GRAND ANGLE N° 30 - NOVEMBRE 2010
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GRAND ANGLE N° 30 - NOVEMBRE 2010
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Auteurs : Dr C. Groleau et Mme I. Cantina,
Unité d’Hygiène
/
maltraitance
à l'hôpital
L’Hôpital est un lieu d’excellence pour la prise en charge de la
maladie. Il est aussi un lieu d’hospitalité, d’accueil (au sens
le plus large) des malades. Ce que les patients vivent, ce que
les familles et nous soignants vivons est parfois di cile. Dif-
cile du fait de la maladie. Di cile aussi parce que l’accueil,
l’attente, l’information, les soins, le comportement ne sont
pas à la hauteur des espoirs légitimes (les leurs, les nôtres)
investis dans cette rencontre.
Bientraitance
La publication récente d’un rapport de la Haute Auto-
rité de Santé « maltraitance/bientraitance dans les
établissements de santé » est une photographie qu’il
faut analyser :
Les patients hospitalisés et leurs proches y témoignent sou-
vent, et en même temps, de l’humanité des professionnels de
santé et des di cultés qu’ils y ont rencontrées.
Les perceptions des patients et de leurs proches ont permis
d’identi er deux grands types de maltraitance :
Même s’il existe des di érences dans l’apprécia-
tion de certaines situations entre les usagers et
les professionnels, le rapport met en évidence
une importante convergence autour d’un dia-
gnostic de la situation et d’une reconnaissance
du phénomène de maltraitance « ordinaire »
dans les établissements de santé.
Les entretiens avec les professionnels permettent de relier ce
phénomène à des facteurs essentiellement institutionnels,
anciens et nouveaux : la confrontation des professionnels avec
la sou rance et la mort, un encadrement parfois défaillant, des
conditions de travail di ciles, des organisations rigides.
Ce qu’évoquent les usagers mais aussi les professionnels inter-
rogés renvoie à des dimensions fondamentales de la qualité des
soins, celles de l’humanité, du respect de la personne, et à des
aspects essentiels de la qualité des organisations, notamment
la nécessaire prise en compte du point de vue des patients à
tous les niveaux de l’institution.
Pour en savoir plus
une maltraitance liée à des comportements individuels :
Par exemple, les professionnels qui échangent et discutent
entre eux en ignorant le patient présent dans la pièce, qui n’en-
tendent pas ce que leur disent les malades ou leurs proches, les
menaces et humiliations, la culpabilisation des proches.
une maltraitance liée à l’organisation :
Par exemple, la mise à distance des proches, le manque de
disponibilité des professionnels, le rythme imposé des soins,
le bruit, les dysfonctionnements d’une organisation complexe,
les sorties mal préparées, l’absence de réponse aux courriers
de doléance.
Dans le prolongement des
actions déjà menées au CHPM
depuis plusieurs années, il nous
a paru important de di user
largement le rapport de l’HAS
en interne, pour qu’il devienne
un outil de ré exion, d’échange,
de propositions d’évolution de
nos pratiques.
Chaque service de soins en sera
destinataire dans les prochaines
semaines.
Certains problèmes dans la mise en oeuvre concrète de droits
des patients ont été identi és. Le respect de trois droits parti-
culièrement signi catifs, dits « traceurs », est étudié :
• le droit à l’information ;
Par exemple, les annonces brutales, la quête permanente d’in-
formations auprès de professionnels peu disponibles.
• le soulagement de la douleur ;
Par exemple, les plaintes ignorées ou minimisées, les soins
douloureux.
• le respect de la dignité ;
Par exemple, les problèmes liés à la réalisation de certains soins
de base, toilettes et recueil des urines et des selles.
Auteur : Pour le Comité d'Ethique,
Dr Eric Fossier
Plusieurs voies sont ainsi identi ées par les profes-
sionnels permettant de construire une politique de
bientraitance :
Un engagement du management de l’établissement et
des services invités à poser un cadre de référence clair ;
Une meilleure identi cation des situations ;
La formation et la sensibilisation des professionnels ;
La ré exion sur les pratiques ;
Une évolution plus générale, soutenue par le reste de la
société, vers une culture de la bientraitance.
Le 5 mai à Morlaix et le 11 mai à Plougonven, le Centre
Hospitalier des Pays de Morlaix a participé au mouvement
mondial proposé par l’Organisation Mondiale de la Santé et
reprise au niveau national par le Ministère de la Santé sur
l’hygiène des mains.
