Compte-rendu de la première réunion de la requête

publicité
Requête primaire – Plainte d’un adulte pour herpès labial
en collaboration avec le
avec le soutien du laboratoire
RECOMMANDATION POUR LA PRATIQUE OFFICINALE
REQUETE PRIMAIRE
Prise en charge d’un patient adulte se plaignant d’un
herpès labial ou « bouton de fièvre »
ARGUMENTAIRE
Juin 2010
23, rue de Paris – 92 110 Clichy
Requête primaire – Plainte d’un adulte pour herpès labial
Correspondance : Comité pour la Valorisation de l’Acte Officinal
JenWin
23, rue de Paris
92 110 Clichy
© JenWin SA. Tous droits réservés.
Tous droits de traduction, d'adaptation et de reproduction par tous procédés, réservés pour
tous pays.
Toute reproduction ou représentation intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit
du présent ouvrage, faite sans l'autorisation de JenWin est illicite et constitue une
contrefaçon. Conformément aux dispositions du Code de la propriété intellectuelle, seules
sont autorisées, d'une part, les reproductions strictement réservées à l'usage privé du
copiste et non destinées à une utilisation collective et, d'autre part, les courtes citations
justifiées par le caractère scientifique ou d'information de l'œuvre dans laquelle elles sont
incorporées.
Ce document a été finalisé en juin 2010 ; le protocole et la fiche de comptoir
correspondants destinés à la pratique officinale peuvent être demandés auprès du
laboratoire ratiopharm.
-223, rue de Paris – 92 110 Clichy
Requête primaire – Plainte d’un adulte pour herpès labial
Sommaire
Rationnel de la recommandation…………………………………………………..……………4
Position du Groupe de travail
Contexte…………….……………………………………………………………………………….5
Contexte épidémiologique et clinique de la requête
Virus de l’herpès
Prévalence de l’herpès labial
Les différentes formes d’herpès labial et son évolution
Enjeux sanitaires
Facteurs déclenchants
Conclusions du Groupe de travail
Traitement de l’herpès labial.…………………..………………………………………….…9
Efficacité des traitements disponibles en médication officinale
Médication à déconseiller
Traitement préventif des récurrences
Conclusions du Groupe de travail
Eléments d’orientation concernant la requête……...….…………………..………………10
Principes de la recommandation……………………………………..…………….…..……..11
Objectifs sanitaires
Critères de qualité de la dispensation
Erreurs évitables et critères de qualité de la dispensation correspondants
Indicateurs de pratique
Recommandation « Prise en charge d’un patient adulte se plaignant d’un herpès
labial ou « bouton de fièvre »…………………………….…………………………………….16
Avant la dispensation
La dispensation
Les suites de la dispensation
Les outils complémentaires visant à améliorer la démarche
Bibliographie………………………………………………………………………………………20
Annexes…………………………………………………………………………………………….21
Groupe de travail…………………………..…………………………...………………………..24
-323, rue de Paris – 92 110 Clichy
Requête primaire – Plainte d’un adulte pour herpès labial
Rationnel de la recommandation
L’herpès labial est une pathologie bénigne récurrente. Les signes cliniques en sont souvent
connus du client de l’officine qui fait une demande de conseil ou de spécialité.
Néanmoins cette demande fréquente comporte deux risques potentiels :
- une première poussée révélatrice d’une pathologie sous-jacente
- une erreur dans l’autodiagnostic du client.
L’équipe officinale se doit d’éviter ces deux risques dans le temps qui lui est imparti pour un
conseil de cet ordre. Il lui incombe également de limiter le risque de récidive.
Position du Groupe de travail
Le pharmacien et son équipe ne doivent pas établir eux-mêmes un diagnostic.
En revanche, ils sont dans l’obligation de valider l’autodiagnostic du client pour
permettre l’automédication.
Ils s’abstiendront donc de délivrer une médication spécifique si l’autodiagnostic du
client n’est pas sûr.
-423, rue de Paris – 92 110 Clichy
Requête primaire – Plainte d’un adulte pour herpès labial
Contexte
Contexte épidémiologique et clinique de la requête
Virus de l’herpès
Les herpès simplex virus (HSV) sont des virus à ADN appartenant à la famille des
herpesviridae. L'espèce humaine en est le seul réservoir ; la transmission est interhumaine.
Il en existe 2 types : HSV1 et HSV2.
HSV1 et HSV2 peuvent infecter toute région cutanéomuqueuse. L'épidémiologie des
infections à HSV1 se modifie, car elles surviennent plus tardivement et concernent de plus
en plus souvent la région génitale1.
