propos sur les aphorismes de

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PROPOS SUR LES APHORISMES DE
Françoise M.
… ou les discours sibyllins de la Méthode Mézières
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Michel MAGNAVAL
Masseur Kinésithérapeute – Mézièriste – Ostéopathe D.O - Marseille
A l’aune de l’evidence based medicine (EBM) parler des « aphorismes de Françoise Mézières » peut paraître saugrenu,
pourtant en peu de mots elle a su interpeller notre recherche « scientifique de la complexité humaine ». Essayons d’y
voir plus clair …
Aphorisme
n.m. (gr. aphorismos, définition)
•Sentence où s’opposent la concision d’une expression et la richesse d’une pensée, dont l’objectif
est moins d’exprimer une vérité que de contraindre à réfléchir.
(Dictionnaire Larousse - 2010)
1 - Nous naissons tous beaux et bien faits …
•C’est toujours ce que m’a dit ma maman pour laquelle j’étais « le plus beau des petits » !
•Cela veut surtout dire que c’est la fonction qui modifie la forme au cours de la vie, l’homo erectus se verticalisant, se
lordose et apparaissent les courbures vertébrales, lordoses à l’origine de nos cyphoses et de nos déformations …
2 - Les classiques ont confondu équilibre et maître couple …
•Le maître couple est un système de 2 forces parallèles et de sens contraire qui font tourner le corps autour de son
centre de gravité. C’est le « déplacement des masses » pour ramener « économiquement » le centre de gravité au milieu du
polygone de sustentation. Ceci est un moyen pour garder l’équilibre mais ce n’est pas l’équilibre lui-même.
3 - Au cimetière tous les squelettes se ressemblent, dans le cercueil chacun reprend sa taille …
•Car le tonus musculaire n’est plus, et les muscles cessant leur fonction, les articulations se réalignent, avant la rigidité
cadavérique, qui ne connaît pas de dominante agoniste ou antagoniste !
•Donc « gisants » nous ne sommes plus tassés par notre propre force, ni ridés, ni pleins de rictus.
•Cimetière, du Grec « Koimetirion » = dortoir !
C’est pourquoi, « pour vivre heureux, vivons couchés » !
4 - Il ne faut jamais faire surgir une douleur sans la tuer, sinon vous l’avez exacerbée.
•A la pression, une contracture musculaire sera douloureuse (syndrome du Pyramidal par exemple). Au thérapeute de faire
céder la douleur provoquée de cette contracture avant que de dire au patient « lève toi et marche » …
5 - Chercher toujours ailleurs que là où cela se passe, que là où est la douleur
•L’exemple parfait est celui de la douleur inter-scapulaire en regard de D 5 décrite par Maigne.
•Son origine est C 5. Il s’agit d’une « douleur rapportée ». De même pour les « douleurs
« provoquées » par la palpation.
référées » viscérales ou
•Donc évitons de nous fier aux apparences et essayons, à partir des conséquences, de remonter à la ou aux causes
possibles
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6 - Il faut n’avoir d’yeux que pour la morphologie parfaite …
•C’est la « chasse aux compensations » : il faut savoir regarder ailleurs que seulement là où l’on agit, car ainsi on verra se
révéler une rétraction. « On ne peut pas tourner une clé dans une serrure sans que tout notre corps n’ y participe … »
•Le modèle idéal de l’Apollon du Belvédère doit demeurer dans notre esprit alors que nous travaillons dans la globalité pour
recréer une forme esthétique (nombre d’Or).
7- Nous faisons de la sculpture sur le vivant …
Car tel des sculpteurs, nous recherchons une « norme équilibrante harmonique » applicable à l’esthétique du corps
humain et à sa plasticité pour une fonctionnalité « équilibrée », c’est-à-dire confortable, en agissant sur la forme (la répartition
des volumes), certes, mais aussi sur le rythme (la dynamique, la gestuelle) de l’harmonique humaine .
8 - Nous redonnons la forme pour rendre la bonne fonction …
•Une forme ostéo-musculaire équilibrée permet un juste mouvement en évitant les contraintes des hyper-pressions frénatrices
du geste.
•La fonction est tributaire d’un « juste équilibre tensionnel réciproque ». D’où la recherche d’esthétisme …
•« La structure gouverne la fonction »
et la fonction façonne la structure ...
9 - Ce sont les muscles qui déterminent la forme du corps …
•Et plus encore les équilibres tensionnels réciproques des fascias et aponévroses (conjonctif) qui conditionnent la forme du
muscle, canalisent la fonction, et orientent le mouvement. Récupérer l’élasticité perdue par un travail isométrique
excentrique, contrer l’aggravation que je produis en étirant ici ou là me permettra d’étirer et d’harmoniser la forme tout en
régulant agonistes-antagonistes (réflexe myotatique inversé) et polyarticulaires.
