« l’Ombre entre » seulement à la fin. La ville de Molière est une avenue en
perspective. La confusion vient du fait que les comédiens, pour représenter
des lieux différents, ont pu réutiliser dans l’acte III et dans l’acte V des élé-
ments d’un même décor, le « théâtre de statues ».
Des machines pour l’acte V
– La métamorphose du Spectre en Temps : chute de Dom Juan en enfer
pendant que la Statue prend son vol vers le Ciel.
Existence d’un livret dauphinois : « Description de superbes machines et
des magnifiques changements de théâtre du Festin de Pierre ou l’Athée fou-
droyé de M. de Molière ».
– Pour une dramaturgie de « Dom Juan » : les effets spectaculaires sont sus-
ceptibles d’un enjeu sérieux, le théâtre profane est rarement coupé complè-
tement de ses répondants religieux ; le merveilleux, mythologique ou chré-
tien, plonge ses racines dans la psyché profonde. Le théâtre jésuite était un
théâtre des merveilles. Les procédés du théâtre à machines sont identiques
chez les jésuites et au Marais, au palais Barberini et chez Molière, même si
l’état de la salle du Palais-Royal en 1665 limite les possibilités de ce dernier.
On trouve dans le théâtre de ce temps l’équivalent de la métamorphose,
de la statue parlante, du foudroiement du rebelle abîmé dans les dessous du
théâtre, tous éléments qui paraissent contraires à la règle classique de la
vraisemblance.
Le merveilleux mythologique ou d’apparente fantaisie comme dans
Dom Juan, volontiers taxé de féerie avec sa figure plutôt païenne du Temps,
consonne avec l’enseignement de l’Église dramatisé par le théâtre propre-
ment religieux, et d’autant mieux que l’image antique du Temps, père de la
Vérité, remise à l’honneur par Érasme d’après Aulu-Gelle, est après lui fré-
quemment allégorisée dans un sens chrétien, même parfois dans un
contexte païen, pour annoncer et célébrer le triomphe de la foi.
Le motif des déguisements du Démon est fréquent dans le théâtre de
l’époque. Dom Juan est-il le Démon déguisé ? Tentateur et séducteur, vêtu
de rouge et or, le grand seigneur méchant homme est de mieux en mieux
reconnu comme un sujet du Démon, dont il tient l’ironique volonté de
sacrilège en enlevant à Dieu une épouse au couvent, en dérobant un mort
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