Le cotonnier et quelques autres plantes à fibres tropicales

LE
COTONNIER
ET QUE~UES AUTRES
P~~ES 1\
FIBRES TROPICALES
Jean-Pierre l'i..RTIN
Directeur de Recherches ORSTOM
PLA N
D U
COU R S
-:-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-
1
COTONNIER
LE
1
Introduction
7
0
A - Botanique des cotonniers et origine des cotonniers cultivés
1- Classification du 'enre Gossypium
9
11- Origine des cotonniers cultivés
15
B - Facteurs et techniques de production
1- La plante •
a) morphologie
19
b) physiologie
21
c) amélioration
31
II- Le milieu •
a) eau
37
b) climat.
o
c) sol
39
39
111- Les techniques culturales
-40
0
a) conduite de la culture
41
0
b) ennemis et mo~ens de lutte
0
46
C - La fibre de coton
1- Préparation
60
11- Méthodes d'étude
III~
0
Transformation •
62
69
D - Le coton dans le monde
1- Passé, présent et avenir •
11- Industries annexes •
111- Son avenir en Cate d'Ivoire
.:.r'11(;xo:
. tableaux
71
73
74
77
1 FIBRES
JUTIERES
7
JUTE
80
HIBISCUS CANNAPINUS
82
URENA LOBATA
84
1 FIBRES
DURES
1
SISAL
!
FIBRES DIVERSES
85
7
KAPOK
87
AUTRES
89
Bibliographie
91
Figures
92
3
LES
PLANTES
11-__
..
~_
AF~BRES
._.
....
Sous le nom de plantes à fibres on réunit un ensemble de plantes
Idiverses ayant pour caractéristiques de renfermer ou de produire
des~~ibres
Ide longueur, résistance et solidité dans le temps suffisantes pour être utilisées .•..
Idans l'habillement, en sacherie, corderie et autres usages.
Un peu arbitrairement, on distingue entre
1- fibres douces: ce sont les fibres à usagestextiles (habillement,
1- fibres dures
sac~erie, etc.
: qui sont les fibres utilisées en corderie et brosserie.
Le coton,qui appartient au premier groupe, est la plus importante plante à fibre
du monde. Comme autres'!.fibres.. douces ci tons le 1:apok, la iL ·i""
le Kenaf
(Hibiscus c~abinus), l'Urena, le jute, le chanvre, le lin (ce dernier propre
aux zones tempérées).
Parmi les fibres dures, citons le Sisal, l'Abaca, le Co!r, •••
La position des plantes à fibres dans la classification botanique
est intéressante à connattre, car elle donne par la conna!ssance des plantes
apparentées, de précieuses indications concernant par exemple les propriétés
d'adaptation climatique et les sensibilités 'oii'U résista'lces aux maladies et au
parasitisme. La conna!ssance des plmtes dites
tains parasites hibernent
culture.
Il
b'ôtes· n sur lesquelles cer-
peut être capitale pour la réussite économique d'une
o
CLASSIFICATION BOTANIQUE
Classe de monocotylédones
Ordre : THIFLORALES.
Famille : Palmacées
Cocos nucifera
.).
-~------~
Raphia ruffia
Chamaerops humilis
co!r
)1
raphia
)
piassaveo
----~
Ordre : LILIALES
Famille : Liliacées
Sanseviern
Yucca
(Chanvre d'Afrique)
o ••
.0.
Phormium tenax (Chanvre de Nouvelle Zélande).
Famille
Diosevréacées
Ignames.
Famille
Amoryllidacées
'>
Agave sisalana
Agave lecheguilla
----:~
..
sisal
tampico
Fourcroya
Aloe.
Ordre : FARINALES
Famille : Broméliacées
...
Ordre : SCITAMINALES
Famille : MUsacées
Musa textiles
= Abaca
--)~ Chanvre
de Manille.
Classe des dicotylédmnes
Ordre : URTICALES
Famille : Cannabinacées
Cannabis sativa -----:).f- Chanvre.
Famille
Moracées
Broussonetia papyrifera (arbre à papier).
-5Faihille
Urticacées
Urtica urens
Bcc:h:_,~ria
(ortie)
nivea
(rG'mie tl:mche )
utilis (
"
"
verte)
Ordre : MALVA1ES
Famille : Malvacées
tribu des eumalvacées :
~butilon
Sida
"
avicennae
spp
des hibiscées
Hibiscus cannabinus (dâh, kenaf)
Ho sabdariffa (roselle)
Gossypium
Urf
"
lobata (paka)
des bombacées :
/
Famille
;l
(coton)
Bombax spp.
(kapok)
Ceiba pentandra"
Sterculiacées
Theobtoma
(cacao)
Abroma êngusta
Famille
Tiliacées
Corchorus olitorius
"
capsularis
(jute)
"
Tr.iumfetta cordifolia
Ordre : GERANIALES
Famille : Linacées
Linum
usitatissimum (lin)
( non tropical)
Ordre : ROSALES
Famille :
~éguminosacées
Tribu des papillonnacées :
Genista coparia ( genêt à balais)
Spartium jun:eum ( genêt d'Espagne)
Crosulana juncea
-6Ordre : GENTIANALES
Famille:
Apdcynacées
Strophantrus
Famille
Asclepiadacées:
Asclepia
...
CLASSIFICATION PAR ORIGINE DANS LA PLANTE
Cette classification est artificielle et n'a d'interêt que par sa valeur
de simplification.
Fibres externes
- sur la graine
coton
asclepiadacées
apocynacées
- sur les valves
kapok
- sur le fruit
co!r
Fibres internes
- sur les feuilles
dans les feuilles
raphia
:aJfIlfryllidacées
borassées
sisal
renier
abaca
liliacées
bromeliacées
- corticales
lin, chanvre, dSh, rI" mie, rOselle,
urticacées, liliacées.
-7LE
COTONNIER
De tous les produits qui s'échangent dans le
do~~.
monde, le coton est celui
l'importance en valeur vient en tête. Il est de loin la plante à fibres dont le
rôle écmnomique est le plus grand, et, contrairement à ce que l'on pourrait penser en
constatant la part toujours plus grande prise par les fibres synthétiques, il a encore
un grand avenir devant lui. Sur une consommation mondiale de fibres qui a dépassé 16
millions de tonnes en 1963, le coton en représente
~core
65% ; si cette part était
encore de 71% une dizaine d'années auparavent, le tonnage de fibres de coton consommé
représente cependant une augmentation de 26%, en raison de l'augmentation des besoins
en fibres d'habillement pendant cette décade. Si la concommation par habitant.tous
tissus, dépasse 15 kg par an en Amérique du Nord,elle atteind seulement 9kg en Europe,
la moitié de cela en Amérique dij Sud, et reste encore en dessous de 2 kg en APrique.
Un africain consomme neuf fois moins de coton qu'un
américain du Nord.
Traduite en tonnage, la consommation mondiale de coton représente approximativement 10 millions de tonnes, soit environ 45 millions de balles de 220 kg. La production se situe dans des chiffres voisins et elle intéresse, au travers des cinq continents, 33 millions d'hectares.
Plante textile,le cocoamier est également une plante oléagineuse; et, par le
tonnage de graines produites, il se place en fait comme la deuxième plante oléagineuse
du monde, derrière le soia et avant l'arachide.
Il n'est donc pas surprenant que le cotonnier soit le levier économique
indispensable
~
certains pays, comme l'Egypte, certaines Républiques d'Amérique centrale
ou d'Afrique. On ne peut non plus ignorer le rôle déterminant qu'à joué le coton durant
la guerre de secession déS U.S.A.
-8-
Dans l'histoire de l'économie des grands produits, le cotonnier représente
l'exemple le plus marquant d'un développement accéléré.
Universelleme~t
utilisée et
appréciée, cette plante était pratiquement incmnnue des nations occidentales il y a
seulement deux siècles. Ce développement est da en grande partie à la po.ussée coloniale
du siècle dernier et aux travaux incessants des chercheurs de notre époque. Il faut
dire aussi que jusqu'à l'invention de la machine à égrener, le coton était une patière
première chère.
Ce qui est particulièrement étonnant dans ce subit développement, c'est que
le cotonnier est une des plantes les plus anciennement connues. Dès la préhistoire, on
l'utilisait en divers pmints du globe. On en trouve la trace dans des produits élaborés
de la vallée de l'InéUS
datant de plus de 3000 ans avant J.C. Des fragmants datant de
24 siècles avant notre ère découverts au PERDU , et d'autres en &1IZQNl.
Le nom même du coton est aussi ancien que son utilisation et les mots
coton, cottQD (en anglais), algodon (en espagnol), dérivent tous trois du mot arabe
KUTN, quasi similaire dans sa prononciation.
A - BOTANIQUE DES COTONNIERS ET
ORIGINE DES COTONNIERS CULTIVES
1 - CLASSIFICATION DU GENRE GOSSYFIUM
La
classificat~fil
botanique des cotonniers est, depuis LINNE, un sujet
de controverse. Chaque botaniste,ou presque, a son idée personnelle pour classer
les cotonniers, à telle enseigne que le genre Gossypium, qui rassemble tous les
cotonniers cultivés et la plupart des autres, ne se trouve pas toujours dans la
même famille.
La plupart des auteurs cependant classent le gente Gossypium dans la
famille des Malvacées • .famille qui voisine avec les Cruciféracées, les Euphorbiacées,
les Papillonacées, les Rosacées et d'autres, parmi les
Dic~~tylédones à
pétales
sépa~
rées (dialypétales) et ovaire libre.~IDIN par contre, dans ses travaus de 1935,
considère un groupement plus important, les Malvales, dans lequel il distingue
plusieurs familles dont les plus évoluées seraient les Bombacacées et les Malvacées,
se distinguant par le
dlv~loppement
d'anthères uniloculaires(HOCHREUTlNER attribue
des anthères biloculaires au Bombacacées ..
0
h
ELDIN, considère les Malvacées comme
plus évoluées que les Bombacàcées; il limite les premières aux genres ayant tics
fruits à déhiscence septicide et les deuxièmes à ceux ayant PQur fruits des eapsules
à déhiscence loculicide. Il est ainsi amené à rang~r la tribu des Hibiscées, qui
renferme le genre GO!$ypium, dans les Bombacacées. Cette classification présente l'
avantage de ne faire entrer dans les Bombacacées que des arbres
et des arbustes
et dans les Malvacées que des plantes herbacées ou .faiblement ligneuses.
en soit, Bombacacées et Malvacées sont familles très voisines et nous
l'habitude prise de dire
q~~
~~'il
resF..;..:;t~rons
les cotonniers sont des Malvacées.
La familles des Malvacées peut être considérée comme une famille justement classique car elle est bien connue. Connue au point qu'il est possible de situer
sa date d'isolement génétique, relativement à l'ensemble des Phanérogames.
Les Malvacées se sont isolées postérieurement à la ségrégation des
m),nocotylédones; elles ont un système de vaisseaux conforme à celui qui caractérise
les dicotylédones proprement dites.
En revanche, ces mêmes Malvacées échappent à la subdivision majeure
des dicotylédones. Ce sont en effet ni des dialypétales, car la corolle, fanée,
tombe
~'UDe pièc~
et non par pétales di!joints, ni des gamopétales, car, dans la
fleur éclose, les 'pétales sont libres entre eux jusqu'à leur base.
En conclusion, pour ROBERTY, les Malvacées appartiennent à un phyllum
isolé depuis tort longtemps. Il en résulte que, sous-évoluées au départ, les espèces actuelles de cette f~lle, pour être à même de survivre, ont dd suppléer à
leur absence de spécialisation prmmaire par des artifices ultérieurs.
'
1
-10Ainsi~
pour cet auteur, les fibres 4e coton qui entourent les graines de Gossypium
n'ont de sens que si les graines sont propagées par le vent; en fait, les graines
sont trop lourdes pour que cela soit possible. Cette adaptation maladroite à l'anémophilie n'est qu'un exemple parmi les multiples adaptations purement phénotypiques
qui caractérisent les familles les plus anciennement isolées. Autrement dit, l'ancienneté d'appar'ition de la famille des Malvacées explique les différences morphologiques
nombreuses et marquées que l'on rencontre dans le même genre, différences plus frappantes que celles que l'on peut trouver entre des genres de familles récemment apparues ces différences morphologiques correspondent à un véritable isolement génétique.
L'importance de ces constatations apparatt quand on se rappelle que toute
la situation des plAntes cultivées est necessairement fondée sur la liaison des caractères économiques recherchés avec certains caractères morphologiques identifiables
dès avant la récolte. Cette liaison est aisément décelable chez les céréales ou les
caféiers, par exemple, issus de familles récentes. Pour les cotonniers, on n'a pas
trouvé de solution pratique à ce problème fondamental.
La famille des Malvacées, qui compte un millier d'espèces se répartissant
en une cinquantaine de genres, est assez riche en plantes à
fibres. Elle est large-
ment répandue dans les pays tropicaux ce qui est d'un intérêt certain pour l'étude
de la biologie des parasites du cotonnier.
La famille est généralement subdivisée en trois tribus (classeme»t qui
diff ère légèrement de celui déjà donné).
- dans celle des URENEAE, se place l'Urena lobata, plante à fibre de sacherie dont
les peuplements naturels sont exploités à Madagascar.
- dans celle des MALVEAE, on trouve deux genres très fréquemment répandus dans les
pays africains,le genre Abutilon et le genre Sida.
- la tribu des HtBISCEAE, la plus importante, renferme entre autres les genres
Hibiscus, bien connu dans ces pays, et Gossypium.
Les limites du genre Gossypium sont très variables selon les auteurs.
Il existe _n grand nombre de cotonniers sauvages qui, de par le fait qu'ils n'ont
pas été cultiTés, conservent une individualité spécifique généralement très nette.
-1~-
Ces espèces sauvages qui, dans la classification de HUTCHINSON (1947) constituent
6 des 8 sections du genre, sont des xérophytes des régions arides tropicales et
subtropicales. Toutes ces espèces sont dépourvues de lint et ont n = 13 chromosomes;
cependant, les espèces de chaque continent ont un génome
caractéri~tique.
Si l'on
admet la théorie de WEGENER,on peut penser qu'il y a eu un genre primitif à partir
duquel se seraient différenciés les divers groupes continentaux de cotonniers sauvages.
-12Classification de HUTCHINSON (1947) reprenant et complétant delle de WATT (1907)
- espèces sauvages sans fibres ( n= 13 )
l section STURTIANA : comprend 3 espèqes australiennes
à feuilles découpées : G. australe von MUeller dans le Nord
G. sturtii von Mueller dans le Centre et le Sud
G. robinsonii.
II section ERIOXYLA
: comprend des espèces
nord-~néricaines
caractérisées par
la réduction du nombre de noeuds des branches fructifères :
G. aridurn
au Mexique
G. lobaturn
G. armourianum
en Californie et dans les Iles
du golfe.
G. harknesii
III section KLOTZCHIANA
qui se caractérise par des feuilles entières et des
branches bien articulées
G. klotzchianum
des Iles Galapagos
G.
var. DavidsORii ; de Californie
G. raimondii
IV section THURBERANA
, du nord du Pérou.
qui comprend 2 espèces américaines caractérisées
par des feuilles lobées
GD thurberi en Arizona et Mexique
G. gossypioîdes au Mexique.
V section ANOMALA
: espèces africaines ayant des feuilles très pileuses,
des bractées linéaires et des gratnes vêtues (fuzz).
G. triphyllum dans le sud-ouest africain
G. anomalurn
dans le sud-ouest africain, le
Soudan et le Tchad •
-13VI
section
STOCKSIANA
\
qui comprend 5 espèces du vieux monde, à bracJ
tées ovales et dentelées, et graînes vêtues:
G. stocksii en Asie du Sud-Est
Go longicalix au Tanganyka, Soudan et Ouganda
Go somalense en Somalie
G. incanum
à
Aden
G. areysianum i
espèc5cultivées du vieux monde (n
VII section HERBACEA
",,'
= 13)
on y distingue deux groupes
le premier avec des bractées enserrant la fleur, plus longues
que larges, entières ou avec 3 - 4 dents courtes au sommet
et des capsules allongées (6 races) :
G. arboreum
le second avec des bractées largement ouvertes, habituellement
plus larges que longues, avec généralement 6 - 8 dents et
des capsules arrondies ou avec éFaulements (5 races) :
G. herbaceUJ'!1
Dans les deux groupes on distingue de nombreuses espèces localisées de l'Afrique de l'Ouest jusqu'en Chine.
espèce sauvage du Pacifique (n
= 26)
G. tomentosum
qui se distingue de la section HIRSUTA dont elle a la colonne
staminale courte et les capsules lisses, par des bractées à
dents courtes o
espèces cultivées du nouveau monde Cn
= 26)
VIII section HIRSUTA : dans laquelle on distingue
x des plantes dont les fleurs ont une colonne
st~1in~
courte,
des bractées à dents longues ; les capsules sont lisses;
elles se subdivisent en un certain nombre de races
Plus simplement, les cotonniers Hirsutum, dits américains,
ont des fleurs jaune clair, sans onglet, et les cotonniers
Barbadeuse, dits égyptiens, ont des fleurs jaune vif
avec onglet pourpre.
-14plantes annuelles ayant
su~tout
des branches fructifères
G. hirsutum
dont l'ancêtre est G. hirsutum var. latifolium
"
plant$perennes
ayant surtout des branches végétatives
floraison précoce, plante sans tronc bien défini,
bractées à 7 - 12 dents:
G~ hirsutum var punctatum (;~rique occidentale)
.
~ .~
floraison tardive, plante avec tronc principal.
bractées à . 4 - 7 dents :
G. hirsutum ·v~.· m:lric-gal;mtc (~araîbes).
x des plantes dont les fleurs ont une colonne staminale longue,
chez lesquelles on reconnait
.des capsules grandes
(> 3,5 cm), fortement ponctuées de
perforations en cratères avec glandes noires très nettes,
les graines ayant un lint abondant
capsules coniques ayant moins de 6 cm, §raines libres
G. barbadense
capsules ovoîdes ayant généralement plus de 6 cm, graines
connées : G. barbadense var. brasilieuse
. des capsules ayant au maximum 3 cm, finement ponctuées, les
graines ayant un lint irrégulier :
G. barbadense var. darwinii (Galapagos)
En ce qui concerne les cotonniers cultivés, les limites du genre n'ont jamais
été mise en discussion. Tous les végétaux producteurs de coton appartiennent à un
seul et même genre, le genre Gossypium décrit et nommé par LINNE dès la première
édition de son fameux Species plantarum (18e s.).
Cette description peut se résumer ainsi
Plante
herbacée,
arbusti~e
ou arborescente à feuilles alternes, pétiolées,
stipulées, de 3 à 9 lobes plus ou moins incisés. (Fig.1).
Fleurs (Fig. 2 et 3) grandes à corolle tordue, jaune clair presque blanc,
parfois jaune foncé - parfois avec un onglet pourpre à la base des pétales et rose chez quelques espèces asiatiques.
-15Calicule
à
3 grandes bractéoles persistantes libres ou soudées à la base
et souvent denticulées.
Colonne staminale.
Ovaire à 3 - 5 loges contenant des ovules ascendant
style en massue émer-
geant plus ou moins des étamines.
Le Fruit est une capsule loculicide (Fig.4) ovoïde à pointe, à parois
épaisses, s'ouvrant par 3 - 5 valves (3 valves chez les cotonniers dits
égyptiens, 4 avec parFois 5 chez les cotonniers dits américains)
Ovules: 8 à 12 par loge, donnant 3 à 10 graines subglobuleuses
libres,
portant soit une sorte de poil long, le coton (lint), soit deux induments
le coton et le duvet (Euzz) (Fig. 5).
Les cotonniers cultivés appartiennent donc à diFFérentes espèces botaniques
que l'on réunit classiquement en deux groupes
1)- les cotonniers d'Asie avec 2 n
=26"
chromosomes
2)- les cotonniers du Nouveau Monde avec 2 n
=
1"
52 chromosomes .'
13 étant la base
haploïde.
Cette base 13 est exceptionnelle chez les Malvacées. SKOVSTED suggère qu'il s'agit
de la polyploïdie d'une Malvacée à 6 chromosomes dont 5 sont doublés et 1 triplé;
il s'appuie sur le genre Gossypioïdes, genre le plus voisin1qui a 12 chromosomes.
Mais il y a d'autres explications.
II ORIGINE DES COTONNIERS CULTIVES.
Le lint primitif des cotonniers d'Asie n'avait probablement pas une
longueur supérieure à 1 ,25 cm i il devait être gris ou brun et était sans doute utilisé pour la fabrication des mèches de lampe ou comme garniture pour des tissus de
lin ou de laine. Progressivement amélioré, le cotonnier aurait peu à peu été cultivé pour sa propre valeur textile ;de là sa dispersion. Les plue anciens tissus de
coton connus sont des fragments trouvés dans le Sind, aux Indes, et damant approximativement de l'an 3 000 avant J.C. A cette époque, la vallée de l'Indus était
habité par un peuple civilisé et il y a tout lieu de croire qu'elle est le centre
d'origine des cotonniers cultivés.
Les cotonniers du Nouveau Monde résultent d'une hybridation entre
cotonniers sauvages américains et cotonniers du Vieux Monde (Asie). Ce fait a ~té
prouvé par les travaux de SKOVSTED qui a montré que sur les 26 chromosomes des cotonniers du Nouveau Monde, 13 étaient analogues à ceux des cotonniers du Vieux Monde,
-16-
et 13 autres plus petits, comme ceux des
espèces sauvages. HARLAND a fait remonter l'hybridation à la fin du Crétacé ou au
début du Tertiaire et pense que la rencontre entre cotonniers sauvages américains et
cotonniers asiatiques s'est fait sur un pont de terre réunissant les deux continents.
Ce n'est pas l'avis de
HU~CHINSON
et STEPHENS qui estiment plus plausible que l'
homme ait introduit les cotonniers cultivés du Vieux Monde par la voie du Pacifique.
Revenons aux cotonniers d'Asie. On distingue 2 grandes espèces:
- Gossypium herbaceum
- Gossypium arboreum.