10 - Les lignes du corps sont obliques et rectilignes …
•Les chaînes musculaires polyarticulaires se définissent en :
chaînes directes rectilignes
chaînes croisées obliques
et répondent à l’organisation des lignes de gravité régissant la statique
11 - Toujours aligner l’Occiput sur le Scapulum et le Sacrum …
•Pour étirer la chaîne postérieure il faut mettre dans un même plan les sommets de cyphoses.
•Pour reculer la tête, il convient de reculer l’occipital puis de basculer le menton en soufflant (pas de « menton sternum » comme
le veut la légende). En décubitus je demande au patient de diriger le regard sur ses pieds.
12 - Il n’y a que des lordoses, des crispations diaphragmatiques, des rotations internes …
13 - La lordose se déplace comme un anneau sur une tringle …
La lordose n’est pas statique, « elle se déplace comme un anneau sur une tringle » et pas seulement le long du seul rachis : la
hanche, le creux poplité peut devenir hyper ou hypo lordose, ainsi que le coude, la main ou le pied …
14 - La lordose s’accompagne toujours de la rotation interne des membres …
•Cela vient du fait de la prédominance des muscles pronateurs et des muscles rotateurs internes ( le « prendre et amener
à soi » hégémonique de Souchard ), premiers muscles apparus chez les sauriens vertébrés (les crocodiles ne peuvent pas
reculer par manque de muscles supinateurs-rotateurs externes !)
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15 - La laxité, cela n’existe pas : c’est une raideur camouflée !
•Hormis dans le cadre de l’élastopathie (contorsionnistes, Syndrome d’Enhler-Danlos), il ne s’agit que de fuites en torsion
rotation déstabilisant les rapports articulaires. (la voûte plantaire par exemple ne s’écrase pas, elle se couche parce que le genou
tourne en dedans)
•« Rééquilibrer l’élasticité normale des muscles postérieurs qui ne forment qu’une chaîne »
16 - Le diaphragme se crispe pour éviter quelque chose de déplaisant …
•Zone de crispation par excellence la coupole diaphragmatique est soumise à l’émotionnel, le plexus solaire répondant au
stress sans nuances (système neurovégétatif).
17 - Ne jamais faire d’effort sur l’inspir : on expire à l’effort !
•Pour éviter le « décalage des échanges » il faut privilégier le relâchement de l’expir. Eviter d’essayer de prendre
davantage pour donner plus ! De plus la contraction des abdominaux lors de l’expir. favorise un gain de force.
•Ainsi le bûcheron souffle lorsqu’il abat la cognée, le karateka souffle lorsqu’il assène un atemi.
18 - Les limitations de mouvement sont toujours des blocages musculaires …
•Un muscle recruté à l’excès, contracturé, a tendance à se rétracter puis à se fibroser (c’est la loi du conjonctif) donc à
perdre de l’élasticité, de sa capacité contractile et de sa force. Cette perte de possibilité d’élongation myo-fasciale crée un
frein au mouvement.
19 - Toutes les déviations vertébrales sont d’origine musculaire …
•Certes … ce sont les muscles , mono et poly articulaires, qui mobilisent les vertèbres.
•Leur physiologie fait qu’ils seront latero-fléchisseurs, rotateurs homo ou controlatéraux, fléchisseurs ou extenseurs.
•La tridimensionnalité de la physiologie musculaire et articulaire créera les scolioses, cyphoses, lordoses (et les « machin
choses »).
20 - La lordose est l’ennemi n° 1.
Elle est à l’origine de la scoliose et des rotations des vertèbres …
•La première déformation scoliotique est un redressement de courbure (extension) sur un ou deux niveaux vertébraux.
Puis apparaissent latéroflexion et rotation. La tridimensionnalité est un mouvement hélicoïdal universel (ADN).
•La latéralisation appartient aux centres nerveux, aux habitus. « Détordre en délordosant »
21 - On se tord en pas de vis, ce qui donne une épaule en l’air et l’autre en avant …
Les ceintures inter réagissent en contre torsion pour préserver l’horizontalité du regard, du plan manducateur et des canaux
semi-circulaires de l’oreille interne. (centre de torsion D 8)
22 - Les épaules doivent toujours être décontractées …
•Il n’est pas de bonne tenue d’épaule sans liberté du diaphragme car le blocage diaphragmatique en inspir. lors des efforts, et
sur la retenue très fréquente de l’expiration (stress), entraîne l’élévation des épaules et leur fixation dans cette attitude.
Penser aussi au rôle lordosant du Grand Dorsal …
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23 - On n’enfonce pas une cyphose, on allonge les lordoses consécutives
•Cyphose = courbure primaire, zone de protection pour les fonctions nobles, hégémoniques et vitales, point d’appui des
chaînes musculaires, victime des lordoses (adaptativité secondaire)
•Lordose = courbure secondaire, adaptativité primaire, point d’action des chaînes musculaires.
•L’excès de lordose est responsable de l’excès de cyphose.
24 - Le Quadriceps est le muscle clé !
