« VIS ET GRANDIS AVEC DIEU »
Comprendre le module
Un homme riche rencontre Jésus Mc 10,17-22
Il s’agit d’un homme dont on ne connait ni le nom, ni l’histoire. Toute personne peut s’identifier à lui. Si le récit de Mathieu (Mt 19,
16-30) précise qu’il s’agit d’un jeune homme, celui de Marc ne le dit pas : le personnage court, attitude qui ne conviendrait guère à la
maturité et encore moins à la vieillesse. Depuis longtemps, déjà, il cherche à faire le bien et à conduire son existence. Il a entendu
parler de Jésus comme quelqu’un qui sait et qui a autorité. Il se précipite et s’agenouille devant lui, dans une attitude pleine de respect
en l’appelant bon maitre
Cet homme a compris qu’il ne peut pas parvenir tout seul à découvrir le sens de sa propre existence.
3Bon maître », que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle Mc 10, 17 Que révèle cette question ?
Un besoin spirituel
Comme le texte biblique nous le précise à la fin, cet homme avait beaucoup de biens. Le fait que cet homme riche soit allé au devant
de Jésus indique qu’il avait conscience de sa pauvreté spirituelle et existentielle. Tous ses biens n’ont pas étouffé chez lui le désir
d’une vie en plénitude.
Une fausse conception
Sa demande montre qu’il suppose que la vie éternelle est un bien qui peut s’acquérir par de bonnes œuvres ou par héritage. Mais il n’
a pas encore découvert que la vie éternelle est un don de Dieu (Rm 6,23). La question à poser serait plutôt : « Quelle qualités, quelles
attitudes sont nécessaires pour obtenir la vie éternelle ? L’axe de sa demande est de posséder de manière stable et permanente un bien
très désirable, la vie éternelle, la vie en plénitude. Il est dans la logique de l’ancienne Alliance considérant la loi juive comme chemin
vers le royaume. Il a reconnu en Jésus un rabbi compétent et il veut se mettre à son école, comme on se met à l’école d’un rabbi juif.
La réponse de Jésus
Une rectification
« Pourquoi m’appelles-tu bon ? Personne n’est bon, sinon Dieu seul » Mc 10,18
Ces paroles peuvent s’entendre ainsi : »De quelle bonté parles-tu ?3 Jésus recentre ainsi sur Dieu comme le bien suprême. Il y a
plusieurs sens possible à cette réponse de Jésus : il laisse entendre que lui-même est bien plus bon guide, que sa bonté est celle de
Dieu. A travers les Evangiles, nous retrouvons Jésus posant d’autres questions qui sont autant de révélateurs des désirs de ses
interlocuteurs et d’invitations à aller à l’essentiel : « Que veux tu que je fasse pour toi ? », « Pourquoi pleures-tu ? » Qui cherches-tu ?
Que cherchez-vous ?
Un conseil
« Tu connais les commandements… » Mc 10,19 ; Pourquoi le Christ a-t-il renvoyé cet homme vers la loi ?
o Parce qu’à cette époque, la loi indiquait la seule ligne de conduite convenable
o Pour l’amener à avouer ses besoins spirituels. Cet homme aurait alors pu répondre : « J’ai déjà observé ces choses et
je ne suis pas encore satisfait. Que dois-je faire de plus ?
o Pour le préparer à saisir la signification la plus profonde de la Loi, c’est pourquoi le Seigneur lui recommande
d’accomplir une action qui prouverait son parfait amour pour Dieu et pour les hommes.
L’épreuve
L’homme professe une vie morale
« Maitre, jai observé tous ces commandements depuis ma jeunesse » Mc 10,20
En fait, la vie de cet homme était en accord avec la morale. Mais cela n’est pas suffisant pour assurer son salut. Quelle est donc la
différence entre un homme moral et un homme de loi ? Le moraliste se préoccupe surtout des actes de la vie, le croyant considère la
disposition du cœur. Le Deutéronome ne cesse d’inviter Israël à une religion du cœur, de toute son âme et de toute sa force.