L’herpès est une pathologie récurrente : le virus n’est pas éradiqué et persiste toute la vie
dans les noyaux de cellules des ganglions sensitifs. Cette infection latente peut évoluer
périodiquement vers une réactivation1.
Prévalence de l’herpès labial
La séroprévalence HSV1 est estimée aujourd’hui à moins de 20 % chez les enfants de 5
ans et de 40 à 60 % entre 20 et 40 ans dans les pays développés. La primo-infection
survient donc plus souvent dans une population d'adultes jeunes1.
Les récurrences de lésions dues au HSV-1 sont courantes ; 20 à 40 % environ des
personnes infectées par le HSV1 connaîtront des épisodes récurrents d’herpès labial après
une primo-infection buccale3.
Les différentes formes d’herpès labial et son évolution
L’herpès orofacial récurrent siège avec prédilection sur le bord externe d’une lèvre.
D’autres localisations sont décrites : vestibule narinaire, menton, joue. Il existe des formes
atypiques : gingivostomatite diffuse, ulcération orale unique, glossite 1.
La primo-infection
Le premier contact a souvent lieu dans la petite enfance. Il passe inaperçu dans 90 % des
cas. La sévérité des formes symptomatiques est variable. La primo infection peut causer de
la fièvre, une gingivostomatite (érosions des gencives et de l'intérieur des joues) ou une
pharyngite qui peut être confondue avec une angine bactérienne. La durée moyenne des
signes fonctionnels (douleurs, gêne à l’alimentation) est de 7 jours, celle des lésions de 10
jours. Dans les formes pharyngées du nourrisson, une dysphagie sévère peut exposer à
une déshydratation.
La première poussée symptomatique
Une première poussée peut être une primo-infection, mais c’est le plus souvent une
première récurrence symptomatique. Elle doit bénéficier d’un diagnostic médical, afin d’en
cerner la nature exacte. Elle peut être l’événement révélateur d’une immunodépression,
auquel cas, en l’absence de prise en charge médicale, le retard de diagnostic entraînera
une perte de chance.
-523, rue de Paris – 92 110 Clichy
Requête primaire – Plainte d’un adulte pour herpès labial
La récurrence habituelle
En moyenne, les signes fonctionnels (douleur) durent 3 jours, les lésions 8 jours. Les
répercussions des récurrences orofaciales sur la qualité de vie sont mal évaluées1.
Stades d’une poussée typique d’herpès labial
Facteurs déclenchants
Les facteurs favorisant les récurrences sont :
 fatigue, stress (Le stress psychologique semble être une cause importante de
récurrence herpétique5)
 fièvre, infections
 règles (herpès cataménial)
 exposition solaire (26 à 44 % des poussées d'herpès labial sont induites par les UV)
 lésions tissulaires (dermabrasion cutanée, chirurgie dentaire)
 rapports sexuels (transmission ou réveil d’un d’herpès génital)
 chirurgie du ganglion de Gasser, injections péridurales de morphine (herpès labial)6.
-623, rue de Paris – 92 110 Clichy
Requête primaire – Plainte d’un adulte pour herpès labial
Enjeux sanitaires
1. Qualité de vie
L’herpès labial est généralement une pathologie bénigne, souvent récurrente mais sans
conséquence grave (comparativement à d’autres infections virales). Les lésions peuvent
toutefois causer un important désagrément physique. Des répercussions s’observent non
seulement dans la vie de la personne atteinte, mais aussi dans celle des proches4.
2. Contagiosité
L’herpès labial est particulièrement contagieux et, dans l’entourage du patient, les
personnes à risque (nouveau-né, femme enceinte, sujet immunodéprimé ou atteint de
dermatite atopique) encourent un risque.
En période de récurrence orofaciale, il convient de s'abstenir de contacts cutanés directs
(baisers), en particulier avec des sujets à risque1.
Infection herpétique d’une dermatose préexistante (syndrome de Kaposi-Juliusberg) :
L’infection herpétique de la dermatite atopique (désignée par le terme d’eczema herpeticum
dans la littérature anglo-saxonne) est la moins rare1. La transmission herpétique d’un
patient contaminé à un enfant souffrant d’une dermatite atopique peut avoir des
conséquences graves.
Période postnatale :
La transmission virale peut se faire par la mère excrétant de l'HSV à partir d'une atteinte
orofaciale ou génitale. Elle peut aussi se faire par un autre membre de l'entourage du bébé,
porteur d'une récurrence orofaciale, voire d'une excrétion virale asymptomatique. Elle peut
être nosocomiale, à partir d'un membre de l’équipe soignante, d'un autre nouveau-né
infecté de l’unité de soins néonatals, ou indirectement par l’intermédiaire du matériel1.
