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Elles sont beaucoup plus fréquentes qu’on le croyait. D’une part, un certain nombre de sujets atteints par des maladies
héréditaires de l’enfant deviennent des adultes grâce aux progrès des traitements. Citons à titre d’exemple : la
mucoviscidose, les hémophilies, la drépanocytose, la beta-thalassémie. En outre l’identification des gènes impliqués a
montré que le spectre clinique des maladies de l’enfant est important, certaines formes se révélant à l’adulte, c’est le cas
par exemple de la mucoviscidose.
D’autre part, une meilleure connaissance des maladies héréditaires a montré qu’un grand nombre se révélait à l’âge
adulte, voire chez le sujet âgé, même si des formes de l’enfant ou de l’adolescent existent pour certaines d’entre elles.
Ces maladies peuvent être fréquentes (tableau 1). Comme on peut le noter, la pathologie héréditaire ne concerne pas
uniquement le pédiatre. Ces maladies héréditaires à révélation tardive peuvent poser des problèmes difficiles du fait de
l’existence d’une demande de diagnostic présymptomatique [2,3]. Des consultations spécialisées existent pour répondre
à ce type de demande comme on le verra.
I-3. Les tests génétiques et le diagnostic présymptomatique des maladies héréditaires à révélation tardive
Les tests génétiques, outils de diagnostic, concernent non seulement les maladies héréditaires mais également les
maladies mitochondriales ou par aberration chromosomique. Leur utilité dans les maladies multifactorielles est très
petite, voire inexistante pour la plupart de ces affections.
Les tests génétiques sont encadrés par la loi du 29 juillet 1994 et le décret d’application du 23 juin 2000 concernant les
caractéristiques génétiques d’une personne. Le décret définit le test génétique. Il s’agit d’une analyse de cytogénétique
incluant la cytogénétique moléculaire et les analyses de génétique moléculaire (étude de l’ADN). Bien que pouvant
avoir la même signification génétique les analyses des protéines, des enzymes ou des antigènes ne sont pas considérés
comme des tests génétiques. Par exemple le dosage de l’alpha galactosidase A pour affirmer ou confirmer le diagnostic
de maladie de Fabry n’est pas un test génétique pour le législateur français ! Cependant, une règle de bonne pratique est
que la prescription d’un test génétique, quelque soit sa définition, chez un sujet malade se fasse dans le cadre d’une
consultation médicale individuelle, le consentement du sujet doit être libre et éclairé et donné par écrit. Il faut noter
l’importance de ces précautions, car le résultat d’un test génétique peut transformer une maladie individuelle en une
maladie familiale ou potentiellement familiale. L’information de la famille par le sujet malade peut parfois être très
difficile.
Au sujet des tests génétiques faits à des sujets asymptomatiques, deux situations fort différentes sont à considérer. Dans
la première situation, il s’agit de rechercher si un sujet qui a un apparenté atteint d’une maladie récessive autosomique
est hétérozygote pour le gène délétère, ou si une femme est conductrice pour le gène responsable d’une maladie
récessive liée au chromosome X du fait du contexte familial. Dans les deux cas, il s’agit d’estimer le risque de maladie
pour la descendance. Dans la seconde situation, le test génétique est présymptomatique. Le sujet qui consulte a un parent
(ou un apparenté) atteint par une maladie, le plus souvent dominante et à révélation tardive. Il veut savoir s’il est lui-