rationnement implicite des ressources. Même si les questions liées à l’attribution des ressources n'entrent pas dans
le cadre de ce cas, il convient de souligner que, même dans des scénarios cliniques où le risque d'acte
autodestructeur constitue la principale préoccupation, les considérations éthiques relatives à l'attribution des
ressources peuvent servir de toile de fond à la prise de décisions cliniques.
Q2. Sarah a-t-elle le droit de refuser ces interventions?
Sarah n'a pas le droit de refuser l’hospitalisation si elle est gardée à l'hôpital contre son gré pour une évaluation.
Le patient peut habituellement consulter un avocat, mais il y a peu de recours judiciaires possibles si les
formulaires autorisant l'évaluation involontaire ont été dûment remplis. Cependant, lorsqu'une personne a été
officiellement hospitalisée contre son gré, les lois sur la santé mentale permettent alors au patient de contester
l'hospitalisation involontaire par des voies judiciaires officielles. Dans de nombreuses provinces, cela consiste
habituellement en une audience devant un conseil ou un comité de révision; dans d'autres provinces, la demande
est jugée par un tribunal. Dans tous les cas, le conseil ou le tribunal a le pouvoir d’annuler la décision
d’hospitalisation involontaire d’un patient s’il estime que les critères d’hospitalisation involontaire ne sont pas
remplis ou si les procédures d’hospitalisation prévues par la loi n’ont pas été respectées.
Le patient qui refuse une hospitalisation présente un problème éthique et pratique pour l'équipe soignante. En
effet, dans de nombreux établissements qui accueillent des patients hospitalisés contre leur gré, les portes des
services doivent être verrouillées pour éviter que les patients ne s'enfuient; cet isolement peut amener certains
patients à donner de grands coups dans les portes, à crier et à s'emporter. Les patients peuvent aussi se précipiter
sur les portes et harceler, voire agresser, les personnes qui entrent et sortent. Si le patient présente un
comportement dangereux ou impossible à maîtriser, il est parfois nécessaire d'utiliser des moyens de contention
physiques ou chimiques (ou les deux) pour l’immobiliser ou l'isoler. Ces mesures peuvent créer un sentiment de
détresse morale au sein personnel qui pourrait craindre que celles-ci aient un effet négatif sur le patient ou les
autres patients du service. Ainsi, la détention d’un patient peut être traumatisante si ce dernier est terrifié ou ne
comprend pas ce qu’il se passe. Cela peut également porter atteinte à sa dignité si celui-ci se sent humilié par
l'usage de la force. Le patient pourrait alors se montrer plus hostile envers le personnel et toute proposition
d'intervention ultérieure. Les cliniciens peuvent considérer que ces circonstances vont à l’encontre de leur devoir
éthique de ne pas faire de mal et sont contre-productives sur le plan clinique.
Par conséquent, même si les lois sur la santé mentale prévoient des mesures pour l'hospitalisation involontaire
d'un patient, travailler avec un patient hospitalisé contre son gré, qui proteste vigoureusement et
énergétiquement, peut s’avérer difficile pour toutes les parties concernées. Cela peut mener le médecin à
considérer que son action s’oppose au principe de non-malfaisance. Une telle situation peut notamment se
produire lorsqu'une personne comme Sarah, qui est venue à l'hôpital volontairement, est ensuite détenue à
l'hôpital contre son gré.
Q3. Faut-il prendre en compte la capacité de Sarah de prendre des décisions quant à son traitement
dans la décision d’intervention concernant son comportement autodestructeur?
La capacité de Sarah de prendre des décisions concernant son traitement n’est pas pertinente aux décisions
relatives à l'hospitalisation, hormis en Saskatchewan. En Saskatchewan, une personne doit être dans l’incapacité
de consentir à ou de refuser un traitement pour le trouble qui mène à une hospitalisation involontaire. Dans toutes
les autres provinces, les décisions relatives à l'hospitalisation sont fondées sur le comportement autodestructeur
ou sur les menaces en ce sens, indépendamment de la capacité de la personne de refuser un traitement ou d'y
consentir, même pour le trouble justifiant l'hospitalisation.
Légalement, un patient peut être contraint à suivre un traitement si : a) il n’a pas la capacité de refuser un
traitement et b) le consentement a été donné par le mandataire approprié (en général il s’agit d’un membre de la
famille, et parfois d’un mandataire nommé par le tribunal, le cas échéant). Néanmoins, comme dans le cas d’une
hospitalisation involontaire, des considérations pratiques peuvent avoir une influence sur le choix d’un traitement
involontaire ou non. Un traitement peut-il être administré contre la volonté d'une personne? Par exemple, dans le
cas de médicaments psychiatriques, le médicament est-il disponible sous forme injectable si la personne refuse de
le prendre par voie orale? Les antidépresseurs, qui seraient probablement le traitement le plus adapté pour une
personne déprimée et suicidaire, sont disponibles uniquement par voie orale. Si le traitement doit être administré
plusieurs fois pour être efficace, ce qui est en général le cas, est-il possible d’administrer le traitement à plusieurs
reprises si le patient continue de résister? Ces questions concrètes peuvent conduire à un débat éthique. Le fait de
devoir contraindre une personne physiquement à plusieurs reprises pour la forcer à prendre un médicament peut
sembler néfaste, même si l'intention est d'agir dans son intérêt supérieur (comme le soulagement de symptômes,