L’interprétation traditionnelle juive donne un éclairage à ces versets du Deutéronome et au récit du jeune homme riche. « De tout
cœur », c'est-à-dire avec tes 2 penchants, le bon et le mauvais, tout ce qui dans la volonté, l’intelligence, la parole ou l’action tourne
l’homme vers Dieu ou l’en sépare. « De toute ton âme », c'est-à-dire même s’il te prend ta vie. « De toute ta force », c'est-à-dire avec
tous les moyens. Pour le chrétien, il s’agit de choisir délibérément une façon de vivre la nouveauté absolue que le Christ
apporte par sa mort et se Résurrection.
Le Christ appelle à la vie
Après avoir porté un regard aimant sur cet homme, Jésus appelle à aller encore plus loin.
« Va, vend tout ce que tu as, donne-le aux pauvres et tu auras un trésor au ciel ; puis viens et suis moi » Mc 10,21
Jésus désigne ici ce qui empêche cet homme riche de le suivre sans restriction. La parole de Jésus est radicale. Le « seul qui
manque », c’est Jésus lui-même puisqu’il dit : « puis viens et suis moi ». C’est aussi le « Seul Bon » que l’homme cherchait sans le
savoir quand il est venu se mettre à genoux devant lui. On peut lire dans ce récit une révélation de la personne du Christ comme celui
qui donne la Loi mais qui est infiniment supérieur à elle, il est lui-même la vie éternelle, il est Dieu. L’art du narrateur met en relief
le désir de l’homme, qui n’est autre finalement que sa capacité d’accueillir le salut, et le don de Dieu infiniment plus précieux que tout
ce que l’on peut posséder. La véritable rencontre a lieu dans l’intensité d’un regard d’amour et un appel à oser la confiance.
L’échec de cette rencontre manifeste combien ce regard et cet appel n’ont rien d’une séduction, d’une fascination et que l’homme
demeure toujours libre devant Dieu.
Le refus de répondre à l’appel
« Mais lui, à ces mots, devient sombre et s’en alla tout triste, car il avait de grands biens »Mc 10,22
La tristesse de cet homme est révélatrice de sa reconnaissance de la valeur du Bien à coté duquel il passe, de son amour pour Jésus.
Sinon, il serait parti en ricanant comme les auditeurs de Paul à l’aréopage d’Athènes. Cette tristesse dit qu’il existe une manière de
posséder ses biens qui est incompatible avec la vie en Christ et le bonheur dont elle comble ceux qui l’accueillent. L’homme repart
vers son ancienne vie qui ne le comblait pas, sans que nous sachions ce qu’il advient de lui. Ce récit nous permet d’assister à une
vocation manquée. Au-delà de cas particulier, la tradition évangélique a vu une leçon exemplaire. Derrière la figure de cet homme
juif, fidèle depuis sa jeunesse à la loi de Moïse, se profile l’histoire d’Israël dont la règle de vie, le Décalogue, est un chemin véritable
vers « la vie éternelle ». Au peuple qui observe les commandements de Dieu, Jésus demande « un plus ». La Bonne Nouvelle
proposée par Jésus est l’appel à un passement. Il ne suffit pas d’être fidèle aux commandements de Dieu, il faut se mettre « à la
suite » de la personne même du Christ. La pointe de ce texte n’est pas dans l’abandon des biens, mais dans l’attachement à la
personne de Jésus. Suivre le Christ, devenir chrétien, ne va pas sans un certain dépouillement. Le mystère pascal nous rappelle
que le Christ lui-même a suivi ce chemin de dépouillement. La radicalité exprimée par Jésus dans ce récit évangélique signifie que
devenir disciple du Christ bouleverse totalement l’existence de celui qui accepte de le suive.
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Jésus rappelle la loi de Moïse
Quelle loi dans la Bible ?