Les deux sont issues du
cot~nnier
primitif du Sind dont il était question plus
haut. Le cotonnier cultivé pérenne, fut d'abord disséminé par une vielle civilisation qui domestiqua le riz et colonisa le Bengale et la Cate Est de l'Inde. De
là, il gagna par la suite la Birmanie, l'Indochine, les Philippines et, au Vllè
siècle la Chine.
Il était devenu le G. arboreum.
Le G. herbaceum s'est différencié à la suite d'une diffusion vers l'ouest, vers
le
Gol~ Persique.L~écroulement de
la vieille civilisation de la vallée de l'Indus
et la désertification du Sind qui en fut la conséquence, assurèrent l'isolement de
cette deuxième espèce.
Bientat apparurent des cotonniers annuels qui furent le fait d'une sélection locale.
Cette amélioration se fit plus vite pour le G. herbaceum.
En Afrique, le cotonnier cultivé apparaît au Soudan entre le V ème et le II ème
siècle avant J.C.; à cette époque les deux espèces, encore pérennes, furent introduites en Afrique; ultérieurement seules les variétés annuelles de G. herbaceum
devaient s'ajouter à ces introductions.
Au Nouveau Monde, G. barbadense est originaire de la partie Nord de la
Cordillière des Andes (Colombie). De sa diffusion retenons seulemant que la rencontre
aux Antilles de plusieurs types qui en étaient issus, naquirent au 18 ème siècle les
Sea Island, cotonniers à fibres très longues. L'apparition des cotonniers Sea Island
en Caroline du Sud à la fin du 18 ème siècle marque le début des types commerciaux
modernes de G. Barbadense. Dans ce pays, les espèces fructifiant tard furent élimin~es
par les gelées, les formes annuelles apparurent. Ultérieurement croisées avec
G. barbadense pérenne elles ont donné naissance aux cotonniers égyptiens modernes.
Pour G. hirsutum, le centre de
différe~ciation est
la partie Sud du Mexique et le
-17Guatémala. Les cotonniers annuels uplands qui sont ceux cultivés dans le Cotton
Belt des Etats-Unis relèvent du G. hirsutum typique. On suppose que leur différenciation à partir de la population primitive du Sud du Mexique s'est effectué à
l'époque aztèque à la suite de la conquête par l'agriculture, de plateaux au climat
incompatible avec la culture de variétés pérennes.
Les Uplands se développèrent aux U.S.A. à partir du 17 ème siècle. Les Uplands
actuellement cultivés aux Indes et en Afrique en sont tous dérivés.
En résumé, tous les cotonniers cultivés sont des complexes hybridogènes d'
origine plus ou moins ancienne,(à noter que les hybridations naturelles se font
par l'intermédiaire des insectes qui visitent les fleurs) ils ne maintiennent que
temporairement leurs caractères, surtout s'ils sont transportés loin de laur origine.
Les variétés cultivées sont donc en continuelle amélioration et leur énumération
serait d'un médiocre intérêt. La description minutieuse d'une variété n'est d'ailleurs
valable que pour le lieu où elle a été cultivée, les variations phénotypiques étant
souvent considérables.
Nous nous contenterons d'un aperçu général des types principalement cultivés.
Gossypium hirsutum:
On
c'est l'espèce la plus répandue dans le monde.
classe généralement les
variétés de cette espèce ~ot.i~ le nom de "Upiand'"
faisarit état de la première région américaine o~~fur~nt cultivés'les G~
hirsutum.
Divisés à l'origine en 16 groupes, nous retiendrons:
- le type DELTAPINE
créé par la maison
américaine de sélection Delta and
Pine Land Co Deltap:inc 15 A, 45, 45 A
Smoth Leaf ( feuille lisse)
16 (hybride DPSL x D 45)
- le type STONEVILLE : de la Stoneville Pedigreed Seed Co
- le type COKER 100:
de Cocker' s Pédigreed Co
Coker 100 wilt
- le type ACALA
: sélection d'une
St~tion
expérimentale des USA
Acala 4.42
15 17
- les types EMPIRE. PAYMASTER
à grosses capsules adaptées à la cueillette
mécanique.
-18- variétés non américaines
ALLEN 333, BJA 592 au Tchad et Centre Afrique
SAMARU en Nigéria
ANDAWCL.
en Espagne
en Russie: 108 F, 149 F, C 450
Gossypium barbadense:
cette espèce s'est surtout répandue en Egypte et au Soudan,
où les conditions de culture irriguée lui furent Favmrables.
Elle permit
une sélection de Fibres Fines, résistantes et longues. Les variétés égyptiennes sont d'ailleurs, pour les meilleurs, réservées aux textiles de haut prix
( popelines).
On les subdivise en
soies moyennes ( 28,5 à 30,9 mm) : var. ASHMOUNI, GIZA 66,
soies longues
(31 à 34 mm ) : DENDERA, GIZA 47, GIZA 67,
soies"extra longue" ( 35 à 40 mm ):
GIZA 45, KARNAJ: . MENOUFI
D'autres variétés de cette espèce sont cultivées
en AFrique du Nord : PIMA, KARNAK •••
en Afrique Occidentale: ISHAN, MONO
en Amérique du Sud: TANGUIS (coton extra blanc)
en Amérique du Nord : divers PUlA
Gossypimm
arboreum et G. herbaceum:
ces espèces, produisent des variétés ou
plutôt des types régionaux, à Fibres courtes (10 à 20 mm) cultivés en Inde,
au Pakistan et en Chine.
-19B - FACTEURS
ET
TECHNIQUES
DE PRODUCTION
l - LA PLANTE
L'incessante évolution variétale, tourne essentiellement autour de
caractéristiques générales connues: longueur de la Fibre et rendement à l'égrenage.
L'amélioration des méthodes d'analyses de Fibres a Fait· de grands progrès ces dernières années et de nombreux Faits regrettables en Filature ont trouvé leur explication ~ l'analyse. Le sélectionneur s'en inspire donc (Finesse, résistance, allongement, etc ••• ) mais il doit maintenant de plus en plus souvent se tourner vers de
nouveaux caractères de résistance aux insectes et aux maladies. Nous aborderons ces
problèmes en sélection.
a) MORPHOLOGIE DU COTONNIER
Le cotonnier n'a pas une morphologie bien compliquée,
mais celle-ci varie considérablement suivant le milieu, le mode et les méthodes de
culture. Par ailleurs, il faut se rappeler
(~e
les cotonniers sont généralement
pérennes et que le Fait de les cultiver annuellement ou non change complètement leur
morphologie.
Le système radiculaire est pivotant et peut s'enFoncer proFondément dans le sol,
selon le niveau de la nappe
~hréatique
et la nature du sol. Les racines latérales,
qui sont particulièrement développées lorsque le 1ivot se trouve gêné, servent sur- 1
tout pendant la période de croissance.
Le Feuillage est très abondant et l'évaporation . journalière importante, ce qui explique les besoins en eau de la plante. La Forme des Feuilles est très variable,allant
de lobes arrondis (G. herbaceum) à lobes laciniés (G. arboreum) en passant par des
lobes découpés (Go hirsutum) ou très découpés (Go barbadense) leur pilos~~é est plus
ou moins importante; c'est un caractère géhétique utilisé en sélection dans les deux
sens: augmentation de la pilosité pour protéger la Famille contre
d'insectes piqueurs; diminution (variétés Smooth leaF
= glabres)
c~rtaines
attaques
en vue de Faciliter
la cueilletËe mécanique. Leur épaisseur et leur couleur varient également : mince et v
vert plus clair pourG. hirsutum; épaisse et vert foncé pour G. barbadense.
Sur la Floraison, JANSSENS a donné les précisions suivantes: Z{il est permis d'afFirmer que la Floraison sur un cotonnier donné s'échelonlle suivant une spirale dont le
point de départ est la Fleur la plus proche de la tige principale, sur la première
branche FructiFère et le point Final, le noeud extrème de la jeune branche FructiFère.
Les branches fructiFères, ou sympodes, se distinguent de la tige principale et des
branches végétatives, ou monopodes, par leur croissance discontinue.
------------
-20-
Ce
~~'~orphisme
cacao~er
de comportement des branches se retrouve chez le caféier, le
et un certain nombre d'autres plantes.
nombreux selon les variétés,
occupe~t
Les.~dhopodes,plus ou
moins
les premiers noeuds de la tige et ne P9T-
tent pas directement les fruits; leur nombre et leur développement déterminent
le port de la variété. Les branches fructifères ont un aspect en zig zag, le
développement se faisant toujours à partir d'un bourgeon latéral ou
~AQn
fruc-
tifère. La culture annuelle et laSèl~nont eu pour effet de diminuer le nombre de monopodes, et les variétés UPLAND actuellement cultivées ont 5 à 9 noeuds à
'.
monopodes dont t à 3 seulement se développeJen branch~végétatives, alors qu'il y
a 12 à 17 noeuds à monopodes dans le groupe G •
]~badense,
et 20 à 50 chez
1.'
G. hirsutum pérennes. La précocité de la floraison est en relation avec la réduction
du nombre de branches végétatives. Le développement de l'ovaire en
capsul~est
plus
ou moins rapide selon les espèces, las variétés et les modalités de la culture; on
compte de 45 à 70 jours entre la fécondation et l'ouverture du fruit. La forme des
capsules est très variable. Le caractère d'adhérence de la fibre dans les
v·~tves
( l~O~~Oof) est génétique et fait l'objet de selection,selon que l'on désire une
résistance au vent, ou une fao~~é" de récolte mécanique. Les ovules fécondés donnent
des graines, dont la grosseure est génétiquement déterminée si l'on prend soin de
considérer des loges normales de 6 à 8 graines; le poid de ces graines ( SEED-INDEX)
varie de 7 à 12 grammes, pour 100 graines délintées. Outre les fibres, les graines
comportent une coque, dure et cireuse, les deux cotylédones et la germmule. r'embryon comprend des substance de réserves riches en huile et en proté!nes. Une graine
complète,à 10% d'humidité, est constituée de :
36/39% par la fibre
0/11% de linters
25/27% de coque
25/27% d'amande.
La fibre, qui est l'élément primordial de la culture cotonnière, se développe à partir
de cellules de l'épiderme de l'ovule.
Pour terminer ce rapide aperçu de la morphomogie du cotonnier, il convient de signaler la présence sur toute la plante de très nombreuses glandes.
Des glandes externes, secrétant un suc apprécié par certains insectes; ces nectaires
se trouvent
- à l'extérieur de la fleur, en annexe sur le calice.
- à l'intérieur de la fleur, à la base du calice.
- sur le pédoncule floral, au point d'attache des bractées.
- sur les nervures principales des feuilles.
-21-
Des glandes internes, que l'on trouve partout, sauf sur les racines
-g~andes
internes superficielles, exposées à la lumière et bordées de cellules
à anthocyane,
qui sécrètent résines, huile et querletine.
- !landes internes profondes, qui sécrètent du Gossypol.
La présence ou l'absence de ces glandes font l'objet de
séle~ion
en vue de buts
définis :
- absence de nectaires ( nectariless) pour éviter l'attraction d'insectes.
- absence de
90ssypol (glandless)
pour faciliter la consommation humaine des
farines de coton et conserver leur taux de protéîne.
b) PHY~l]LOGIE DU COTONNIER
Le cotonnier est,depuis longtemps, une plante consirablement
améliorée par sélection; elle a, de ce fait, perdu dans de nombreux cas
son pouvoir d'adaptation
à des milieux en des conditions culturales variées. Le
problème, dans des conditions données, est de trouver la réponse au problème du
rendement en fibre, puisque c'est de lui que dépend la rentabilité
cultura~e.
Or
ce rendement ne dépend pas seulement du patrimoine génétique de la plante, mais
aussi de nombreux facteurs qui, du semis à la récolte déterminenè le potentiel
agronomique que le cotonnier èxtériorisera. Ces facteurs agiront~ suivant leur
époque de manifestation et il est donc important de connaître les diverses phases
du développement d'un cotonnier.
1 -
Phases de développement
-
~~E~!~~!~~~
:
deux facteurs interviennent ici, l'humidité et la chaleur.
L'humidité atteint le germe et le processus biologique du passage de la
vie latente à la vie active se produit de 24 à 26 heures après avoir atteint l'embryon. Le phénomène de dormante des graines est réel ou apparent,
suivant qu'il s'agit d'un déclenchement lent de la germination (on rencontre des graines dites "dures" qui necessitent 100 heures pour germer,
mais il n'y a pas véritablement de dormance chez des graines mares et bien
sèches) ou d'une cuqÀe particulièrement imperméable.
-22La chaleur détermine la rapidité de germination. En dessous de 12/13°c
pour les G. barbadeuse et 15/16°c
pour les G. hirusutum, il n'y a aucun .',
départ de germination. Au dessus de 40°c il y a arrêt vital et l'optimum
se situe aux alentours de 30°.
Trop ou trop peu de chaleur conjugué avec un
~cès
d' humidité fait pourrir
la graine en quelques jours, ce qui se rencontre dans les zones limitrophes,
nord de la culture cotonnière,
Une chaleur sèche
si les graines ont été mal conservées.
est moins grave pour la graine puisqu'elle survit
quel~
ques instants à 80° c.
Une fois déclenché, le processus de germination ne peut plus être arrêté, :,',
tout au plus ralenti.C'est là une considération agronomique importante sur
le plan cultural.
L'heliotropisme est très marqué
et la germination est épigée.
Au départ, ce sont les réscrvescotylédonnaires qui interviennent, mais au
bout de quelques jours la racine atteint déjà 20 cm et se développe rapidement.
-
~~~~~e~!2~!~
:
ellè va de l'étalement des cotylédons
au stade 3 - 4 feuilles
à partir duquel la jeune plante dépend uniquement du milieu, d'où l'importance des échanges au niveau
des racines à partir de ce moment là.
La phase plantule est donc une phase déterminante du devenir de la plante,
qui se répercut€/profOndemeDt sur la croissance et la production. Elle
dure une vingtaine de jours lorsque les conditions optima sont remplies:
• au moins 20°c dans le sol, c'est à dire 25° dans l'athmosphère.
• lumière : surtout pas d'ombrage.
• humidité: nécessaire, mais le sol doit être à son coéfficient de rétention maximum et non à saturation, car l'aération est un facteur important d'absorption et de vie raè-i=ulaire.
• conditions physiques et chimiques favorisant
l~ p~6tration'
et les
échanges.
Ces conditions doivent être rempliŒ dans leur ensemble, d'où l'importance
des techniques culturales.
-23r~~=_E~~~~~~~!~~~
tout autant
: les 4 à 6 semaines qui suivent le stade précédent ont
d'imp~ance.
Très rapidement la plante se charpente, ce qui
est lié aux possibilités d-enracinement profond (ni sol trop compact, ni
nappe phn!atique ou salée) et de nutrition abondante ( les déficienc6et
1 _
carencesaffec~ent irrémédiablement
la production).
La manifestation la plus spectaculaire de tous ces facteurs contraires est
la chute des boutons floraux. Cette chute, ou "SHEDDING", ou mieux en
français abscission, est d'autant plus importante que le déséquilibre est
élevé. Le cotonnier a cependant la caractéristique,non générale dans la
nature des7 plantes pérennes, de remplacer ces boutons tombés par la formation de nouveaux boutons floraux. Cette réaction à des causes passagères
de déséquilibre peut compenser les pertes subies, à condition que cela se
passe à un stade encore précoce.
La chute des organes fructifères(les jeunes capsules pouvant être affectées
comme les boutons floraux)est un'phénomène complexe qui a fait l'cbjet de
nombreuses études' Il convient de distinguer plusieurs formes d:' abscission
• Celles dues à des causes physiques: piqures d'insectes, parfois
difficil~s
à identifier, ou déssèchement consécutif à un vent chaud.
• Celles dues à des perturbations dans la physiologie de la plante : manque ou excès d'eau, pluviométrie abondante entrainant de la coulure.
On a ainsi pu déterminer que si l'abscisiion n'affecte que 22 à 30% des
jeunes capsules lorsque la
fé~ondation
a été réussie à 92%, c'est à dire
lorsque 31 à 33 ovules ont été fécondés dans un ovaire, ce taux augmente
à 70% lorsque seulement 22 à 23 ovules ont été fécondés (55% de féconda,~
tion) •
Lorsqu'il y a possibilité effective de compensation, la courbe de floraison
se trouve
seulem~nt
modifiée, mais il peut arriver que la plante soit en-
trainée dans un cycle sans fin et que l'agronome
ne puisse plus intervenir
c'est le cas, non résolu encore, rencontré en El Salvador, où la richesse
particulière dc:s terres entrâtne un développement 'dégétatif excessif qui
s'oppose à la pénétration des insecticides;
les parasites trouvent un ter-
rain protégé, le cycle aDscission-compensation est irrémédiablement engagé:
-24Le problème de la chute des organes fructifères du cotonnier est étudié
depuis 1966 par le département de physmologie de la station I.R.C.T de
BOUAKE. Parmi les facteurs internes de l'abscission, on y étudie le rôle
de la fécondation - dont on a démontré
que le défaut de pollinisation
n'interviendrait que pour 15% lorsque le temps n'est pas pluvieux - et
celui des facteurs
-
~!~~~!~~~
:
hormona~x.
continuité du précédent, de stade est sensible aux mêmes condi-
tions, auxquelles il convient d'ajouter les facteurs suivants:
• L'eau du sol doit permettre une transpiration thermorégularisante.
• L'eau de pluie a une action néfaste sur la pollinisation:
moins de visites d'insectes
coulure de la fleur
Dans les deux cas, l'insuffisance de fécondation
entra~ne
une
chute des fleurs.
• La lumière, qui d'une manière encore inexpliquée à ce jour, a une
action marquée
trois jours avant l'ouverture de la
s'ouvrent dans 1'ordre d' appari tion
fle~r.
Les fleurs
des "squares" suivant le schéma
général de 3 jours entre deux fleurs successives.
La floraison idéale se matérialise par une courbe
2 mois à 2 mois
t.
~u
cloche s'étalant sur
Mais il est rare qu'elle ne soit pas quelque peu modi-
fiée par les aléas de la culture
entra~nant
la chute de boutons.
La fleur s'ouvre un matin, trois à quatre semaines après l'apparition d'un
bourgeon floral caractérisé par une couverture triangulaire à
et dont la croissance est très rapide les
d~rniers
3 ·.f>ractées,
jours. Le soir même la
fleur est fanée, virant au rose violacé; elle tombe quelques jours plus
tard.
Il Y a autofécondation dans 90-95% des cas, le pollen n'étant transporté
que par les insectes éventuels
atteindre 70% s'il y a des
et non par la vent. Mais l'allogamie peut
l~chers
importants à proximité, les abeilles
ayant une activité pollinisatricc importante.
La pollinisation se situe en fin de matinée et la fécondation dans l'
après-midi du lendemain (jour1).
0' .•
-25-
-
~~~=~_~~_~~!~~~!!~~
le développement de la capsule, jusqu'à son ouverture
va demander 45 à 80 jours.
Cette durée est nettement influencée par
• l'humidité de l'athmosphère
• l'approvisionnement en eau: l'humidité du sol a une grande influence sur la chute des jeunes capsules
• l'insolation et la température: ce sont les basses températures
qui sont limitantes et, comme toute plante, le cotonnier necessite
une certaine somme de température pour aller de la fleur à la capsule rrûre.
BALLS, en Egypte, a étudié journellement la variété Giza
; il se
passe 48 jours de la fécondation à l'ouverture de la capsule; en 24
jours la graine est arrivée à sa taille définitive est l'embryon est
complet en 30 jours.
Dans le même temps va se développer la fibre de coton.
Le coton est un poil monocellulaire, généralement expansion des cellules épidermiques de la graine, d'une longueur allant de 15 à 45 mm.
(Fig. 6).
Les travaux de SHEFFIELD montrent
que dès la floraison, quelques
cellules de la primine de l'ovule fait déjà saillie; mais c'est à la
pollinisation que l'activité cellulaire devient
~raiment
intense.
Vingt quatre heures après, du côté de la chalaze, les poils déjà allongés forment un épais taillis. Ce n'est qu'au deuxième jour que
l'activité se manifeste du cOté micropyle; jusqu'au cinquième jour
de nouveaux poils se développent; ils sont donc de taille inégale, en
général plus longs du côté chalaze que du cOté n,icropyle qui devient
la pointe de la graine. L'activité à ce moment se ralentit partout et
les vacuoles des cellules épidermiques se remplissent de pigment jaune.
Les poils qui paraissent encore, surtout à la pointe mais aussi à la
chalaze, se pigmentent alors presque tous et restent courts,constituent
le "fuzz" ou duvet, surtoutabondant aux deux extrémités de la graine.
L'absence de fibres chez les espèces sauvages est lié à l'absence de
cellules primordiales dans l'assise épidermique et à la désorganisation
rapide de cette dernière.
':-26Le schéma du développement de la fibre a été donné par BALLS.
1) longueur: la croissance en longueur du poil est achevée dès le 24 ème
jour; c'est vers le 15 éme jour que le taux de croissance est
le plus fort.
2) diamètre
sauf tout au début, où le poil est pyriforme, celui-ci est un
cylindre creux qui possède immédiate~ent son diamètre définitif.
Ce caractère est donc éminalln~',~â~'§tal.
3) épaississement: le poil est initialement formé d'une mince paroi primaire,
de nature pecto-cellulosique.
L'épaississement dû au dépôt à l'intérieur du cylindre de
couches cellulosiques secondaires, débute le 21ème jour.
Le taux d'épaississement est le plus fort du 36éme au
39ème jour.
Il est à noter que sur la
~ême
graine, toutes les fibres ne s'épaississent pas
également, que l'épaississement peut varier selon la place de la graine dans
la capsule, de la capsule sur la plante et salon les conditions de culture et
de nutrition de la plante. C'est donc un caractère essentiellement cultural,
par opposition au diamètre, caractère variétal.
Les coupes de fibres soumis~à un gonflement approprié mon~~ent bien que d~s
épaississements sont en couches successives, obéissant parfois à l'hypothèse de
BALLS, selon laquelle chaque couche correspondrait à une nuit de croissance;
mais le plus souvent on ne voit pas les 20 ou 25 couches qui correspondraient
à cette théorie.
