L'effet surprise du CICE sur les salaires
C'est un travail hautement sensible. Deux ans après son lancement, le crédit d'impôt pour la
compétitivité et l'emploi (CICE), la mesure phare (avec le pacte
de responsabilité) de la
politique économique du quinquennat Hollande, vient enfin de faire l'objet d'une première
véritable évaluation de son efficacité. Dans une étude publiée jeudi 17 décembre,
l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) détaille les effets de ce crédit
d'impôt sur la masse salariale, de 4 % au titre de 2013 et de 6 % ensuite, qui cible les salaires
inférieurs à 2,5 fois le smic, pour un coût total de près 20 milliards d'euros annuels en rythme
de croisière.
Il en ressort trois effets principaux du CICE sur l'économie hexagonale : la création ou la
sauvegarde de 120 000 emplois, un recul des prix de vente des entreprises de 0,6 % à 0,7 % -
qui a pu soutenir leur compétitivité, estime l'OFCE
-, mais, surtout, pour un « gros tiers »
,
indiquent les chercheurs, une hausse des salaires de 1,1 %.
« est la vraie surprise de ce travail », s
ouligne Eric Heyer, économiste à
l'OFCE et coauteur de l'étude.
Et pour cause. Annoncé en novembre 2012, dans la foulée du rapport Gallois, le CICE
poursuit depuis le départ un double objectif : stimuler la compétitivité française, en abaissant
le coût du travail, mais aussi, pour un gouvernement qui a les yeux rivés sur la courbe du
chômage, inciter les chefs d'entreprise à recruter. Ces deux points semblent avoir été atteints.
« Le CICE a un effet économique réel pour préserver l'emploi et la compétitivité des
entreprises », confirme Xavier Ragot, le président de l'OFCE. Le chiffre de 120 000 emplois
semble d'ailleurs cohérent avec l'objectif officiel du gouvernement de créer 300 000 nouveaux
postes grâce au dispositif, à un horizon de cinq ans.
« Ce constat milite pour cibler davantage le CICE sur l'industrie, qui semble l'avoir mieux
utilisé »
nche, à l'heure où la France reste engluée dans une croissance atone -
la hausse du PIB
devrait atteindre 1,1 % en 2015
-
, marquée par une inflation quasi nulle, une augmentation des
salaires n'est pas la piste que souhaite privilégier l'exécutif, plutôt engagé en faveur d'un recul
du coût du travail... « Une hausse des salaires pourrait sembler bienvenue en période de
crise. Le problème, c'est qu'elle bénéficie aux personnes déjà dans l'emploi au lieu d'en créer
davantage »,
pointe M. Heyer. D'autant que c
es hausses de salaire se reflètent dans une
augmentation plus importante des primes et bonus accordés aux salariés « après plusieurs
années de modération salariale » , note l'OFCE. Or, ce type de gratification concerne plutôt