future. Un premier pas : s’entendre avec Londres et signer le traité de Dunkerque en mars 1947,
essentiellement dirigé contre l’Allemagne. Un second pas : avec Londres en 1948, souscrire à l’idée de
l’extension du traité de Dunkerque aux pays du Benelux dans le cadre du traité de Bruxelles, signé le 17
mars 1948. Les Français, en première ligne, veulent plus, s’assurer d’un engagement militaire américain
contre la menace soviétique. En avril 1949, la France est ainsi signataire du Traité de Washington qui
institue un système de sécurité commun fondé sur un partenariat entre l’Europe et l’Amérique du Nord,
l’un des premiers douze signataires. Les négociations entre Paris et Washington, Paris et Londres ont été
parfois tendues, mais cet engagement de Guerre froide, sauvegarde de la sécurité et de la liberté,
conformément aux principes de la Charte des Nations - Unies, est pris et n’a jamais été renié. Ainsi, selon
le préambule du traité de l’Atlantique Nord,« les Etats parties au présent Traité » s’affirment «
déterminés à sauvegarder la liberté de leurs peuples, leur héritage commun et leur civilisation, fondés sur
les principes de la démocratie, les libertés individuelles et le règne du droit. » [1]
Plus de vingt ans après la fin de cette ère de Guerre froide, plus de vingt ans après la fin de l’URSS, plus
de vingt ans après la dissolution du Pacte de Varsovie, union militaire et idéologique dirigée par Moscou,
la longévité de l’OTAN interroge. D’autant plus que certains membres, nouveaux venus, ne peuvent se
présenter comme des modèles de démocratie, et de garants du droit et des libertés. Quelques retours en
arrière, à feuilleter l’album des souvenirs, s’imposent.
1947. Nouvellement instituée à Washington, la CIA observe avec inquiétude la situation française : le parti
communiste a acquis plus de puissance qu’en aucun autre pays européen hors de l’URSS. Jacques Duclos,
numéro deux de ce parti conduit par Maurice Thorez, serait devenu, au regard de l’agence du
renseignement américain et du Département d’Etat, le porte-parole du Kremlin ! Les Soviets auraient
l’intention de faire de Paris leur quartier général pour nombre d’activités souterraines. Dans le même
temps et en dépit de la forte influence des communistes, Moscou redoute que la France ne se positionne
au centre d’un bloc occidental dirigé contre l’URSS. Moscou n’aurait pas oublié le rôle de Paris, de
Clemenceau et de Foch en 1918-1919, décidés à construire un cordon sanitaire pour faire barrage à la
contagion de la révolution bolchévique. Le parti communiste est très présent mais les élites françaises,
pour Moscou, ne sont pas fiables. Washington tout comme Moscou n’a pas une vision rassurée de cette
France défaite en 1940, puis sauvée en 1944 grâce au débarquement allié et à l’appui des résistances
intérieures, de De Gaulle et du parti communiste.
Printemps 1947. Effroi à Paris. Le ministre des Affaires étrangères Georges Bidault, de retour en mars de
la conférence de Moscou qui portait sur le futur de l’Allemagne, se précipite chez le Président socialiste
Vincent Auriol pour l’alerter. L’URSS n’est pas un partenaire possible. C’est du Kremlin qu’émane la
nouvelle menace. Il faut mettre en place rapidement une défense occidentale avec la Grande - Bretagne et
les Etats - Unis. Dès mars 1946, le général Billotte avait été dépêché aux Etats - Unis pour prendre
contact, en voix off, avec les militaires américains.
Les négociations entre les Etats - Unis et leurs alliés européens, français et britanniques au premier chef,
qui aboutissent à la signature du Pacte atlantique, le 4 avril 1949, auront duré près de deux ans. Paris se
méfie de Londres, quoi de plus naturel ? La France vaincue a collaboré avec l’Allemagne… alors que les
Anglais se sont battus. Or, la France demande beaucoup : la participation américaine à la défense de
l’Europe occidentale ; être reconnue avec la Grande - Bretagne auprès des Etats - Unis comme l’un des
dirigeants de l’Alliance atlantique. La portée de l’extension géographique du Pacte pose problème à Paris
qui veut étendre le traité vers le sud pour se trouver ainsi au centre du dispositif : l’Italie sera admise et
les départements français d’Algérie couverts. Le 27 juillet 1949, l’Assemblée nationale et le 29 juillet, le
Conseil de la République ratifient le traité. Les élites militaires françaises, divisées en 1945-46, se sont
peu à peu rassemblées autour de la vision d’une France intégrée dans le dispositif occidental, avec pour
mission, la défense du monde libre. Ambassadeur de France, Georges Bonnet commente : « Aux quelque
trois cents divisions que la Russie et ses satellites avaient dès maintenant en ligne, l’Europe occidentale,
France, Belgique, Hollande, ne pouvait pratiquement rien opposer. Un chef militaire éminent disait alors :
« En cas d’agression, nous ne pourrions que tenter de créer un maquis ! » Et l’on répétait à l’envie que
l’Europe devrait être évacuée au moins jusqu’aux Pyrénées et que la France connaîtrait à nouveau les
horreurs de l’occupation, suivie d’une libération destructive à coups de bombes atomiques. Toute l’Europe