Jusqu'à
~\.u~re
de la capsule les tubes restent arrondis, leur largeur
variant de 20 à 30 microns, le noyau subsistant dans la couche cytoplasmique
appliquée contre la paroi interne. A l'ouverture, par dessication rapide
de la masse fibreuse, la pression osmotique s'abaissant, le tube s'aplatit,
le canal
s'obnubi~plus
ou moins par rapprochement des parois: le poil de
coton prend sa forme caractéristique.
Une seule graine de coton
le seul lint.
se couvre de 15 à 20 000 poils dont 10 000 pour
-27-
-
~~~~~_~~_~~~!~~~~~~
e
:
la capsule s'ouvre sous l'influence de l'insolation
et de la siccité, de l'air, l'ouverture se faisant aux lignes de suture des carpelles.
Loges, graines et fibres perdent leur eau par évaporation, et les dernières floconnent
~
l'extérieur tout en restant attachées au carpelle;
on donne à la masse floconneuse le nom de floches. Par temps humide, :
le coton reste compact et les risques de moisissures ainsi que de germination de graines sont importants.
On a
dé~à
vu ce que l'on appelle la déhiscence "stormproof" et l'usage
fait en selection de ce
fac~eur
génétique.
Le fait d'avoir des capsules déhiscentes n'infère pas que le cotonnier soit à la fin de
so~
cycle. Tous les stades de développement
des fructifications peuvent se rencontrer ensemble, et il n'est pas
rare de voir des cotonniers 'repartir en végétation; par nature, le
cotonnier est une plante pérenne et il faut des conditions très particulières de sècheresse ou de température pour que le cycle cesse.
Le poil à maturité se présente comme un ruban très long (1 à 4 cm)
et très fin (10 - 30 u) dont les bords offrent l'apparence de bourre~
lets épaissis encadrant une étroite région médiane. La largeur diminue
vers la pointe libre qui se termine en fouet. Le poil est tordu ou vril.
lé, tantôt à droite, tantôt à gauche; les inversions de torsion ne suivent
pas de règles. Dans la capsule fermée, la fibre est encore un
tube cylindrique; c'est à l'ouverture que, par suite de dessication
rapide, on a un ruban aplati, non dans un plan, mais en hélice (vrillage ou convolution ou twisting). Le nombre de vrilles à l'unité de
longueur dépend beaucoup de la valeur
largeur du ruban
épaisseur de paroi.
C'est entre 3 et 4 que le vrillage est le plus intense
(52~~~ ) j
aux valeurs 2 ou 3 correspondent des fibres pleines, presque cylindriques. Au dessous de 4, il s'agit de fmbres sans maturation, mal vrillées. Dans le vrillage entrent aussi des facteurs génétiques (certains
cotons vrillent mieux, à égalité de paroi, les uns que les autres) et
de milieu. L'humidification fait disparaitre le vrillage qui reparait
en place à la dessication.
-28La structure du poil, d'après une étude de HESS au microscmpe électronique
serait la suivante ( Fig.7)
1) une paroi primaire d'étirement de 0,5 à 1p, formée de cellulose, cire
pectine, phosphatides et protides.
Les diagrammes de rayons X montrent que la cellulose est à l-état non
cristallisé, ce qui est
d~
à l'union intime entre la cellulose et la
pectine.
La cire enveloppe le complexe cellulose-pectine et phosphatides ( de
type lécithine).
2) une paroi secondaire: les lamelles journalières sont constituées d'
éléments étroits, longitudinaux,parallèles entre eux, les fibrilles;
elles sont
légè-~me~t
inclinées par rapport à l'axe. Les fibrilles ont
~
.
0
O,25Jl d'épaisseur ( 2.500 A ~ 1 A = 1/10.000.000 de mm.).
Par broyage et emploi du microscope électronique, HESS a vu que les fio
brilles se subdivisent en fibrilles de base de 150 A d'épaisseur et
o
2.500 A de longueur.
o
La molécule de cellulose a 4,5 A.
Ce qui est intéressant, c'est que la structure de la paroi est une espèce de contreplaqué qui explique les qualités mécaniques de la fibre
native par rapport à celles de cellulose régénérée ( rayonne, viscose •• )
Toutes les fibres ne sont pas au même degré de maturation; les unes s'arrêtent au stade primaire et se déssèchent en ruban sans épaisseur. D'autreS
ont des parois minces, manquant de corps, d'où mauvais vrillage. La plupart ont une maturation parfaite.
Enfin, les fibres trop pleines ne vrillent pas.
Pour terminer cet aperçu de la physiologie du cotonnier, signalons que la
,raine risque de perdre son caractère d'élément vivant de la plante dans
des cirCou9tances qu'il importe de connaître:
- immaturité, mauvaise constitution: c'est le résultat d'un parasitisme
violent; de conditions climatiques
ciente.
défect~euses
ou d'une nutrition défi-
-29-
- excès
d'h~idité
: c'est le facteur principal de la réduction de la facul-
té germinative chez les graines oléagineuses. Cette humidité favorise l'
.~
et inten.~Pication.
.
hydrolyse des ~c~u~s
gras d'où leur augment~~10n~e
~a resp1rat1on des
graines. L'effet peut être rapide, puisque 10 jours après la récolte la
faculté germinative tombe de 97 à 55% si l'humidité passe de 9,5 à 20%,
alors qu'elle ne tombe qu'à 90% après quatre années de conservation à moins
de 10% d'humidité.
- excès de chaleur: la température létale est fonction
de l'humidité.
- âge: l'age limite d'utilisation est directement lié à l'humidité accompagnant la conservation.
parasitisme : celui-ci peut être la cause de graines plus ou moins déficientes.
2 - Nutrition du cotonnier
Celle ci a .
lieu par les racines et par le feuillage.
La nutrition par les racines représente la plus grande part du total d'éléments
necessaires à la plante, mais il est cependant possible d'alimenter partiellement la plante par des pulvérisations foliaires; ainsi, l'azote (sous forme
d'urée) et P205 ( sous forme de superphosphates mis en solution) sont absorbés
au niveau des stomates par osmose. Cette technique permet des apports de rat-'-trapage. Si les solutions de superphosphates ne sont guère utilisées qu'en URSS,
l'urée en pulvérisation s'emploi partout, sous forme de doses faibles adjointes
aux traitements insecticides.
Le développement
équilibré de la plante necessite la connaisSônce du bilan de:
besoins du cotonnier, et de l'échelonnement de ces besoins.
Les besoins sont fbnat'i4m de la quantité d'éléments exportés du
ch~tRps
par la
culture. Ils snnt très variables étant donné la diversité du développement vé.:
gétatif selon les régions et les types de culture.
A titre indicatif, une culture ayant donné modestement 15 quintaux/ha de coton
graine,
export~
environ
:
100kg d'azote
N
60kg de phosphate P 0
2 5
80kg de potasse K 0.
2
En plus de ces éléments, que la plante aura dû trouver sous forme assinitable,
la phase plantule se sera montrée exigeante en Mg et Ca O.
Depuis 1969 cn constate en savane une carence en
bo~
dans
les cultures continues après 4(5 années (cf. Tanganyka,
Nord Cameroun, Tchad).On peut envisager des pulvérisations
foliaires de borate de K, mais le problème en milieu paysan est celui de l'eau; aussi essaye-t-on d'ajouter le bore à la fumure.
-30Près des 2/3 des éléments minéraux nutritifs
sont absorbés pendant les deux
premiers mois de la végétation.
L'effet des principaux éléments est le suivant.
agit sur la longueur des entre-noeuds donc sur la
- azote
p~ocité-
le nom-
bre et le poids des capsules, la grosseur des graines et la longueur
des fibres.
Un manque d'azote fait jaunir et tomber les feuilles; les plantes
restent chétives.
- phosphore : augmente la production et la
lon~leur
de la fibre.
Un manque de phosphore provoque une coloration vertfonçé des feuilles et le l'rabougrissement des p1a.ntes
- potasse
agit surtout sur la grosseur des graines et la teneur en huile.
Une déficience se traduit par une sorte dellrouille ll physiologique
des feuilles est l'ouverture prématurée des capsules. Elle est généralement un accident de culture intensive.
- soufre
action bénéfique sur la physiologie gén@rale du plant.
Les effets de carence se
const~t~~
dans l'aspect chlorotique des
feuilles et la baisse de productivité.
- oligo-éléments : leur action a éncore été peu étudmée. On en connait surtout
les manifestations de carences :
magnésium
feuilles rouges
bore
aspect chlorotique
zin~
aspect rachitique avec plages mortes sur
les feuilles
manganèse
: e ~fici.
~nÇ.·::: 1:::~.
cl-Ir ,roph-.-ll-:.- , '. f~u·i llcs j aune brun
Pour clore des quelques notions C")llC·~:r:1,îl'lt l" nutr'i ticu du.~·it·)tmi~rni~"ls ~:ue
si par une fumure minérale équilibrée on augmente nettement le rendement
60 à 70% de cette augmentation proviennentdu plus grand nombre de capsules m11ri9s
20 à 30% de la grosseur des capsules
5 à 15% seulement résultent d'un supplément de lint par graine.
-31-
c) AMELIORATION DU COTONNIER
Malgré l'importance exceptionnelle des conditions de
milieu
sur la productivité, celle-ci n'en d@pend pas moins d'un certain nombre
de caractéristiques variétales.
1 - Caractères héréditaires.
'.w
'L
III
L'hérédité chez
l~
cotonnier, est complexe; les chromo
somes sont nombreux, les caractères héréditaires encore plus, et les combinaisons par conséquent pratiquement illimitées; tous les caractères ne sont
cependant pas indépendants et eh relèvqt des liaisons pour lesquelles les
correlations sont soit positives soit négatives.Et s'il est des caractères
simples, s'héritant de façon
mendélienne, l'expérience montre que d'autres,
comme la hauteur et la pilosoté des plantes, et surtout la productivité,
sont controlés par des systèmes
polygfu.iques·\~
le milieu a une très forte
action sur ces caractères quantitatifs.
Comme caractères simples citons simplement
- la couleur et la forme de la feuille
- la pilosité des feuilles: le caractère glabre est transmis par un gène
dominant
- la forme et le poids des capsules : plusieurs facteurs
- la bractée IIfrego" : bractée réduite, se retournant, d'où efficacité plus
grande des traitements insecticides et récolte plus propre; transmis par
1 . gène récessif
l'absence de nectaires
- l'absence
de glandes à gossypol : le gossypol étant
to~ique,
l'absence
de glandes diminue le coat d'extraction de l'huile et permet l'htilisation directe des tourteaux pour l'alimentation humaine (57% de protéines).
2 gènes recessifs commandent ce caractère déjà largement utilisé aux U.S.A
- la résistance à divers parasites et maladies:
• j assides
•
~vers
: par la pilosi té
insectes: par l'absence de nectaires
• Pusariose: 1 à 3 gènes selon l'espèce
•
~tériose
15 gènes de résistance; caractère interessant
les
~~t~~­
niers barbadense, très sensibles à cette maladie à partir
d'ure certaine pluviométrie.
-32- la position
des capsules et la tenue des floches au vent.
- la longueur des fibres: long domine partiellement (quelques cas de transgression)
Parmi les corrélations mentionnons
- corrélations positives: grosses capsules et grosses graines
longues fibres et petites capsules
fort pourcentage égrenage et fibres courtes
- corrélations négatives
pourcentage égrenage et grosseur graine
résistance fibre et allongement
Le but de la sélection est d'associer le plus grand nombre possible de
caractères quantitatifs et qualitatifs favorables à la production d'une
forte quantité de fibres de qualité.
On conçoit qu'avec un patrimoine héréditaire aussi complexe que le sien
(26 chromosonnes provenant de deux sources) le cotQnnier existe en plusieurs
centaines, sinon milliers de variétés. En raison de l'influence marquante
du milieu, les variétés ne sont pas stables quand on les déplace; il y a
une acclimatation necessaire, qui peut d'ailleurs être défavofable. Cette
influence, qui se fait aussi par le mode de culturerend souvent difficile
la comparaison des rendements obtenus en champs de sélection ou en essais
( culture techniquement bien conduite) avec ceux de la grande culture.
La variabilité génétique est, dans les conditions naturelles, causée
par deux facteurs
les mutations et la fertilisation croisée.
Il Y a peu à dire des mutations, dont le rôle est secondaire du fait qu'il
est difficile de savoir s'il y a eu simplement recombinaison de gènes exis.·
tants ou apparition d'un caractère nouveau. Signalons cependant le mutant
"frego", en cours d'utilisation dans les programmes d'amélioration.
Parfois les mutations n'interressent que des cellules somatiques, donnant
alors des chimères. Quant aux mutations induites par des radiations diverses,
elles n'ont pas encore joué un rôle notable, contrairement à ce qui se passe pour d'autres plantes.
L'importance de l'hybridation est autrement gfande. Le pourcentage d'
allogamie est extrèmement variable puisque l'on signale des taux allant de
2%0 à 50% .Sa connaissance est une notion importante, car on doit en tenir
compte pour le choix de la méthode de sélection la mieux adaptée.
-33C'est l'allogamie, conjuguée avec l'extension considérable des populations
cmltivées, qui explique la grande variabilité trouvée loin des centres d'ori_
gine du genre. Le cotonnier contredit ùonc les conclusions de VAVILOF, selon
lesquelles la variabilité à l'intérieur des espèces est plus grande au centre
d'origine, pour diminuer progressivement vers la périphérie de l'aire de
dispersion. La variabilité est au contraire ici en corrélation avec la taille des populations et ce sont donc les races qui ont eu une grande diffusion
qui manifestent la plus grande diversité.
Artificiellement, l'hybridation permet d'orienter les croisements. Etant
donné la
compl~xité
du problème, on
proc~dt
généralement par croisements
de retour successifs (Back-cross) avec le parent commercialement interessant,
Le problème est le plus souvent celui de donner une qualité supplémentaire
(résistance à une maladie, pilosité ••• ) à une variété déjà interessante.
Sur le plen pratique, l'hybridation est une opération aisée: la veille de
l'ouverture de la fleur, on enlève en une seule fois les pétales, encore
enrouL's
en un bouton allongé,et la colonne staminale; et on ensache jusqu'
à la pollinisation du lendemain.
Il convient de signaler en passant que les hybrides manifestent une grande
vigueur en F1, moindre que chez le maïs, mais suffisamment pour que les
génétistes se soient penchés sur une technique de sélection pouvant l'utiliser. L'autogamie étant importante du fait de la morphologie même de la
fleur,le problème n'est pas simple. Deux voies ont été employées:
- celle de la fixation de variétés rnâles stériles (il en est apparu dans les
descendances interspécifiques) et de leur transfert.
- celle de l'utilisation de gamétocides.
Une voie nouvelle a été ouverte pour l'amélioration du cotonnier, par la cré
ation d'hybrides interspécifiques. Elle laisse entrevoir des variabilités
jamais atteintes et des recombinaisons jugées impossibles. Depuis 1957,
le laboratoire de cytogénétique crée à la station IRCT de Bouaké exploité
un matériel triple hybride introduit des Etats Unis, ainsi que d'autres
hybrides réalisés sur place
Ces triple hybrides sont:
( G. hirsutum X G.arboreum ) X G. thurberi
(ATH)
( G. hirsutum X G.arboreum ) X G. raimondt
(HAR)
dont les descendances ont été utilisées de diverses façons (descendances
directes, croisements de retour)
-34Les autres hybrides interspécifiques à l'étude
~
interessent :
- G.hirsutum x G.barbadense (amphidiploîdes de constitution AD/AD, les géno)t;.me9,étant symbolisés par (AD)h et (AD}~
dont les descendances présentent
des'phénomènes de stérélité
- l'hybridenbü~eau G.herbaceum ( génome A ) x G. anomalurn (B ) x G.hirsutum,
1
1
que l'on peut écrire A B / (AD)h
1 1
- et l'utilisation de G. anomalurn dont on pourrait attendre des qualités d'
adaptatio~
en raison de son origine o
Les possibilités de l'hybridation interspécifique sont très vastes • IL
n'existe en effet pas moins de S génomes différents dans le genre gossypium :
t
l
Section
Localisation
Sturtiana
III
Klotzchiana 1\
IV
j
Thurberana
V Anomala
Stoksiana
VI
flspèces
n
Australie
3
13
C
Amérique
7
13
D
Afrique
2
13
B
"
5
13
E
Pacifique
tomatosum
26
A fi
Génômes
et Arabie
Hors section
, VII
Herbacea
; VIII Hirsuta
Vieux Monde
2 groupes
13
A
Nouveau Monde
2 groupes
26
AD
, que
l'on
;fait suivre
,!d'un
chiffre!
!
; identifiant
l'espèce.
On
voit ainsi que l'hybride HAR, par exemple, associe les génomes AD
de la section VIII avec A de la section VII et D de la section III, ( r~imon­
Jii ~pp~rti~nt à cette section) et peut srécrire:
(AD)h /A D
2 S
l'hybride ATH est, lui, de constitution (AD)h /A D
2 1
-35Une dernière voie de recherches est à mentionner. Celle de l'utilisation de l' haplo!die. A partir d'un coton ~n(pb~de découvert en 1930 on a pu,
par doublement à l'aide de la colchicine, obtenir des lignées pures dont li
étude est interessante pour la connaissance de la variabilité génétique et
de la variabilité due au milieu, et pour la solution de divers problèmes
génétiques (lin~, hérédité quantitative, taux de mutations).
2 - Selection •
= Critères
de sélection: très nombreux, il faut les choisir en tenant compte
du contexte cultural, et des besoins de l'industrie. Comme critère de
base on peut retenir !
; critères de production
• productivité: nombre et grosseur des capsules
poids de coton graine par capsule
• rendement à l'égrenage
• résistance aux parasites
- critères de qualité:
• concernant la fibre
longueur, finesse, ténacité, maturité,
allongement, couleur, homogénéité, etc •.•
• concernant la graine
s~eè.
inde.s
teneur en huile
- autres critères: on pourra retenir pour faciliter la culture
• la précmci té
• le caractère des bractées "frego ll
• le caractère "storm proof"
• le caractère "glandless"
etc •••
= Méthodes
de sélection
de nombreuses méthodes ont été employées selon le
but recherché et les moyens ou le temps dont on disposait.
Sélection massale ou primaire : c'est la plus simple et la plus rapide, mais sa portée est limitée, surtout lorsque l-allogamie n'est
pas négligeable. D'autre part elle ne peut tenir compte que très sommairement des qualités .de fibres.
-36Sélection
pedigr~e
: c'est la sélection généalogique qui, par autofé-
condation, conduit en quelques années à la lignée pure, mais avec l'inconvénient de pépartir la variabilité entre différents lignées, dont les
exigences particulières seront donc plus grandes. Aussi, pour conserver.les avantages de l'autofécondation sans perdre de la variabilité,
les chercheurs ont il préconisé diverses combinaisons des deux méthodes
dont la plus ancienne est la
Sélection massale -
pédigr~e,mise BU
point par HARLAND pour régénérer
le "Tanguis" du Fer.ou, Dans ce système, tous les pieds sont analysés et
les descendances conservées sont individualisées, mais sans autofécondation, afin de permettre le libre échange des gènes entre les lignées
( un certain taux d'allogamie est donc necessaire).
La méthode, dont plusieurs adaptations ont été faites en Afrique,
neces~
site un matériel végétal abondant et une organisation des analyses pous.
sée ( en effet, avec 8 critères de sélection par exemple, on n'obtient
qu'un plant valable pour 256 analysés, si pour chaque critère on ne retient que les plantes supérieures à la moyenne de l'ensemble).
Quelque soit la méthode utilisée, il peut se faire que les caractéristiques que l'on cherche ne se trouvent pas dans la populatmon d'origine.
Il faut alors faire appel à l'hybridation, soit pour créer une variabilité nouvelle, soit pour introduire dans une population donnée les caractères jugés necessaires.
Les problèmes qui se posent au sélectionneur sont complexes, et les
méthodes de sélection à retenir doivent donc tenir compte de nombreux
facteurs : objectifs à atteindre, matériel de base disponible, moyens
matériels disponibles.
L'énumération de quelques résultats obtenus
termineront ce bref
survol de l'amélioration cotonnière:
- port
le plOrt "c l uster" régit par un gène accompagné de gènes modificateurs, se traduit par un raccourcissement extrème des
entre-noeuds et la
réunion des capsules en grappes..· Il est
intéressant pour la récolte mécanique.
- pilosité foliaire: elle a été utilisée contre
(Jassides) •
EmFo~sca
facialis
-37Il
Smoothness
"(feuilles glabres) : dont l'interêt a déjà été
signalé pour la récolte mécanique.
résistance à la baetériose: c'est le problème de résistance le mieux
résolu.
15 gènes de plus ou moins grande résistance ont été identifiés
chez des cotonniers sauvages ou peu cultivés de G.barbadense au
Soudan (variétés BAR) et G.hirsutum en Centrafrique (v3r.REBA)
- résistance 'à la fusariose : plusieurs variétés cultivées sont maintenant " wilt " résistantes.
- longueur des fibres:
les progrès smnt ici très notables.
Pour ne citer qu'un exemple, en Centrafrique, 100% des fibres se
classaient en 1950 dans la classe 7/8 à 29/32
d'inch, alors qu'
en 1963 94% des fibres se situent au dessus de l'inch.
- rendement à l'égrenage.: un exemple suffira ici aussi, emprunté cette
fois au Tchad. La variété Allen, retenue pour sa bonne productivité, ne donnait au départ que 28% de fibre sur le total de coton
brut récolté. Par étapes successives, les travaux de sélection de
l'IRCT ont conduit à la variété Allen A 150, qui dépasse 38% à l'
égrenage, soit 10% de récolte supplémentaire sans aucune exigence
supplémentaire, ni culturale, ni de main d'oeuvre. Un tel progrès
se chiffre, sabs demander aucun travail à plusieurs milliards de
francs de revenus supplémentaires. Les sélections cultivées en CSte
d'Ivoire dépassent couramment 40%.
