M. VENANZI  M. BARTHÉLÉMY J. MARTIN
casterman
Avec la précieuse collaboration pour la rédaction des textes de :
Brigitte Neuray, archéologue, SPW, DGO4, Direction extérieure de Liège I, Département du Patrimoine, Service
de l’archéologie, Carla Zurstrassen, responsable du Service éducatif de l’Abbaye de Stavelot et
Nicolas Schroeder, chercheur F.R.S-FNRS, Université Libre de Bruxelles.
Remerciements également à :
Alain Dierkens, professeur d’histoire du Moyen Âge, Université Libre de Bruxelles, Mathieu Piavaux, chargé
de cours, Université de Namur, Benoît Van den Bossche, chargé de cours, Université de Liège et Bernard
Lambotte, Archéologue.
Les auteurs et l’éditeur remercient aussi toute l’équipe de l’Abbaye de Stavelot et plus particulièrement son
directeur Virgile Gauthier.
Sommaire
INTRODUCTION P. 3
NAISSANCE DE L’ABBAYE P. 4
LA LÉGENDE DE SAINT REMACLE P. 6
PREMIÈRE ÉGLISE P. 8
NOUVELLE ÉGLISE P. 12
ABBATIAT DE POPPON P. 16
PÈLERINAGE P. 24
www.casterman.com
ISBN 9782203070981
© Jacques Martin - M. Venanzi - M. Barthélémy / Casterman 2014
Droits de traduction et de reproduction réservés pour tous pays. Toute reproduction, même partielle, de cet ouvrage est interdite. Une copie ou reproduction par quelque procédé que ce soit,
photographie, microlm, bande magnétique, disque ou autre, constitue une contrefaçon passible des peines prévues par la loi du 11 mars 1957 sur la protection des droits d’auteur.
Imprimé en France par Pollina. Imprimer en février 2014. Dépôt légal: février 2014 D.2014/0053/379
Déposé au ministère de la Justice, Paris (loi n°49.956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse).
ÂGE D’OR, ABBATIAT DE WIBALD ET D’ERLEBALD P. 28
LES TRÉSORS DE L’ABBAYE P. 32
RECONSTRUCTIONS P. 34
LES XVIIIe ET XIXe SIÈCLES P. 38
L’ÉVOLUTION DE L’ÉGLISE P. 42
PERSONNAGES P. 46
COMPLÉMENT DE VISITE P. 48
L’abbaye de Stavelot
Chronologie
Vers 650, une charte de fondation oc-
troyée par le roi Sigebert III autorise l’ab-
bé Remacle à fonder une abbaye dans
le domaine royal d’Ardennes; avec ses
disciples, il fonde deux communautés
Malmundarium (Malmedy) et Stabulaus
(Stavelot), qui dépendent alors de deux
diocèses différents (Cologne et Tongres-
Maastricht); dès l’origine et tout au long
de leur existence, ces deux communau-
tés seront placées sous l’autorité d’un
seul abbé, résidant traditionnellement
à Stavelot. Remacle décède entre 671
et 679; il est enterré à Stavelot, dans
l’oratoire Saint-Martin qu’il a lui-même
érigé. Un de ses successeurs, l’abbé
Goduin, transfère sa sépulture dans la
première abbatiale le 25 juin 685. Pro-
gressivement se développe un culte au-
tour des reliques du fondateur, dont la
renommée attire un nombre croissant
de pèlerins. Bien gérée, l’abbaye aug-
mente son patrimoine et devient une
institution importante.
Le 6 décembre 881, les Normands in-
cendient l’abbaye. Les moines, avertis
du danger, se sont enfuis dans un de
leurs domaines. Ils reviennent à Stave-
lot, un an plus tard, après réparation
des bâtiments.
L’abbé Odilon, issu de l’abbaye de Gorze,
est nommé à la tête de l’abbaye en 938.
Il introduit à Stavelot les préceptes de
la réforme monastique développée par
cette abbaye proche de Metz. Il rétablit
le pouvoir abbatial sur le monastère de
Malmedy, où les moines s’étaient pro-
gressivement émancipés de l’autorité de
l’abbé. Il élève une nouvelle église, à côté
de l’abbatiale précédente transformée
en chapelle et érige le premier cloître
avec lavabo.
