Vol. 30, NO1 - 2007 Synthèse 13
Les anomalies congénitales sont définies
comme une modification d’un organe plus ou
moins apparente, présente dès la naissance
de l’animal. Cette modification peut altérer le
fonctionnement de l’organe.
Les principales anomalies répertoriées chez le
porc sont les hernies ombilicales, les hernies
inguinales/scrotales, la cryptorchidie, l’inter-
sexualité, les atrophies ou dissymétries tes-
ticulaires, les atrophies de la vulve, les anus
imperforés (atrésie anale), le prognathisme
facial, le phimosis, la rétention urinaire et les
tremblements. On peut y ajouter de manière
non exhaustive d’autres malformations telles
que le splay-leg, l’arthrogrypose, les fentes
palatines, le nanisme et les porcelets sans
queue.
Dans le contexte de l’amélioration génétique
des populations porcines, l’introduction de
nouveaux critères de sélection reste d’actuali-
té. Ces caractères doivent permettre de répon-
dre à de nouvelles contraintes réglementaires
ou à la prise en compte d’aspects qui apparais-
saient jusqu’à présent secondaires. C’est le cas
des anomalies qui font l’objet d’études géné-
tiques depuis plus de 50 ans. Cependant, le
déterminisme génétique de ces anomalies est
plus complexe que la simple transmission d’un
gène défectueux. Le développement des outils
de génétique moléculaire ouvre de nouvelles
voies pour mieux connaître les mécanismes
d’apparition de ces anomalies.
Les fiches techniques
Dans un premier temps, les sélectionneurs
porcins de BIOPORC, association ayant pour
objectif de définir et coordonner des program-
mes de recherche prioritaires en génomique
dans l’espèce porcine, ont été consultés afin
de déterminer les anomalies congénitales les
plus fréquemment rencontrées en élevage. A
Les anomalies
congénitales porcines :
la génétique au service
d’une préoccupation
de la filière
Les anomalies congénitales représentent une préoccupation majeure pour la
production porcine. Elles induisent une augmentation de la mortalité des
animaux et une dépréciation des carcasses à l’abattoir entraînant des pertes
économiques. De plus, la présence d’anomalies dans un élevage est souvent mal
perçue pour des raisons de bien-être et d’éthique. Les causes de ces anomalies
sont souvent mal identifiées et d’origines diverses : facteurs génétiques, alimen-
taires ou sanitaires.
C’est pourquoi, en 2007, la filière porcine a décidé d’inscrire l’étude des anomalies
congénitales dans ses priorités : réalisation de fiches descriptives des anomalies,
constitution d’une base de données anomalies congénitales en association avec une
banque d’ADN, partenariat avec des équipes de recherche européennes…
Résumé
Les anomalies congénitales
sont induites par une modifi-
cation de la conformation d’un
tissu ou organe à la naissance.
Les plus souvent observées
en élevage porcin sont les
hernies ombilicales ou scrota-
les/inguinales, la cryptorchidie
et l’intersexualité. Elles peuvent
avoir une cause génétique mais
leur déterminisme n’est pas
toujours établi. Des facteurs de
milieu, infectieux ou nutrition-
nels peuvent être impliqués.
Elles ont une incidence sur le
bien-être des animaux et un
impact économique potentiel-
lement important. En 2007, la
filière porcine a inscrit l’étude
de ces anomalies dans ses
priorités. Des fiches descripti-
ves des principales anomalies
ont été réalisées pour servir
d’appui aux professionnels. Les
éleveurs et techniciens peuvent
les identifier et décrire pour
transmettre des données com-
plètes et fiables, indispensables
pour valoriser ces informations.
Les anomalies observées sont
enregistrées dans une banque
de données et des prélève-
ments d’ADN sont réalisés sur
les animaux porteurs et appa-
rentés en vue d’une étude.
Sandrine SCHWOB
Isabelle DELAUNAY
Catherine LARZUL*
* INRA Jouy
Vol. 30, NO1 - 2007
Synthèse
14
partir des connaissances acquises
sur le sujet et grâce à la collabo-
ration de nombreux acteurs de la
filière, des fiches techniques décri-
vant précisément les anomalies
ont été réalisées.
Les anomalies étudiées priori-
tairement, compte tenu de leurs
fréquences, sont les hernies scro-
tales/inguinales et ombilicales, la
cryptorchidie et l’intersexualité.
Actuellement, 4 fiches techniques
descriptives de ces principales
anomalies (1 fiche par anomalie)
ont été créées. Ces fiches sont
mises à la disposition des pro-
fessionnels pour permettre une
description précise et homogène
entre les élevages.
Les fiches techniques présentées
ci-contre sont consultables sur
le site de l’IFIP : http://www.ifip.
asso.fr/ame/index.htm
Le projet ANOPORC
La description précise des animaux
porteurs d’anomalies congénitales
est la première étape indispensable
pour étudier plus finement les ano-
malies et partir à la recherche de
gènes impliqués dans leur expres-
sion. La filière porcine, à travers
le projet ANOPORC (ANOmalies
PORCines), a décidé de se doter
d’un outil d’enregistrement de cas
répertoriés d’anomalies congénita-
les en constituant une banque de
données phénotypiques et molé-
culaires des animaux porteurs
et de leurs familles : père, mère,
frères et sœurs de portées sains et
atteints.
Ce projet, mené en partenariat par
l’IFIP, l’INRA et les Organisations de
Sélection Porcine, a pour objectif
de recueillir des données sur 100 à
200 familles par anomalie.
La collecte de telles données devrait
tout d’abord permettre de trouver
des marqueurs moléculaires des
différentes anomalies. Pour la sélec-
tion, le but est de proposer un test qui
permettra d’identifier les verrats por-
teurs d’anomalies pour les éliminer.
