Nouvelles-CATIE Des bulletins de nouvelles concis en matière de VIH et d’hépatite C de CATIE. Des médecins allemands découvrent des problèmes visuels liés à la syphilis 29 janvier 2009 Au cours de la dernière décennie, des éclosions de plusieurs infections transmissibles sexuellement (ITS), dont la syphilis, se sont produites dans les pays à revenu élevé. Dans plusieurs cas, ces éclosions se poursuivent, les hommes gais et bisexuels étant particulièrement touchés. La syphilis se transmet des façons suivantes : baisers contact anal, oral et vaginal non protégé partage d’aiguilles et d’autre matériel pour consommer de la drogue de la mère au bébé lors de l’accouchement Germes et nerfs Les tréponèmes – les germes qui causent la syphilis – peuvent causer de l’enflure, des rougeurs et des ulcères sur ou dans l’anus, la bouche, le pénis et le vagin. Les tissus endommagés peuvent servir de porte d’entrée au VIH et à d’autres ITS, leur permettant de pénétrer plus facilement dans le corps. Une fois dans le corps, les tréponèmes, tout comme le VIH, entrent dans le sang ou le système lymphatique. À partir de là, les tréponèmes se répandent partout dans le corps, atteignant même le cerveau. Faute de traitement, la syphilis peut endommager le cerveau, la moelle épinière, les nerfs et divers organes. Des chercheurs œuvrant au principal centre médical de Berlin, le Charité-University Hospital, ont découvert une tendance alarmante. Au cours des huit dernières années, ils ont observé une augmentation de l’incidence d’une maladie autrefois rare, soit des complications de la syphilis touchant les yeux (syphilis oculaire). Chose troublante, 50 % des patients touchés étaient séropositifs, mais la moitié d’entre eux l’ignoraient et ne se savaient pas atteints de syphilis non plus. Les médecins berlinois encouragent leurs collègues à soumettre leurs patients atteints de syphilis à un test de dépistage du VIH. Motifs de consultation Entre 1998 et 2006, 23 personnes ont consulté ces médecins allemands pour des problèmes oculaires; une autre personne a consulté pour un problème de somnolence et des comportements psychotiques. Chez ce groupe de 24, un total de 41 yeux étaient atteints par la syphilis. Les symptômes signalés par les 23 personnes souffrant de problèmes oculaires se ressemblaient et comprenaient les suivants : vision trouble diminution de la capacité à voir clair inconfort et douleur oculaires Dans certains cas, les symptômes étaient présents depuis aussi peu que cinq jours. D’autres personnes s’en plaignaient depuis trois mois. Dépistage révélateur Onze des 24 patients étaient séropositifs. Dans sept cas sur 11, les patients ne se savaient pas porteurs du VIH. Les médecins ont découvert la co-infection après avoir commandé des tests exhaustifs pour écarter la possibilité d’autres causes infectieuses des problèmes oculaires. Les 11 patients séropositifs étaient tous des hommes, et la plupart de ceux qui se savaient séropositifs ne suivaient pas de multithérapie parce qu’ils avaient un compte de CD4+ modérément élevé, soit entre 500 et 800 cellules. Un tel compte de CD4+ laissait supposer que le système immunitaire de ces patients était en bon état. Il paraît toutefois qu’un tel compte de CD4+ n’offre aucune protection contre la syphilis lorsque le VIH est présent. Signes avertisseurs Chez 14 patients sur 24, les chercheurs ont observé une inflammation des muqueuses (tissus humides de l’anus, du pénis, du vagin et de la bouche), des éruptions cutanées sur la paume de la main et la plante des pieds ou encore des ulcères dans la bouche. Tous ces symptômes laissaient soupçonner la présence de la syphilis. Des tests sanguins ont permis de confirmer le diagnostic de syphilis, sauf chez un patient. Le fait que ces tests aient échoué à déceler la syphilis chez ce dernier, malgré des symptômes évidents, semble confirmer que le système immunitaire de certaines PVVIH pourrait être trop faible pour réagir aux tests de dépistage de la syphilis (cette observation a déjà été faite lors d’études antérieures). De plus, chez les hommes séropositifs inscrits à cette étude berlinoise, le taux sanguin d’un marqueur d’inflammation appelé protéine C-réactive avait tendance à être plus élevé que la normale. Enfin, neuf des patients présentant des symptômes d’une syphilis de stade précoce ont fait l’objet d’un diagnostic de neurosyphilis (forme grave et redoutable de cette maladie), ce qui laissait croire que les tréponèmes s’attaquaient au cerveau et à la moelle épinière. Traitement Les médecins ont prescrit une antibiothérapie intraveineuse de 10 jours comportant de la pénicilline et de la ceftriaxone. Dans tous les cas sauf un, on a constaté une amélioration de certains symptômes, notamment la sensation de douleur et d’inconfort dans l’œil. Personne n’est devenu aveugle, mais les patients n’ont pas tous bénéficié d’une amélioration de leur vue. Autres études Les résultats d’études antérieures sur la syphilis chez les PVVIH portent à croire que le risque de neurosyphilis augmente lorsque le compte de CD4+ glisse sous la barre des 350 cellules. Toutefois, dans l’étude dont nous rendons compte ici, la neurosyphilis s’est déclarée chez des personnes comptant davantage de cellules CD4+, soit 450 en moyenne. Certains chercheurs maintiennent que la syphilis oculaire devrait être considérée comme une forme de neurosyphilis. De plus, des recherches réalisées par des experts de la syphilis des États-Unis ont révélé que les tréponèmes peuvent envahir le cerveau peu de temps après l’infection et ce, que le VIH soit présent ou pas. Pas seulement en Allemagne Des cas de syphilis oculaire ont été observés par des médecins dans plusieurs autres pays aussi, y compris l’Australie, la France, les Pays-Bas, le Pérou, l’Espagne et les États-Unis. Les cas en question concernaient majoritairement des hommes qui avaient des relations sexuelles avec d’autres hommes. Il est donc clair que les cas de syphilis sont à la hausse dans le monde entier. Les résultats de cette étude allemande soulignent l’importance du sécurisexe et d’un suivi médical régulier pour les personnes sexuellement actives. Le dépistage de la syphilis et du VIH revêt une importance particulière à cet égard. —Sean R. Hosein RÉFÉRENCES : 1. Lukehart SA, Hook EW 3rd, Baker-Zander SA, et al. Invasion of the central nervous system by Treponema pallidum : implications for diagnosis and treatment. Annals of Internal Medicine . 1988 Dec 1;109(11):855-62. 2. Kunkel J, Schürmann D, Pleyer U, et al. Ocular syphilis—indicator of previously unknown HIV-infection. Journal of Infection . 2009; in press . Produit par: 555, rue Richmond Ouest, Bureau 505, boîte 1104 Toronto (Ontario) M5V 3B1 Canada téléphone : 416.203.7122 sans frais : 1.800.263.1638 télécopieur : 416.203.8284 site Web : www.catie.ca numéro d’organisme de bienfaisance : 13225 8740 RR Déni de responsabilité Toute décision concernant un traitement médical particulier devrait toujours se prendre en consultation avec un professionnel ou une professionnelle de la santé qualifié(e) qui a une expérience des maladies liées au VIH et à l’hépatite C et des traitements en question. CATIE fournit des ressources d’information aux personnes vivant avec le VIH et/ou l’hépatite C qui, en collaboration avec leurs prestataires de soins, désirent prendre en mains leurs soins de santé. Les renseignements produits ou diffusés par CATIE ou auxquels CATIE permet l’accès ne doivent toutefois pas être considérés comme des conseils médicaux. 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