Au début du XIesiècle, l’abbé Poppon,
rallié au mouvement de réforme mo-
nastique initié par l’abbé Richard de
Saint-Vannes, entreprend un vaste pro-
gramme architectural et hisse l’institu-
tion au rang des grandes abbayes impé-
riales. À Stavelot, il reconstruit un nou-
veau cloître suivant un plan très proche
du précédent. Afin d’assurer l’accueil
des pèlerins de plus en plus nombreux, il entreprend l’édifi-
cation d’une grande église de pèlerinage, à l’emplacement de
l’abbatiale précédente arasée.
Sous l’abbatiat de Wibald et de son frère et successeur, Erle-
bald, l’abbaye de Stavelot est, au XIIesiècle, une institution
prospère, en vue auprès des souverains germaniques. Ceux-ci
leur confient des charges importantes, notamment diploma-
tiques. Érudits soucieux d’entretenir la foi et la dévotion des
moines et des pèlerins, ces deux abbés commandent de ma-
gnifiques pièces d’orfèvrerie destinées à orner l’église. Celles-
ci constituent toujours aujourd’hui les pièces maîtresses du
trésor de l’abbaye.
Si la réalisation de la somptueuse châsse de saint Remacle
entre 1220 et 1245 est loin de le suggérer, le contexte po-
litique se dégrade progressivement à partir du XIIIesiècle.
Nobles laïcs et religieux se disputent le pouvoir, générant un
climat d’insécurité et affaiblissant la situation économique de
l’abbaye. Les abbés parviendront toutefois à résister en ces
temps difficiles et à développer la principauté abbatiale de Sta-
velot-Malmedy.
Au début du XVIesiècle, l’abbé Guillaume de Manderscheidt
instaure d’importantes réformes. Dans ce cadre, il reconstruit
le monastère de Malmedy, élève un château sur les hauteurs
de Stavelot et dote l’abbatiale d’une nouvelle tour d’entrée. Un
violent incendie dans l’église en 1574 nécessite la démolition
d’une grande partie de celle-ci. Elle est alors reconstruite sur
les mêmes fondations, mais en style gothique tardif. Elle est
consacrée en 1607.
Dans le courant du XVIIIesiècle, l’ensemble des bâtiments
conventuels est entièrement reconstruit. La première cam-
pagne de travaux dure quatre ans
(1714-1718) et mène au renouvelle-
ment des édifices entourant la cour
d’honneur de l’abbaye.
À partir de 1744, ce sont les bâtiments
du cloître qui sont rebâtis de fond en
comble en style classique. L’abbaye
présente alors le visage que l’on peut
encore admirer aujourd’hui.
La tempête révolutionnaire contraint les
moines dès 1794à fuir en Allemagne
en emportant leurs biens les plus pré-
cieux. Les bâtiments délabrés après le
passage des troupes sont sécularisés
et vendus à deux citoyens stavelotains.
En 1801, le démontage de l’église ab-
batiale commence: tous les matériaux
sont récupérés et ne subsiste plus de
l’édifice qu’une partie de la tour d’en-
trée.
Aujourd’hui, la mise en valeur des ves-
tiges archéologiques découverts lors
des fouilles menées à partir de 1977
permet au public d’appréhender l’his-
toire des bâtiments monastiques éle-
vés à Stavelot. Restaurée par la Région
wallonne en 2002, l’abbaye accueille
plusieurs musées et sert de cadre à de
nombreuses manifestations culturelles,
folkloriques et touristiques.
2
Préface
Située à la porte des Ardennes belges, dans le triangle d’or Spa – Malmedy – Stavelot, implantée au cœur d’une
cité où culture et folklore vivent en harmonie depuis longtemps, l’Abbaye de Stavelot est devenue le moteur d’un
ambitieux projet culturel et touristique et devient ainsi le partenaire du redéploiement économique d’une ville et de
toute une région.
En restaurant et en développant l’Abbaye, la Région wallonne ancre l’histoire dans l’avenir. Une démarche reconnue par
le Commissariat Général au Tourisme qui a attribué «5 soleils», le label de qualité le plus haut pour les attractions
touristiques, à l’Abbaye de Stavelot. Une première en Europe !