Femme enceinte :
La plupart des manifestations cliniques des primo-infections ou des récurrences
herpétiques sont similaires chez la femme enceinte ou non. L’hépatite herpétique,
exceptionnelle, est une particularité de la grossesse1.
3. Poussée révélatrice d’une pathologie grave
Il est important de se méfier devant une première poussée (Voir ci-dessus).
-723, rue de Paris – 92 110 Clichy
Requête primaire – Plainte d’un adulte pour herpès labial
Conclusions du Groupe de travail
Le groupe de travail a pris le parti de limiter la requête à une demande exprimée
et/ou à la présentation d’une lésion, uniquement orolabiale, à l’exception d’une
lésion de la cavité buccale.
Il a estimé que le pharmacien et son équipe :
- doivent être capable de différencier une demande sans antériorité (le client ne se
souvenant pas d’avoir eu de symptômes similaires) d’une demande avec antériorité
(le client ayant déjà eu des symptômes similaires), afin d’éviter toute perte de chance
(retard de diagnostic d’une immunodépression) ;
- ne sont pas compétents pour traiter une requête dans le cadre d’une
automédication sans antériorité ;
- doivent garder à l’esprit le caractère très contagieux de l’herpès et les risques pour
l’entourage, plus particulièrement pour les nourrissons et les personnes fragiles
(immunodéprimés, patient souffrant de pathologies dermatologiques, …).
-823, rue de Paris – 92 110 Clichy
Requête primaire – Plainte d’un adulte pour herpès labial
Traitement de l’herpès labial
Efficacité des traitements disponibles en médication officinale
Selon la Conférence de consensus de 2001, l’ANAES conclut que parmi les produits
spécifiques disponibles, aucun traitement, antiviral (aciclovir, penciclovir, vidarabine,
ibacitabine) ou non (bleu de trypan, amyléïne, dioxyde de titane), n’a fait l’objet d’essai
clinique permettant de recommander son utilisation. Les données cliniques concernant
l’aciclovir topique ne sont pas concluantes.
Les études postérieures7,8,9 ou antérieures10 ne permettent pas de changer cette
conclusion.
Médication à déconseiller
Dans l’état actuel des connaissances, l’intérêt de l’utilisation des antiseptiques locaux reste
discuté (niveau de preuve insuffisant).
Les topiques contenant des corticoïdes ne sont pas indiqués1.
L’usage de l’éther n’est pas recommandé (niveau d’efficacité équivalente au placebo11).
Traitement préventif des récurrences
a) Herpès labial non induit par le soleil
A côté des traitements médicamenteux, la prise en charge (médicale) impose :
1) d’informer le malade sur l’histoire naturelle de l’infection HSV ;
2) d’évaluer les facteurs ou circonstances déclenchants ;
3) d’assurer, si nécessaire, une prise en charge psychologique ;
4) de prendre en charge, si nécessaire, la douleur1.
b) Herpès labial solaire
Bien que l’intérêt des photoprotecteurs ne soit pas démontré (études anciennes utilisant
des photoprotecteurs peu puissants), il semble raisonnable de conseiller leur utilisation,
comme toute mesure de protection solaire.
Conclusions du Groupe de travail
En l’absence d’études concluantes, le Groupe de travail ne recommande aucune
médication officinale particulière. Il recommande à l’équipe officinale de déconseiller
l’usage de l’éther, des antiseptiques et des corticoïdes locaux.
-923, rue de Paris – 92 110 Clichy
Requête primaire – Plainte d’un adulte pour herpès labial
Eléments d’orientation concernant la requête
La première tâche du Groupe de travail a été de délimiter la cible de la requête.
Il a été jugé que celle-ci devait se limiter aux patients adultes.
La demande de conseil ou la présentation d’une boîte d’antiherpétique au comptoir pose la
question de la sécurisation par le pharmacien de l’autodiagnostic d’un client souffrant d’un
herpès labial.
Une telle demande (dite d’automédication) s’avère légitime chez un client qui souffre
fréquemment de cette pathologie et qui en connait parfaitement les symptômes.
En revanche, un risque de perte de chance existe dans certaines circonstances :
- une première poussée ;
- une poussée d’aspect inhabituel, a foritiori si elle évoque une pathologie différente ;
- un état pathologique sous-jacent connu (diabète, traitement immunodépresseur…)
ou soupçonné (altération récente de l’état général…).