II - LE MILIEU
On
ne peut pas dire que les exigences du cotonnier soient étroi-
tes puisqu'on le cultive dans des pays aussi
di~ers
le Tchad, le Brésil, le Turkestan, les Indes et
que les U.S.A., l'Egypte,
~ême
la Grèce, l'Espagne etc.
La réussite de la culture est cependant liée aux facteurs suivants:
a) L'EAU
Les besoins en eau du cotonnier ne peuvent être chiffrés d'une façon générale. Le type de culture, la variété, la nature du sol et des façons culturales, la répartition des pluies interviennent chacun plus ou moinS
dans le bilan que l'on voudrait établir.
J
•
-38Pour une culture sèche,
c'est à dire de saison des pluies, on conçoit que
la régularité de la répartition et une bonne capacit@ du sol pour l'eau sont
les conditions essentielles. On peut estimer les besoins totaux à environ
1 000 mmm ( soit 10 000 m3/ha se répartissant sur 4 mois environ}. De.fait
les besoins pendant la culture
elle m@me sont moindres lorsque le~;ol est
déjà humide au départ; c'est le cas des U.S.A où près de
la~0itié
de l'eau
a été emmagasinée à' la fin àe l'hiver et au début du printemps, et des PêYS
africains où la culture est faite à la deuxième saison des pluies de l'année{I
Les variétés de culture sèche sont généralement rustiques et précoces.
En culture irriguée, les conditions sont beaucoup plus faciles, car on peut
répondre exactement aux besoins de la plante. Ceux-ci ne sont pas seulement
une question de quantité (environ 12 à 15 000 m3/ha pour des variétés à gros
rendement et cycle moins précoce), mais de répartition. Pour la germination
les besoins sont assez grands car la graine a besoin de se gonfler pour
germer; elle absorbe au moins la moitié de son poids. Pendant la première
phase de la vie du cotonnier, qui va jusqu'au déclenchement de la floraison, les besoins en eau sont aeeez modérés; il ne faut pas qu'un excès d'
eau èans le sol
emp~che
les racines de
s'enfonce~~)pendant
la deuxième
phase, qui va du début de la floraison à l'ouverture des prèmières capsules
( 7 semaines environ ) les besoins sont beaucoup plus grands car la plante
est dans une période de développement très actif. Les capsules constituent
alors jusqu'à 70% du poid total du végétal. Si pendant leur période de croissance elles utilisent largement les réserves en eau des organes végétatifs,
en phase de maturation elles peuvent céder de l'eau au reste de la plante,
amortissant de ce fait le déséquilibre de la balance hybrique. Lorsque s'ouvre les premières capsules la plante est adulte et les besoins en eau de
cette troisième phase vont en diminuant rapidement; un maintien des irrigations aurait pour effet de faire repartir la végétation ce qui n'est pas du
tout souhaitable; les nouvelles fleurs et les nouvelles capsules qui en résu\.
teraient seraient sans interêt
par rapport au prolongement de l'occupation
du terrain; sans compter qu'en fin de cycle le parasitisme est généralement
plus élevé et qu'on lui donnerait ainsi de nouvelles facilités de se multiplier.
(r) cf Uganda
(2) le cotonnier est très sensible à l 'hydromorphie , m~~e te~poraireo La nappe
doi t être à plus 50
Clil o
-39-
En résumé, les
t:~qoins
en eau du cotonnier sont relativement importants;
ils ne sont cependant qu'environ le tiers de ceux du riz irrigué. Insuffisance et excès sont également nuisibles. Etant donné la nature du produit récolté il est évident qu'il ne doit pas y avoir de pluies appréciables pendant la période de maturité, c'est à dire pendant 3 à 4 mois.
b) LE CLIMAT: (réduit ici aux facteurs autres que la pluie)
Par nature, le cotonnier est une plante tropicale; en fait il
est généralement cultivé dans des régions plus froides. Il est donc important de connattre les exigences du cotonnier.
La température 0 de l'acte de croissance est d'environ 12°C et la température limite, qui cause l'arrêt de la croissance de 38°C. Entre ces limites
extrêmes l'optimum se situe aux alentours de 25°. On notera l'importance des
températures nocturnes, la croissance se situant surtout la nuit; le jour,
la croissance est inhibée sella l'effet d'unetranspiration intense et dans
certains cas par l'intensité des
r~yons
lumineux.
L'ensoleillement est cependant une condition de succès et les pays à coton
son~ to~s des pay~ ~ ci~l lumineux. (plante héliophile; au moins 6 h d'insolat10n à la fruct1f1cat10n}o
En ce qui concerne la longueur du jour, le cotonnier est une plante de jours
moyens.
Les besoins en eau étant satisfaits et la culture normale, on
peut dire que les qualités du lint sont liées aux conditions climatiques
accompagnéBt la période de maturation des capsules. La qualité du coton
égyptien tient en partie au soleil intense et à l'humidité réduite qui
règnent au milieu de la journée.
En résumé, et compte tenu de tous les facteurs qui constituent
un climat, on peut dire que le cotonnier exige un climat chaud et humide
mais ensoleillé pendant 3 mois
f,
suivis d'autant de mois d'un climat chaud,
sec et lumineux avec encore cependant de l'humidité dans le sol.
Sans être particulièrement exigeant, le cotonnier demande cependant des sols profonds, bien dratnés, sans excès d'argile ni de sable, d'une
fertilité satisfaisante et d'un pH aussi voisin que possible
(Go barbadense supporte jusqu'à 1,5
%0
de sel)o
de l'alcalinité.
-40La nature physique du sol ioue un rOle important dans l'économie de l'eau
et influe sur la température du sol. Un sol léger donnera des plants précoces mais peu 6é veloppés s'il est trop sableux. Un sol trop argileux favori.era~~ar
contre la croissance de l'appareil végétatif mais au
détrill~nt
des
organes reproducteurs. L'idéal réside dans un bon sol silico-argileux bien
drainé.
En plus .e ces trois facteurs, et pour donner un aperçu complet du milieu,
mentionnons le rOle que jouent également les insectes et diverses maladies
dans les relations de la plante. Nous en reparlerons.
Quand on parle de productivité, pour le cotonnier plus que pour toute
a~tre
plante, il convient de toujouts préciser le lieu, l'année et les conditions
de culture , tant les conditions de milieu, d'environnement, peuveJ;lt influer.
III - LES TECHNIQUES CULTURALES
Comme toute culture, celle du cotonnier est liée aux conditions climatiques, agronomiques et économiques. La climatologie évolue, surtout en pays
tropica~,
entre des points extrèmes qui ne sont pas toujours compatibles aved une
bonne production. Les conditions agronomiques évoluent elles aussi en fonction de
la forme que prendra la culture. Enfin l'économie d'un pays et ses
tr?il~ormations
J"
peuvent amener à reconsidérer les bases mêmes du mode de culture choisi à un moment donné.
Il est donc impossible d'être rigide dans la conception de sélections qui doivent
être déterminées localement en fonction de nombreuses données fluctuantes. Le
meil.
leur mode cultural est celui "!fui amènera le maximum de profits au producteur, sans
pour autant présenter de dangers pour
conduit généralement à la
l'avenir.L~évolution des
mécani~ation
agricole,à structure fragile des
so~s,
pratiques culturale.
des travaux.Mais en pays à faible niveau
il peut être contraire à l'interêt régional
d'intrOduire brutalement la motorisatinn. n'ailleurs, les moyens culturaux utilisés
ne sont nullement synonymes dl '1enre de culture qye l'on adopte. On peut très bien
faire une culture extensive complètement motorisée comme au Texas,ou une culture
intensive sans autre intervention que les bras de travailleurs, comme en Orient.
-41-
a) CONDUITE DE LA CULTURE
Très sensible aux conditions d'environnement, le cotoQnier, contrairement à d'autres plantes, reste définitivement marqué lorsque
S~s
conditions ont été défavorables au départ. On a donc le plus grand interêt à soigner la culture, en se rappelant que lorsque les plantes traduisent des conditions
néfastes (manque d'eau en culture irriguée, par exemple), il est déjà tard pour
agir.
Le cotonnier est également sensible à toute concurrence des mauvaises kerbes, surtout
lorsqu~il
est jeune. C'est pourqumi les deux premiers mois de la culture sont
décisifs.
Préparation du sol :
Deux conditions importantes sont à réaliser
un terrain propre et, en culture
irriguée, un terrain plat.
Le développement des mauvaises herves est d'autant plus à craindre lorsqu'il s'
agit d'une culture irriguée; si l'on veut éviter leur concurrence et ne pas être
astreint à des binages dès le début de la culture, il convient d'y penser à temps.
Le plus simple est de faire préerder le coton d'une culture nettoyante. Un terrain
btlb applani est indispensable pour la bonne conduite des irrigations; sur les
bosses comme dans les creux, on aurait des cotonniers chétifs soit par manque d'eau)
soit par excès d'eau.
La première façon culturale est un labour à 0,25 m; il sert à l'enfouissement de
l'engrais vert ou de la fumure organique.
Lui fait suite, juste avant le billonage, un pulbérisage dont le raIe est de réaliser une structure favorable 1 de détruire les herbes qui auraient lb crottre avec
les premières pluies, et, éventuellement, d'enfouir une fumure ménérale.
En irrigué, le billonnage est exécuté
~u
dernier moment; en l'absence d'une vraie
billonneuse, on peut se contenter de bien marquer les sillons avec des pièces de
cultivateur; l'essentiel est de pouvoir conduire l'eau sans noyer les lignes de ,
semis. Un charrue ordinaire permet également de billonner. Dans tous les cas, les
axes des billons sont espacés de 1 mètre.
-42L'utilité du billonnage est aussi grande en culture sèche qu'en culture irriguée.
La technique du billo~~~.~isonné (TIE-RIDGING des anglos saxons) est d'une efficacité certaine contre l'érosion et pour l'emmaganisement sur place de la pluie. En
jouant sur l'espacement des cloisons, on peut billonner en lignes droites, c'est à
dire sans
sui~e
exactement
les courbes de niveau; on se contente de modifier
l'axe du billonnage lorsque la pente devient trop grande.
Fumure :
Elle est généralement nécessaire. Avec une fumure bien équilibrée,
exportations, les américains font coton sur coton
compens.~t
les
pendant des années. La fertilisa-
tion, dont il ne faut pas perdre de vue les aspects économiques, doit être le résultat d'une étude expérimentale complète. La recherche de la meilleure formule passe
par plusieurs étapes, résultant d'études très précises faites par RICHARD et BRAUD
(I.R.C.T.) :
- essais soustractifs consistant en des apports d'engrais d'ou sont exclus un élément et un seul par formule. Il permettent de déterminer l'élément déficient formant
le facteur limitant de la
produ~tion.
- essais dits des coupes permettant de déterminer l'équilibre optimum des éléments
nécessaires à l'obtention de la récolte la plus rentable.
Les éléments marquant le plus sont :
- l'azote: Q'e*t généralement le plus déficient.
ôn l'utilise sous toutes ses for-
mes (même en pulvérisations foliaires' et en "introjection" - injection dans le sol
de gaz ammoniac) ; en pays tropical il faut tenir compte du danger de lessivage.
- le phosphore
c'est l'élément le plus déficient après l'azote. On peut l'apporter
soit en fumure de fond sous forme de phosphates naturels, soit en apports de superphosphates, soit
~
les combinant.
- le soufre : cet élément a été longtemps méconnu, les "super" en apportant une certaine quanti té.
La fumure minérale actuellement préconisée en
ca te
d'Ivoire pour un rendemant
moyen de coton-graine de 1 000 à 1 300 kg/ha, e'st épandue à la dose de 160 kg,/ha
32 kg/ha d'azote
apportant
34 kg/ha de phosphate
22 kg/ha de soufre.
-43-
D'un côut de 4.400 F, elle représente le prix de 130 Kg de coton graine et doit
si la culture est bien conduite, entratner une augmentation du rendement hectare
de 300 à 400 kg.(I)
Le mode d'application de l'engrais est important. Les besoins du cotonnier sont pré·QO~.
On épand en une ou deux fois; dans ce dernier cas, moitié en semis, moi-
tié en démariage. L'épandage est généralement exécuté en "side- dressing" c'est à
dire de part et d'autre de la ligne de semis, avec léger enfouissement.
Semis.
Il n'est réalisable mécaniquement qu'avec un semoir adapté (semoir ~e
maYs-arachide-coton) et des graines délintées (mécaniquement ou à l'acide sulfurique), ou enrobées (par exemple au lait de platre).
Le semis se fait en poquets distants d'environ 0,33 sur la lmgne; placer 6 - 7
graines par poquet à 3 cm de profondeur. La régularité des espacements et des
enfouissements est très importante si l'on veut obtenir une densmté satisfaisante
à l'hectare; l'expérience prouve toujours que le rendement augmente avec celle-ci.
Celle donnée par les espacements indiqués (25.000 à 30.000 poquets/ha) est la lus
généralement conseillée. Elle necessite, resemis compris,de 20 à 30 kg de
semO~ces
à l'ha.
Le trempage préalable des graines est inutile et déconseillé
• En culture irriguée,
la question se pose, d'une façon générale d'ailleurs,de savoir s'il faut irriguer
avant ou après semis, car de toutes façons la pluviométrie est insuffisante pour
assurer une réserve d'eau
e~
profondeur et permettre une levée régulière.
En cas de billonnage normal et si la terre n'est pas soufflèe, par l'enfouissement
d'un engrais vert par exemple, il est plus simple d'irriguer aussitôt
apr~s
le
semis.
Par contre, si les billons sont assez
p~~
marqués et que l'on risque se les noyer
en mettant l'eau, il est préférable d'irriguer avant le semis; on procède alors
à celui-ci dès que le ressuyage est suffisant. Dans le premier cas, on a l'avan-
tagede ne pas donner d'avantage aux herbes. Dans le second, on a celui d'une irriga
mo,;i.ns
J
tion délicate; mais il peut être necessaire, si le temps est très chaud, de donner
une irrigation complémentaire quelques jours après la levée. Dans les deux cas, il
fau~procéder à
l'irrigation lentement, PO"(.:;···p.firmettre la constitution
d'une bonne
réserve en profondeur; la quantité d'eau necessaire peut atteindre ou même dépasser 2 000 mG/ha.
(I) Avec fumier en supplément, la récolte etlt augmentée de plus d tune tonne /ha o
-44-
Démariage.
Le démariage est exécuté quand les plants atteignent 15 à 20 cm; laisser 2 plants
par poquet et autant que possible les plus vigoureux; on a interêt
à arracher
un par un les plants en excédent et non en bloc. Un binage-rechaussage suivi d'
une irrigation s'il y a lieu, est très utile aussitÔt après le
dém~riage.
Irrigation.
La conduite de l'irrigation est fonction de chaque cas particulier. En terrain
à pente faible (3 à 5 cm pour 100 m) on a intérêt d'avoir des sillons longs
(200 m environ) à condition que l'infiltration soit lente; en terres légères, on
ne peu~malheureusement pas opérer ainsi, car on utiliserait trop d'eau, dont une
partie~&Fatt
perdue par infiltration avec tous les inconvénients que cela entratne
On utilise donc, comme lorsque la pente est sensible, des sillons plus courts.
Le débit à envoyer dans chaque sillon doit être un juste compromis entre un débit
lent qui imbiberait trop le début des billons et un débit rapide qui entraînerait
les éléments fins du sol et laisserait le sable.
Une bonne méthode consiste à grouper les sillons par cinq, pour constituer une
parcelle élémentaire d'arrosage; chaque parcelle reçoit l'eau par une brèche faite
dans le talus de l'arroseur. On assure ainsi une bien meilleure répartition de
l'eau que si on ouvre le bord de l'arroseur au droit de chaque billon. Le travail
des irrigateurs est simplifié au maximum; il suffit d'un homme cÔté arroseur pour
ouvrir et fermer les parcelles et d'un autre, cÔté contre-billon, pour indiquer au
premier quand l'irrigation de la parcelle est suffisante. On peut aussi utiliser
bien sQr des siphons calibrés.
L'irrigation par aspersion convient assez mal au cotonnier, surtout si on craint
la bactériose; elle doit pouvoir bénéficier d'énergie bon marché pour la mise sous
pression, et ne pas contrecarrer la protection phytmsannitaire. En
Isra~l
elle a
donné des résultats remarquables. Les besoins à satisfaire varient considérablement
selon les situations et l'âge des plantes; on peut estimer à 6 - 9 ~jour - soit
65 - 90 m3/ha/jour - la consommation à la pleœne floraison. Le rythme des irrigations dépendra d'un certain nombre de considérations dont la capacité de mise en
réserve du sol.
Seuls seraient applicables des herbicides de
"
~~~~u
mais leur action est très variable selon les conditions
climatiques et la préparations du sol. Le prix intervient
aussi, qui ne devrait excéder l 500 F/ha. Le Diuron serait possible s'il n'était très sens ble aux conditions
climatiques.
-45-
La propreté de la culture est essentielle. On estime que laisser l'herbe pendant
les deux premiers mois de la végétation, provoque une baisse de rendement de l'ordre de 30%.
Les premiers binages doivent être assez profonds, mais les suivants superficiels.
Il serait bon de biner avant chaque irrigation.
Le binage des interlignes peut être fait mécaniquement (cultivateur porté, houe at~
telée, etc ••• ). Sur les lignes il est toujours necessaire d'intervenir à la main.
Lorsque les cotonniers commencent à couvrir sérieusement le sol et que les binages
deviennent inutiles (vers le deuxiè6e mois) on termine les façons superficielles
par un rebillonnage sérieux dont le raIe est de maintenir les plants qui commencent
à se charger de capsules. Ce rechaussage est à conseiller également en culture
tl,~,.~·:
sèche.
Même si les herbes se développaient peu, des sarclages n'en seraient pas moins
utiles pour l'aération du sol.
La question du désherbage chimique est délicate, le cotonnier étant très sensible
aux produits utilisables.
R6c:olœ.
Les premières capsules arrivent à maturité environ 90 jours après le semis. Pour
:~
effectuer la première récolte, on peut attendre 3 semaines si aucune pluie n'est à
craindre; la première passe permet dans ce cas de ramasser environ 40% de la
récolte. Mais si on doit craindre la pluie ou de très fortes rosées, il faut
récolter~~~ Trop attendre diminue la ténacité des fibres et fait baisser
le grade.
Il faut récolter par
te~s
sec. Les ramasseurs ne doivent cueillir que les floches
propres des capsules bien mares. Si necessaire, on passera une deuxième t)is pour
ramasser les floches sales ou maladset le coton
qualité n'est
pas.mél~'~~
tG~bé
à terre; ce produit de basse
au coton propre.
50 kg/jour est déjà un bon rendement pour un réCOlteur.
L'exposition de la récolte au soleil est recommandable si on a la possibilité de
le faire. Rentré ne magasin, le coton graines doit
~tre
mis en tas peu volumineux
au début; ces tas sont refendus à plusieurs reprises pour aérer la masse; après
une dieaine de jours, le poucentage d'humidité doit être assez bas pour permettre
La succession mals-coton est possible chaque année dans
la zone Centre (avec le risque tout de même de 2 mauvaises
années par décade). Les résultats 1969,
apr~s
7 années
consécutives (ferme IRCT du Foro) sont ;
Témoin
2 749 k
avec engrais: 305I
il
mals
+ l 220 coton
"+ l
906
"
+ 2 485
"
li
et fumier: 3 607
il
En zone nord, on expérimente coton + coton + riz de plateau + éventuellement 2 années de
jach~re.
-46la mise en tas importants.
A la fin de la récolte, on arrache les plants qui sont mis en tas, en bordure
des champs, pour être brQlés dès dessication. Le maximum de débris doit être
brUlé, cette opération étant très importante pour la destruction des parasites.
La récolte mécanique ne s'adresse qu'à une agriculture très évoluée étant
donné le
co~t
de ces machines. De plus, elle suppose la culture de variétés sélec-
ti onnées pour cet usage (port convenable et récolte groupée, car un seul passage
est possible), la défoliation préalable et l'installation d'une usine adaptée.
Il existe deux sortes de cueill~ :
- les strippers, qui arrachent les capsùles entières. Rapides (1400 kg/heure),
économiques, elles récoltent un coton quelque peu déprécié, malgré leur sépara ~. "
J"
teur.
les pickers, dont les broches tournantes arrachent le
coto~
graine seul,
~
le coton est récolté beaucoup plus proprement mais le rendement n'est que
700 kg/heure.
Il est assez difficile de parler de rendements moyens car les dœfférences sont
très sensibles suivant les pays ou les modes de culture:
Aux U.S.A., le Texas qui cultive plus de 2 millions d'ha, essentiellement. .', .'
avec les pluies, ne dépasse guère 400 kg/ha de fibres alors que l'Arizona et :
~.'~. Californie, qui pratiquent la culture irriguée atteignent les 1200 kg/ha.
Au ~had, le rendement moyen ne dépasse guère 100 kg/ha de fibres alors qu'à
Madagascar on peut fort bien dépasser la tonne/ha.
Assolements.
Les assolements réalisables sont
fo~ction
des autres cultures necessaires,
des possibilités d'irriguer en intersaison et de la solution adpptée pour maintenir
la fertilité. Maintenir les terres propres et empêcher les parasites de survivre
dans le sol sont deux points importants à réaliser dans tous les cas.
b) ENNEMI S ET MOYENS DE LUTTE :
Nous distinguerons les ravageurs et les maladies.
Ravageurs:
plante tropicale et subtropicale de répartition géographique
très étendue, le cotcnnier est très exposé aux attaques des ravageurs : plus
de 1300 espèces d'insectes et d'acariens sont signalés sur cotonnier, dont près
-47de 500 pour l'Afrique au sud du Sahara. Celles-ci sont monophages, sténophages
(gamme réduite de plantes h6~es) ou polyphages.
Certains ravageurs sont inféodés à certaires.rêgious et leur importance économique
reste très grande malgré tous les progrès faits en matière de lutte. On peut
citer ainsi:
- Anthonomus aux U.S.A.
- Argyroploce en CÔte d'Ivoire
- Heliothis dans le monde entier
- Platyedra en Afrique et certaines régions des U.S.A.
