Des Nouvelles de Psychoprat N° 3
Les schizophrènes et la maladie somatique
Hypothèse principale de l’étude : La schizophrénie influence la prise en charge par le patient des maladies somatiques
Méthodologie : réalisation d’entretiens semi-directifs (grille disponible en annexe 2) avec dix patients schizophrènes en cours d’hospitalisation, divisés en deux
groupes selon leur symptomatologie :
- groupe 1 : cinq patients présentant une schizophrénie paranoïde avec des symptômes positifs tels qu’un délire paranoïde ou des idées délirantes non
systématisées mais peu exprimées, une discordance verbale et idéique et des rires immotivés.
- groupe 2 : cinq patients montrant des symptômes négatifs tels que l’apragmatisme, l’autisme et des troubles de l’affectivité.
Résultats : - Conscience de la maladie somatique ou insight : l’ensemble des patients du groupe 1 ont une conscience altérée de la maladie
somatique, ce qui n’implique pas forcément de perturbation de l’image du corps. La majorité des patients du groupe 2 ont un insight préservé.
- Prise en charge de la maladie somatique par le patient : la majorité des patients du groupe 1 adopte une attitude passive ne permettant pas de prise en charge
correcte mais certains sont capables d’avoir recours à une prise en charge adaptée, essentiellement pour leurs maladies bénignes. On observe aussi dans le
groupe 1, des attitudes actives inadaptées face à la maladie. La majorité des patients du groupe 2 ont recours à une prise en charge médicale en cas de maladie
somatique.
- Prise en charge de la maladie somatique par le système médical : Les patients du groupe 1 sont très peu suivis sur le plan somatique. Cette difficulté à être pris
en charge médicalement peut être comprise par rapport à l’apragmatisme et au vécu persécutif des soins médicaux par le patient délirant. Les patients du groupe
2 semblent bien accepter la prise en charge médicale de leur maladie somatique.
Conclusion : Les patients schizophrènes présentant une symptomatologie positive, ont une conscience altérée de la maladie somatique dont ils ne se sentent
pas responsables et ils en attribuent la cause à l’extérieur. De plus, le délire paranoïde entraîne une perception et un vécu délirant de la maladie, des soins et
parfois de l’entourage. Quant aux patients schizophrènes présentant une symptomatologie négative, ils ont un insight préservé qui leur confère une capacité de
lucidité sur la cause de leur maladie. Par conséquent, leur attitude réactionnelle à la maladie somatique est adaptée.
Laura MONDUIT de CAUSSADE / Diplômée EPP 2010 / Promo TOUATI