Perspectives à travers
des partenariats
européens
Plusieurs équipes européennes
mènent également des travaux de
recherche sur le déterminisme géné-
tique des anomalies congénitales, en
Allemagne mais aussi en Belgique,
en Norvège et en Finlande. Des
collaborations au niveau européen
sur cette thématique sont d’ailleurs
envisagées. Les premiers résultats
obtenus ont déjà mis en évidence
plusieurs zones du génome impli-
quées dans l’apparition d’anoma-
lies, notamment des hernies.
Contact :
catherine.larzul@jouy.inra.fr
Les anomalies étu-
diées prioritairement,
compte tenu de leurs
fréquences, sont les
hernies scrotales/ingui-
nales et ombilicales,
la cryptorchidie
et l’intersexualité.
Pour la sélection,
le but est de proposer
un test qui permettra
d’identifier les verrats
porteurs d’anomalies
pour les éliminer.
F
o
r
m
a
t
i
o
n
2007
Public
Les éleveurs sélectionneurs et multiplicateurs
Les membres de leur encadrement technique
Objectif
Maîtriser les outils de gestion de la variabilité génétique
Être capable d’évaluer l’impact des stratégies de sélection sur la consanguinité
du troupeau
Inscription
par fax : 01 40 04 53 77
Renseignement
par tél : 01 40 04 53 66
www.ifip.asso.fr
Gestion de la variabilité génétique
Durée un jour - Isabelle DELAUNAY (IFIP)
Pour en savoir plus :
une formation IFIP sur mesure
Remerciements aux éleveurs et techniciens des Organisations de Sélection Porcine de BIOPORC
pour la collecte des informations, à Annabelle Feuvrier, stagiaire de l’IFIP, pour sa synthèse bibliographique
sur le sujet, et au Ministère de l’Agriculture pour son soutien financier.
Vol. 30, NO1 - 2007 Synthèse 15
La cryptorchidie
Définition
La cryptorchidie ou ectopie testiculaire est une anomalie du développement de l’appareil génital mâle
qui se caractérise par l’absence de descente d’un ou des deux testicules de la cavité abdominale dans
le scrotum.
On distingue deux types de cryptorchidie :
Si le (ou les) testicule(s) est (sont) resté(s) dans la cavité abdominale, on parle de cryptorchidie
abdominale,
Si le (ou les) testicule(s) est (sont) engagé(s) dans l’espace inguinal, on parle de cryptorchidie
inguinale.
Chez le porc, l’ectopie est plus souvent abdominale qu’inguinale.
La cryptorchidie peut être unilatérale (un seul testicule est descendu normalement : mono-cryptor-
chidie/monorchidie) ou bilatérale (dicryptorchidie). Les vrais cryptorchidies correspondent à la non
descente des deux testicules, les animaux sont alors stériles. On parle d’animaux « pif » ou « piffre »
dans le cas des mono-cryptorchidies.
Détection de l’anomalie
On peut mettre en évidence une cryptorchidie très précocement étant donné que la descente des
testicules dans le scrotum se produit pendant les dernières semaines de la vie fœtale.
Par une simple palpation des bourses, on remarque l’absence de gonade dans le scrotum, il est facile
de se rendre compte de l’existence de cette anomalie :
Lorsque le testicule gauche n’est pas descendu, on parle de cryptorchidie unilatérale gauche
(respectivement cryptorchidie unilatérale droite en l’absence de descente du testicule droit).
Si les deux testicules sont impalpables, il s’agit d’une cryptorchidie bilatérale.
Fourreau Pénis
Espace inguinal
Epididyme
Testicule
Scrotum
Rectum
Schéma de l’appareil génital du verrat
Animal dicr
yp
torchide Animal monorchide droit Animal monorchide
g
auche
le testicule gauche n’est pas descendu
Vol. 30, NO1 - 2007
Synthèse
16
Les hernies ombilicales
Définition
La hernie ombilicale est un renflement souple au niveau du nombril causé par une faiblesse musculaire.
Une protrusion se forme alors dans un orifice naturel (anneau) qui s’affaiblit et permet la descente du
contenu abdominal dans la région ombilicale. Les hernies ombilicales forment alors une masse molle
au niveau du nombril.
Les faiblesses musculaires proviennent d’une fermeture incomplète de la tunique musculaire de
l’abdomen ou d’un retard dans la fermeture de l’anneau ombilical.
Détection de l’anomalie
Les hernies ombilicales peuvent être très peu marquées à la
naissance. Elles apparaissent, dans la majorité des cas, au cours
du post-sevrage ou de l’engraissement.
Hernie ombilicale
Vol. 30, NO1 - 2007 Synthèse 17
Les hernies inguinales et scrotales
Définition
Les hernies inguinales et scrotales sont des renflements souples au niveau de l’aine ou du scrotum.
Elles correspondent à un passage de l’intestin grêle dans le canal inguinal (hernie inguinale) ou dans
le scrotum (hernie scrotale).
Il s’agit d’une anomalie de la paroi abdominale et non du tube digestif en lui-même : on pense que
les hernies sont dues à une faiblesse musculaire ou à un canal inguinal anormalement large.
Détection de l’anomalie
Cette anomalie peut apparaître dès la naissance (mais elle est alors difficile à voir) ou après la cas-
tration (en post-sevrage).
Les hernies inguinales apparaissent majoritairement chez les mâles.
Les hernies peuvent être unilatérales (à droite ou à gauche) ou bilatérales.
La distinction entre hernie inguinale et hernie scrotale est difficile à faire, c’est pourquoi il est impor-
tant de décrire la position de la hernie : à l’aine, au scrotum (chez les mâles) ou sous la vulve (chez
les femelles).
Hernie gauche au scrotum (chez un mâle)
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