- E arias
en Iran
Toutes les parties de la plante: racines, ti§es, feuilles, fleurs, capsules,
peuvent être ataaqués par des insectes. Certaines espèces sont capables, même
prises isolément relIe l'Heliothis, d'annihiler totalement la production de
champs entiers, et suivant les saisons, les régions, les variétés cultivées,
des combinaisons variées d'attaques mettent la récmlte en péril continuel.
Le traitement rationnel du cotonnier impose donc une connaissance approfondie
des insectes, de leur distribution, de leurs dégâts, de leur cycle biologique
sur le cotonnier et sur les autres hÔtes, ainsi que leurs réactions spécifiques vis-à-vis des divers insecticides connus.
Le parasitisme est dangereux, non seulement par le shedding qu'il provoque
(chute des boutons et des jeunes capsules attaqués) et la destruction des
organes dont il est la cause directe
mais parce qu'il sert en outre, de porte
d'entrée à divers microorganismes provoquant des pourritures (stigrnatomycoses).
La lutte doit
cornrne~cer
par des mesures préventives; destruction des malvacées
spontanées au voisinage des GUltures, arrachage et destruction des pieds de
cotonnier aussitôt la récolte, suppression des repousses et des
pll~tes
qui
se développeraient entre deux campagnes.
En se basant sur un plan pratique, on peut classer les ravageurs selon
les organes attaqués et on envisagera successivement les trois phases du cycle
cotonnier :
-48-
de nombreux ravageurs s'attaquent aux feuilles et parfois
dès la levée, mais étant très vulnérables aux insecticides, ùn traitement
précoce peut jugv.1èr complètement leur influence sur la récolte.
Les plus communs sont, en Côte d'Ivoire:
Lygus VOsseleri
Helopeltis schoutedeni
Empoasca fascialis
Sylepta derogata
Cosmophila flava
Aphis gossypii
Hemitarsonemus latus
dès leur apparition, les jeunes boutons floraux sont recherchés
par de nombreux insectes, parmi lesquels nous retiendrons surtout Heliothis,
chenille extrêmement polyphage qui s'abat sur les cotonniers avec une soudaineté exceptionnelle, snrtout dans les régions à mats dont elle est un
peu parasite habituel. On notera ·que les G. barbadense sont très peu
attaqués comparativement avec hirsutum.
Les chenil1es de la phase suivante sont souvent présentes sur l'appareil
végétatif.
on peut classer les insectes s'attaquant aux capsules dans
deux grandes catégories :
• les chenilles des capsules :
Heliothis armigera
Diparopsis watersi
Argyroploce
leuco~~ta
Platyedra gossypiella
(ver rose)
Earias insulana
(ver épineux)
toutes présentes en Côte d'Ivoire
Nous y ajouterons pour les Etats Unis, le trop célèbre Mexican
boll-weevil : Anthonomus grandis.
-49• les pun ·.ises des capsules, avec essentiellement
Dysdercms fasciatus
Sur un plan scientifique., on retiendra la classification des
Zoologistes
I l faut rappeler pour mémoire que certains animaux supérieurs (singes, perroquets)
font des dégats non négligeables en dévorant les capsules.
I l n'y a pas de D~ptère parasite du cotonnier et des Malvacées à fibre; les
Hyménoptères.~très peu
dangereux. Par contre les
~oléoptères,
les Lépidoptères
et les Hermiptères représentent 85% des insectes nuisibles.
~~.
passant en revue nous ne nous arrêterons, brièvement,
~'aux
plus importants.
(voir planches)
cm .F.OP'l't;'TH;·~
agissent à l'état larvaire ou adulte.
~p~~~!!~~~ : SPHENOPTERA, larve rouge de la tige ou du collet (Soudan).
Mélo!des : ZONABRIS et MY'LABRIS dont les adultes dévorent: .les:· fleurs.
Curculionides
ANTHONOMUS
charançon de la capsule aux U.S.A.
APION
Il
"
Il
"
à Madagascar.
Alticides : PODAGRICA
altise qui perfore la limbe.
Eumolpides
commun en Afrique, ronge les feuilles.
----------
SYABRIUS
1·'C'?TOOPTERES
ce sont les ennemis les plus redoutables, qui attaquent les cotonniers à l'état de chenilles.
- Ravageurs du feuillage
Noctuides
les noctuelles des jeunes plapts sont cosmopolites et très polyphages
AGROSTIS
vers gris
LAPHYGMA
dont les chenilles dévmrent les feuilles la
nuit.
Sur feuilles adultes on signale surtout :
COSMOPHlLA
flava dont la chenille allongée vert clair
se déplace comme une arpenteuse.
PRODENIA litura ( nouveau nom SPODOPTERA ) très cosmopolite et polyphage.
-50-
~l~~!~~~~
:
SYLEPTA derogata enroule les feuilles en cornets.
-Ravageurs des organes fructifères
~~~~~~~~
: HELIOTHIS : genre très répandu et dangereuso
En Afrique il s'agit d'Ho armigera qui possède des
centaines de plantes-hôtes (mats, doliques, etc. o.). La chenille est caractérisée par une bande clair sut le côté. Sensible au DDT quand elle est jeune, elle échape aux traitements
quand elle est dans une capsule. Très vorace, une jeune larve
dévore les boutons les uns après les autres, et un retard de
traitement est catastrophique ( une femelle pond 2/3 000 oeufs).
A retenir qu'Heliothis commense à manifester une certaine résistance vis à vis du DTT o
DIPAROPSIS watersi : est le
cultures des contrées sèches
rava~eur
le plus important des
d'A~~ique.
Inféodé au Gossypium,
il chrystalise sur place, dans le sol (surtout sols légers);
Seule la chenille jeune est vulnérable à l'Endrine.
Son appartition est heureusement tardive en Côte d'Ivoire, mais
c'est le parasite majeur en zône nord.
EARIAS insulana et biplaga sont inconnus en Amérique ( le genre
est absent du continent). Les plantes hôtes surtout les Malvales,
servent de réservoir, car il n'y a pas de
diapa~se
chez Earias.
Ces chenilles"épineuses" ne sont guère sensibles qu'à l'Endrine,
et quand elles sont jeunes.
Non seulement les capsules, mais aussi les bourgeons terminaux
peuvent être attaqués.
Surtout dangereux autour du bassin méditerranéen, Eaiias à
co~té
40 milliards de FF à l'Iran en 1966, et détruit 50% de la
production de l'Afrique du Nord.
Gelechides
PLATYEDRA gossypiella (
larve pénètre dans le
PECTINOPHORA
bour~onfloral
-51) est le ver rose. La
ou la capsule dès l'éclosion
et pratiquement sans laisser de traces. Elle est donc très difficelement vulnérable. La dispersion mondiale de ce parasite est
due au fait que sa diapa.se se fait dans les graines.
Tardif en Côte d'Ivoire, son incidence est normalement faible.
Très ressemblant au ver rose, il faut signaler en Afrique
et particulièrement en Côte d'Ivoire, le parasite suivant
2!~!~~~~!!~~~
:
ARGYROPLOCE
l~lcotreta,
qui n'est pas une chenille ravageuse.
En s'intrmduisant dans les capsules pour s'interesser aux graines,
elle
introduit des champignons et des bactéries qui entratnent
la pourriture totale de la capsule.
Très difficilement vulnérable, cette chenille fait l'objet de
recherches biologiques de grand interêt. Le gouvernement ivoirien
appuie financièrement une expérimentation sur la granulose d'
Argyroploce, le but de l'opération étant de fabriquerune quantité
suffisante de virus pour traiter des surfaces importantes. La
production de granulose à partir d'élevages intensifs sur milieux artificiels a été mise au point à Bouaké et des résultats
prometteurs on déjà été obtenus.
REMIPTEPF.S
CesiD"Gt.. agissent par piqQres, souvent peu graves par elles mêmes,
mais qui sont des portes d'entrée à des pourritures, ou servent à transmettre des virus.
Pentadomides : NEZARA
punaise verte qui pique les capsules.
DYSDERCUS ou punaises rouges du cotonnier. Nombreuses espèces à travers le monde. On les trouve en intersaison sur
kapokiers, baobabs, etc ••• et leur grande pullulation peutêtre dangereuse car elles transmettent des stygmatomycoses.
Mirides
HELOPELTIS Shcuèedeni : les larves sont rouges et il ne faut pas
les confondre avec Dysdercus. La punaise est rouge orangé,
avec des ailes noirâtres et une épine caractéristique sur le
dos.
Largement polyphage, Helopeltis est inconnu à Madagascar et
en Amérique. Fréquent en zone forestière et savane humide il
-52pique uniquement des tissus jeunes dont il arrête la croissance et provoque la pourriture par sa salive toxique.
Très sensible à l'Endrine
OXYCARENUS, piquent les graines d'où taches sur la fibre.
~~~~~~~~
:EMPOASCA, nombreuses
espè~es
de petites cicadelles dont les larves
se déplacent en "crabe" et très rapidemint à la face inférieure des feuilles. Les adultes volent obliquement.
La piq(lre des. nervure et de-s feuilles provoque un enroulement
des bords chez les variétés sensibles (glabres);
Très sensible à l'Endrine.
LYG~S vosseleri, régulièrement présent en Côte d'Ivoire pique
bourgeons et feuilles, arrêtant leur croissance. Le plant peut
réagir en accélérant son développement, d'où déchirures ·~ail.:~·.. ::::·
les limbes et aspect "filé" du sommet (frisolée du cotonnier).
Très sensible à l'Endrine.
AFHIS gossypium, parasite polyphage, exclusivement parthénogénétique et vivipare.
Sur jeunes plantules, rend les plantes chétives; en fin de culture,
le miellat est une gène considérable pour l'égrenage, sans compter le développement de fumagines.
Les pucerons sont heureusement très parasités, ce qui entratne qu'
il ne faut pas les combattre avec DDT seul.
~~~~~~~~~~~
: BEMISIA tabaci, 'petite mouche'blanche, polyphage qui peut trans-
mettre des virus redoutables ( LE' af curl
) et avoir
les mêmes
effets que les pucerons.
Ac;A:RIENS
HEMITARSONEMUS latus vit, sans qu'on le voit à l'oeil nu, sur la face
inférieure des feuilles. Ses piq(lres provoquent un verdissement de la
feuille, dont
le limbe peut se fendiller •
Assez peu important, de même que TETRANYCHUS (aratgnée rouge)
-53TPV~ANOPTERES
THRIPS tabaci est commun en Afrique du Nord et plus
a~lleurs.
OU
moins fréquent
Leurs piqQres déforment le cotonnier dans le jeune
~ge.
__thode de lutte
Losqu'il s'agit de lutte, la première forme venant à l'esprit est celle
qui utilise l'arsenal chimique. Mais les 'catastrophes phytosanitaires
doivent-être ftlfieamment présentes à l'esprit ( lire "le printemps
silencieux" de Miss CARLSON ) pour que le technicien ess~e d'étudier
la lutte sous un autre angle. Par ailleurs, le c8té économique n'est pas
à négliger, car il arrive un seuil où l'augmentation du nombre des trait€.-
ments n'est pas compensée par une plus value économique. On en arrive
donc à considérer qu'il est souvent beaucoup plus avantageus de limiter
non seulement ce que l'on perd,mais également ce que l'on
il est plus
d~pense
interessant encore d'augmenter la productivité
et qu'
~isque
le
cotonnier est doué de l'avantage biologique appréciable que nous avons
appelé
la compensation ".
Il
D'aft~re
part, dans les pays à faible développement, le financement de la
lutte pose des problèmes très délicats et souvent insolubles à l'échelon
individuel. Il estparfois plus facile de lutter par une saine
agricul-
ture que par des moyens chimiques réservés généralement aux cultures intensives.
Quoiqu'il en soit, il faut commencer par étudier le bilan phytosanitaire
et juger de l'importance de chaque ravageur.
Ce bilan doit être tenu à jour, car les insectes évoluent et il y a toujours un problème nouveau qui se pose.
Dans le programme de lutte
1nterviendron~
- les techniques agricqles de base :
assolements
rotations
choix des sols
tous ensembles
-54- les méthodes prophyllactiques :
dates de semis généralement groupées
intercampagne saas coton (cultu~e annuelle)
destruction des cotonniers après récolte
si possible éradication des adventices
- les moyens physiques :
desinsectisation par la chaleur
ramassage des chenilles (a été paatiqué en Egypte)
- les procédés de lutte biologique
soit par l'intermédiaire de la plante
sélection pour la pillosité contre les Jassides
"
de carpelles plus résistants contre le ver rose
• soit par action sur l'insecte:
êlevage de parasites des ravageurs
infection des ravageurs par des virus ou des bactêries ( travaux
en cours à Bouaké sur la g!'UluloseHI'Argyl'oploce)
attraction des males
stérilisation par voie chimique ou irradiation
- et enfin la lutte chimique
cette lutte devrait être la dernière arme co
contre les aavageurs, et
non
la première.
Elle présente de sérieux dangers lorsque ceux qui sont chargés de l'
utiliser manquent d'instruction ou d'information. L'augmentation de la
résistance des parasites fait évoluer continuellement les doses et les
produits ( les fabricants ne sont pas totalement étrangers à cette évolution). lessivés par les pluies, décomposés
par la chaleur, les pro-
duits insecticides necessitent des traitements répétés; la croissance des
plantes, en faisant naître des parties non traitées agit dans le même
sens.
Malgré tous ces inconvénients il faut reconnaître que dans de nombreux
cas il n'y a pas d'autre mode d'intervention possible que la lutte chimique, préventive ou curative. Quelque soit les conditions de lutte, il
se présente trois modes de traitements de base:
-
~'.
1
....
.~
.".
\
•
_"
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phytosanitaires Alltln 1968
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-,•........Lirn5tG ~entiiles
\,
-55- sur avertissement
- sur programme préalable
- en combinaison des deux.
sur avertissment, il est indispensable d'avoir une infrastructure
d'aver~
tissement agricole basée sur l'étude de l'évolution du parasitisme
(plantes pièges, lampes attractives, etc ••• ). Un personnel consciencieux
et spécialisé est necessaire.
Ce mode a été adopté en Cate d'Ivoire, en raison de l'encadrement étroit
de la culture cotonnière. Des équipes de la Protection des Végétaux sont
chargées de faite des relevés hebdomadaires des ravageurs dans toute la
zone cotonnière, et c'est
u~
fonction de ces relevés, que les chefs :e
secteur CFDT sont avertis d'avoir à
f~ir8·
comme~cer
les traitements.
Ceux-ci doivent être terminés dans le délai de 8 jours.
- sur programme préalable, c'est le type même de la lutte préventive. Elle
necessite au préalable l'étude approfondie de la biologie et de l'évolution
du parasitisme durant plusieurs années.
- la combinaison des deux, allie les avantages des deux systèmes et en diminue les mnconvénients. Il y a essentiellement deux possibilités:
• déterminer le début d'un programme préalable par l'observation de l'
évolution du parasitisme
• suivre un programme préalable pou savoit s'il sera ou non necessaire
de l'étendre à des traitements supplémentaires.
Le rythme des traitements tient à
les
une~~ians
tellement de
c~ses
fatement imbriguées
les autres, qu'il est impossible de dégager une technique utili-
sable à priori.
Dans la lutte on conçoit
l'i~portance
du mode de vie des insectes. Les che-
nilles de feuilles sont faciles à toucher et si on utilise un produit rémanent,les jeunes larves sont intoxiquées à mesure de leur éclosion. Par
contre, les chenilles de capsules vivent une grande partie de leur existence
ployées dans les tissus capsulaires et n'ont que de faibles chances d'être
atteintes directement par un traitement classique.
-56La chenille de Ver rose passe sa vie entière dans la capsule sur laquelle
elle est née; on ne peut donc pas l'atteindre surtout que l'orifice d'entrée,
minuscule, s'est rebouché par la croissance des tissus. Pour Héliothis, très
vora~e et qui se déplace d,~g~~'autre à mesure que le contenu en est ~~~
épuisé on a des chances de le toucher avec des toxiques de contact à longue
rémanence.
Les punaises sont faciles à détruire, mais comme elles accomplissent leur
cycle sur de nombreuses plantes (Kapokier, baobabs, ma!s,sorgho etc ••• ) elles
arrivent continuellement de l'extérieur.
Dans le choix des traitements n'interviennet pas seulement l'activité du produit (de choc et fugace, ou plus lent et rémanent), sa présentation (poudrage
ou pulvérisation), son prix, mais il faut tenir compte des résistances spécifiques des insectes. Ainsi Heliothis est surtout sensible au DDT, alors qu'
Earias ne cède que devant les esthers phosphoriques, la cryolithe, le toxaphène; Dysdercus ne résiste pas au simple HCH, alors que les Acariens necessitent des ,produits spéciaux.
Ce problème est complexe et il n'y a pas de
produi~'
polyY.a1ent. Le choix des
produits dépendra donc de la nature du parasitisme. Le cotonnier ne rentrant
pas dans la catégorie des denrées consommées, il n'y a pas de restriction d'
emploi des substances toxiques. Les produits les plus courants sont, malgré
une continuelle évolution dans
ce domaine :
H.t"".,Ji •
'.~"'
....,.-. .
C'est le produit à la fois le plus économique et le moins dangereux à
manipuler. Son efficacité est proportionnelle à la
teneur en isomère"
"gamma" lequel représente 1 a à 13% de 1 'HCH technique.
.......'l"_.•
D~D.T
Peu de danger de manipulation, bonne rémanence, très actif contre Heliothis et les jassides.
Mais prix plus élevé.
Son efficacité diminue avec l'augmentation de la chaleur
midité •
.TOXA?JI~NF. •
Assez dangereux pour les animaux à sang chaud.
Très rémanent.
~ARATH~.01!.
Très dangereux à
~ipuler
à l'état pur ou concentré.
Très actif et polyvalent: '1Dai;8~ peu rémanent','
et de l'hu-
-57DIELDRINE.
Toxicité élevée, rémanence
~~)érieure
au DDT dans les conditions tropi-
cales.
ENDRINE.
Isomère de la Dieldrine ; plus efficace encore.
Dans le chois des produits, les
conditiot~
d'emploi dicteront l'utilisation
de produits plus ou moins toxiques. Le prix des transports interviendra souvent en faveur des produits concentrés et des produits actifs même à de très
fortes dilutions.
Commercialement,les insecticides se présentent sous trois formes courantes:
- les poudres à
poud~er,
à faible teneur en matière active
- les poudres mouillables, plus ou moins riches en matière active
- les émultions généralement très concentrées.
le
D'un point de vue pratique on peut dire que le poudrage est procédé le plus
commode, le plus rapide, à condition que l'on puisse disposer d'un temps calme.
Mais il est le moins éfficace car,
même sans vent, une notable partie du pro-
duit ne reste pas sur les plantes. Les pulvérisations ont l'inconvénient d'
'
.
.
( par rnicronisation , on arexiger de l'eau et d ,~~tre d'ex é
cut10n
mo~ns rap~de
rive à des doses d'emploi de 100 à 120 Ilha, au lieu de 700 à 1000, tout en conservant une bonne efficacité;,par contre on peut opérer même avec le vent et l'
efficacité est accrue par une bonne fiKation
du produit sous les feuilles
(important en saison des pluies). Les poudres mouillables semblent de meilleure efficacité que les émulslons, mais elles necessitent une certaine dilution et ne sont pas compatibles avec la
m~crou~sation.
La gamme des appareils est considérable, depuis les appareils à main
jusqu'aux avions (poudrages et pulvérisations) en passant par toute une gamme d'appareils à poudrages, pulvérisations, pulvériaations pneumatiques, poudrages humides, atomisation, nébulisation.
La solution adoptée en Côte d'Ivoire utilise des
pulvérisat~~~à dos
d'une capacité pratique de 12 1 , équipés pour appliquer 120 I/ha d'une solution
à base de DDT + Endrine, ou DDT + Thiodan, avec parfois en supplément du Li~r
(isomère gamma). Les produits sont conditionnés en doses pour 1 appareil.
~ladies
Les bactéries, virus et champignons sont responsables
et provoquent pourritures, déssèchements
d~
maladies
et perturbations de la croissance se
traduisant par une diminution sensible de la production.
-58La Bactériose , aussi appelée " angular leaf spot" et blac:k arm", causée par
X anthomonas
malvacearum, est la plus redoutable des maladies, <pli attaque
toutes les parties aériennes du cotonnier en pénétrant par les stomates.
Elle est particulièrement
gra~e
sur G. barbadense et qmelques hi rsutum , au
dessus d'une certaŒne pluviométrie.
On lutte par désinfection des semences, arrachage et incinération, et sélection de variétés résistantes ( 15 gênes de résistance connus).
Elle est pratiquement spécifique du cotonnier.
bes pourritures de capsules viennent en deuxième position.
On distingue :
- des pourritures internes SanS symptÔmes externes.
~
Ce sont les Stigmatomyco-
dues à Nematospora. Transmises par les piqftres de diverses punaises
elles détériorent considérablement les fibres, 1~. transformant en "quartiers
d'oranges".
- des pourritures avec des symptÔmes externes, telles que
• l'Anthracno~e (Gloo~ella '~ossypii) : le champignon peut pénétrer de lui
même; il provoque la momification des capsules
• les pourri tures à Diplodia, Al te~mari2et Ascochyta.
La lutte contre les pourritures se fait en général indirectement par les traitements insecticides et la lutte contre la Bactériose.
Les pourritures des
racin~-',
des plantules et des cotonniers adumtes sont
variées mais toutfois secondaires. La désinfection des semences et de bonnes
méthodes culturales sont suffisants.
Parmi les maladies à virus on retiendra surtout le "leaf curl" (Ruga gossypii),
qui est transmis par Bemisia
tabaci. Maladie typiquement africaine, elle pro-
voque des déformations sérieuses sur les feuilles de G. barbadense et des
~~­
IIOsat.-aee;., sur G. hirsutum. Les plantes hotes jouent un rÔle capital; on lutte
en outre en traitant contre les
aleurodes.
Les trachéomycoses sont sérieuses, mais l'Afrique les ignore presque totalement.
