Exprimer des ‘sentiments’ : lecture interculturelle de trois poèmes français dans le
cours du FLE (niveau B1-B2)
Introduction
Cette recherche fait partie d’un projet plus ambitieux qui vise à développer un cours du FLE
(niveau B1-C1) en exploitant des textes littéraires. Les apprenants qui s’inscrivent aux cours
de langues à l’Université de Calcutta sont majoritairement des étudiants qui s’intéressent à la
littérature française et dans le cursus actuel des cours de Diplôme (A2-B1), de Diplôme
Avancé (B1-B2) et de M.A. (B2-C2), les textes littéraires complémentent les méthodes
comme Connexions et Alter Ego. Pourtant les textes littéraires ont presque disparu des
méthodes communicatives. Par contre, les chansons, les textes médiatisés ont remplacé la
littérature comme textes dites ‘authentiques’. Faute d’un manuel, les enseignants préfèrent
aborder les textes par l’écrit et échouent à développer les compétences orales qui les
aideraient à atteindre le niveau DELF/DALF (B1-C2). Surtout les techniques d’analyse
littéraire sont souvent abordées de façon que le professeur ne se rende pas compte du niveau
des compétences linguistiques et socio-culturelles de l’apprenant. Ce type d’activité souvent
décourage les apprenants d’aborder des textes littéraires. Finalement, la lecture du texte
français uniquement dans un contexte socio-culturel natif néglige la faculté cognitive de
l’apprenant indien.
Les enjeux de recherche
Dans cette mémoire je propose de présenter quelques activités de production et de
compréhension orales autour de trois textes littéraires, tout en travaillant l’aspect interculturel
entre la France et l’Inde.
Problématique :
Préparer les apprenants pour une lecture de trois poèmes tout en les reliant au contexte
interculturel indien.
Le travail autour de ce projet était reparti dans la forme suivante :
a. Choisir trois poèmes qui vont me permettre de travailler l’interculturel autour du
thème des sentiments comme l’angoisse, l’amour ou la nostalgie.
b. Formuler des repères précis des compétences linguistiques nécessaires pour
apprécier la production littéraire selon l’objectif envisagé.
c. De formuler les compétences à travailler, niveau : B2-B1.
d. Choisir des activités (à l’oral et à l’écrit) pour aider l’apprenant:
(1) A apercevoir certains éléments significatifs du texte,
(2) A acquérir une/quelques compétences linguistiques à fin d’apprécier l’apport
culturel,
(3) A découvrir la similarité et la différence, dans le traitement des sentiments en
Inde et en France.
Corpus de cette étude : Le corpus littéraire consiste à trois poèmes classiques de la littérature
française, notamment :
I. « Demain, dès l’aube » de Victor Hugo
II. « Le dormeur du val » d’Arthur Rimbaud, et
III. « Mon rêve familier » de Paul Verlaine
Méthodologie
Il existe des méthodologies sur le FLE, par exemple la méthodologie structurale, la
méthodologie audio-visuelle, communicative ou actionnelle. Il existe encore de
méthodologies d’analyse littéraire et des théories littéraires. Pourtant il existe peu de
méthodologies qui abordent les textes littéraires comme supports dans le cours du FLE. Cette
mémoire resterait plutôt une application pratique de travailler les poèmes de façon que la
littérature pourrait se réintégrer dans les cours du FLE et que le professeur ait une piste de
travailler l’oral et l’interculturel à l’aide de ces textes.
Etudes des poèmes
I) « Demain, dès l’aube » :
Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.
Victor Hugo
Les Contemplations
Fiche Pédagogique
Niveau : B1-B2
Les p-acquis pour atteindre l’objectif : niveau de compréhension orale dA2.
Vocabulaire pour décrire le paysage et la nature,
Les phrases et le lexique pour exprimer son opinion : selon moi, d’après moi, je
suggère, je pense etc.
1. Objectif pédagogique: Sensibiliser l’apprenant à aborder un texte sans un document
écrit, d’apprécier la simplicité d’expression du poème et de pouvoir relever les
expressions du deuil d’un père dont la jeune fille est morte d’un accident imprévu.
2. Objectif linguistique : pouvoir reconnaître les procédés littéraires, les expressions
litotes qui portent la puissance du sentiment du deuil.
3. Objectif socio-culturel: sensibilisation aux expressions du deuil et aux images
culturelles qui le traduisent dans l’image.