L’efficacité des différents traitements à la disposition de l’officine n’étant aucunement
démontrée, il n’en sera pas fait mention dans cette recommandation.
- 10 23, rue de Paris – 92 110 Clichy
Requête primaire – Plainte d’un adulte pour herpès labial
Principes de la recommandation
La réflexion du Groupe de travail s’est articulée en trois phases :
1. définir les enjeux sanitaires de l’acte officinal dans le cadre d’une demande de
conseil ou de traitement contre un herpès labial ou « bouton de fièvre », et en
déduire les objectifs à atteindre et les erreurs à éviter ;
2. identifier les critères de qualité auxquels doit satisfaire la procédure de dispensation
pour atteindre les objectifs et éviter les erreurs précédemment définies ;
3. formuler une liste d’indicateurs de pratique, qui témoignent concrètement de la
qualité de la procédure effectuée.
Les objectifs sanitaires
Ils concernent le rôle spécifique du pharmacien et de son équipe dans la prise en charge
des patients concernés.
Evaluer l’autodiagnostic
du client
Diminuer le risque de
contagion
interindividuelle
Limiter le risque de
récurrence
Déterminer s’il s’agit d’une
première poussée ou bien
d’une récurrence
Sensibiliser l’équipe au
risque de contagiosité pour
la personne et/ou son
entourage
Estimer avec le client les
facteurs déclenchants
possibles
Déterminer le caractère
habituel (ou non) des
symptômes
Estimer le niveau de
connaissance de la
pathologie (et du
traitement demandé le cas
échéant)
Connaître les mesures
d’hygiène à conseiller
S’assurer de la
connaissance, de la
compréhension et de l’utilité
des conseils prodigués au
client
- 11 23, rue de Paris – 92 110 Clichy
Prodiguer les conseils et
proposer des moyens d’action
adaptés lorsque la cause est
identifiable (soleil, stress…)
Requête primaire – Plainte d’un adulte pour herpès labial
Les critères de qualité de la dispensation
1. Etablir le rapport bénéfices/risques de l’automédication
Vérifier l’absence de grossesse
Estimer le risque de perte de chance du à un éventuel retard de diagnostic
Apprécier la fréquence des récurrences et leur impact
2. Donner une information rigoureuse et personnalisée
Il est indispensable d’informer les patients, afin d’améliorer leurs connaissances sur leur
pathologie, ses symptômes et les risques associés.
Alerter sur le risque contagieux,
vis-à-vis de l’entourage, et plus particulièrement des enfants en bas âge, des femmes
enceintes et des personnes non immunocompétentes.
Combattre les idées reçues et inexactes
Définir et évaluer avec le client ce qu’il sait, ce qu’il pense et ce qu’il fait afin de valider les
informations exactes et de corriger les idées inexactes.
Exemples d’idées reçues et inexactes :
J’utilise un antiseptique ou de l’éther
Leur utilisation n’est pas recommandée
J’utilise un fond de teint pour masquer la lésion
Le fond de teint risque de retarder la cicatrisation
J’arrache la croûte
Arracher la croûte retarde la cicatrisation (et accroît le risque de contage)
Je continue le traitement plus de 10 jours
En l’absence d’amélioration après une semaine, un avis médical est indispensable
Les boutons de fièvre sont une fatalité
Certains facteurs déclenchants des récurrences peuvent être limités par une
protection adaptée (soleil, froid, règles) ; certains peuvent être anticipés (règles,
rhume ou autre infection, stress…).
Chercher à identifier avec le client les facteurs déclenchants et personnaliser le conseil
- 12 23, rue de Paris – 92 110 Clichy
Requête primaire – Plainte d’un adulte pour herpès labial
Expliquer les modalités générales d’un traitement antiherpétique par voie locale
L’efficacité des antiviraux par voie locale est peu documentée et semble analogue à celle
des autres thérapeutiques. Pour autant, la fiche AFSSAPS sur l’herpès labial spécifie :
-
pour une meilleure efficacité de ces traitements, il faut les utiliser le plus tôt possible,
dès les signes avant-coureurs ;
-
ces traitements sont inefficaces s’ils sont utilisés au stade de la cicatrisation
(croûte) ;
-
la durée habituelle de traitement est 4 à 10 jours (jusqu’à l’apparition des croûtes,
signe de cicatrisation).
3. Conseiller la consultation médicale :
-
si la lésion change et/ou s’agrandit et/ou apparaît à un autre endroit ;
-
s’il n’y a pas d’amélioration après une semaine.
