éventuellement sur la base d’une sélection pré-
thérapeutique par l’IRM de patients présentant
une occlusion artérielle et chez lesquels la
démonstration de l’existence d’un “tissu céré-
bral à risque” d’évolution vers la nécrose pour-
rait être faite.
Par ailleurs, seuls 15 % des patients sont trans-
portés par le SAMU et 20 % par les pompiers,
alors que ces modes de transport sont associés
aux délais d’admission les plus courts. Les
patients transportés par le SAMU (délai moyen
= 190 mn, ET = 70) ou les pompiers (délai
moyen = 222 mn, ET = 105) le sont significati-
vement plus tôt que ceux transportés par un
autre moyen (délai moyen = 334 mn, ET = 256).
Les patients admis dans les trois premières
heures ont significativement plus de chances
d’être transportés par le SAMU ou les pom-
piers. La chaîne de prise en charge préhospita-
lière des patients victimes d’une attaque céré-
brale pourrait être améliorée par une
réorganisation du système de santé fondée sur
la reconnaissance de l’AVC, au même titre que
l’infarctus du myocarde, comme une extrême
urgence médicale et une priorité du transport
rapide par ambulance.
De nombreuses études ont montré que l’appel
du médecin généraliste est un facteur accrois-
sant le délai d’hospitalisation en cas d’AVC.
Dans notre expérience, ne pas appeler le méde-
cin traitant donne 3,7 fois plus de chances
d’être transporté à l’hôpital par le SAMU ou les
pompiers. La recherche d’un avis médical préa-
lable à l’hospitalisation n’est pas une stratégie
efficace d’admission précoce. Un contact direct
des patients ou de leurs proches avec le centre
téléphonique d’urgence (le 15) est susceptible
de réduire le délai d’hospitalisation.
Dans notre analyse, pour une augmentation de
un point du score NIHSS (AVC plus sévère), les
chances d’être transporté par le SAMU ou les
pompiers sont multipliées par 1,07. Cependant,
tous les patients, y compris ceux victimes d’un
accident apparemment peu sévère, devraient
être encouragés à rechercher une hospitalisa-
tion immédiate. Les professionnels de santé
doivent aussi veiller à faire hospitaliser en
urgence tous les patients victimes d’une
attaque cérébrale. En effet, environ un tiers des
patients aux symptômes neurologiques initiaux
légers ou modérés vont présenter une aggrava-
tion clinique précoce et marquée.
De façon intrigante, nous avons observé que les
femmes ont environ deux fois plus de chances
que les hommes d’être transportées par le
SAMU ou les pompiers. Les hommes sont-ils
plus réticents à rechercher une aide médicale en
urgence ? La réaction immédiate face aux symp-
tômes est un élément essentiel de la chaîne de
la prise en charge. En effet, les symptômes
d’AVC sont observés en premier par le patient
ou son entourage dans environ 90 % des cas,
exceptionnellement par un médecin. Dans notre
expérience, seulement 8 % des patients et de
leur entourage ont observé un attentisme initial.
La recherche d’une aide médicale rapide, si elle
est majoritaire, est aussi très hétérogène : appel
du médecin traitant dans 28 % des cas, de SOS
Médecins ou du médecin de garde dans 20 %
des cas, des pompiers dans 17 % des cas. Le
SAMU n’est appelé en première intention que
dans 19 % des cas. Cela montre qu’il n’existe
pas actuellement de message clair relayé dans
le public français concernant la conduite à tenir
face à l’attaque cérébrale. Cela est sans doute
lié à un manque de connaissance des symp-
tômes évocateurs d’AVC et de prise de
conscience de la nécessité d’une hospitalisation
urgente face à leur survenue. Si 93 % des
patients hospitalisés dans l’unité pour une
attaque cérébrale considèrent l’AVC comme une
urgence, 42 % d’entre eux ne peuvent citer un
seul symptôme évocateur d’AVC, et 36 % ne
peuvent citer un seul facteur de risque. Ces
pourcentages sont supérieurs à ceux observés
dans la population générale, où environ 25 %
des personnes ne connaissent aucun symptôme
ou facteur de risque d’AVC. Les personnes
venant de présenter un AVC sont donc les moins
susceptibles de reconnaître leurs symptômes
comme étant ceux d’un AVC. Cela souligne la
nécessité d’un message d’information très
simple, susceptible d’être retenu facilement.
Les campagnes médiatiques devraient insister
sur la description de quelques symptômes fré-
quents, facilement identifiables et évocateurs
d’AVC (faiblesse d’un membre, engourdisse-
ment d’un membre, trouble du langage, maux
de tête soudains, perte d’équilibre). Toute cam-
pagne d’éducation du public concernant les
symptômes d’AVC devrait inclure la consigne
qu’une personne identifiant ces symptômes,
chez elle ou chez une autre personne, doit appe-
ler le centre téléphonique d’urgence (le 15) en
vue d’une hospitalisation immédiate.
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Correspondances en neurologie vasculaire - n° 1-2 - Vol. III - 1er et 2etrimestres 2003
Fenêtre sur les unités
d’urgence neurovasculaire
Fenêtre sur les unités
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