Habituellement, dans nos sociétés judéo-chrétiennes, on distingue :
o Les lois qui relèvent du débat démocratique du fait majoritaire et du consensus social : le légal ;
o La loi naturelle qui s’enracine dans les interdits fondamentaux : le meurtre, le mensonge l’inceste
o La Torah (la loi en hébreu) : elle est don de Dieu qui manifeste son engagement et révèle les gles de l’Alliance.
Elle est donnée au Sinaï, ce lieu désertique qui n’appartient à personne et qui est donc potentiellement ouvert à tous
les peuples : ce lieu emblématique, préfigure la portée universelle de la Parole de Dieu.
Dans l’Ancien Testament, quand on parle de la Loi, on fait allusion à la Torah qui règle la vie du peuple de Dieu.
Elle se trouve dans les 5 livres du Pentateuque (Genèse, Exode, Lévitique, les Nombres et Deutéronome). Cette
législation est complexe. Le Décalogue, véritable cœur de la Torah, en rappelle les exigences fondamentales (Ex
20,1-17 ; Dt 5,6-21) et son caractère immuable et permanent.( Catéchisme de l’Eglise Catholique n° 2072)
Le Décalogue est constitué de deux parties
o 1
ère
partie : elle parle de Dieu, de sa grandeur, du culte que le peuple de Dieu doit lui rendre. Elle donne sens à
l’autre partie, car elle définit l’attitude fondamentale du peuple de l’Alliance qui doit vivre dans un dialogue
constant avec le Dieu vivant.
o 2
ème
partie : elle renvoie vers le prochain, elle parle de la relation avec les autres, elle décrit l’attitude des hommes
entre eux.
La loi de Moïse manifeste l’Alliance entre Dieu et les hommes : aimer Dieu et aimer son prochain sont proposés
dans une même loi/ Les commandements de Dieu (sauf celui qui concerne les parents et celui du sabbat), sont
rédigés de manière gative, ce qui est une manière de poser la limite à ne pas dépasser. La formulation positive
ouvre devant l’agir humain un horizon illimité ( l’amour n’a pas de mesure). Dans les deux cas, la liberté humaine
est appelé à se déployer dans toute sa grandeur. « De plus, les commandements sont formulés au futur, comme des
promesses : si tu entends l’appel de Dieu, un jour tu arriveras à aimer, à respecter l’autre. »’Catéchisme de l’Eglise
Catholique n°543)
« Tu dois » ; « je suis »
Le préambule du Décalogue n’a rien d’une préface occasionnelle, il appelle les dix paroles et leur donne leur véritable portée en
faisant dialoguer le « Tu dois » et le « Je suis ». Dieu a l’initiative du salut, c’est donc lui qui est rappelé en premier : la grâce de Dieu
est d’abord affirmée et les commandements qui sont donnés ensuite sont des réponses du peuple à la grâce première.
Avant de commander, Dieu dévoile son identité : « Je suis le Seigneur, ton Dieu, qui t’a fait sortir du pays d’Egypte. » C’est d’abord
Dieu qui choisit, qui sauve et qui fait alliance, avant d’être un Dieu qui commande. Mais la loi est inséparable de l’Alliance. Il n’y a
pas de Loi sans Alliance, comme uil n’y a pas d’Alliance sans Loi.
Jésus n’est pas venu abolir la Loi mais l’accomplir
Dans le Nouveau Testament, la grâce de Dieu est désormais médiatisée par le Christ qui « accomplit la Loi et les prophètes »
Mt 5,17 et non plus seulement par les actes de salut de Dieu lors de la sortie d’Egypte et de la médiation de Moïse. Le Christ réalise ce
qui était inscrit dans l’Alliance du Sinaï, manifesté par le don de la Loi : en son Fils Jésus, Dieu épouse l’humanité. En sa personne
même, se réalise la rencontre parfaite de Dieu et de l’homme, puisqu’il est « vrai Dieu et vrai homme ». Jésus par sa mort et sa
Résurrection, réalise en son être même l’Alliance définitive. Son Esprit nous est donné pour que nous vivions nous même dans cette
Alliance.(Catéchisme de l’Eglise Catholique n° 2048à 2557)
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