Au cours de ces journées, 234 professionnels et
90 usagers ont participé aux divers ateliers proposés
par l’équipe d’hygiène, le temps d’un café ( à proxi-
mité du self pour les professionnels et dans le hall
central pour les usagers ).
Pour cette journée, un audit des pratiques a également été
organisé par l’unité d’hygiène sur la thématique des préalables
à l’hygiène des mains conformément aux recommandations
de la Société française d’hygiène hospitalière de 2002 reprises
en juin 2009 et au programme d’action du CLIN validé le
1er avril 2010.
Dans la matinée du mardi 4 mai 2010, en accord avec les Direc-
tions des Soins et de l’Institut de Formation en Soins In rmiers,
les élèves de 2ème année ont e ectué cet audit par observation
chez les professionnels pour les pôles médecine-urgences-réa-
nimation, chirurgie-mère-enfant, SSR et personnes agées, et
psychiatrie-addictologie.
Lors de l’analyse des données, une observation était consi-
dérée conforme, lorsque l’ensemble des critères suivants
étaient respectés : absence de montre, de bracelet, de bagues, y
compris l’alliance, ongles court (<1mm) et sans vernis. Au terme
de la journée du 5 mai, les services de réanimation, pédiatrie,
Cure 1 et An Haleg B, ayant eu les taux de conformité les
meilleurs, se sont vu attribuer un prix par le Docteur Groleau,
Monsieur Laurent et les Cadres de pôle dans chaque pôle
audité. Le taux de conformité global pour l’ensemble de l’éta-
blissement était de 43 %.
Pour en savoir plus
L’année 2009 a été marquée par une augmentation importante
de la consommation de la solution hydro-alcoolique au CHPM
que l’on peut objectiver par l’indicateur IC-SHA. Pour l’année
2008, l’IC-SHA était de 67 % ; pour 2009 il est passé à 125 % (de
l’objectif à atteindre xé en fonction de l’activité de l’établisse-
ment). Cette augmentation est probablement liée à l’installation
massive de supports de SHA dans les chambres et les circulations
qui a permis une utilisation plus fréquente et au plus près des
besoins. Cette très importante progression montre l’implication
de tous les personnels du CHPM dans la lutte contre les infec-
tions nosocomiales. Mais un autre évènement explique en partie
cette importante augmentation puisque 2009 est aussi l’année
de la pandémie grippale.
Aujourd’hui, l’évaluation de la consommation pour l’année 2010
témoigne de la nécessité de poursuivre les e orts. En e et par
rapport à 2009, une chute de 30 % est enregistrée (consomma-
tion calculée sur les mois de janvier à septembre). Aussi, il est
indispensable que chacun d’entre nous se remobilise sur les indi-
cations et la fréquence d’utilisation de ces produits. N’oublions
pas que les "standards" utilisés par le ministère pour calculer
cet indicateur sont des minimaux, et que le nombre de frictions
par patient et par journée est sous évalué par rapport au nom-
bre d’indications réelles constatées sur le terrain. D’ailleurs, et
conformément à ce qui était annoncé, le Ministère de la Santé
augmente ces exigences en terme de consommation attendue
dès l’année 2010. Alors maintenons notre vigilance sur cette
mesure phare de la lutte contre les infections nosocomiales.
Les ateliers comprenaient notamment :
Un clip reprenant « en musique » les di érents gestes pour une
bonne friction et insistant sur les indications.
Des lampes UV pour tester la qualité de la technique de friction.
Des ateliers de microbiologie (Observation des germes au
microscope et des prélèvements sur boîtes de pétris).
Un quiz pour mettre à jour et/ou compléter les connaissances.
Des panneaux d’a chage, notamment sur l’histoire de la solu-
tion hydro-alcoolique dans notre établissement depuis 1996.
L'occasion également d’un échange privilégié entre l’équipe
d’hygiène avec chaque participant.
Tous les critères présents
Pas d'alliance
Pas de montre
Pas de bagues
Ongles < 1mm
Pas de bracelet
Pas de vernis
43
67
79
85
86
91
99,5
100 3020 40 50 60 70 80 90 100
Taux de conformité de l’audit
« Préalables à l’hygiène des mains »
2001
140
Evolution de l’IC-SHA sur le CHPM
depuis 2001
120
100
80
60
40
20
0
2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010
ordinaire
5 7 10 21 29 37 47
67
125
84