ν1,k) = [r2, r2],
bν2,k (z) = bµ1(z)
zkπ/r1
,cv(supp ν2,k) = [r1, r1],
cv(·)esignant la prise d’enveloppe convexe.
R e m a r q u e. On sait que si µest une distribution `a support compact
dans R, et si βest un z´ero de sa transform´ee de Fourier bµ, alors la fonction
bµ(z)/(zβ) est la transform´ee de Fourier, au sens des distributions, de la
distribution `a support compact T(β) dont l’action sur une fonction test ϕ
s’´ecrit
hT(β); ϕi=i
R
−∞ x
R
0
ϕ(t)e(tx)dtµ(x)dx.
Or µ1et µ2sont des mesures `a support compact. D’autre part, ν1,k et ν2,k
sont des mesures `a support compact; par suite, on pourrait d´emontrer que
ν1et ν2sont en fait des mesures `a support compact.
P r e u v e d u t h ´e o r `e m e 2.1. Les transform´ees de Fourier des mesures
µj,j= 1,2,sont donn´ees par bµj(z) = sin(rjz)/(rjz), j= 1,2.
La condition (1) implique que r1/r2est irrationnel, donc bµ1et bµ2n’ont
pas de z´eros communs.
On peut construire une suite de cercles (Γl)lNavec liml→∞(rayon(Γl))
=et Γlcontenu dans l’int´erieur de Γl+1 tels qu’il existe deux constantes
strictement positives γ1et γ2avec
|sin(r1z)| ≥ γ1er1|Im z|, z Γl,(2)
|sin(r2z)| ≥ γ2er2|Im z|, z Γl.(3)
D’apr`es la formule int´egrale de Cauchy, on peut ´ecrire, pour zint´erieur
`a Γl,
268 E. M A G H R A S
bϕ(z) = 1
2πi R
Γlbϕ(ξ)
ξz
=1
2πi R
Γlbϕ(ξ)bµ1(ξ)bµ2(ξ)bϕ(ξ)bµ1(z)bµ2(z)
(ξz)bµ1(ξ)bµ2(ξ)
+bµ1(z)bµ2(z)
2πi R
Γlbϕ(ξ)
(ξz)bµ1(ξ)bµ2(ξ).
En vertu du th´eor`eme des esidus on a
bϕ(z) = bµ1(z)X
ˆµ2(α)=0
|α|<rayon(Γl)bϕ(α)
bµ1(α)bµ0
2(α)·bµ2(z)
zα
()
+bµ2(z)X
ˆµ1(α)=0
|α|<rayon(Γl)bϕ(α)
bµ0
1(α)bµ2(α)·bµ1(z)
zα
+bµ1(z)bµ2(z)
2πi R
Γlbϕ(ξ)
(ξz)bµ1(ξ)bµ2(ξ).
Or, si bµj(α) = 0, alors
(4) |µ0
j(α)| ≥ 1/|α|, j = 1,2.
La condition arithm´etique (1) nous donne
bµ2(α) = 0 ⇒ |bµ1(α)| ≥ c/|α|k,(5)
bµ1(α)=0⇒ |bµ2(α)| ≥ c/|α|k,(6)
avec pour kla mˆeme constante que celle intervenant dans (1), ce qui n’est
pas forc´ement le cas de la constante c.
On va montrer la convergence dans d
E0(R) des s´eries figurant dans l’´egalit´e
(). Pour cela on a
|bϕ(α)|
|bµ1(α)bµ0
2(α)|·1
|zα|1
c|bϕ(α)| |α|k+1 1
||z|−|α|| (d’apr`es (4), (5))
et si ϕest de classe Ck+1+ε(ε1), alors il existe une constante c1>0 telle
que
|bϕ(α)| ≤ c1/|α|k+1+ε(εentier >1)
et par cons´equent
|bϕ(α)|
|bµ1(α)bµ0
2(α)|·1
|zα|c1
c·1
|α|ε·1
||z|−|α||.
Si zest dans un compact Kde R, alors il existe une constante c2(K)>0
COEFFICIENTS D’ONDELETTES 269
telle que |bµ1(z)| ≤ c2(K), z K, ce qui implique
|bϕ(α)|
|bµ1(α)bµ0
2(α)|·|bµ2(z)|
|zα|c1c2(K)
c·1
|α|ε·1
||z|−|α||, z K,
tandis que
c1c2(K)
c·1
|α|ε·1
||z|−|α|| c0(K)1
|α|1+ε,|α| → ∞,
avec c0(K) = c1c2(K)/c. Donc la s´erie
X
ˆµ2(α)=0 bϕ(α)
bµ1(α)bµ0
2(α)·bµ2(z)
zα
converge uniform´ement sur tout compact de R(car la s´erie Pˆµ2(α)=0 1/|α|1+ε
converge).
De plus, on peut montrer qu’il existe une constante c3>0 telle que
|bµ2(z)|
|zα|c3er2|Im z|,zC(avec bµ2(α) = 0).
Donc si l’on pose %l= rayon(Γl),
X
ˆµ2(α)=0
0<|α|<%l
ˆϕ(α)
bµ1(α)bµ0
2(α)·bµ2(z)
zαX
ˆµ2(α)=0
0<|α|<%l
|bϕ(α)|
|bµ1(α)bµ0
2(α)|bµ2(z)
zα
c3X
ˆµ2(α)=0
0<|α|<%l
|bϕ(α)|
|bµ1(α)bµ0
2(α)|er2|Im z|.
Or
|bϕ(α)|
|bµ1(α)||bµ0
2(α)|c1
c
1
|α|ε,
ce qui implique que si ε > 1, alors la s´erie
X
ˆµ2(α)=0
|bϕ(α)|
|bµ1(α)||bµ0
2(α)|
converge.
On suppose ε > 1 et on pose
c4=X
ˆµ2(α)=0
|bϕ(α)|
|bµ1(α)||bµ0
2(α)|.
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