promettait, en disant (II Thessal., III, 3): "Dieu est fidèle; il vous
affermira et vous gardera du mal."
"Moi" donc "Paul," "j’ai affermi ses colonnes," c'est-à-dire, les
fidèles de l’Eglise d’Ephèse; car les fidèles sont appelés les
colonnes de l’Eglise, parce qu’ils sont tenus d’être droits, élevés et
forts. Droits par la foi, élevés par l’espérance, forts par la charité.
Droits, c'est-à-dire: par la foi, car la foi montre la voie droite pour
arriver à la patrie: aussi est-elle figurée par la colonne de nuée, dont
il est dit dans l’Exode (x, 21): "Et le Seigneur marchait devant eux,
pour leur montrer le chemin, paraissant durant le jour en une
colonne de nuée. La foi, en effet, a, comme la nuée, son obscurité,
parce qu’elle ne voit encore que comme en énigme; la ténuité,
parce qu’elle a son terme, et la fraîcheur, parce qu’elle provoque la
dévotion. Elevés par l’espérance, car cette vertu porte aux choses
d’en haut; c'est pourquoi elle est figurée par la colonne de fumée, d
il est dit (Juges xx, 40): "On vit comme une colonne de fumée qui
s’élevait, de la ville." L’espérance, en effet, a cette ressemblance
avec la fumée, qu’elle s’élève du feu, c'est-à-dire de la charité,
monte en haut et s’évanouit à la fin, c'est-à-dire, dans la gloire.
Forts par la charité, car L’amour est fort comme la mort," ainsi
qu’il est dit (Cantiq., VIII, 6); elle est donc marquée par la Colonne
de feu qui consume toutes choses. C’est de là qu’il est dit (Sagesse,
xviii, 5): "Ils ont eu une colonne ardente pour guide dans un
chemin inconnu." De même, en effet, que le feu illumine les corps
transparents, épure les métaux, dévore les combustibles, ainsi la
charité fait resplendir les oeuvres, purifie l’intention et détruit les
vices.
Ainsi se manifestent hi cause efficiente de cette épître: c'est Paul,
ce qui est indiqué par ce mot: "Moi" Paul; sa cause finale: c'est
l’affermissement dans la foi, ce qui est marqué par cet autre: "J’ai
affermi;" la cause matérielle: elle s’adresse aux Ephésiens, dont il
est dit: "Ses colonnes;" enfin la cause formelle se reconnaît dans la
division de l’épître, et dans la méthode de l’Apôtre.
L’auteur de la Glose met en tête de celte épître un prologue
sommaire, dans lequel il se propose principalement deux choses.
D’abord il dépeint les Ephésiens; ensuite il explique le
raisonnement et la méthode de l’Apôtre, à ces mots: l’Apôtre les
loue, etc." Il dépeint les Ephésiens, auxquels saint Paul écrit, par
trois circonstances. D’abord leur pays: ils sont asiatiques, et de
l’Asie mineure; ensuite leur religion: ils ont reçu la parole de la
vérité chrétienne; enfin leur stabilité en ce qu’ils sont demeurés
fermes dans la foi. La première regarde donc la patrie; la seconde,
la grâce; la troisième, la persévérance. L’Apôtre les loue etc." II
indique à la suite et la raison et la méthode de cet épître, ce qui
implique quatre choses: 1° le motif de la lettre; 2° son auteur,
l’Apôtre qui écrit; 3° le lieu d’où il écrit: c'est de Rome et du fond
d’une prison; 4° le messager chargé de la lettre: c'est le diacre
Tychique. Le sens littéral est sans difficulté.