Question 2 : Quelles sont les questions éthiques éventuelles que peut soulever
cette innovation ?
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L’éthique désigne l’ensemble des règles, procédures et dispositions qui permettent d’agir de
manière humainement digne et juste. La dimension de l’éthique conduit à définir des valeurs
ultimes qui légitiment ou permettent de critiquer une action comme juste ou injuste, bonne
ou mauvaise, bien ou mal. Les innovations, que l’on parle de leur conception ou de la manière
dont elles s’imposent dans la société, posent des problèmes éthiques du fait que souvent elles
n’ont pas été conçues en fonction des valeurs éthiquement défendables ou même simplement
explicitement éthiques. Parfois aussi elles ont été imaginées promues en flagrante contradiction
avec de telles valeurs, comme dans le cas des nombreuses innovations qui sont apparues dans le
contexte des guerres. Enfin, par les surprises qu’elles causent et leur pouvoir de reformulation des
usages et des représentations mentales, même conçues pour un monde pacifié, les innovations
se situent souvent en amont de la réflexion éthique, et même parfois en avance par rapport à
celle-ci. Toutes ces raisons font paradoxalement que l’innovation stimule la réflexion éthique :
l’innovation défie littéralement cette dernière par son pouvoir de renouvellement de la réalité, le
monde qu’elle ouvre doit être appréhendé en fonction de valeurs, ce qui implique un examen des
valeurs traditionnelles ou bien une réinvention de valeurs nouvelles.
A partir de ce cadre très vaste, quelles questions pose l’innovation présentée dans le film ? Bien
entendu, il y a plusieurs manières de voir les choses.
Une manière assez simple consiste à dire que cette innovation remet profondément en question
le mode de production industriel classique, et qu’elle peut conduire à mettre en question les
emplois traditionnellement associés – ce qui est d’ailleurs le cas de toutes les innovations de
rupture. Mais une telle façon d’engager la réflexion éthique demeure superficielle et s’avère même
très restrictive, car elle s’appuie sur le critère de la supériorité du passé pour juger de l’innovation,
puisqu’elle dénonce a priori le potentiel de reconfiguration de la réalité par l’innovation au nom
de la préservation du passé et des habitudes.
Une autre manière de voir les choses, plus ambitieuse, consiste à suggérer par exemple que
cette innovation révèle la capacité de stimulation éthique de certaines innovations ou formes
d’innovation : inscrite dans l’économie circulaire, cette innovation délivre une nouvelle image
de l’activité productive, et cela pour deux ordres de raisons. D’une part, ce type d’économie
est basé sur des critères éthiquement défendables tels que le respect de l’environnement, le
développement durable, le souci de développer l’activité sociale et la formation des personnes
; de l’autre, elle se situe dans un cadre dans lequel les déchets engendrés sont susceptibles
d’être employés dans le cadre d’activités nouvelles, en créant des emplois d’un nouveau type
et en générant de la valeur de manière inattendue. Cette innovation et ce genre d’innovations
nous convient donc à regarder le monde en fonction de critères éthiques renouvelés, et ils nous
conduisent à considérer le monde habituel de manière critique : pourquoi l’activité productive
n’obéit-elle pas, dans ses modalités concrètes comme dans les fins qu’elle poursuit, à une telle
logique ? Et que faudrait-il faire pour que ce soit le cas ?
Réponse :