Les erreurs évitables et les critères de qualité correspondants
Ne pas prévenir le
risque de contagion
Ne pas envisager un terrain
non-immunocompétent
Ne pas envisager une
atteinte bactérienne
- Sensibiliser l’équipe
officinale au risque de
contagion, en
particulier d’un enfant
en bas âge
- Former l’équipe à la notion
d’immunocompétence et aux
immunodépressions morbides
ou iatrogènes
- Former l’équipe aux
signes évocateurs
d’une dermatose
bactérienne
- Mettre à disposition de l’équipe
un tableau récapitulatif des
principaux traitements
immunodépresseurs
- Etre particulièrement
vigilant en cas de
signes, notamment de
surface de la lésion
et/ou de localisation
inhabituelle pour le
patient
- Informer les patients
en contact avec des
enfants en bas âge
(remise et
personnalisation de la
fiche AFSSAPS)
- Avoir à l’esprit qu’une première
poussée d’herpès labial peut
être la conséquence d’une
immunodépression
- Adresser systématiquement à
un médecin en cas de doute
- 13 23, rue de Paris – 92 110 Clichy
- Adresser
systématiquement à
un médecin en cas de
doute
Requête primaire – Plainte d’un adulte pour herpès labial
Les indicateurs de pratique
Il s’agit d’une liste chronologique de repères concrets
- principales questions à poser (ou à se poser)
- principales choses à faire
qui témoignent des étapes clés de la procédure recommandée
- avant de délivrer le médicament
- au moment de la délivrance
- après la délivrance.
Evaluer l’autodiagnostic du client
Questions à se
poser ou à poser
au client
Le client est-il bien le patient ?
Le patient a-t-il déjà eu un épisode d’herpès labial ?
Le patient souffre-t-il fréquemment d’herpès labial ?
Les symptômes sont-ils habituels ?
La localisation de la lésion est-elle habituelle pour le patient ?
Observation
Y a-t-il d’autres lésions ?
Vérification
Ai-je vérifié l’existence de traitement immunosuppresseur dans le
DP ou sur la fiche patient ?
A faire
Adresser le patient au médecin en cas de :
-
première poussée
localisation inhabituelle de la lésion ou de lésions multiples
Réduire le risque de contagion inter- et intra-individuelle
Questions à se
poser ou à poser
au client
Le patient est-il en relation avec des personnes à risque (enfants en
bas âge, femmes enceintes, personnes non
immunocompétentes...) ?
A faire
Donner les principaux conseils pour éviter la contagion
-
-
-
Evitez d’embrasser votre entourage, et jamais les enfants en bas âge
(surtout si l'enfant est atteint de dermatite atopique de type eczéma...)
Evitez les contacts rapprochés avec des tiers, notamment lors de
soins dentaires, d’actes médicaux ou esthétiques au niveau du
visage, sports de contact, rapports sexuels bucco-génitaux
Lavez-vous soigneusement les mains en cas de contact avec la lésion
Ne frottez ni vos yeux, ni vos paupières
Si vous portez des lentilles de contact, ne les humidifiez jamais avec
votre salive afin de ne pas propager les lésions, même en cours de
traitement
Evitez de toucher ou de gratter les lésions
Ayez toujours votre propre linge de toilette
Ai-je proposé et personnalisé une brochure sur l’herpès labial ?
- 14 23, rue de Paris – 92 110 Clichy
Requête primaire – Plainte d’un adulte pour herpès labial
Limiter les récurrences
Questions à se
poser ou à poser
au client
Le patient connaît-il la cause de la poussée?
Le patient revient-il de vacance (exposition au soleil ou au
froid)?
Le patient a-t-il régulièrement des récurrences des mêmes
symptômes ? Et si oui, avec quelle fréquence ?
A faire
Si la cause est une exposition au soleil ou au froid :
- proposer une protection (stick à lèvre avant toute exposition)
Si la fréquence des récurrences annuelles est > 6 par an :
- conseiller la consultation médicale
- 15 23, rue de Paris – 92 110 Clichy
Requête primaire – Plainte d’un adulte pour herpès labial
Requête primaire
Prise en charge d’un patient adulte se plaignant d’un
Herpès labial ou « bouton de fièvre »
- 16 23, rue de Paris – 92 110 Clichy
Requête primaire – Plainte d’un adulte pour herpès labial
Avant la dispensation
1. Former l’équipe aux spécificités d’une infection herpétique
-
Mettre en place une formation (voir Argumentaire de la recommandation sur cvao.org) sur :
 Les différents types de virus de l’herpès et de leurs manifestations cliniques
 Les notions de primo-infection, de première poussée et de récurrence
 Les principaux facteurs déclenchants
-
Mettre à disposition de l’équipe un tableau récapitulatif des médicaments immunosuppresseurs
(voir Argumentaire de la recommandation sur cvao.org)
2. Disposer à l’officine de documents de conseil à remettre aux patients sur l’herpès labial
La dispensation
Evaluation de l’autodiagnostic du patient et des risques potentiels
Il est nécessaire d’évaluer le caractère habituel des symptômes, , ou s’il s’agit, au contraire, d’une
première poussée (cf. Tableau d’orientation).
