traumatique. Celle-ci est fréquente (25 à 36 % des traumatisés sévères) et grave, puisqu’elle
multiplie par 4 la mortalité de ces patients
2
. Les déterminants de cette coagulopathie sont
connus. Elle est initiée par le traumatisme tissulaire, amplifiée par la dysfonction endothéliale
secondaire à l’état de choc et risque d’être aggravée par la prise en charge
3
. Plusieurs
définitions coexistent dans la littérature. On peut retenir une définition biologique et une
définition clinique.
Les déterminants de cette coagulopathie sont l’anémie, la dilution des facteurs de la
coagulation, l’hypothermie, l’acidose et l’hypocalcémie
4
.
1. Les GR jouent un rôle important dans l’hémostase comme l’ont montré des travaux
expérimentaux. En nombre important, les GR se trouvent au centre du vaisseau et repoussent
les plaquettes au contact de l’endothélium, au plus près de l’effraction vasculaire. Lorsque
l’hématocrite baisse, les plaquettes ne sont plus chassées en périphérie et se trouvent au milieu
du vaisseau, loin de l’endothélium
5
. La baisse des GR diminue également l’agrégation
plaquettaire et la formation de thrombine
4
. Pour ces raisons et dans les circonstances de
traumatismes sévères, le seuil transfusionnel « coagulant » est supérieur à celui du transport
en oxygène. Dans ce sens, des recommandations européennes ont été édictées en 2007.
L’objectif d’hémoglobine est fixé entre 7 et 9 g.d
-1
l, quelque soit l’âge et les antécédents du
patient
6
. Dans les situations d’hémorragie non encore contrôlées, ce qui est habituellement le
cas en SAUV, et en anticipant la chute de l’hémoglobine, la décision transfusionnelle se
situe donc autour de 10 g.dl
-1
7
.
2. La prévention d’une dilution délétère des facteurs de coagulation constitue l’autre
aspect de l’évolution transfusionnelle de ces dernières années. Chronologiquement, la
correction de la volémie par les solutés de remplissage démasque l’anémie et la
coagulopathie. C’est pour cela que la réanimation hémodynamique jusqu’à l’hémostase
(chirurgicale et/ou radiologique) repose sur un remplissage vasculaire le plus modeste
possible, l’utilisation précoce de vasopresseurs et un objectif de pression peu élevé (PAS <
80-90 mmHg mais PAM > 90 mmHg en cas de traumatisme crânien). Jusqu’à récemment, le
ratio transfusionnel entre PFC et CGR était de 1 pour 4 (1 PFC pour 4 CGR transfusés). Ce
régime de transfusion apporte des GR en quantité mais aggrave la disproportion
intravasculaire avec les autres composants non substitués. Les facteurs de coagulation déjà
perdus dans l’hémorragie et consommés par la coagulation sont alors dilués par la transfusion
de CGR. S’il est probable que cette disproportion n’impacte que faiblement les traumatismes
peu sévères, plusieurs travaux ont montré que respecter une proportion plus importante de
PFC dans la stratégie transfusionnelle avait un impact clinique important chez les traumatisés
sévères. Ainsi, Borgman et al
8
ont analysé les blessés au combat en Irak qui avaient reçu plus
de 10 CGR au cours des 24 premières heures. La mortalité était de 65% lorsque le ratio était
de 1 PFC/8 CGR, de 34% pour 1/2.5 et de 19 % avec un ratio de 1/1.4. Les résultats de
Gonzalez et al
9
plaident en faveur d’une utilisation précoce et intensive, dès l’admission à
l’hôpital, de PFC avec un ratio de 1/1. Enfin, récemment, l’impact de cette stratégie a été
retrouvé en traumatologie civile
10,11
. En pratique, on peut retenir un ratio autour de 1/1 à
1/1.5. La transfusion doit être précoce ce qui impose là encore une anticipation. Pour les
traumatisés les plus graves, la demande de délivrance de PFC est faite en même temps que
celle des CGR, sans attendre le bilan de coagulation. Cette évolution des pratiques demande
un organisation préalable entre les SAU et les organismes qui délivrent les PSL.
3. L’hémostase physiologique nécessite la présence de calcium. Une chute du calcium ionisé
peut participer à la coagulopathie. On sait depuis longtemps que le citrate contenu dans les