R E V U E D E P R E S S E Dirigée par le Pr P. Amarenco (Paris) Du nouveau sur les troubles visuels liés à la vigabatrine ■ Il est maintenant bien établi que la majorité des patients traités par l’antiépileptique GABAergique vigabatrine développent des troubles visuels, notamment un rétrécissement concentrique du champ visuel. L’atteinte visuelle peut être modérée ou sévère et est souvent asymptomatique, le dysfonctionnement rétinien (cônes) étant démontré par l’électrorétinogramme (ERG). Johnson et al. ont étudié la réversibilité de l’atteinte visuelle secondaire à la prise de vigabatrine. Ils ont évalué l’acuité visuelle, la vision des couleurs, le champ visuel, ainsi que l’ERG chez 13 patients prenant de la vigabatrine 3 mois à 1 an après l’arrêt du traitement. Bien que l’ERG ait montré une amélioration partielle de la fonction des cônes (l’amplitude était inchangée), ni l’acuité visuelle ni le champ visuel ne se sont améliorés chez la plupart des patients. Néanmoins, les patients qui avaient un déficit du champ visuel minime sous vigabatrine ont eu une amélioration nette de l’ERG après arrêt du traitement. Il n’y avait aucune relation significative entre la récupération visuelle et la durée du traitement ou la dose cumulée de vigabatrine. Alors que les anomalies du champ visuel liées à la vigabatrine sont purement périphériques, l’ERG multifocal a montré une réduction diffuse de la fonction rétinienne non limitée à la périphérie de la rétine. Bien que le déficit de la fonction visuelle soit en général modéré, la plupart des patients ne s’améliorent pas après l’arrêt du traitement, et les troubles du champ visuel sont irréversibles. Harding et al. ont étudié les anomalies électrophysiologiques caractéristiques des patients traités par vigabatrine. Un total de 8 patients auparavant traités par vigabatrine, 18 patients actuellement traités par vigabatrine et 8 patients épileptiques prenant d’autres antiépileptiques que vigabatrine ont eu un ERG, un enregistrement électro-oculogramme (EOG), et un test du champ visuel automatique. Vingt-deux autres sujets normaux ont également eu un ERG. Parmi les 26 patients exposés à la vigabatrine, 18 avaient un trouble du champ visuel qui n’était pas présent chez les sujets témoins. La présence et la sévérité du déficit du champ visuel étaient significativement associées à la latence et l’amplitude de la réponse des cônes sur l’ERG (cone-specific ERG flicker amplitu- de). L’amplitude de la réponse des cônes était le prédicteur le plus puissant de perte du champ visuel, avec une sensibilité de 100 % et une spécificité de 75 %. L’EOG, l’ERG photopique et scotopique et la latence du second potentiel oscillatoire sur l’ERG n’étaient pas significativement associés avec la détérioration du champ visuel. Le traitement par vigabatrine était significativement associé à l’amplitude photopique, la latence de l’onde a scotopique et la latence du second potentiel oscillatoire. Les auteurs suggèrent que chez les patients incapables de réaliser un champ visuel de bonne qualité, l’étude de l’amplitude de la réponse des cônes sur l’ERG est le moyen le plus fiable de dépister les patients ayant une détérioration de la fonction visuelle associée à la vigabatrine. Commentaire. Dans l’éditorial qui accompagne l’article de Harding et al., Miller souligne que la plupart des patients bénéficiant d’un traitement par vigabatrine sont des bébés et des enfants trop jeunes pour réaliser un champ visuel, ou des adultes ayant des crises d’épilepsie sévères et des troubles cognitifs les empêchant de réaliser un champ visuel suffisamment reproductible pour être interprétable. Ainsi, il semble que le meilleur moyen de surveiller les patients traités par vigabatrine soit la réalisation d’un ERG qui est un moyen efficace et reproductible (ne nécessitant aucune coopération du patient) de monitorer la fonction visuelle (et donc le champ visuel) durant le traitement. Miller recommande la réalisation d’un ERG tous les 6 mois durant le traitement. En cas de réduction de l’amplitude de la réponse des cônes, le remplacement de la vigabatrine par un autre antiépileptique devrait être considéré. V. Biousse Emory Eye Center, Atlanta, GA, États-Unis. ✔ Johnson