Dunes boisées
Ici ou là, au cœur de la dune grise, des îlots
d’arbres comme les saules des sables mar-
quent une dépression, signalant la présence
d’eau sous le sable et accompagnée parfois
d’une mare temporaire. Une activité intense
d’êtres aquatiques se déroule, pressés de se
reproduire avant que l’eau ne s’assèche. Un
curieux petit amphibien, tout tacheté de vert
y attache ses pontes à chaque herbe : c’est
la grenouille persillée… autrement dit, le
pélodyte ponctué.
Au sol, les espaces ensoleillés sont occupés par des tapis de
rosiers pimprenelles et progressivement la dune s’enrichit de
plantes buissonnantes : c’est la dune arbustive qui préfigure
la dune boisée. Suivant les sites, les prunelliers, les chênes
verts sous forme d’arbrisseaux enferment la dune progressive-
ment avant que la forêt ne s’en empare pleinement. Ça et là
les lapins y établissent leurs terriers. C’est aussi le domaine
des lézards verts et parfois des vipères aspic.
En lisière, les troènes, les cistes à feuilles de sauge bor-
dent les premières rangées d’arbres. Aux dunes arbustives font
suite les dunes boisées. C’est ici le domaine des pins mariti-
mes et des chênes verts.
Plus à l’intérieur, au hasard d’allées, dans les trouées plus
lumineuses, le fragon, le daphné à feuilles de laurier et le
garou (un autre daphné) croissent en ordre dispersé. Là où la
lumière manque un peu plus, les fougères aigle mais aussi
les lianes du lierre et du chèvrefeuille semblent s’en conten-
ter.
En vieillissant, la forêt se limite aux seuls
chênes verts… plus aucun végétal chloro-
phyllien ne l’accompagne alors ; c’est le sta-
de terminal d’une forêt.
En sous-bois ou dans les arbres, mulots
et écureuils font collecte de toutes sortes
de graines, dont certaines oubliées germe-
ront au printemps ! Les pigeons ramiers
et les geais contribuent aussi aux planta-
tions de gland. La nuit venue, les renards,
plus rarement les blaireaux, partent en
maraude. Sans prédateurs, les chevreuils
et les sangliers sont devenus des hôtes ré-
guliers de nos forêts littorales.
Dans certaines zones de la forêt, les premières espèces à feuilles caduques font leur appari-
tion comme le robinier faux-acacia ou quelques chênes à feuilles caduques ; les gre-
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Comme dans tout milieu naturel, lorsque la forêt
évolue longuement, l’espèce la mieux adaptée éli-
mine progressivement ses concurrentes et s’impose
de manière absolue : c’est le climax ou stade cli-
macique. Ici, compte tenu de la douceur du climat
et de l’ensoleillement (plus de 2200 heures par an)
la forêt évolue en une chênaie verte, comme en
Provence.
D’ailleurs d’autres espèces dites méditerranéo-
atlantiques (une trentaine) témoignent de cet ex-
ceptionnel ensoleillement. Les insectes méridio-
naux ne sont pas étrangers ; bien que rare c’est le
cas de l’empuse (une sorte de mante religieuse).
Tronc de pin-grattoir à sanglier !