Fusariose (Fusatium oXYS?orum f. . vasinfectum) et verticilliose
...
. (V~rticillium . :.'.
~.
albo atrum) sont très voisins et attaquent les cotonniers de tous âges; le
pied en meurt ou reste rabougri. Connues sous le nom de
~, c~s
deux maladies
sont co~ batues par la sélection (diverses var wilt-résistantes) et en luttant
contre les nématodes du sol.
-59A coté d'affections diverses, mais réellement secondaires, il convient de
signaler pour terminer plusieurs maladies non parasitaires : de carence ( potassium et magnésium) de toxicité (manganique) ou physiologiques.
-60-
C - LA FIBRE DU COTON
l - PRBPARATION DE LA FIBRE
Le coton graine n'est transporté que sur de courtes distances étant donné sa Ïaible densité, aussi la première opération industrielle subie par la Ïibre estelle la séparation des graines ou égrenage. Le coton graine récolté proprement et bien
sec peut-être stocké
sans inconvénient pour la Ïibre; celui récolté à la machine
est généralement égrené très vite,
surtout s'il est récolté au stripper, car les
déchets de toutes sortes qui sont mélangés au coton moisissent et tachent les Ïières.
Un séchage préalable est necessaire si l'humidité du coton graine dépasse 10%. La
récolte mécanique a necessité l'installation sur les égreneuses de divers nettoyeurs
ayant pour eÏÏet d'éliminer au maximum toutes les matières indésirables. Nous ne parlerons pas du matériel existant,qui va de la petite égreneuse à main de laboratoire
jusqu'aux égreneuses à grand débit et alimentation pneumatique. Mais il Ïaut savoir
qu'il y a deux sortes d'égrenage: à scies et à rouleau.
Egreneuses à scies ou saw gins (Fig. 13).
La première égreneuse à scies ne Eut inventée qu'en 1796.
Les Ïibres,arrachées des graines par les dents de scies (vitesse de rotation
environ 350 t/m) sont enlevées soit par des brosses qui.~oarment en sens inverse
beaucoup plus rapidement, soit par un violent courant d'air. Elles sont reprises par un condenseur qui les libère de la machine sous Ïorme d'un large rubaQ.
Le rendement horaire est Ïonction de la TitesBe de rotation des scies et de
leur diamètre: environ 2 - 2,5 kg/heure de Ïibres par scie.
Egreneuses à roulEau ou roller-gins (Fig. 12)
Elles sont plus anciennes que les égreneuses à scies et, malgré leur rendement
beaucoup plus Ïaible, elles servent exclusivement pour les longues soies qui
sont délicates par leur finesse et leur longueur; les scies les hacheraient et
leur entratnement se Ïait par un rouleau de cuit, les graines étant séparées
par un couteau mobile.
Ces égreneuses ont un rouleau qui fait généralement 1m (t ne comportent ni
alimenteur-nettoyeur, ni condenseur.
-61La fibre de coton eventuellement humidifiée si l'humidité est inférieure à
7% est
ensuite mise en balles dont le poids varie suivant les modèles de presses. Aux
U.S.A. les balles font 225 kg alors qu'en Egypte elles en font 333; La densité des
balles est relativement faible avec les presses à main, peu utilisées; les presses
hydrauliques permettent des densités de 300-400 kg au m3. L'emballage est constitué
par une toile ( jute ou paka, jamais de sisal) et des feuillards.
Classement
La valeur de la fibre est fonction de sa classe et de sa longueur.
La classe ou grade est déterminée par
- la propreté du coton et ses défauts : fragments foliacés, parois des capsules, graines avortées, boutons de coton mort (motes), graines écrasées par
4.
les scies, poussières (surtout en fin de ~~i;on)
- la couleur du coton: parasites, champignons et mauvaises conditions météorologiques peuvent altérer sa couleur naturelle. La couleur naturelle varie suivant les variétés
1
les uplands sont généralement blanc-crème, les égyptiens
sont plue ou moins beurrés, le Tanguis ( longue soie typique du Pérou) est
blanc pur.
- le soin apporté à l'égrenage: le nettoyage peut être plus ou moins bon; un
mauvais réglage coupe les fibres. Un égrenage humide donne du coton en mèches.
La longueur de soie (staple) est essentiellement une question variétale mais les
conditions de végétation jouent dans une certaine mesure. On apprécie de plus la
finesse, le toucher (soyeux ou laineux), la ténacité et la maturation (corps ou body).
Les éléments que nous venons de cmter brièvement constituent les bases du classement
commercial de ce qu'on appelle en technologie douanière le coton en laine.
Pour le classement des Uplands les standards officiels américains sont les suivants:
1 Good middling
2 Strict middling
3 Middling
pour les cotons blancs
4 Strict low middling
+ 4 pour les teintes = 11 grades standard
5 OOW middling
matérialisés, auxquels s'ajoutent 13 grades
6 Strict good ordinary
décrits.
7 Good ordinary
-62Le Good Middling est un coton "blanc crème, duveteux, soyeux, lustré, paatiquernent
exempt d'imperfections et d'impuretés". A l'opposé, le Good Ordinary est décrit
comme un coton • blanc grisâtre, pouvant être un peu taché, sans éclat, étoilé ou
boutonneux, chargé de fragments de débris de la plante ainsi que de sable et de poussière".
Ces bottes standards sont
universelleme~t
admises.
Le classement égyptien est différent et distingue 10 grades au total.
L'opération du classement est extrêmement importante puisque le prix de la récolte en dépend. C'est une opération purement commerciale qui se fait d'une part au départ de l'usine d'égrenage, et d'autre part au pays d'utilisation.
II - METHODES D'ETUDE DU COTON
La valeur commerciale des fibres, autrement dit leurs qualités teEtiles,
sont étudiées en laboratoire à partir d'échantillons prélevés sur le produit tel
qu'il est mis à la disposition de l'industrie. Nous en parlerons plus loin, car
avant d'étudier technologiquement la fibre il est utile d'analyser le coton graines.
Les stations de sélection et d'expérimentation n'ont en effet ni le temps, ni les
moyens de connattre rapidement les propriétés textiles de leurs récoltes; l'orientatio~ qet.·.l~urs travalPC ne peut ,.dqncr, .s~ fqire. ,que '~1:1r une ~p~r~cia~i9~ p~us rapide .
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un problème
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économique dont les éléments essentiels sont quantité x qualité.
Méthode d'appréciation du coton-graines
Il famt evidemment opérer sur un échantillon convenable, représentatif.
Pour l'échantillonage, on prendra plusieurs dizaines de prises d'un kilo; brasser
puis diviser de 2 en 2 pour obtenir un échantillon suffisant.
1) Aspect de l'échantillon; l'examen de l'échantillon fournit des renseignements
interessants sur les soins apportés à la cueillette, au triage
et à l'emmagasinage.
2) Rendement à l'égrenage: un échantillon
de 300 gr~ de graines (ou 2 ou 3
de 100 gr) est passé à l'égre~euse de laboratoire et on établi le rendement idéal en
%. C'est un caractère type de variété assez constant.
-63-
La sélection dans ce sens amène en général une diminution du poids de la graine, si
bien que chaque graine portera moins de fibres que la graine normale tout en ayant
un % en lint plus élevé, ce qui peut conduire à une diminution du rendement à l'
hectare.
3) Seed index ou poids de 100 ,raines: c'est un caractère spécifique variable;
une diminution indique de la dégénérescence.
4) Lint index pu poids de fibres portées par 100 graines
onl~alcule par la formule
% de fibres x poids de 100 graines
% de graines
Il est évident qu'un lint index aussi élevé que possible est souhaitable car c'est
un facteur important de productivité. En effet, le rendement en fibres/ha, le suul
qui compte, résulte du produit de 4 éléments : lIlombre de p l-a.nts par hectare X nombre
de capsules par plant
graines par capsule
X nombre de
X poids de fibres
par graine.
Le nombre de graines par capsule est relativement peu variable pour une même espèce.
Le nombre de plaqtspar hectare (stand) et celui des capsules sont fortement influencés par des compoàantes d'ordre cultural et variétal. La connaissance du lint index
est donc d'un interêt certain
en tant qu'élément essentiel de la production.
Mais il faut se garder de vouloir améliorer uniquement le lint index; on est alors
conduit à
accro~tre
le poids de la capsule et de la graine, ce qui est corrélatif
d'une diminution de la longueur des fibres, et même à une réduction du rendem~~t,à
l'égrenage.
5) Longueur de fi bre.
On
utilise généralement la méthode du halo; un certain nombre de graines,
prélevées de façon identique, sont peignées et posées en auréole sur un velours
noir. Avec un rapporteur spécial on mesure la longueur des fibres.
En
général, on prend 50 graines sur lesquelles on fait cinq mesures. Les 250 mesu-
res permettent d'établir une courbe de fréquence avec des classes de 1 mm.
On peut aussi peigner les fibres en forme de papillon et ne prendre que deux mesures.
On peut encore étudier la graine
pilosité, faculté germinative.
-64Etude technologique de la Fibre.
On
envisagera successivement la longueur de soie, la finesse et la
maturation, enfin la résistance à la rupture de la fibre. Ces valeurs étant définies
numériquement, on en déduira les
possibilités de filature et d'emploi.
1. Longueur de soie.
La longueur de soie, comme il est d'usage de dire, est une des qualités principales du coton. En effet, de deux cotons de caractéristiques par ailleurs semblables,
c'est le plus long qii se filera le plus fin, et,
a numéro
égal, c'est le plus long
qui donnera le fil le plus résistant.
a) - Méthode de mensuration par "PULLING".
Cette méthode est à la base des expertises commerciales.
La notion longueur effective est donnée par la mensuration à la règle graduée
d'une mèche rectangulaire de fibres constituée par "Pulling".
C'est selon cette méthode du "Pulling" qu'a été donnée, le 25 octobre 1918
( avec modifica~ion en mai 1938), la définition officielle de la longueur,
dite longueur de Washington: " La longueur de fibre de tout coton sera la
longueur normale par mensuration, sans égard à sa qualité ou à sa valeur, d'
une portion typique du lot, à une humidité relative atmosphérique de 65%, et
à une température de 70° F. (21° C). La longueur est donnée en inch ( pouce
de 25 ~m 4 ) et fraction d'inch, le 32° d'inch étant la division minima. L'
échelle va du type: moins de 3/4, 3/4, etc ••• aux types les plus longs:
1 "3/4 et plus de 1"3/4.
b) - Méthodes de mensuration par appareil à diagrammer à peignes (ou classeur à champs de peignes).
L'appareil utilisé couramment est d'un type dont la conception initiale revient
à JOHANNSEN et qui a été mis en circulation par Baer de Zurich.
Il se compose d'un bâti sur lequel sont fixés 9 peignes ou harrettes à dents
très serrées, parallèles et distants de 5 mm l'un de l'autre.
Une mèche représentative du lot est disposée sur le champ de peignes. L'abaissement des peignes fait apparattre des fibres de longueur de plus en plus
courtes, que l'on retire avec une pince, soit
pour les poser (méthode du
Shitley Institute qui demande une grande habiltté~ pour l'interprétation)
soit pour les peser ( méthode de Roehrich ). En traduisant le poids de chaque
longeur en pourcentage du total/on obtient les éléments permettant la représentation graphique de la distribution des fibres par longueur.
-65La courbe obtenue permet d'apprécier la régularité du lot et de déterminer
la longueur moyenne.
Ces appareils sont malheureusement lents. C'est cependant cette technique qui est à la base des appareils modernes.
c) Fibrographe de Hertel: ~ principe est celui de la lecture par des cellules photoélectriques d'un champ lumineux passant à travers une mèche de coton. La lumière, partant de la base de la mèche est très faible et va en augmentant au fur et à mesure que l'on s'approche du sommet, donc des seules très
longues fibres. Par un système d'équilibrage lumineux et de tracé de la courbe
sur papier, on obtient un diagramme qui permet de calculer (Fig. 9)
- la longueur moyenne (ML
= mean
length ) dont l'importance commerciale est ..
très relative
la lon~eur moyenne de la moitié supérieure (UHML) qui s'apparente à la longueur des
class~4
- le rapport d'uniformité (UR
= uniformity
ratio) qui est le rapport
% de
ML et UHML, et qui donne des chiffres variant de 60 à 90%. C'est un caractère important car il exprime la régularité de la mèche :
UR % ;-80%
~~~e
= coton
UR %75/80 =
"
UR % -<.75% =
"
rapide, 1
imposer, et il a
très régulier
"
irrégulier
é~~tillon
par 6 minutes, cet appareil n'a pas réussi à s'
conduit récemment à un tout dernier appareil, le
d) Digital fibrograph
: qui est une amé~oration du précédent avec
- appareil d(ih.prise d'échantillon automatique
- traceur de courbe transistorisé
Il traite un échantillon en 2 - 3 minutes, avec une grande précision.
2. Finesse de fibre et degré de maturation. Filabilité.
La fibre de coton se terminant par un fouet plus ou tbins aminci, nous devons de
prime abord préciser que, pour des raisons de commodité, toutes les mesures, aussi
bien pour la largeur de ruban que pour le poids à l'unité de longueur et la résistance à la rupture, seront pratiquées dans la région médiane de la fibre.
-66a) - Méthode de mesure de la largeur de ruban.
On dépose sur une lame de microscope une mince couche de fibres coupées pour mesurer leur partie médiane. On fait pénétrer sous la
lamelle une goutte de solution
de soude à 25 0 B; la soude fait gonfler les fibres qui redeviennent circulaires.
Au grossissement 700 environ on
fait défiler les fibres et on les mesure en
dessi~
nant leur diamètre à la chambre claire. Le diamètre mesuré est 1,3 fois la largeur
vraie du ruban.
Cette méthode est rapide et donne de bonnes indications sur la pureté d'une lignée
de coton. La largeur du ruban s'échelonne de 14'p pour les fins Sea Island à 25)J.
pour les cotons épais des Indes.
b) - Méthode d'étude
gravimétrigue de la fibre.
Il s'agit de connaître un autre élément de la finesse des fibres du coton, le poids
du .ètre de fibre ou masse linéique.
On ne prend pas de fibres entières mais des tronçons médiants de 1 cm. Le poids de
100 de ces tronçons donne le poids de 1 m de fibre.
Un coton fin comme le Menoufi d'Egypte par exemple, pèse 150 mg
pour 1000 mètres,
soit 150 millitex (mtex).
De ce chiffre on tire le Numéro métrique ou Nm qui est le nombre de milliers de mètres de fibre équilibrant 1 kg
Nm
=
1000
O,150
= 6.666
Le Nm du coton évolue entre Nm 2.500 pour les plus gros cotons des Indes au Nm 9.000
pour les Sea Island les plus fins. La plupart des cotons courants vont de Nm 4.500
à 6.000.
c) - Méthode industrielle: détermination de l'indice micronaire.
L'appareil permet de connaître la perméabilité à l'air d'un tampon de coton (Fig 10
et 11), se basant sur le fait que plus les fibres sont individuellement gross_s,
plus l'espace libre entre chacune d'elles est grand.
Ce tampon étant toujours de même poids on fait passer un courant d'air de force
constante. Il suffit que celui-ci soit équilibré
par une pression donnée (flotteur
dans un tmbe) pour qu'il soit possible de déterminer la pression de l'air passant à
travers le tampon de coton. La pression d'équilibrage détermine l'indice micronaire,
qui est une composante de la finesse et de la maturité.
-67D'emploi -très rapide cet appareil est de plus en plus utilœsé dans l'industrie
pour préparer les mélanges de coton.
d) eontr6le de la maturité ..:
On utilise essentiéllement :
l'ImmaSir~ty
count qui est basé sur le principe que le gonflement des fibres
à la sonde à 25° B est en relation avec la maturation. Le classement des fibres
est baoé sur le pourcentage de fibres mûres~
plus de 85 %
75-85
coton très mllr
%
maturité moyenne
(Fig 8)
etc •••
Aux U.S.A, on utilise beaucoup
la méthode causticaire qui est la comparai-
son au micronaire du même échantillon avant et après mercerisage ( passage à
la soude).
3. Caractéristiques mécaniques: tenacité et allongement.
Ce sont des caractéristiques héréditaires, influencées il est vrai par la maturité
et la finesse.
Ces deux caractères ont montré une grande influence sur la qualité du fil, aussi
sont-ils de plus en plus employés par l'industrie cotonnière qui se défend contre
la concurrenae des fibres synthétiques. Autrefois, on utilisait un appareil donnant
la résistance à la rupture de la fibre unitaire au moyen d'un dynamomètre à fibres.
On faisait par exemple 50 ruptures de fibres et on obtenait la ténacité en gramme de
la fibre, d'où, connaissant le poins au mètre, on en déduisait la longueur de rupture
par ex.
tenacité
5,5 9
poids au mètre
0,185 g
(=185
mtex)
longueur de rupture 5,5/0,185 = 29,8 km
Dans la terminologie actuelle,on ne parle plus de longeur de rupture, mais de ténacité en g/tex; dans l'exemple ci-dessus: tenacité
= 29;8
g/tex.
Comme toutes les fibres cellulosiques le coton n'est pas très élastique; il s'
allonge de 10
% avant de rompre, mais ne récupère que très partiellement (75 % d'un
allongement de 2
%).
Appareil PRESSLEY : c'est encore le plus employé, en raison de sa simplicité et de
sa rapidité.
-68Son principe est le suivant : un faisceau de fibres
es~
immobilisé par 2 pinces dont
l'une est fixe et l'autre sollicitée par un poids qui se déplace sur un rail formant
bras de levier. Au moment de la rupture du faisceau on peut lire la charge qui l'a
déterminée;cette charge de rupture ( en livres) rappoetée au poids de l'échantillon
( en mg) donne l'ind~ePressley, que l'on transforme en ténacité g/tex
P.I.
x 5,36
=
tenacité g/tex.
L'indice Pressley varie de 6 à 10 suivant le type de coton :
7 à 8 pour les Uplands
8 à 10 pour les cotons égyptiens.
La conception de cet appareil est cependant défectueuse car la charge sollicitant le
faisceau de fibres n'est pas uniformément constante ( en se déplaçant le poids est
soumis à une accélération) • On a remédié a ce défaut dans le Stélomètre : dont on
peut penser qu'il devéendra d'un usage tout à fait courant quand on en aura réalisé
un modèle entièrement mécanisé.
En plus de la ténaci té
g/tex
=
résistance en hg (lecture) .
poids en mg des fibres utilisèes
X 15
il donne en lecture directe le % d'allongement.
de préciser
Il convient~n outre que ces analyses doivent être faites en athmosphère conditionnée, conformément à des normes internationales :
température 20° C ~ 2
humidité relative
65
%+ 2
4. Caractér.istigues diver!es: il faut enc-ore mentionner, comme caractéristiques
. ' . ..
.
ayant une incidence sur la valeur marchande du produit
, ~.
'~,.
- la coloration: c'est un caractère génétique, mais qui est fortement modifié
par
les.uou4itisns de récolte. Si le coton reste longtemps à la pluie et au soleil sur
la plante, il prend une teinte grisâtre. Or, la coloration intervient dans la
détermination du grade, donc du prix.
La coloration s'estime à l'aide de divers colorimètres.
- les neps -ira,.. boutons
ce sont des"emmelages" de fibres mortes provoqués générale-
ment par un mauvais égrenage; certaines variétés semblpDt plus sujettes à cet accident.
Les neps
sont comptés au M2 dans le voile de carde.
-69-
III - TRANSFORMATION DE LA FIBRE
FILATURE.
La filature du coton est une succession d'opérations mécaniques qui épurent,
parallélisent, étirent et tordent progressivement les fibres en vue d'en obtenir un filou "filé". Cette succession d'opérations peut se résumer ainsi
1) Préparation de la masse fibreuse
(Transformation de la bourre de coton en une IImèche" de grosseur déterminée).
A - Grosse préparation
a) réception des cotons
b) mélange des cotons et nettoyage
c) désagrégation des mottes (pour donner un aspect floconneux)
d) démélage et nettoyage fibre par fibre; c'est le cardage. Pour les
cotons longs avec lesquels on fait des filés fins on complète par un
peignage. Ces opérations démèlent les fibres et les rendent parallèIles.
B - Petite préparation
a) étirage et laminage des ruban5 de fibres: l'opération consiste à
faire glisser les fibres les unes sur les autres pour allonger les
mèches et diminuer leur sectionj elle se fait par passage entre 2
cylindres à vitesses de rotation différentes, sur des machines appelées bancSd'étirage.
b) affinage progressif des mèches: sur ce qu'on appelle des bancs à
broches les mèches sont régularisées et légèrement tordues. La broche
est la pièce de fer sur laquelle s'enfile la bobine et qui entraîne
celle-ci dans un mouvement circulaire.
L'équipement d'une filature s'exprime toujours en broches.
2) Filature de la mèche préparée.
Les opérations consistent à laminer, pour avoir une mèche de numéro voulu,
à tordre, pour avoir une résistance et une élasticité finale données et à
renvider le fil ainsi obtenu sous forme de bobines ou de canettes.
-70TISSAGE
Le tissage est la réunion de deux éléments
La chaîne
La trame.
1. Préparation de la chaîne.
Avec les bobines sorties de la filature on fait d'abord des bobines plus
grosses. Ensuite on procède à l'ourdissage qui est l'opération qui consiste à enrouler parallèllement, sous une m@me tension, les fils qui vont
constituer la nappe de chaîne; cette nappe doit avoir la largeur du métier,
elle est donc formée sur des cylindres de cette dimension là •
. Après l'ourdissage il y a l'encollage qui a pour but d'imprégner les fils
d'une colle qui rend le fil lisse et plus résistant.
II. Préparation de la trame.
Elle est plus simple, c'est la mise en canettes correspondant au travail
que l'on veut faire et aux
mét~trs
employés.
Le tissage proprement dit est l'opération qui entrelace d'une façon rectiligne les
fils de chaîne et les fils de trame dont la réunion donne le tissu.
Les métiers classiques sont dits rectilignes, la navette qui porte la canette du fil de
trame ayant un mouvement alternatif; la vitesse peut atteindre 230 va-et-vient à la
minute. Il existe maintenant quelques types de métiers circulaires dont le modèle Saint
Frères, particulièrement adapté à la confection de sacs.
