Introduction
p. 2
L’examen de ce graphique révèle des fluctuations importantes de l’activité
d’émissions d’actions sur le marché ; c’est-à-dire l’existence de pics conjoncturels en
1986, au début de 1991 et de 1994, suivis de creux conjoncturels fin 1982, au second
trimestre 1988, et en 1995. Le troisième trimestre de 1993 correspond à une période où
le niveau d’activité d’émissions a été particulièrement important, en valeur absolue. La
collecte de 19,88 milliards de francs, représentant plus de 2 % du PIB du trimestre,
correspond à la réalisation de 17 émissions de titres de capital1. Dans un contexte d’une
croissance économique française de 30 % sur la période d’observation, l’investissement
des entreprises ne semble cependant pas financé par les actionnaires, puisque les
volumes d’émissions diminuent entre 1983 et 1997. Il serait alors tentant de s’interroger
sur l’attention particulière portée à la rémunération d’un actionnaire, dont la part dans la
production de la nation semble diminuer ou dont l’utilisation par les dirigeants pourrait
être moindre que par le passé. Au demeurant, l’interrogation porte aussi sur les raisons
pour lesquelles ces derniers font appel plus intensément aux actionnaires pour assurer
les besoins de financement de l’activité de leurs entreprises, à un moment particulier,
correspondant semble-t-il, aux périodes d’expansion de l’économie française.
L’hypothèse traditionnelle de la théorie du financement hiérarchique (Myers,
1984 ; Myers et Majluf, 1984), suggère que, si le coût de la sélection adverse2 est plus
faible à certains moments, l’entreprise devrait profiter de cette opportunité pour placer
ses titres. Des concentrations des émissions d’actions durant ces périodes pourraient
s’expliquer par les variations des coûts d’émissions d’actions associées aux phases du
cycle économique (voir notamment Choe, Masulis et Nanda, 1993). Qui plus est, les
fluctuations des volumes d’émissions devraient traduire, au niveau micro (au sens de
« dans le détail »), que les entreprises utilisent, plus ou moins selon les périodes, les
nouveaux fonds propres comme une source de financement de leurs investissements.
1 Selon les informations fournies dans les rapports annuels de la Commission des Opérations de
Bourses, les principales émissions sont Cie BULL (visa 651 du 13/12/93) pour 8 549,78 milliards de
francs, Générale des eaux (visa 546 du 03/11/93) pour 4 133,35 M.F., Schneider (absa, visa 492 du
13/10/93) pour 3 178,81 M.F., Crédit Foncier de France (visa 525 du 22/10/93) pour 1 482,31 M.F.
2 Lorsqu’un acheteur ne peut pas anticiper aisément la qualité d’un bien ou d’un service qu’il
recevra, la qualité des produits offerts par le vendeur attiré par le contrat avant la transaction est faible, ce
qui constitue un coût d’opportunité (Milgrom et Roberts, 1992, p. 166).