MA, Krauss GL, Miller NR et al. Visual function loss from vigabatrin. Effect of stopping the drug. Neurology 2000 ; 55 : 40-5. La présentation clinique du sida change : l’étude Eurosida ■ L’étude Eurosida a enregistré les données de 51 centres spécialisés dans la prise en charge des patients infectés par le VIH de 1994 à 1998. Les patients inclus dans la cohorte devaient avoir moins de 500 lymphocytes CD4/mm3 et ne pas avoir présenté d’événement qualifiant pour le sida (EQS) avant l’inclusion dans la base. Les principales informations retenues étaient la survenue d’un EQS, le nombre de CD4 à la dernière consultation et le type de traitement antirétroviral en cours. Celui-ci était de type HAART (highly active antiretroviral therapy) dans 3 % des cas en janvier 1995, pour passer à 79 % des cas en janvier 1999. Le taux de survenue d’un EQS chutait de 30,7 pour 100 patients-année (PA) en 1994 à 2,5 pour 100 PA en 1998. Le taux de CD4 lors de la survenue d’un EQS passait durant la même période de 28/mm3 à 125/mm3. Il y avait une diminution du nombre d’EQS dans tous les groupes de patients, quel que soit le nombre de CD4 sanguins. Parmi les affections opportunistes, la proportion d’infections dues au CMV ou aux mycobactéries diminuait, alors que la proportion de lymphomes non hodgkiniens était multipliée par 4. La proportion d’encéphalopathies dues au VIH tendait aussi à diminuer : 7 % en 1994, 4 % en 1998. Commentaire. Eurosida confirme l’impact très important des nouvelles associations antirétrovirales sur l’histoire naturelle de l’infection par le VIH, notamment sur la survenue d’EQS. L’augmentation du nombre de CD4 lors du diagnostic d’EQS en 1998 par rapport à 1994 reflète le découplage entre la remontée du pool de lymphocytes CD4 et la qualité de la reconstitution immunologique envers les agressions opportunistes. Les lymphomes non hodgkiniens systémiques paraissent échapper, au moins partiellement, à l’amélioration générale de l’évolution de la maladie VIH grâce aux HAART. T. de Broucker service de neurology, hôpital Delafontaine, Saint-Denis. ✔ Harding GFA, Wild JM, Robertson KA et al. Separating the retinal electrophysiologic effects of vigabatrin. Treatment versus visual loss. Neurology 2000 ; 55 : 347-52. ✔ Miller NR. Using the electroretinogram to detect and monitor the retinal toxicity of anticonvulsivants (editorial). Neurology 2000 ; 55 : 333-4. La Lettre du Neurologue - n° 5 - vol. IV - octobre 2000 ✔ Mocroft A, Katlama C, Johnson AM et al., for the Eurosida study group. Lancet 2000 ; 356 : 291-6. 261 R E V U E La toxine pour les tics moteurs simples : une donnée surprenante ■ La toxine botulique a été proposée dans le traitement de nombreux mouvements anormaux involontaires. Les tics ne font pas exception, et même la coprolalie a fait l’objet de traitements par injection dans les cordes vocales. Une étude ouverte menée chez 35 sujets, dont 34 présentaient un diagnostic de syndrome de Gilles de la Tourette, montrait une évolution favorable après traitement par la toxine sur une échelle subjective cotée de 0 (pas de résultat) à 4 (amélioration importante à la fois clinique et fonctionnelle) avec un score moyen de 2,7. Les sites injectés étaient essentiellement la musculature cervicale et la partie supérieure du visage. Les effets secondaires, faiblesse musculaire de la nuque, ptosis, dysphagie, faiblesse générale ou fatigue, nausées et vomissements, survenaient chez 31 % des patients. De façon notable, les sensations prémonitoires, lorsqu’elles étaient présentes, avaient disparu ou étaient fortement réduites dans 84 % des cas. Cette donnée surprenante éclaire la physiopathologie du tic d’un jour singulier. Commentaire. Il s’agit d’une étude très préliminaire, dont la méthodologie est critiquable. Les tics connaissent une fluctuation spontanée importante avec des périodes de rémission, et un effet placebo notable peut également être attendu. L’échelle utilisée est subjective et grossière. Toutefois, la donnée la plus intéressante se trouve probablement dans la diminution des phénomènes prémonitoires, qui pourrait stimuler de nouveaux axes de recherche concernant la physiopathologie du tic. Laurent Vercueil, service de neurologie, Grenoble. ✔ Kwak CH et al. Arch Neurol 2000 ; 57 : 1190-3. D E P R E botulique A sur la spasticité dès 1992 (Mémin et al., 1992), il existe peu de données permettant d’évaluer le retentissement fonctionnel et pratique (également pour l’entourage) de ce traitement. Quarante patients ont été sélectionnés pour participer à une étude randomisée en double aveugle contre placebo, au moins 6 mois après l’accident vasculaire cérébral (Bhakta et al., 2000) : 20 patients étaient traités par 1 000 unités de Dysport (distribuées selon le jugement individuel de l’examinateur), tandis que 20 l’étaient par un placebo injecté selon les mêmes principes. Les évaluations ont eu lieu à 2,6 et 12 semaines. Les échelles utilisées concernaient les soins locaux ou certaines fonctions et étaient attribuées au patient et à l’entourage en charge des soins. Les résultats montrent que les activités qui sont le mieux améliorées après traitement par la toxine sont le lavage de l’aisselle et de la paume, la possibilité d’enfiler une manche et de réaliser des exercices physiothérapiques. L’évolution globale du score fonctionnel reste modeste (22 % pour les patients et 50 % pour les soignants) mais significative par rapport au groupe sous placebo, particulièrement lors des évaluations à 6 et 12 semaines. En revanche, les scores de spasticité au coude ou au poignet, ainsi que l’amplitude des mouvements (du coude, par exemple) ou la douleur n’étaient pas modifiés de façon significative. Seule la spasticité en flexion digitale, mesurée par le score d’Ashworth modifié, était améliorée après traitement. Commentaire. Cibler la toxine vers l’amélioration de l’ouverture de la main semble entraîner le meilleur bénéfice, tant pour le patient que pour l’entourage en charge des soins. L’échelle de Barthel ne peut pas évaluer de façon correcte le bénéfice apporté par ce traitement (Mémin et al., 1992), ce qui a conduit les auteurs à développer une évaluation spécifique. L.V. ✔ La toxine pour le bras spastique : l’apport concret ■ Le déficit moteur du membre supérieur après un accident vasculaire cérébral peut être compliqué par la spasticité, ce qui entraîne une gêne importante, notamment pour les soins d’hygiène. Bien que des études aient évalué l’efficacité du traitement par injection locale de toxine 262 Bhakta BB et al. J Neurol Neurosurg Psychiatry 2000 ; 69 : 217-21. ✔ Mémin B et al. Rev Neurol (Paris) 1992 ; 148 : 212-4. Céphalée : ne pas oublier l’ischémie du myocarde ! ■ Lanza et al. rapportent dans The Lancet l’observation d’un patient de S S E 68 ans souffrant de céphalées occipitales épisodiques brèves depuis plusieurs années, dont la fréquence avait récemment augmenté. À l’hôpital, il présenta un épisode céphalalgique associé à des douleurs scapulaires durant deux heures. L’électrocardiogramme et l’échographie cardiaque étaient normaux, mais le taux de CPK MB et de troponine-I étaient très significativement augmentés. Une sténose à 90 % des trois artères coronaires fut découverte. Un test d’effort réveilla la céphalée et révéla des ondes T pointues transitoires qui disparurent avec de la trinitrine sublinguale. La mise en place d’un traitement par bêtabloquants, dérivés nitrés et aspirine fit disparaître les céphalées. Commentaire. Cette belle observation nous rappelle qu’une souffrance ischémique du myocarde peut s’exprimer par une céphalée épisodique. Le déclenchement d’une céphalée à l’effort, sa disparition avec les dérivés nitrés (qui aggravent les crises de migraine ou les céphalées de tension) doivent nous aider à orienter le diagnostic. L’irradiation scapulaire franche de la douleur doit aussi faire évoquer ce diagnostic qui reste exceptionnel H.C. ✔ Lanza G et al. Angina pectoris : a headache. Lancet, 356, 16 : 998. SEP : vers un traitement de fond dès la première poussée ■ Le New England Journal of Medicine publie le détail de l’étude CHAMPS dont les résultats sont connus depuis mai 2000, date de leur présentation au congrès de l’AAN. Quelque 383 patients ayant présenté, d’une part, un événement neurologique pouvant faire évoquer une première poussée de sclérose en plaques et, d’autre part, au moins deux lésions IRM cliniquement silencieuses de plus de 3 mm de diamètre, ont été randomisés