
fréquence, la même durée, la même profondeur, la même forme. Les astronomes procèdent ainsi par
élimination et ne sont sûrs de l'hypothèse de l'exoplanète que si elle s'avère plus de mille fois plus
probable que n'importe quelle autre configuration. Cela a été le cas avec Kepler-20e et f... mais pas du
premier coup. En 2010, avec la première année de données de Kepler, les signaux étaient déjà là
mais, explique François Fressin, "la première étude avec Blender n'a pas permis de tirer une
conclusion". Et pendant que Kepler moissonnait la lumière du ciel pendant une année supplémentaire,
les chercheurs ont raffiné leurs méthode et technique d'analyse. Avec 670 jours de mesures, tout le
système solaire de Kepler-20 s'est révélé et notamment ses deux petites planètes. "C'est de loin la
découverte la plus difficile qui ait été faite dans le domaine des planètes de transit", assure François
Fressin qui n'exclut pas cependant la possibilité de trouver des exoplanètes encore plus petites.
En attendant, ces deux-ci ont la bonne taille pour être qualifiées de sœurs de la Terre. Mais on ne
parlera pas de jumelles. En effet, elles sont beaucoup trop proches de leur étoile pour qu'on puisse les
comparer au havre de douceur et de vie qu'est notre globe. La première fait le tour de Kepler-20 en
seulement 6,1 de nos jours et la seconde accomplit sa révolution en 19,6 jours. Autant dire qu'une
température de plusieurs centaines de degrés Celsius règne à leur surface. Aucune des cinq planètes
n'est d'ailleurs située dans la zone dite d'habitabilité, celle où les températures sont suffisamment
clémentes pour que l'eau, si elle existe, se trouve sous forme liquide.
Ce système solaire est en fait concentré en peu d'espace et tient dans l'orbite de Mercure, qui est,
"chez nous", la planète la plus proche du Soleil. Un phénomène qui risque bien d'attiser l'intérêt des
astronomes, souligne François Fressin : "On a une curiosité dans l'ordre des planètes de ce système
solaire. La plus proche de l'étoile est une sous-géante d'un peu moins de 2 rayons terrestres, puis
vient la plus petite des planètes jamais détectées à ce jour, Kepler-20e, puis une mini-Neptune d'un
peu moins de 3 rayons terrestres, puis notre quasi-Terre Kepler-20f et, enfin, une autre mini-Neptune.
Si l'on compare cela à notre système solaire où on trouve d'abord quatre petites planètes rocheuses,
puis quatre géantes, cela ne rime strictement à rien. Pourquoi ce melting pot ?" Bien sûr, les
astronomes savent aujourd'hui que notre système solaire ne prétend pas être représentatif de ce qui
se passe en général dans les autres. Mais ils savent aussi que le cortège de planètes accompagnant
Kepler-20 n'a pas pu se former là où il réside actuellement : il n'y avait tout simplement pas assez de
matériel sur place, à l'origine, pour constituer ces cinq objets. "Les planètes ont donc dû
migrer, explique François Fressin. Et lorsque les planètes migrent, elles se poussent et peuvent même
échanger leurs places. Il n'est donc pas exclu que Kepler-20f se soit un jour trouvé dans la zone
d'habitabilité de son étoile."
Pour le moment, le saint Graal des chasseurs de planètes extra-solaires, une planète de la taille de
la Terre située dans cette précieuse zone d'habitabilité, n'est pas à portée de vue. "Je ne sais pas
combien de temps cette quête du Graal prendra, poursuit l'astronome français. Il faudra avoir une
étoile vraiment semblable au Soleil, et, pour la planète, une taille, une température, une composition,
une atmosphère identiques. Cette quête se fera de manière très progressive. Mais la découverte que
nous venons de faire est la plus importante de ces pierres angulaires car la question de la taille de la
planète est primordiale : on ne sait pas si la Terre serait habitable avec un rayon de 50 % supérieur,
on ne sait pas si les planètes qui, en taille, font la transition avec des astres comme Neptune sont
rocheuses."
Il n'est pas sûr que Kepler puisse décrocher le gros lot mais il devrait donner de précieuses
informations sur la fréquence des planètes de la taille de la Terre, avant de passer le relais à la
génération des télescopes géants comme l'European Extremely Large Telescope, un monstre doté
d'un miroir de près de 40 mètres de diamètre que l'Observatoire européen austral (ESO) compte
lancer au début de la prochaine décennie au Chili. "Il ne faut pas oublier qu'il y a 20 ans, on ne savait
rien des planètes extra-solaires, rappelle François Fressin, qui était adolescent lorsque les Suisses