Question au patient : « Est ce la première fois que cela vous arrive ? »
Cette question permet de différentier les récurrences d’une première poussée.
 Si oui, orienter vers la consultation dans les meilleurs délais pour éliminer un risque potentiel
d’immunodépression.
L’apparition soudaine d’une première poussée est le signe d’une diminution des défenses
immunitaires et potentiellement d’une pathologie grave, qui doit être diagnostiquée ou tout du
moins explorée.
 Si non : « Est-ce que cela ressemble à ce que vous avez d’habitude ? »
- Si oui, il n’ y a certainement pas de caractère de gravité : donner le traitement et une fiche
d’information AFSSAPS, et recommander de consulter en cas d’apparition de signes
inhabituels.
- Si non, il y a potentiellement un risque d’erreur d’autodiagnostic.
En cas de confirmation de signes inhabituels par l’observation (multi-localisation, taille ou
expansion anormale), proposer la consultation.
Cas particuliers
1. En cas de demande d’une spécialité
Question au patient : « Avez-vous l’habitude de prendre ce traitement ? »
 Si oui : « Est-ce que cela ressemble à ce dont vous avez d’habitude ? »
 Si non : « Est-ce la première fois que cela vous arrive ? » (cf. Tableau d’orientation)
- 17 23, rue de Paris – 92 110 Clichy
Requête primaire – Plainte d’un adulte pour herpès labial
2.
Le client n’est pas le patient
 En cas de demande d’une spécialité pour un tiers
Question au client : « La personne a-t-elle l’habitude de prendre ce traitement ? »
o Si oui, donner le traitement et une fiche d’information AFSSAPS et recommander
de consulter en cas d’apparition de signes inhabituels.
o Si non : « Souffre-t-elle souvent de bouton de fièvre ? Connaît-elle bien cette
pathologie ? »
(cf. Tableau d’orientation)
 Si oui, donner le traitement et une fiche d’information AFSSAPS.
 Si non ou ne sait pas, recommander la consultation.

En cas de demande de conseil pour un tiers
Question au client : « La personne a-t-elle l’habitude de prendre un traitement
particulier ? »
o Si oui, donner le traitement et une fiche d’information AFSSAPS et recommander
de consulter en cas d’apparition de signes inhabituels.
o Si non : « Souffre-t-elle souvent de bouton de fièvre ? Connaît-elle bien cette
pathologie ? »
(cf. Tableau d’orientation)
 Si oui, donner le traitement et une fiche d’information AFSSAPS.
 Si non ou ne sait pas, recommander la consultation.
Traitement non recommandé
L’emploi de l’éther et des antiseptiques n’est pas recommandé.
Limiter les récurrences
Question au client : « Quelles sont les conditions habituelles d’apparition du bouton de fièvre ? »
 Le client sait et connaît les moyens de limiter les récurrences (protection contre le soleil ou le
froid) : valider son analyse et ses connaissances.
 Le client a déterminé un lien de causalité : valider ou infirmer ;
- mais ne sait pas comment faire pour l’éviter : proposer les solutions possibles.
 Le client ne sait pas : donner les explications nécessaires.
Question au client : « Combien d’épisodes similaires avez-vous par an ? »
 Si plus de six épisodes annuels (hors conséquence d’une exposition au froid ou au soleil),
proposer d’en parler au médecin pour un traitement potentiel (cf. Tableau d’orientation).
Les suites de la dispensation
Le client doit :
- Savoir que la pathologie est contagieuse (notamment entre l’apparition des symptômes et
l’apparition de la croûte) et qu’il peut faire courir des risques importants à des enfants en bas
âges en les embrasant.
- Avoir à sa disposition la fiche d’information AFSSAPS.
- 18 23, rue de Paris – 92 110 Clichy
Requête primaire – Plainte d’un adulte pour herpès labial
Pour éviter les risques d’erreurs
Parler de la contagiosité
Envisager un terrain nonimmunocompétent
Envisager une
atteinte bactérienne
- Sensibiliser l’équipe
- Former l’équipe à la notion
officinale à la durée et
d’immunocompétence et
aux risques de
aux pathologies
contagion d’un enfant en
immunosuppressives
bas âge
(SIDA, etc.