en deux groupes. Le groupe traité recevait 30 µg d’interféron β-1a (Avonex®) intramusculaire par semaine, l’autre groupe recevant un placebo. Le critère principal était la survenue d’un événement neurologique permettant d’affirmer le diagnostic de sclérose en plaques définie. L’événement qualifiant à l’inclusion était une NORB dans 50 % des cas, un syndrome médullaire dans 22 % et une La Lettre du Neurologue - n° 5 - vol. IV - octobre 2000 R E V U E atteinte du tronc cérébral ou du cervelet dans 28 % des cas. Le risque cumulé de sclérose en plaques définie était diminué dans le groupe traité par rapport au groupe placebo de façon significative (risque relatif 0,56 ; 0,38-0,81 ; p = 0,002). À 3 ans, la probabilité cumulée de développer une SEP définie était de 35 % dans le groupe traité pour 50 % dans le groupe placebo. L’étude de l’évolution des lésions IRM montrait aussi une différence significative en faveur du groupe traité à 6, 12 et 18 mois. Commentaire. La découverte de lésions IRM multiples compatibles avec des lésions de démyélinisation lors d’un premier épisode neurologique, notamment d’une neuropathie optique, est associée à un risque ultérieur important de développement d’une SEP. Les résultats de l’étude CHAMPS sont en faveur de la mise en place la plus précoce possible d’un traitement immunomodulateur dans ces cas. La question de l’ampleur du bilan initial d’une NORB (pratique d’une IRM, voire étude du LCR) devra être posée à la lumière de ces résultats. T. de B. Saint-Denis. ✔ Jacobs LD, Beck RW, Simon JH et al. et the CHAMPS Study Group. Intramuscular interferon beta-1a therapy initiated during a first demyelinating event in multiple sclerosis. N Eng J Med 2000 ; 343 : 898-904. La névralgie postzostérienne : une maladie rare ? ■ Une étude prospective réalisée en Islande auprès de 62 médecins généralistes a colligé l’ensemble des premiers épisodes de zona survenus pendant une période de 5 ans. Le diagnostic était fait uniquement sur des données cliniques. Étaient exclus les récidives de zona, les patients dont l’interrogatoire était impossible et les cas jugés incertains par les coordonnateurs de l’étude. La fréquence, la durée et la sévérité (sur une échelle numérique) des douleurs résiduelles ont été évaluées. Au total 421 patients ont été inclus, dont 418 ont été revus à un an. Un âge élevé était un facteur prédictif de douleurs résiduelles : pour chaque décade supplémentaire, le risque de douleurs était globalement multiplié par deux à un mois (OR : 1,87 ; IC : 1,56-2,84), 3 mois (OR : D E P R E 2,11 ; IC : 1,56-2,84), 6 mois (OR : 2,45 ; IC :1,5-4,01) et un an (OR 2,33 ; IC : 1,483,69). Les sujets de moins de 60 ans avaient un risque très faible de douleurs persistantes (2 % à 3 mois). Les sujets de plus de 60 ans avaient un risque de douleurs persistantes de 20 % à 3 mois, dont 7 % étaient sévères, et de 10 % à un an, dont 3,4 % étaient sévères. Seulement 4 % des patients ont reçu un traitement antiviral, qui était administré à doses suboptimales dans la grande majorité des cas. Commentaire. Les points forts de cette étude sont le recrutement en population générale, la durée prolongée du suivi et l’absence quasi complète d’utilisation des antiviraux, qui en font une véritable étude d’histoire naturelle. Sa faiblesse tient à l’évaluation succincte de la douleur, sans appréciation de la qualité de vie. Elle montre que les algies postzostériennes sont beaucoup plus rares en population que dans les essais thérapeutiques, où sont peut-être inclus des patients ayant des symptômes d’emblée plus sévères (la sévérité des douleurs initiales étant un facteur prédictif d’algies postzostériennes). Elle confirme l’absence presque complète de douleurs résiduelles chez les sujets de moins de 60 ans, chez qui les antiviraux apparaissent donc inutiles, sauf dans les cas de zona ophtalmique ou d’immunodépression. Elle devrait conduire à limiter leur prescription aux sujets de plus de 60 ans ayant d’emblée des douleurs sévères. Cela malgré l’avis de l’éditorialiste… financé par un laboratoire commercialisant un antiviral bien connu ! P. Niclot, Hôpital Lariboisière, Paris. ✔ Helgason S et al. Prevalence of postherpetic neuralgia after a single