La gestion de l’Abbaye est confiée à l’asbl Espaces Tourisme et Culture (ETC). Celle-ci assure la gestion immobilière, la
promotion touristique, la valorisation et l’animation du site. L’Institut du Patrimoine wallon, qui préside et épaule l’associa-
tion dans ses missions, réalise les travaux d’entretien, de maintenance et d’aménagements nécessaires à la conservation
et au développement de l’Abbaye, en coordination avec le Service public de Wallonie, SPW-Département du Patrimoine.
Le site de Stavelot a été inscrit sur la liste du patrimoine majeur de Wallonie. Le pourquoi de cet intérêt est multiple. Sur
le plan historique tout d’abord, puisqu’il s’agit d’une des fondations monastiques les plus anciennes de Belgique, datant
du milieu du VIIesiècle. Aux XIe et XIIesiècles, Stavelot deviendra le centre d’une principauté d’une importance capitale
dans l’Empire, dirigée de main de maître par d’illustres abbés qui joueront un rôle politique de premier plan auprès des
empereurs ottoniens. La qualité des œuvres d’art produites entre le XIe et le XIIIesiècles, aujourd’hui exposées dans les
plus grands musées du monde, justifie largement la notoriété artistique liée au nom de Stavelot.
Avec l’appui du Ministre en charge du Patrimoine, la Direction de l’archéologie du Service public de Wallonie fête cette
année ses 25 années de régionalisation.
C’est pourquoi ETC propose cette nouvelle publication, un hommage à l’histoire archéologique prestigieuse de l’Abbaye
de Stavelot.
Superbement illustré par les dessinateurs belges Marco Venanzi et Mathieu Barthélémy, l’ouvrage retrace par les des-
sins et les mots plus d’un millénaire d’Histoire, de la fondation de l’Abbaye vers 650 par Remacle à la dispersion des
moines bénédictins en 1794 lors de la Révolution française. Grâce au travail des archéologues qui ont œuvré sur le site
pendant plus de 25 ans, les membres du Comité scientifique ont soigneusement reconstitué les différentes phases de
construction de ses élégants bâtiments, mises en images dans cet album.
Un véritable voyage dans le temps en compagnie de Jhen qui ravira un très large public.
Avec son magnifique jardin du cloître, ses trois musées de niveau international, ses salles admirables, ses caves ro-
manes et son site archéologique, l’Abbaye de Stavelot est, à n’en pas douter, la destination plaisir !
Virgile Gauthier
Directeur de l’Abbaye de Stavelot
3
Naissance de
l’abbaye
Vers 648, Sigebert III, roi mérovingien
d’Austrasie et fils aîné du célèbre roi Da-
gobert Ier, fait rédiger une charte autori-
sant la fondation d’une abbaye.
Située dans la forêt royale d’Ardenne, cette abbaye
sera composée de deux monastères, l’un à Stave-
lot, l’autre à Malmedy. Ces deux localités dépendent
alors chacune d’une autorité religieuse différente:
Malmedy est situé dans le diocèse de Cologne,
tandis que Stavelot appartient à celui de Tongres-
Maastricht, futur diocèse de Liège. Cependant, ces
deux communautés seront placées sous la tutelle
d’un seul et même abbé. Enfin, cette future abbaye
de Stavelot-Malmedy suivra les pratiques monas-
tiques de l’époque, prônant le retrait du monde et
la vie en communauté, en s’inspirant des modèles
de Colomban et de Benoît.
Lorsque Sigebert III fait rédiger le texte de l’acte
de fondation de l’abbaye, il n’est âgé que de 17
ans. Sous le nom du jeune roi agit en réalité son
maire du palais, Grimoald, qui est issu de la puis-
sante famille des Pippinides. Ce groupe familial joue
à l’époque un rôle très important dans l’établisse-
ment de communautés religieuses dans la vallée
mosane. En effet, les Pippinides sont impliqués
dans la fondation de Nivelles, à l’initiative de Itte,
la mère de Grimoald, et de l’abbaye d’Andenne, éri-
gée par Begge, la sœur du maire du palais. Gri-
moald tentera d’usurper le pouvoir royal au profit
Le roi Sigebert III délivre à Remacle le diplôme de fondation de l’abbaye de
Stavelot-Malmedy. Miniature du Manuscrit Msc. Hist. 161, f°109 v°, Bamberg,
Staatbibliothek. © Staatbibiothek Bamberg
de sa famille et l’établissement de communautés
religieuses faisait sans doute partie des stratégies
développées pour consolider son pouvoir.