- Former l’équipe aux
signes évocateurs
d’une dermatose
bactérienne
- Informer les patients
en contact avec des
enfants en bas âge
(remise et
personnalisation de la
fiche AFSSAPS)
- Mettre à disposition de
l’équipe un tableau
récapitulatif des principaux
traitements
immunosuppresseurs
- Avoir à l’esprit qu’une
première poussée d’herpès
labial peut être la
conséquence d’une
immunodépression
- Etre particulièrement
vigilant en cas de
signes, notamment
de surface de la
lésion et/ou de
localisation
inhabituelle pour le
patient
- Adresser au
médecin en cas de
doute
- Adresser au médecin en
cas de doute
Tableau d’orientation
Situation
Première poussée sans
antécédent
Signes inhabituels
Fréquence supérieure à 6
par an (hors conséquence
d’une exposition au froid ou
au soleil)
Si oui
Si non
Consultation dans les
meilleurs délais
Vérifier l’absence de signes
inhabituels
Proposer une consultation
médicale
Donner le traitement habituel
du client ou proposer une
alternative
Proposer d’en parler au médecin lors d’une prochaine
consultation et donner le traitement habituel du client ou
proposer une alternative
Outils complémentaires visant à améliorer la démarche
A mettre à disposition de l’équipe officinale
 Tableau récapitulatif des médicaments immunosuppresseurs
A mettre à disposition des patients
 Fiche AFSSAPS : « Bien vous soigner avec des médicaments disponibles sans ordonnance L’herpès labial ou bouton de fièvre » - Juin 2008 à télécharger sur :
http://www.afssaps.fr/var/afssaps_site/storage/original/application/18c0922beae0350989f852
6b006b353c.pdf
- 19 23, rue de Paris – 92 110 Clichy
Requête primaire – Plainte d’un adulte pour herpès labial
Bibliographie
1) Prise en charge de l’herpès cutanéo-muqueux chez le sujet immunocompétent
(manifestations oculaires exclues) Conférence de Consensus 2001 ANAES, Société de
Française de Dermatologie.
2) Furlanetto DLC, Crighton A, Topping GVA. Differences in methodologies of measuring
the prevalence of oral mucosal lesions in children and adolescents. UK International
Journal of Paediatric Dentistry 2006; 16: 31-9.
3) Habbema L, De Boulle K, Roders GA, et al. n-Docosanol 10% cream in the treatment of
recurrent herpes labialis: a randomized, double-blind, placebo- controlled study. Acta
Derm Venereol 1996; 76: 479-81.
4) Barbarash RA. Update on treatments for Oral Herpes Simplex viral infections. Today’s
Therapeutic Trends 2001; 19: 39–58.
5) Chida Y, Mao X. Does psychosocial stress predict symptomatic herpes simplex virus
recurrence? A meta-analytic investigation on prospective studies. Brain Behav Immun.
2009; 23: 917-25.
6) Vidal Recos. Herpès cutanéomuqueux. Conseil aux patients. Article révisé le
23/06/2007.
7) McKeough MB, Spruance SL. Comparison of new topical treatments for herpes labialis:
efficacy of penciclovir cream, acyclovir cream, and n-docosanol cream against
experimental cutaneous herpes simplex virus type 1 infection. Arch Dermatol 2001; 137:
1232-5.
8) [No authors listed] Docosanol: new drug. Herpes labialis: barely more effective than an
excipient. Prescrire Int 2009; 18: 106-7.
9) Karlsmark T, Goodman JJ, Drouault Y,et al. Cold Sore Study Group.Collaborators.
Randomized clinical study comparing Compeed cold sore patch to acyclovir cream 5%
in the treatment of herpes simplex labialis. J Eur Acad Dermatol Venereol 2008; 22:
1184-92.
10) Simmons A. An open-label study conducted to evaluate the efficacy of Betadine cold
sore paint. Dermatology 1997; 195 Suppl 2: 85-8.
11) Guinan ME, MacCalman J, Kern ER, et al.Topical ether and herpes simplex labialis.
JAMA 1980; 243: 1059-61.
- 20 23, rue de Paris – 92 110 Clichy
Requête primaire – Plainte d’un adulte pour herpès labial
Annexes
Définitions
Primo-infection herpétique : premier contact infectant muqueux ou cutané,
symptomatique ou asymptomatique, avec le virus HSV1 ou HSV2.
Infection initiale non primaire: premier contact infectant symptomatique ou
asymptomatique avec le virus HSV1 ou HSV2, chez un sujet préalablement infecté par
l’autre type viral.