Dans le cas de la confection d'écrus, on passe directement de la filature au
tissa1e. Mais dans la majorit@ des cas, les fils sont d'abord teints et avant d'être
teints, blanchis.
Le blanchissage a pour but d'éliminer le colorant naturel de la fibre de coton, les
substances grasses et cireuses
qu'elle renferme, la pectine et l'albumine.
Il est impossible de rentrer dans le domaine complexe des tissus; il suffit de
savoir que l'entrecroisement des fils de chaîne et des fils de trame se nomme: armure.
On conçoit facilement qu'il puisse y avoir plusieurs schémas d'armures; les armures
fondamentales sont l'uni, le sergé et le satin.
-71-
D - LE COTON DANS LE MONDE
l - PASSE
L'hisoire du coton
PRESENT ET AVENIR
estp~alJsiœat:lte_,
et quelques aperçus rapides en
donneront une idée.
•
'.
"1...
,
La première machine à filer date de 1764, le premier métier à tissu mécanique de
1787, et la première égreneuse mécanique
à coton de 1790. L'ère du machinisme et
l'ère des conquètes coloniales sont directement à l'origine du royaume que le coton
va développer 4e façon foudroyante.
En I860, les Etats Unis produisent en moyenne
1 million de tonnes de fibres, c'est
à dire plus des 3/4 de la production mondiale d'alors. La guerre de sécession et
ses conséquences, puis cinquante ans plus tard (1910 - 1920) la crise du " boll
wce~il"
(charançon dont l'invasion fut foudroyante) furent des étapes marquantes
de la production cotonnière américaine. La guerre de Secession, en privant l'industrie anglaise de son approvisionnement, fut à l'origine de l'essor considérable que
pris le coton - et plus précisément les cotonniers à fibre extra-longue - en Egypte.
C'est également la guerre de Secession qui stimula la production cotonnière en URSS;
celle-ci est maintenant concentrée dans les Républiques Socialistes d'Asie Centrale,
et tout particulièrement l'Ouzbekistan.
La Chine et l'Inde sont par contre des pays où la culture du coton est déjà très ancienne.
En ce qui concerne le présent et l'avenir, au delà des évolutions annuelles résultant des aléas de la culture - variations "tamponnées" par l'exis::ence de stocks
notables - on peut dire que la situation
économique mondiale du coton est direc-
tement influencée par les facteurs suivants :
- augmentation constante de la production, en particulier dans les pays en voie de
développement, qui trouvent en cette production une source de devises étrangères.
Plus de 60 pays, répartis sur les cinq continents, ont une production importante 42 coton.
On distingue
I les textiles artificiels, qui voient le jour entre
189I et 1900.
Ce sont les fibres cellulosiques (diorigine organique)
- rayonne : fil continu
- fibranne : même matière, mais en fibres discontinuées
(la matière première est la pâte à bois ou les
linters et déchets de coton).
On peut aussi utiliser des glucides et des protéines animales, et les fibres à base minérale:
- fils de verre
II les textiles synthétiques, qui ont débuté en
1934, et sont à base de polyamides
nylon (distillation de la houille)
rilsan (huile de ricin)
à base de polyvinyles
polyester
rhovyl
tergal
-72La culture cotonnière s'intègre parfaitement dans des genres de vie et des types d'exploitations extrèmement divers. Ce sont les petites exploitations qui
fournissent la majorité de la production mondiale, mais de plus en plus fréquemment avec un appui coopératif.
A cette importance économique correspond une importance sociale. Plus de 150
millions de personnes sont redevables au coton de leurs ressources pécunniaires.
- augmentation de la consommation cotonnière en relation avec l'indice démographique
élevé dans les pays en voie de développement.
élévation de la consommation textile due à l'expension du pouvoir d'achat.
- concurrence très vive des fibres celluloîques et synthétiques en pays industriels.
Les premières sont une concurrence sérieuse en raison de leur prix. Elles necessitent des
investissement~
considérables, qui ont été favorisés par les cours
élevés du coton aux alentours de 1950. Le soutien
coton tend actuellement à ralentir l'expansion
plus modéré des cours du
de ce type de fibres bon marché.
Les fibres synthétiques attirent par leurs qualités spéciales, mais elles ne
peuvent lutter sur le plan des prix et on note actuellement une résistance à
la vente.
politique gouvernementale de soutien des prix dans presque tous les pays.
Dans cet ordre d'idées, la plus grande révolution
récente (1967) a été le ra-
lentissement volontaire, accentué par les conditions climatiques de la production
37
des U.S.A par la réduction des surfaces cotonnières. Portant sur environ
% de la moyenne 1961/65, les conséquences prévisibles de cette réduction
sont d'une grande portée mondiale. Avec un excédent de production dépassant le
million de tonnes de coton-fibre, et des excédents
d~
stock du double, les
Etats Unis ont dominé le marché du coton jusqu'à ce jour. La reconversion en
cours de nombre de fermiers du Sud des Etats Unis
~
permis l'adoption de mesu-
res réalistes.
On peut conclure sur une note optimiste, et considérer que, d'ores et déjà, l'ap-
pui donné au coton cessera d'animer anormalement l'expansion de fibres concurrentes,
les rapports de prix du coton et des fibres artificielles reposant maintenant sur
des bases beaucoup plus réalistes.
Représentant encore près de 65
ment, le coton
conna~tra
% de la consommation mondiale des fibres d'habille-
encore dans de nombreux pays, une large expansion.
-73Si l'on se place non sur le plan de la production mais delui de l'industrialisation
on peut dire que depuis qu'il existe un problème textile dans-le monde celui-ci a
beaucoup évolué.
A la Pin du siècle dernier l'industrie textile était pratiquement et presque exclusivement européenne. La France comme la Grande Bretagne ou l'Allemagne, achetaient les m
matières premières
textiles aux pays tropicaux et les redistribuaient dans le mon-
de entier sous Porme de produits fabriqués.
Trois
éléments sont venus modiPier la physionnomie du marché tel qu'il se
présentait à la fin du XIXo siècle.
- d'une part les pays producteurs de fibres naturelles
~ont
installé des industries
de Paçon a valoriser leur production et à procurer du travail à leurs nationaux
c'est surtout vrai depuis la dern' ère guerre).
- d'autre part, des pays non producteurs, dans la tendance de l'évolution générale du
monde, se sont industrialisés;
- enfin, les sources d'énergie se sont renouvellées.
II
INDUSTRIES ANNEXES
Lev autres parties de la plante, n'ont retenu l'attention que lorsqie le
marché de la fibre a présenté
des diPficultés. Aujourdhui , la graine de coton est
devenue une matière première industrielle très importante, et le cotonnier luimême jusqu'ici enPoui ou brftlé après la récmlte, sera peut être demain transPormé
en pâte à papier et en agglomérés.
La graine sortant de l'égreneuse comprend trois parties bien distinctes,
dont les proportions sont assez Yariables :
- le duvet ou linter, chez las espèces à graines velues ( var. Upland ).
- l'amande, qui contienti de l'huile.
- la coque.
Les variétés de type hirsutum doivent donc être dégarassées de leur
~
avant de passer en huilerie. Cette opération, appelée délintage, se Pait sur des
machines travaillant selon le principe des égreneuEes (141 scies très rapprochées et
qui sont réafPu tées chaque jour); 1 tonne de graines donne environ 50 kg de linters.
Constitué de cellulose presque pure il est utilisé largement par l'industrie chimique
( matières plastiques, laques, Pibres cinématographiques, Pils de rayonne, cellophane,
etc ••• ) et par de nombreuses autres industries (coton hydrophile,Peurre, filés .. ~t
-74pour les torchpns, les couvertures, les pansements).
Pour sa richesse
en~,
le coton se situe à mi-chemin des graines oléa-
gineuses pauvres (soja) et des graines riches (arachide, palmiste).
L'extraction et le raffinage de l'huile de coton requièrent de multiples opérations
décorticage, laminage de l'amande pour sa transformation en
farine dans
an
farine, passage de la
expeller, ou presse continue, chauffé à 1100.
L'huile brute, plus ou moins aaide est neutralisée à la sG.ude, épurée par filtration
et , décolorée sur des
t~rres
spéciales.
C'est une huile non seulement comestible, mais de haute qualité. On l'emploie en marga
rinerie et aussi pour faire du savon, de la glycérine, etc ••• Elle constitue une
source importante d'huile alimentaire dans certains pays, comme le Cameroun.
Bieuque:considéré d'abord
comme plante textile, le coton est en fait
la deuxième
plante oléagineuse du monde: en 1955, avec une production de graines (U.R.S.S nmn
compris) de 14 millions de tonnes, elle se situe
derrière le soja
(21 m. de t.),
et' devant l'arachide (12 m. de t.) , l'olivier (5), le cocotier (3), le sésame
(1,75) et le palmier à huile (moins de 1).En production d'huile
avec environ
2.500.000 t en 1964, il se situe tout de suite après l'arachide ( 3 m. de t.).
Si les cOques peuvent servi~ à diverses fabrications (furfurol
,pâte à
papier ••• ) on les utilise avantageusement comme conbustible dans les chaudières des
huileries.
Les tourteaux ne peuvent manquer d'être utilisés. Leur richesses en matières
azotées (30 à 50% de protéines)ffen amino-acides en font un
aliment de choix pour
le bétail, lorsque la toxicité du gossypol peut être écartée ( se rappeler le problème
des variétés sans gossypol),
pour l'amimentation humaine ( 4 fois plus riche en pro-
téines que les oeufs, et 3 fois
autant que la viande de boeuf). Enfin, les tourteaux
peuvent constituer un fertilisant très valable ( 1 t. de tourteaux
kg de sulfate d'ammoniaque
+ 40
équivalent à 350
kg de phosphate bicalcique + 40 kg de chlorure de
potassium).
III LE COTON EN COTE D'IVOIRE
Jusqu'en 1959, le coton était en Côte d'Ivoire un produit de cueillette. La
culture se faisait en assocïation avec des plantes telles que le manioc, le maîs ou
l'igname, cODsid~réescomme prioritaires, et l'on se contentait de récolter le peu qui
avait bien voulu pousser et surtout survivre au parasitisme. La production hectare
ne dépassait que rarement 100 kg.
-75-
Pour ce type de culture, ce sont les types barbadense intrmduis depuis longtamps en
Afrique qui convenaient
le mieux, et, lorsque l'I.R.C.T s'installa en 1946 à BOUAKE
c'est sur ce matériel que porta d'abord le travail.
Si jusqu'en
194~la
production avait approché certaines années les
6.000 tonnes de
coton-graine, d'autres furent très médiocres. 1947 abmrde une lente remontée"
malgré l'adoption d'une sélection
originaire du Dahomey, le Mono
mais
la production
reste limitée en raison du contexte cultural. A partir da 1955, on se rendit compte
que si on adoptait, dans la zone à deux saisons des pluies, un nouveau type de culture séparant la production vivrière et la culture cotonnière, on pou'vait atteindre
avec les variétés hirsutum des rendements plus que satisfaisants. Il suffiSait donc
de supprimer la concurrence entre plantes vivrières et coton sur le même terrain et
d'adopter le schéma suivant
1ercycle de pluies: culture vivrière, soit maïs, soit arachide (semés fin
mars / début avril
récolte
juillet).
2e cycle de pluies: culture cotonnière ( semés fin juillet / début aolt'récolte en janvier), le calendrier agricole peu chargé
de cette période
permettant d'apporter au cotonnier tous les soins necessaires, et en particulier la protection phytosanitaire (cette protection permettait depuis
longtemps d'atteindre en station les 3 000 kg / ha),
Les ré.Sultats obtenus régulièrement par l'I.R.C.T décidèrent en 1960 le Gouvernement
à vulgariser une culture cotonnière de ce type.
Quatre organismes collaborent à l'exécution du plan de
développemc~
de la culture
cotonnière :
- l'Administration
- l'Institut de. iecherches du Coton et
des fibres Textiles (r.R.C.T)
- la Protection des Végétaux
- la Compagnie française pour le Développement des Textiles (C.F.D.T)
( La eaisse de Stabilisation et de Soutien assure un prix uniforme et élevé à la
production (33,5 F le kg) ainsi qu'un encadrement dense (1 encadreur par 80 ha)
ce qui explique que les
sur~aces
gressé (graphique en annexe
ensemencées en G. hirautum ont régulièrement
= fig.
pro~
15)
Les conditions de pluviométrie extrèmement désastreuses dans certains secteurs
cours de l'année 1968/69, ont été - avec certaines erreurs'
psychologiques concernant le coton de 2° qualité - à l'origine d'un freinage de la production.
33 000 ha seulement sur 55 000 prévus en 1970 (avec un rendement ha moyen de 960 kg).
La production 1968 avait été de près de 42 ooot, dont 2/3
en Allen 333 et 1/3 en Allen 444.2, auxquelles il faut ajouter
environ 2 soot de Mono.
L'effort gouvernemental, dans le cadre de la Loi-programme 1970/72, est de 2 314 millions de F.
au
76
La variété actuellement en culture est l'Allen 333.57, mais son
remplacement progressif par la var. 444.2 est en cours. Cette nouvelle variété, dont la productivité et les caractéristiques technologiques sont très sensiblement supérieures à l'Allen est issue
d'un troisième back-cross sur Allen du triple hybride Gossypium
hirsutum X arboreum X raimondii (HAR) étudié par la section cytogénétique de Bouaké. Ces triples-hybrides, qui présentent beaucoup de stérilité malgré leurs génômes théoriquement équilibrés,
ont des qualités de fibres que l'on a partiellement réussi à conférer au parent Allen par croisements de retour successifs.
La fibre actuellement produite dans la pays dans le cadre d,
t
ce programme est partiellement export~e (II 274 en 1968), de
t
même que les graines (12 19I en 1967, essentiellement vers le
Japon). L'industrie locale, en l'occurence les Etablissements
R. Gonfreville à Bouaké, n'utilisait jusqu'à une date récente
que les fibres de moindre qualité produites par les cultures traditionnelles de Côte d'Ivoire et alemours
. Elle transforme main-
tenant une partie de la production en var. Allen, les écrus produits
étant utilisésparelle-même ou d'autres entreprises, comme la Société des Impressions sur tissus de Côte d'Ivoire (ICODI), crée en
1964 et dont la capacité de traitement est de 4 millions de mètres.
Gonfreville est la troisième entreprise industrielle du pays et la
plus importante usine cotonnière de l'Afrique francophone (15 000
broches pour la filature); elle emploie l BOO ouvriers et doit
produire,
~~ès
la mise en route de sa nouvelle usine de tissage
3 700 t de tissus, soit 16 millions de mètres.
Concluons en disant que lorsque l'objectif de 100 ooot sera
atteint, celà reviendra à verser au niveau des régions de savane qui n'avaient jusqu'âlors aucune culture de rapport - environ 3,5
milliards de francs CFA. Ce n'est d'ailleurs pas le seul résultat
à attendre de l'opération. Le développement de la culture cotonnière
tend à freiner l'émigration saisonnière, et enfin représente une
éducation culturale des paysans dont profiteront toutes les autres
cultures.
-77-
PRODUCTION MONDIALE DE COTON-FIBRE EN 1964-65
Total
mondial
•
00.
•
dont Amérique du Nord ••
(U.S.A •••••
o
0
0
0
11 288
000
...
0
4 108
••
0000000
326
0
•
•
0
•
000
o
0
0
•
0
o
0
CI
milliers de tonnes
3 305)
Améri que du Sud
Europe
0
0
U.R.S.S • • •••
Asie / Océanie • •
•
00005000
175
1 800
3 385
( Ôhine •••••• 1 193
Inde ••••••• 1 067 )
Afrique
,00.0.000ItO
994
(Bgypteoo •••••• 504 )
PRINCIPAUX PRODUCTEURS
176
1 800
SOUDAN
152
1 193
1 067
ARGENTINE
138
PEROU
136
3 305
UoR.S.!.
CHINE
INDE
milliers de t.
SYRIE
U.S.A.
MEXIQUE
511
NICARAGUA
124
EGYPTE
504
IRAN
121
BRESIL
450
SALVADOR
80
PAICISTAN
379
325
OUGANDA
79
ESPAGNE
77
TURQUIE
00 • • 00.
TCHAD
36
CAMEiOUN
15
10
CENTRAFRIQUE
-78-
SUPERFICIES ET RENDEMENTS HECTARE
( FIBRES )
1964/65
milliers d'ha
Amérique
d'Oll.t
du
Nord
6 869
USA
N·icaragua
Amérique du Sud
Pérou
U.R.S.S
Asie/Océanie
5 689
579
134
910
241
2 327
193
260
513
430
405
2 461
731
16 109
210
dont Inde
8 154
131
Chine
4 452
268
Pakistan
1 481
257
13
1 191
IsralH
Afrique
260
3 820
dont Ouganda
Egypte
Total
597
3 412
dont Brésil
Europe
kg fibres,lha
mondial
33 101
870
91
676
795
341
EVOLUTION DE LA PRODUCTION DANS LES PAYS
-79-
FRANCOPHONES
(Tonnes de COTON-GRAINE)
"
,
2
,
!
!
,!
;1951/5
Cameroun
Centrafr.ique
585
!(1925)
Côte d'Ivoire !1 686
!(1925)
!
Dahomey
!
55 800
. 65 000
75 000
27 500
28 500
39 700
49 000
60 000
1 365
4 425
22 047
1 417
3 450
2 343
8 833
60
2 404
4 907
5 002
12 985
28 174
25 100
41 '880 38 435
692. 1 330
2 533
Madagascar
2 048
!Niger
114
,
,Tchad
17
(1928 )
!Togo
2 961
(1920)
!
99 105
6 046
6 500
5 565
,
45 000
9 300 12 750
28 000
2 310 , 6 785
60 000 63 150 ;46 733
4 900
Objectif
1970/71
43 963
525 16 722
Haute Volta
Mali
.
1956/57 1961/62;1964/65 1966/67 1967/68;1968/69
,
7 500!
;10 000
,
~I30000
! 10 000
!
!
1
!
STRUCTURE ET CAPACITE DE L'INDUSTRIE COTONNIERE DU MARCHE COMMUN
Rang mondial pour la consommation de fibres
dernière
USA, URSS
et
4e
Chine
avec une consommation de 1 150 000 t dont 950000 de coton.
Production totale de filés en augmentation de 15% entre 1953 et 1962, la proportion de filés de coton restant de 85% du total.
Sans compter les industries annexes, l'industrie cotonnière occupe 500 000 pe:
sonnes et se place tout de suite derrière la sidérurgie et l'industrie automo·
bile.
-80-
1!
FIBRES
JUTIERES
On range sous cette appellation le jute et les fibres présentant les mêmes
usages que celui-ci, c'est à dire essentiellement utilisables en sacherie.
Le volume de leur production est tel, que ces fibres se classent au second reng des
textiles : près de 3.500.000 tonnes, dont environ les 2/3
pour le jute vrai. -v~"s
ce total, l'Afrique n'intervient encore que pour un chiffre extrèmement réduit:
15 000 tonnes en 1964.
C'est en raison de leur importance au plan mondial, que nous dirons cependant
quelques mots de ces fibres. Il faut d'ailleurs noter que la situation économique de
ces fibres est en évolution. Si le jute vrai représente actuellement les 2/3 de la
consommation mondiale en fibres de sacherie, il en représentait 98% en 1951. La
grande concentration de la culture, et le fait que le Pakistan était de très loin le,;
seul exportateur jusqu'à une industrialisation récente, ont poussé les importateurs
de jute à chercher à s'affranchir de ce quasi monopole.
En ce qui concerne l' Ahique, la consommation nationale de
manufactu~s-à
jute ou similaire atteignait 280 000 tonnes en 1964, dont 110 000 . fabriqués
.base de
~
sur
place. La production nationale devrait passer à 175 000 tonnes en 1970, les fibres
de production locale augmentant très sensiblement dans le même temps.
La Côte d'Ivoire pour sa part consomme 6 000 t/ an
de manuf'acturés. La"Société des
filatures, tissages et sacs de Côte d'Ivoire" FILTISAC, achevée en 1966, a une capacit
de 5 - 6 millions de sacs, couvrant la totalité des besoins du pays. Elle utilise du
dute
,pakistana s, en attendant un remplacement
LE
éventuel par le drot.
JUTE
Le jute - qui porte 'en anglais le même nom - est botaniquement une Tiliacée,
du genre CORCHORUS, dont deux espèces ont été sélectionnées : C. capsularis et
cette
.
C. olitorius,
··dernien: plus tardiveet mieux adapté à la culture de pla~nes. Ce
sont des plantes annuelles, herbacées, atteïg;uant 2 à 4 mètres de hauteu, dont l'
habitat normal se trouve dans les
pa~s
de climat tropical humide, et surtout dans
les pays de mousson. De plus, leurs sols de prédilection sont les sols d'alluvion
régulièrement inondés.
-81c'est pourquoi, sur 2351 milliers de t. produits en
1965/66, 1145 provenaient du
Pakistan/900 de l'Inde (Bengale)} 160 de Chine, 75 du Brésil •••
Pratiquement, le jute correspond à une des rotations de la culture intensive du
riz dans les deltas de l'Inde et tout particulièrement celui du Bengale. Les opéde
.
rations rOUJ.~9age., et décorticage necessi temt une main d'oeuvre importante et
bon marché que l'on trouve précisément dans ces régions.
Connu et employé localement depuis fort longtemps, le jute va bénéficier, dans
les premières années du XIX e siècle, de la révolution industrielle. En effet,
c'est pour disposer smr place d'un succédanné du chanvre permettant de servir à
l'emballage des produits exotiques qui partaient de plus en plus vers l'Europe, que
l'on s'interessa au jute. A l'heure actuelle, une grande partie de la production
est usinée sur place, dans des manufactures extrêmement modernes.
En vue de la production de fibre, la récolte se fait à là floraison c'est à
dire 3 à 4 mois de végétation. Les rendements moyens sont en Inde, de 1200 kg/ha de
fibre, la fibre représentant 4,5 à 7,5 % de la matière verte (tige effeuillée)
récoltée.