Activités :
A. Tout la classe écoute la chanson sans voir le vidéo (la chanson de Bourdoiseau sur le
site : http://www.youtube.com/watch?v=HDvDLGZBOPk)
B. L’enseignant divise la classe en groupe de 2 personnes. Dans chaque groupe
l’étudiant A voit le vidéo et il doit ;
- Relever et ordonner dans le tableau ci-dessous les images vidéo qui
communiquent la tristesse, l’angoisse d’une part et l’intériorisation d’autre
part.
- L’étudiant B écoute la chanson sans vidéo et remplit le tableau à lui, avec les
mots et les expressions qui, selon lui, rendent le sentiment du deuil si puissant.
La tristesse/ le deuil
L’intériorisation/ le recul en soi
C. Les deux partenaires A et B comparent leur tableaux remplis et établissent un rapport
entre les mots du texte et les images qui les représentent dans le vidéo
D. Le professeur donne un tableau des mots techniques pour apprécier le poème, et
chaque groupe doit choisir un de ces techniques et pouvoir démontrer comment le poète a
employé cela ou bien : pour exprimer son deuil ou bien l’intériorisation du soi.
II. Le dormeur du val
C'est un trou de verdure où chante une rivière
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil de la montagne fière
Luit : C'est un petit val qui mousse de rayons.
Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.
Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.
Les parfums ne font pas frissonner sa narine
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.
Arthur Rimbaud
Octobre 1870
Fiche Pédagogique
Niveau : B2
Les pré-acquis pour atteindre l’objectif : lexique des couleurs ; les expressions du contraste et
de la similarité.
1. Objectif pédagogique: interpréter un poème avec un support imagée et pouvoir y
découvrir le contraste des couleurs des sentiments, ce qui aboutit à la découverte
d’un élément du surpris à la fin du poème.
2. Objectif linguistique : pouvoir communiquer les expressions du contraste et de la
similarité.
3. Objectif socio-culturel: comparer un texte poétique avec un tableau.
Activités: Toute la classe voit d’abord cette photo :
A. Lenseignant distribue ensuite le texte (le poème) à groupe de deux personnes.
B. En regardant le tableau, l’apprenant A de chaque groupe décrit les éléments qui
évoquent les sentiments du calme, de la paix et aussi du secret, de l’inquiétude et du
danger (étude des couleurs en contrastes dans le tableau) ; et l’apprenant B relève les
adjectifs (les mots textuels) qui évoquent les sentiments pareils.
C. Ensuite les deux participants de chaque groupe discutent les traits picturales et
lexicales en essayant de relier les adjectifs/phrases qui sont traduits directement par
l’image et faire une liste de ce qui existe dans le poème mais qui ne sont pas
clairement représenté dans l’image, et vice-versa. (la conscience de la mort qui
surprend le lecteur dans la dernière strophe du poème, ‘Les parfums ne font pas
frissonner… Il a deux trous rouges au côté droitest mieux exprimée par les mots que
par l’image. Par contre, l’image exprime mieux le sentiment du calme, de la beauté
d’un jour d’été, de la jeunesse et du bonheur illusoire.)
D. Activité de la production orale ou écrite : l’enseignant demande à chaque groupe de
rédiger une autre strophe qui remplacerait la dernière.
La consigne : ‘Comment pourrait-on changer les mot du texte pour que la fin du
poème exprime « le bonheur » au lieu de « la tristesse »
III. Mon rêve familier
Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime,
Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.
Car elle me comprend, et mon cœur transparent
Pour elle seule, hélas ! Cesse d'être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.
Est-elle brune, blonde ou rousse ? Je l'ignore.
Son nom ? Je me souviens qu'il est doux et sonore,
Comme ceux des aimés que la vie exila.
Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
L'inflexion des voix chères qui se sont tues.
______
One day in Spring… -Rabindranath Tagore
One day in spring, a woman came
In my lonely woods,
In the lovely form of the Beloved.
Came, to give to my songs, melodies,
To give to my dreams, sweetness.
Suddenly a wild wave
Broke over my heart's shores
And drowned all language.
To my lips no name came,
She stood beneath the tree, turned,
Glanced at my face, made sad with pain,
And with quick steps, came and sat by me.
Taking my hands in hers, she said:
'We two shall build, a bridge for ever
Between two beings, each to the other unknown,
This eager wonder is at the heart of things.'
The cry that is in my heart is also the cry of her heart;
The thread with which she binds me binds her too.
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