Récurrence : expression clinique d'une réactivation virale chez un patient préalablement
infecté par le même type viral.
Excrétion virale asymptomatique : détection d'HSV1 ou HSV2 en l’absence de signes
fonctionnels ou de lésions visibles par le patient ou le médecin.
Réactivations : périodes de réplication virale, séparées par des périodes de latence
survenant soit sous la forme de récurrence clinique, soit sous la forme d’excrétion virale
asymptomatique1
Modes de transmission de HSV
Histoire naturelle des infections à HSV
La primo-infection herpétique oro-faciale ou génitale débute par une infection des cellules
épithéliales muqueuses ou cutanées, favorisée par des altérations du revêtement épithélial.
La réplication virale entraîne une lyse des cellules épithéliales et l’infection des cellules
nerveuses sensitives innervant le territoire cutané.
La présence d’une infection préalable par un des deux types d’HSV n'empêche pas une
infection par l’autre type. Les symptômes cliniques sont cependant moins sévères lors d’un
épisode initial non primaire que lors d’une primo-infection. La primo-infection et l’infection
initiale non primaire génitale sont plus souvent asymptomatiques que symptomatiques.
Ces données sont moins établies pour l'herpès oro-facial. La primo-infection génère une
réaction immunitaire. Toutefois le virus n’est pas éradiqué et persiste toute la vie dans les
noyaux de cellules des ganglions sensitifs. Cette infection latente peut évoluer
périodiquement vers une réactivation. Les nouveaux virions cheminent le long des axones
et infectent les cellules cutanéo-muqueuses du territoire sensitif correspondant.
Les symptômes des récurrences sont moins importants que ceux de la primo- infection. La
fréquence des récurrences diminue avec l’âge.
Lors des réactivations, l’excrétion virale cutanéo-muqueuse est moins importante (quantité
de virus produit) et moins longue (durée de l’excrétion : entre 2 et 7 jours) que lors de la
primo-infection. Les mécanismes cellulaires viraux et immunologiques de l'alternance
latence-réactivation ne sont pas totalement élucidés. La fréquence des réactivations varie
en fonction du site de l’infection, du type viral et du terrain. Bien que les deux virus soient
capables d’infecter chacun des deux sites, HSV1 semble mieux adapté à l’infection et aux
réactivations dans le territoire oro-facial et HSV2 à l’infection et aux réactivations génitales.
La co-infection HSV1 et HSV2 dans un même territoire est rare1.
- 21 23, rue de Paris – 92 110 Clichy
Requête primaire – Plainte d’un adulte pour herpès labial
L’herpès labial récurrent. Évaluation et traitement par des produits
offerts en vente libre (extrait)
James Paterson, PhD Mona Kwong, MSc Pharm
Ce programme a été approuvé pour 1,5 CEUs par le Conseil canadien de l’éducation
permanente en pharmacie, Dossier CCEPP no 268-0405.
En vigueur jusqu’au 30 avril 2008.
- 22 23, rue de Paris – 92 110 Clichy
Requête primaire – Plainte d’un adulte pour herpès labial
- 23 23, rue de Paris – 92 110 Clichy
Requête primaire – Plainte d’un adulte pour herpès labial
Groupe de travail
Experts du CVAO, membres de la commission requête primaire :
- Agnès Ferraud (médecin)
- Line François (médecin)
- Philippe Minighetti (pharmacien)
- François Pibarot (pharmacien)
- Françoise Roux (pharmacien)
- Cécile Sanchez (préparatrice)
Expert qualitique :
- Pierre Rimbaud (médecin, méthodologiste en qualitique, société d’ingénierie JenWin)
Animateur du groupe d’experts :
- Jean Michel Mrozovski (pharmacien, société d’ingénierie JenWin)
Rédacteurs
- Judith Gariépy (PhD, société d’ingénierie JenWin)
- Jean-Michel Mrozovski (pharmacien, société d’ingénierie JenWin)
- Pierre Rimbaud (médecin, méthodologiste en qualitique, société d’ingénierie JenWin)
Document réservé à l’usage professionnel
Le Comité pour la Valorisation de l’Acte Officinal (CVAO) est seul responsable de l’élaboration des
Recommandations pour la Pratique Officinale (RPO®)
Le laboratoire ratiopharm intervient en tant que support logistique et financier dans la mise en place
de ces RPO®
Pour toute demande d’information, contactez le CVAO par e-mail : [email protected]
Avec le soutien du laboratoire
ratiopharm
- 24 23, rue de Paris – 92 110 Clichy
Téléchargement