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La nécessaire adaptation du système de formation au XXI
ème
siècle
Le CESER souhaite rappeler en introduction l’importance des mutations du travail et leurs impacts sur
la formation professionnelle continue. Ces mutations remettent en cause la linéarité des trajectoires
professionnelles.
« L’accélération de l’innovation a pour effet majeur d’accélérer l’obsolescence des compétences
professionnelles. Des métiers entiers sont emportés par les vagues d’innovations. L’invention de
l’imprimerie avait balayé la profession de copiste, celle de l’électricité les fabricants de chandelles.
L’invention d’internet emporte aujourd’hui par vagues des dizaines de professions. Les algorithmes
se substituent progressivement à l’homme pour s’acquitter des tâches répétitives. Le mouvement a
d’abord touché l’agriculture, a ensuite pénétré l’industrie et se généralise désormais de plus en plus
dans les services : les conducteurs de métro, les chauffeurs de taxi mais aussi les journalistes
spécialisés ou les chirurgiens n’existeront probablement plus demain. Avec l’accélération du rythme
des innovations, il est estimé que près de la moitié des emplois sont aujourd’hui « à risque »,
particulièrement dans les services routiniers et moyennement rémunérés.
Dans le même temps, de nouveaux métiers émergent : tous les métiers liés à l’exploitation des
données mais aussi manager de la diversité, responsable déchets, responsable relations écoles ou
encore happiness manager. Et il ne s’agit que de la partie visible de l’iceberg : on estime qu’entre un
tiers et 70% des métiers de demain n’ont pas encore été inventés. Les individus qui risquent de voir
leur profession se robotiser doivent pouvoir se réorienter vers un nouveau métier.
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»
S’il est difficile d’identifier les compétences nécessaires pour des métiers n’existant pas encore, le
CESER considère que la responsabilité partagée de gouvernance de la politique de formation en
région se doit de préparer les chemins de l’avenir en répondant prioritairement aux jeunes, aux
personnes qui sont ou qui pourraient être éloignées de l’emploi. Un préalable souhaitable à cette
démarche est la maîtrise des savoirs fondamentaux, que sont « lire-écrire-compter-s‘ exprimer », à la
sortie du système scolaire.
Elle doit également prendre en compte les évolutions portées par la loi de mars 2014 en matière de
qualité de réalisation mais aussi de réponse aux demandes des jeunes, des familles et des adultes.
De plus, les demandeurs d’emploi ne formulent pas spontanément une demande de formation.
Leurs premières demandes sont d’accéder à un emploi, à une rémunération de leur capacité à
travailler, et, indirectement à une reconnaissance sociétale.
En cela, la formation n’est pas perçue autrement par les demandeurs d’emploi que comme un substitut
au travail. Elle doit évoluer afin de s’inscrire au sein de parcours d’accès à l’emploi y compris dans le
cadre d’une alternance entre des temps de travail, des temps de chômage et des périodes de
formation. Pour le CESER, elle doit être accompagnée pour assurer le suivi des actifs privés ou non
d’emploi, à cet effet, le cadre du Conseil en Evolution Professionnelle doit être renforcé.
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Libérer la formation – Manifeste pour une formation réellement continue et inclusive – Cabinet Asterès et la FFP – Juin 2016