L’importante tâche de fonder et de diriger le futur
monastère de Stavelot-Malmedy, est confiée à l’ab-
bé Remacle. Celui-ci n’est pas un débutant. En ef-
fet, il reçoit son apprentissage à la célèbre abbaye
de Luxeuil, dans les Vosges, fondée vers 590 par le
missionnaire irlandais Colomban. La communauté
de Luxeuil vit alors selon des pratiques probable-
ment inspirées des recommandations de plusieurs
pères de l’Église, mais aussi Colomban et Benoît.
En 638, Remacle est appelé par le futur saint Éloi,
haut fonctionnaire du roi Dagobert Ier (le père de
Sigebert III), à diriger l’abbaye de Solignac, près
de Limoges. C’est sans doute en raison de cette
expérience qu’en 647, Sigebert III lui confie l’édifi-
cation d’un monastère à Cugnon, fondation qui ne
sera probablement jamais construite. Fort d’une
carrière monastique déjà longue, proche de l’entou-
rage du roi Sigebert III et s’étant déjà vu confié d’im-
portantes missions, Remacle est donc le candidat
idéal à la fondation et à la direction de la nouvelle
abbaye de Stavelot-Malmedy.
La première tombe de saint Remacle, sarcophage englobé dans un massif de
maçonnerie, située à l’origine dans un petit oratoire. © M.A.R.R. et A.A., Stavelot
4
Lorsqu’ils arrivent vers 650 dans
le domaine royal, au cœur des
Ardennes, Remacle et ses dis-
ciples s’installent en deux lieux:
Malmundarium (Malmedy) à la
confluence de la Warchenne et
de la Warche et, à quelques ki-
lomètres de là, Stabulaus (Stave-
lot), situé sur les bords de l’Am-
blève. Bien que des documents
hagiographiques affirment que
Malmedy fut fondé avant Stave-
lot, cette chronologie n’est pas
assurée. Ainsi qu’en témoignent
les trous de pieux mis au jour par
les archéologues, à Stavelot, les
bâtiments ne sont que de simples
cabanes en bois rassemblées au-
tour d’un premier lieu de culte, un
oratoire dédié à saint Martin.
Sous l’abbatiat de Remacle, la
communauté cherche le retrait
du monde et l’isolement. Comme
le mentionne la charte de fondation, les moines possèdent une large
partie du domaine royal de la forêt d’Ardenne: un territoire de douze
lieues autour des localités de Stavelot et de Malmedy. L’exploitation de
cette forêt leur est réservée.
Remacle reçoit le titre d’abbé-évêque: il peut dès lors réaliser aussi
bien les tâches confiées à un abbé que celles destinées à un évêque.
L’abbé Remacle meurt entre 671 et 679. Il est inhumé dans l’ora-
toire dédié à saint Martin. De son tombeau ne subsiste qu’une cuve
de sarcophage fragmentée, réassemblée au mortier, mais vide d’os-
sements. En effet, les os seront transférés quelques années plus
tard dans une nouvelle église abbatiale…
Le sarcophage de Remacle a été retrouvé dans la salle du
chapitre du cloître du XIe siècle, une surface rectangulaire
maçonnée l’encadrait, témoignant du soin apporté à la
présentation de la sépulture originelle du fondateur par
les successeurs de l’abbé. © M.A.R.R. et A.A., Stavelot
Fragment de luminaire en
verre retrouvé à proxi-
mité du sarcophage de
Remacle, fin du VIIe siècle.
© IRPA-KIK, Bruxelles
Saint Remacle supervisant la construction de l’abbatiale de Stavelot, détail du
dessin du retable de saint Remacle, Liège, Archives de l’État. © IRPA-KIK, Bruxelles
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