•Bien sur puisque Mlle. Mézières ajoute :
« Il n’est pas de bonne tenue de tête, sans quadriceps » puisque les antagonistes à la chaîne postérieure pour elle sont
toujours hypotoniques. Par contre une hypertonie du quadriceps (danseuses) va engendrer une hyperlordose parce que le droit
antérieur va anteverser le bassin. Penser au Polio qui marche … sans ses quadriceps grâce à un recurvatum des genoux !
25 - On tient ses jambes avec ses épaules
•Une lordose lombaire doit être longue et harmonieuse, d’où le rôle essentiel des psoas et diaphragme sur la colonne lombaire,
et des scalènes « les psoas du cou » sur la colonne cervicale. Toute modification de tension de ces muscles va influer sur la
tenue du « triangle supérieur » céphalo-scapulaire et du socle lombo-pelvi-fémoral.
26 - Il n’y a pas d’abduction des jambes sans lordose …
•Abduction hanche = antéversion du bassin = > de lordose lombaire
•L’Abduction s’accompagne volontiers de Rotation externe, geste facilité par l’antéversion du bassin projetant le cotyle en
dehors.
27 - Le pied est l’article le plus intelligent du corps : il est coincé entre l’arbre et l’écorce.
•Dessous, il doit s’adapter au sol
•Dessus, il reçoit toutes les oscillations …
Et, pronograde, il doit s’adapter à tout cela …
« Le pied n’est que de l’homme, aucune bête n’a de pied !
28 - Quand un sujet ne peut s’asseoir qu’à l’équerre, c’est que sa région lombo-sacrée est touchée.
Celle-ci doit s’ouvrir pour que le sujet puisse aller au-delà …
WHY ? POURQUOI ? PORQUE ?
A vous de répondre : je ramasse
les copies dans 5 minutes …
•Bon, un indice : que fait le sacrum (sacro-iliaque) quand je fléchis les cuisses au-delà de 90 ° ?
© Michel MAGNAVAL
Masseur Kinésithérapeute – Mézièriste – Ostéopathe D.O – Marseille
Journée Régionale AMIK Sud-Est - 04 Février 2012
XVème Congrès International AMIK – 23, 25 Mai 2014 – Giens (Var)
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Réminiscence
•Née le 18 juin 1909 à Hanoï, Françoise Mézières a été diplômée de l’Ecole Française d’Orthopédie et de
Massage (Paris) en 1938. Elle y enseigna ensuite l’anatomie, la physiologie et la gymnastique médicale. En
1947 elle fait son observation princeps : « les muscles postérieurs se comportent comme un seul muscle,
ils ne sont ni trop faibles ni trop longs, mais trop forts et trop courts. »
•En 1949 elle publie « Révolution en gymnastique orthopédique ». En 1967 elle expose sa méthode basée
sur des étirements tendant a restituer la forme normale pour une bonne fonction. Dans les années 1970 de
l’Ile d’Elle en Vendée à Saint-Mont dans le Gers (1974) elle développe son enseignement, objet de
controverses … et publie en 1984 « Originalité de la Méthode Mézières ». Elle décède le 17 Octobre 1991 à
82 ans à Noisy sur Ecoles dans la région parisienne.
Principes, Objectifs, Moyens
PRINCIPES
•Participation active du patient au projet thérapeutique.
•Travail segmentaire ou analytique à bannir (hormis lorsqu’il est inclus dans une finalité globale, travail
des orteils par exemple)
•Aborder le corps comme une « unité fonctionnelle » par une approche globale.
•Allongement simultané des muscles postérieurs et rotateurs internes (recherche d’un gain
d’élasticité musculaire par fluage), en fixant les extrémités en position excentrique, en axant
rigoureusement les segments (mise dans un même plan de l’occiput, du scapulum et du sacrum, et rotation
externe des membres), en éliminant au fur et à mesure de leur apparition toutes les compensations.
•Travail libératoire de la respiration, en expiration relâchée (soupir) et profonde
•Harmoniser les tensions toniques par contractions statiques excentriques en étirement maintenu
(isométrie) pour permettre le gain d’élasticité du conjonctif et la diminution du tonus γ, l’inhibition des
agonistes, la facilitation des antagonistes.
OBJECTIFS
•Déspasmer, détendre, détordre, redonner une bonne forme pour récupérer de bonnes fonctions
•Redonner la mobilité en « réveillant » les zones hypo mobiles.
•Rechercher l’esthétisme en se référant au modèle morphostatique idéal.
•Eduquer pour prévenir.
MOYENS
•Postures axiales globales d’étirement excentrique, en isométrie.
•Travail manuel : massages localisés à visée relaxante, techniques myotensives, mobilisations
segmentaires.
•Prise de conscience corporelle : réharmoniser la proprioception, engrammation des acquis et intégration
au schéma corporel.
 Michel Magnaval - 95
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© Michel MAGNAVAL
Masseur Kinésithérapeute – Mézièriste – Ostéopathe D.O – Marseille
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XVème Congrès International AMIK – 23, 25 Mai 2014 – Giens (Var)
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