episode of herpes zoster : prospective study with long temr follow-up. BMJ 2000 ; 321 : 1-4. Tachycardie posturale sans hypotension orthostatique ■ Jacob et al. ont étudié 10 patients présentant un syndrome de tachycardie posturale et 8 sujets sains pour préciser la physiopathologie des manifestations cliniques (sensation d’étourdissement, vision assombrie, confusion et anxiété, aspect violacé des membres) pouvant apparaître en position debout et disparaissant en décubitus et pouvant exister chez certains patients en l’absence d’hy- La Lettre du Neurologue - n° 5 - vol. IV - octobre 2000 S S E potension artérielle mais en présence d’une tachycardie posturale (augmentation > 20 battements/mn). Une augmentation similaire de la norépinéphrine au niveau des membres supérieurs fut notée dans les deux groupes à l’orthostatisme. À l’inverse, la variation observée au niveau des membres inférieurs était plus faible. Ces résultats étaient observés après différents stimuli (test non spécifique douloureux – cold-pressor test) administration de nitroprussiate ou de tyramine (précurseur de la norépinéphrine). Ces résultats montrent que la tachycardie posturale à l’origine de manifestations de type “hypotension orthostatique” mais sans hypotension artérielle, est liée à une dénervation sympathique au niveau des membres inférieurs. Commentaire. Une augmentation de la fréquence cardiaque supérieure à 30 battements/mn sans modification de la tension artérielle à l’orthostatisme doit faire évoquer ce syndrome en présence de manifestations cliniques évoquant une hypotension orthostatique. Les traitements possibles sont l’augmentation de la charge hydrosodée (boire plus d’eau avec du sel), l’utilisation de vasoconstricteurs de demivie courte et la compression des membres inférieurs. H.C. N Engl J Med 2000 ; 343 : 1008-14. “Docteur, puis-je avoir une grossesse après mon infarctus cérébral ?” ■ La réponse est “oui”. Elle est apportée par une étude propective de 441 femmes âgées de 15 à 40 ans qui avaient eu un infarctus cérébral artériel (373) ou veineux (68). Parmi ces femmes, 135 ont eu 187 grossesses. Après 5 années en moyenne, 13 récidives ont été enregistrées, toutes artérielles, soit un risque de 1 % la première année et de 2,3 % sur 5 ans. Ce risque est plus élevé lorsque la cause de l’infarctus cérébral a pu être identifiée. Sur les 13 récidives, 11 sont survenues en dehors d’une grossesse et 2 pendant une grossesse ou après celle-ci. Le risque de récidive était significativement plus élevé en post-partum (P < 0,03). Aucune des 37 femmes, dont le premier infarctus cérébral était survenu pendant ou au décours de la grossesse, n’a eu de réci- 263 R E V U E dive lors d’une nouvelle grossesse (22 d’entre elles). Dans cette cohorte, un tiers des femmes n’était pas satisfaite du nombre de leur grossesse après leur premier infarctus cérébral. La raison pour ce désir insatisfait de grossesse était la peur d’une récidive de l’infarctus cérébral (39 %), un avis médical opposé à la grossesse (47 %), un comportement sexuel modifié (10 %), une hypofertilité (12 %) et des raisons familiales (4 %). D E P R E Commentaire. Cela est la première étude de l’influence de la grossesse sur le risque de récidive après un premier infarctus cérébral. Apparemment, il n’y a pas de raison, sur ces données, d’interdire une grossesse au décours d’un premier infarctus cérébral. Le nombre d’événements était cependant extrêmement faible et les intervalles de confiance très larges, n’excluant pas que, dans certaines conditions ou certains sous-groupes étiologiques (l’exemple du lupus est bien connu, mais qu’en est-il S S E de la dysplasie, la dissection etc. ?), la grossesse puisse avoir un effet délétère. P.A. ✔ Lamy C et al. Ischemic stroke in young women. Risk of recurrence during subsequent pregnancies. Neurology 2000 ; 55 : 269. Imprimé en France - Point 44 - 93100 Montreuil - Dépôt légal 4e trimestre 2000. © février 1997 - Edimark SA. Les articles publiés dans La Lettre du Neurologue le sont sous la seule responsabilité de leurs auteurs. Tous droits de traduction, d’adaptation et de reproduction par tous procédés réservés pour tous pays. 264 La Lettre du Neurologue - n° 5 - vol. IV - octobre 2000