Les fibres se situent dans les couches primaires, secondaires et tertiaires de
fibres libériennes. En fait, la fibre de jute est, comme toutes les fibres internes,
un faisceau de fibres élémentaires plus ou moins séparées suivant l'intensité du
r.ouis.sag,e..
Ce dernier est obtenu par immersion des bottes de tiges dans une mare ou un fossé,
durant 8 à 30 jours suivant la température de l'eau. (24 à 27° est une
t O idéale
pour une action rapide des bactéries).
Les opérations manuelles qui suivent le rouissage constituent le défibrage ; après
séchage on met en bottes. D'autres manipulations interviennent encore avant la mise
en balles de
400 l ivre.s (182 kg).
Le classement commercial se fait par classes et en grades basés sur la couleur,
le lustre et la filabilité.
Les caractéristiques techniques du jute sont les suivantes
longueur de filasse (fibre technique) : 180 à 250 mm
( fibre élémentaire
1 à 4 mm)
finesse
Nm 200 à 300
résistance à la rupture
30/40 km
excellente résistance à la chaleur sèche
médiocre à la chaleur humide.
-B2Emploi : le jute sert surtout à la confection de toiles d'emballage, de sacs, de
toiles pour tapis et linol~s.
En fil, il sert en corderie, armature de fils et cables électriques etc •••
HIBISCUS
CANNABINUS
C'est incontestablement la plante à fibres de sacherie qui est à l'heure
actuelle la plus cultivée dans le monde en dehors du jute.
Plus rustique que ce
dernier, Hibiscus cannabinus a vu sa culture se développer en Afrique. Néanmoins,
les grands pays producteurs sont la Thaïlande, l'Inde
et la Chine, qui se partagent
les 4/5 de la production mondiale.
Cette plante a un très grand nombre d'appellations qu'il est bon de connattre :
on l'appelle dâh (en Afrique), kenaf (en anglais et en francais), chanvre de guinée,
jute de Thaïlande, etc •••
Botaniquement le dâh est une" Killvacée du genre Hibiscus, dont plusieurs
espèces sont d'ailleurs productrices de fibres
(H.
sabdariffa, ou roselle, ou
oseille de Guinée, qui est plus exigeante en chaleur et humidité et convient mieux
que l'on a utilisés
à la Malaisie; H. eetveldeanus et H. radiatus pour faire des hybrides).
Il existe de nombreuses variétés de dâh, selon que les feuilles ont entières ou
découpées, les tiges et les p
~tioles
pourpres ou verts, et chaque variété renferme
des formes hâtives et tardives (BO à 120 jours). Ce sont des plantes annuelles ne
dépassant généralement pas 1 ,BOrn, dont les fibres sont des faisceaux de fibres libé
riennes groupés dans l'écorce. Les fleurs, qii ont la brièveté d'existence de celles
du cotonnier, sont ét,.gées sur la tige à l'aisselle des feuilles. Les fruits sont
des capsules globuleuses et aes graines sont reniformes et grisâtres (35 à 40 graines
au g.).
H. cannabinus est pratiquement allogarne (ce qui n'est pas le cas de H. sabdariffa)
y
du fait qu'il a un léger retard dans l'ouverture des étamines et qu'à ce moment làl a
turgescence des lobes stigmatiques
les fait se dresser au dessus des anthères.
Tous deux sont sensibles à la longueur de jour. Le dflh ne fleurit qu'à partir de
jours ayant moins de 12 h45 d'éclairementF mais celà ne pose de problème de date
de semis qu~ lor~que l'on CUltive en we de la prod~ction de semences.
Pour la production de fibres, il y
ù
intér~t à échelonner si possible le semis
aEin d'étaler ln récolte et les travaux de rouissage.
Résultats 1968/69 des essais IReT
=
- Rendement moyen de tous les essais
l 500 kg de fi-
lasse sèche (plus de 2 400 kg avec la Roselle et 2 200 kg
à Ferké avec Soudan précoce - 98 jours entre semis et 1 0
fleur).
- en semis précoces (IO avril, IO mai) les rendements de la
var. Soudan précoce oscillent autour de 2 500 kg à Yamous
sokro et Bouaké.
3 000 ha de cultures villageoises sont en projet.
-83Culture: H.c. n'est pas particulièrement exigeant sur la nature du sol, mais il
supporte assez mal les sols mal dratnés. S'accommodaatdUne certaine salure des
terres (2 à 3
%0)'
c'est tout de même une plante relativement épuisante, d'où l'
intérêt de réincorporer au sol toute la matière végétale non utile, ainsi que les jus
de rouissage, et d'apporter une Eumure azotée de l'ordre de 100 kg d'azote/ha. L'assolement doit retenir l'attention pour éviter les
né~atodes.
On sème à la volée ou en ligne, éventuellement en étalant les semis pour avoir une
meilleure planification de la coupe et du rouissage. Selon le terrain et la destination finale de la culture on sèmera.
20 kg/ha de graines pour avoir 300 - 350 000 plants/ha destinés à la production de
semences.
35/40 kg pour avoir 500 - 1 000 000 plants destinés à la fibre.
En raison de son développement foliaire, le dâh est une très bonne plante nettoyante.
On récolte 25 à 30 t/ha de tiges, procurant environ le quart d'écorce fra~che (sèche
1,5 - 1,8 t) dont on tire après rmuissage 1,0 à 1,3 t de fibres.
Pour la production de
semences on compte entre 500 et 800 kg/ha; mais tous ces
chiffres peuvent être doublés en culture irriguée rationnelle.
La fibre de kénaf : elle s'obtient par rouissage, à propos duquel nous distinguerons
- le rouissage rural, par immersion dans un marigot ou aspersion en tas, pendant 8
à 12 jours, jusqu'à ce que l'écorce se détache. (rouissage en tiges)
- le rouissage industriel, lequel peut se faire avec différents types de machines.
- défibrage sans rouissage, donnant des fibres grossières
- délaniérage (opération coüteuse) puis dégommage chimique
- rouissage bactériologique en bacs des lanières récoltées à la faucheuse
délaniéreuse (0,5 - 1 ha/jour) Ou à la délaniéreuse.
Séchées et assouplies, les fibres sont
~±'ées,
classées et mise en balles de 90 à
100 kg.
Les caractéristiques technologiques des fibres sont assez voisines de celles du jute,
ce qui explique qu'on en fait le même usage: toiles, sacs.
Pour le bois des tiges, on peut prévoir de nombreux usages: papeterie, cartonnerie
agglomérés.
Tous deun sonL scnsHsil:es
....
lIIit_ _
a
la longue&! da joUi: Le lM.
11lllllll1i1l0bl. .....l1i_lli....."'__i!:tlill!l!l!Ï!·!t!....L!l\I,...
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~_ _J• ..:L'..:o.'_--'L--~"~""-
-84URENA
LOBATA
Appelée Acamina au Brésil et Paka à Madagascar, cette plante est également une
Malvacée. C'est un arbrisseau de 1 à 3 mètres, dont les Peuilles simples ont un
polymorphisme très margué, les fleurs rappellent celles du dâh et le fruit est une
capsule à 5 loges, avec piquants.
Les premiers essais de cmlture remontent à 1900, au Brésil, suivis après leur échec
par le Congo-Kinshasa en 1920 et plus recemment par la
républi~e
du Congo. Les
résultats ont été souvent décevants, des maladies s'installant dans les cultures,
alors que les peuplements naturels demeurent sains. A Madagascar on exploite les
peuplements naturels, qui procurent 1500 à 2000 tonnes de Pibres utilisées, conjointement avec du jute importé, par l'industrie locale.
La culture et l'extraction des fibres ne sont pas tellement differents du kénaf.
Les caractéristiques de la fibre sont celles à'un bon jute et elle a les mêmes
usages.
Principaux producteus de fibres jutières en 1964 en Afrique
Urena
Kenaf
Angola
300
Congo - Kinshasa
Egypte
250
'3~OO
1000
Ethiopie
200
Ghana
200
MadaQ'ascar
50
Mosambique
4800
Afrique du Sud
tonnes
800
350
2000
tonnes
-85FIBRES
D~ES
r
Utilisées essentiellement en corderie, les fibres dures atteignssent en
1964 une production de 935 000 tonnes, dont
!
!
! Agave
!
!
!
!
!
Agave
sisalana
(SISAL)
plus de BOO 000 pour le genre Agave.
230 000 t
Tanzanie
Kenya et Uganda
fourcroides (HENEQUEN)
Musa textilis
(ABACA)
67 000
Brésil
1BO 000
Angola
67 000
Hozambique
32 000
Madagascar
26 000
Mexique
140 000
Philippines
103 000
Les plantations de sésal qui furent réalisées dans l'ouest africain sont aujourdhui abandonnées au profit de régions où la production est économiquement plus
favorable. C'est le cas de Madagascar où la fibre est de très belle qualité.
SISAL
--De la famille des Amaryllidacées, le genre Agave est entièrement américain.
Plusieurs espèces sont utilisées, ayant des exigences sensiblement différentes.
AGAVE sisel~ est la plus cultivée car elle s v adapte mieux. Ses préférences vont
aux sols sableux ou argilo-sableux, surtour un peu calcaires, bien drainés (même
sec). Il craint l'humidité prolongée.
La culture du sisal n'est vériillablement rentable
qutau::~:d&sêus
)
de 250 ha, en rai-
son de la necessité d'approvisionner quotidiennement l'usine de défibrage, et à
condition de
di~po8er
d'un point d'eau abondant pour celle-ci.
-86La plantation se fait généralement à la densité de 5000 plants/ha aux écartements 1X2 m en lignes jumelées.
coupe unique à 3 ans
! .
on
a aussi essayé des densités doubles, avec une
Les pl~ts utilisés sont, soit des drageons (qui poussent
à partir des racines autour de la plante), soit des bulbilles (qui se développent
sur la hampe florale à la place des graines). Quand on emploie les bulbilles il
convient de faire pépinière.
La récolte commence vers la troisième année après la mise en place et dure de 7 à
15 ans selon le climat. La plante produit en général le même nombre de feuilles
avant de mourir après la floraison : 230 feuilles.
La coupe se fait à raison de 25 à 30 feuilles par an et par pied en quatre passages.
On
utilise pour celà une machette spéciale; un ouvrier peut couper
2
~O
feuilles
par jour.
Le défibrage doit intervenir le jour même de la cueillette; il est suivi d'un rincage, séchage au soleil sur des fils de fer galvanisés, puis brossage et 'triage
( 7 classes basées surtout sur la longmeur) , avant mise en balles de 254 kg.
Les quantités de matière à traiter en peu de temps necessitent des possibilités de
transport importantes.
Le défibrage se fait avec ur. Raspador, sorte de roue à pâles-batteurs, tournant à
110 - 200 tours minute: sous filet d'eau. En
u~ine,
le défibrage est continu, avec
table d'alimentation permettant de traiter 60 000 à 100 000 feuilles
par jour
( près de 100 t de matière première donnant 3 t de filasse en necessitant 20 à
100 m3 d'eau).
Le rendement de la culture est donné en tonnes par cycle.
Pour un cycle de 6 - 8 années, la feuille contenant 3 à 4% de fibres, le rendement
ha varie de 6 à 14 t. de fibres au Tanganyka. Il peut atteindre 15 à 18 t. à
Madagascar.
La fibre technique qui provient de nombreux faisceaux fibrovasculaires répartis
dans le Parenchyme lacuàaire est blanche ou presque, et mesure de 0,60 à 1 ,60 m;
la fibre élémentaire, de section polygonale, est rigide et mesure seulement 2 à
4 mm de longueur.
Usages : les fibres entières servent essentiellement en corderie et particulièrement
pour la fabrication des ficelles pour machines lieuses. On en fait aussi des tapis.
Les fibres courtes sont utilisées en rembourrage.
La pulpe filamenteuse peut servir à fabriquer du papier d'emballage et la pilpe juteuse, après neutralisation donne un engrais.
Comme sous produit utilisable, citons la cire des feuilles.
-87Amélioration de la plante ! le sisal fait l'objet d'études dans l'Est africain et à Ma
à Madagascar (IRCT). Les objectifs sont:
un rendement élevé de fibres dans la feuille
la vitesse de croissance de la §eui11e
la qualité des fibres
la facilité de récm1te ( absence de piquants)
L'emploi des mutations gemmaires qui peuvent apparattre parmi les clones n'est pas
une méthode
s~re.
On préfère l'hybridation, mais le problème n'est pas simple. Les fleurs sont généralement stériles. On obtient plus facilement des fleurs fertiles sur les rejets que
donne une hampe florale recepée jeune. Mais le genre Agave a une constitution génétique complexe : A. sisa1ana
et A. fourcroydes
ont un nombre de chromosonnes pen-
tap10îde ( 5 n ), A. canta1a est triPlo~e, A. rigida, race amaniensis est diploïde.
Cette dernière espèce, qui est le " sisal bleu" du Tanganyka n'a pas de piquants
et ses fibres sont de meilleure qualité.
On a aussi essayé d'obte~ir des mutations par RX (étude ORSTOM - IRCT).
FIBRES
DIVERSES
KAPOK
Les fibres externes (poils intérieurs des valves du fruit) de certains arbres
appartenant à la famille des Bombacacées présentent des analogies avec le coton ;
mais, du fait que la fibre est un tube rempli d'air et non vrillé, son filage et
son tissage ne sont guère possibles. Ce défaut lui confère par contre une qualité,
c'est sa remarquable f1otta1ité (35 fois son poids) d'où son usage pour les bouées d
de sauvetage, les matelas, usages qui tendent à disparaître depuis l'apparition des
polyéthylènes
exp~sés.
La fibre de Kapok a poutant bien des qualités : stéré1isab1e,
peu attaquée par la vermine, peu conductrice de la chaleur.
La production mondiale se situe aux alentours de 70 à 90 000 tonnes, les principaux
exportateurs étant la Thaïlande (environ 15 000 tonnes, suivie du Cambodge, de l'
Indonésie (autrefois principal exportateur), du Pakistan, du Kenya et de la Tanzanie
(900 t), la Nigeria (dont les exportations sont passées de 50 à 440 t entre 1961 et
1964), ••• l'Afrique de l'Ouest francophone ( dont les exportations ont chuté de
194 à 67 t entre
1962 et 1964).
-88;:
L'origine du kapokier, dont on n'a pas trouvé de forme sauvage, reste imprécise. On pense à l'Amérique ou l'Afrique tropicale, bien qu'il soit cultivé depuis
lon'temps dans tout le Sud de l'Asie, jusqu'aux fhilippines.
L'espèce la plus répandue est CEIBA pentandra, arbre de grande dimension appelé fromager en Afrique, et dont on sélectionne la variété à tronc inerme
déhis~~~t
La subdivision de C. pentandra en
e~à~fr.ui~tin­
var. caribea, typiquement américaine
et var. indica, typiquement asiatique, les deux se trouvant en Afrique, ne correspond
sans doute qu'à des formes plus ou moins selectionnées.
Les autres espèces que l'on peut mentionner sont:
CEIBA aesculifolia ( syn. C. !randiflora, var
C. Schot~~i)qui est américainl ,
épineux, à fleurs blanches et fibres plus grossières. CEIBA acuninata (syn. P.
tomentosum
ou ERIODENDRON acumniatum) qui est centraméricain, tolérant aux gelées,
à capsules dehiscentes et dont les fibres résistent bien au
~hocs
• BOMBAX ceiba,
surtout localisé en Indochine, dont les fibres épaisses sont plus longues que chez
C. pentandra.
BOMBAX buonopozense, africain, qui de 20/25 m de hauteur tombe à 5/6 m en climat
aride, à grosses épines, fleurs rouges, et dont les fibres blanches sont très soyeuses.
CHOROSIA insignis, qui est Sud américain (Equateur).
Tous ces arbres ont des feuilles pentalobées et des fleurs plus ou moins groupées
donnant des capsules, ou cabosses, de 7 à 14 cm de long, s'ouvrant à maturité en
5 valves tapissées de fibres généralement jaune clair, soyeuses, de 15 à 35 mm de
longueur, dans la proportion de 20 à 25% du poids du fruit. Les graines sont glabres,
donnant une huile très commestible (22 - 25%), peu différente de celle du coton; les
tourteaux peuvent être donnés au bétail. Quan" au bois, blanc et léger, il est de
peu de valeur.
Culture: quand il est exploité en plantations, le kapokier est soit obtenu de semis,
soit de bouture, quelquefois greffé. Le bouturage est facile, mais, comme chez le
caféier et le cacaoyer, seuls les rameaux
orthbtr.op~
ou terminaux reproduisent la
plante correctement.
On plante pour avoir 100 à 250 arbres/ha, dont la production commence après 3 Ou
5 ans. La pollinisation se faisant par le vent en fin de journée, il faut craindre
les pluies. Au
de!fSO'l.îS
de 20° le pollen risque de ne pas atteindre l'ovule avant la
chute de la fleur. La fructification commence avec la saison sèche et la récolte ne
peut se faire qu'à la main. Les rendements sont de l'ordre de 200 kg/ha en Afrique
et jusqu'à 500 à Java.
L'égrenage se fait très simplement par passage dans un courant d'air, avec agitation.
-89AUTRES
FIBRES
Nous citons brièvement sous ce titre d'autres fibres, dont l'importance
locale, ou même mondiale, est loin d'être négligeable, mais qui n'interressent pas
directement ou fort peu l'Afrique, tout en étant des plantes tropicaies.
La RAMIE, plante perenne mono!que de la famille des Urticacées, offre la particularité de posséder des fibres libériennes dont las qualités exceptionnelles en font
une fibre textile d'habillement de grande valeur. Originaires d'Bxtrème Orient et
utilisées depuis fort longtemps, les deux espèces Bochmeria nivea ~fe blanche)
et B. utilis ~amiê verte) ont des exigences écologiques et climatiques assez différentes, mais toujours assez difficile à satisfaire. La culture présentant aussi
quelques difficultés, le nombre de cpupes (4 en mo~enne) à réaliser pour un rendement
relativement peu élevé (1t à 2,5t fibre/ha/an) et les opérations necessaires à l'extraction de cette dernière (décorticage, depelliculage, dégommage chimique) font
que cette plante n'a pas encore l'extension que lui mériteraient les qualités de sa
fibre.
En effet, la fibre technique
derami~
est la fibre élémentaire, contrairement à toutes
les autres fibres douces. Longues se 14-16 cm en moyenne (jusqu'à 60 cm), épaisses de
4 - 8/100 de mm, elles sont vrillées et portent des ~t~rè~ et des roeuds d'où sa
très bonne filabilité et son emploi dans la fabrication de tissus mélangés, légers
et solides (vêtements tropicaux, toiles à voile, textiles militaires, tissus damassés)
C'est la plus résistante des fibres naturelles à la rupture (égale la soie, 6 fois
celle du coton), aux acides, aux alcalis; d'un blanc très pur, un peu raide toutefois, pratiquement imputrescible , elle est formée de cellulose
presque pure
d'où sa qualité pour la production des rayonnes et poudres nitrées. Ne donnant presque pas de cendres, on l'utilise comme moule de manchon Auer". On la trouve encore
en papeterie (cigarettes, billets de banque), corderie, et même, en Argentine, comme plante fourragère ( les feuilles sont aussi riches que la luzerne).
Les principaux pays producteurs sont l'Extrèrne Orient, le Brésil; l'Amérique
centrale, le Congo.
L'ABACA
ou chanvre de Manille est un bananier de très grande taille (Sm), Musa
textilis, qui constitue une des richesses des Philippines. On le rencontre exceptionnelaœment a~lleurs en raison de ses exigences (climat équatorial insulaire,
sol volcanique très riche). Les fibres que l'on extrait des f!gaines constituant
le pseudo-tronc sont utilisées en corderie marine (bonne résistance au sel et
flottabilité) et pour fabriquer des ficelles. Les Philippines en produisent environ
-90100 000 t par an, sur 200 000 ha.
PHORMIUM tenax ou chanvre de Nouvelle Zélande n'interesse que l'économie d'fi ce
pay~,
avec une production de 4 000 tonnes. Il s'agit d'une plante ornementale, vivace,
exploitée tous les trois ans seulement, avec un rendement insuffisant pour lui
donner plus d'intérêt.
Son usage est celui des Agaves et de l'Abaca.
FIBRES EXTRAITES DES PALMIERS :
On
note une grande
d~'7ersité
d'origines anatomiques et une grande richesse en f
fibres.
COIR:
on appelle sous ce nom la fibre du mésocarpe de la noix de Cocos nucifera,
que l'on exploite essentiellement en
Asie du Sud.
Les fibres élémentaires sont courtes, très lignifiées, dures,
impùtrescibles, d'
ou leur emploi en .acherie (sacs à charbon), pour fabriquer des tapis brosses, balais,
rembourages.
En 1964 Ceylan en a exporté 100 000 tonnes, l'Inde 72 000, Zanzibar et le Tanganyka
6 000 t. (1)
RAPHIA ruffia est un palmier que l'on exploite à Madagascar entre 15 ct 50 ans
( il meurt après fructification d'énormes régimes) en arrachant l'épiderme sut
toute la longueur des jeunes folioles. Un arbre donne environ 6 feuilles, produisant
3 kg de lanières sèches, qui sont utilisées en tissage (rabane) ou pour faire des
liens.
Pour mémoire, les PIASSAVES, qui sont les fibres des rachis foliaires et gaines dt
un palmier brésilien, et accessoirement de palmiers africains comme Raphia vinifera,
Borassus
etc••• , les CRINS VEGETAUX, extraits par cardage sous filet dteau des fo
folioles de ChamaerOPs
humilis (Palmier nain d'Afrique, ou Doum), les ROTINS.
(1) Traitement expérimental prévu en Cate d'Ivoire en I971 , et usine en I972 (Loi-progr~
me 1970-72
-91Références
ALLIX,A. et GIBERT,A
bibliographiques
Géographie des Textiles
Librairie de Medicis
ANGELINI,A. et BOUCHY,C.
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Le cotonnier
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(Résumé du cours professé à l'ESAT - Paris 1968)
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Détaïl.s des pattes abdominales (chenille.)