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REVUE DE PRESSE
La Lettre du Neurologue - n° 5 - vol. IV - octobre 2000
atteinte du tronc cérébral ou du cervelet
dans 28 % des cas. Le risque cumulé de
sclérose en plaques définie était diminué
dans le groupe traité par rapport au groupe
placebo de façon significative (risque rela-
tif 0,56 ; 0,38-0,81 ; p = 0,002). À 3 ans,
la probabilité cumulée de développer une
SEP définie était de 35 % dans le groupe
traité pour 50 % dans le groupe placebo.
L’étude de l’évolution des lésions IRM
montrait aussi une différence significative
en faveur du groupe traité à 6, 12 et
18 mois.
Commentaire. La découverte de lésions
IRM multiples compatibles avec des
lésions de démyélinisation lors d’un pre-
mier épisode neurologique, notamment
d’une neuropathie optique, est associée à
un risque ultérieur important de dévelop-
pement d’une SEP. Les résultats de l’étude
CHAMPS sont en faveur de la mise en
place la plus précoce possible d’un traite-
ment immunomodulateur dans ces cas. La
question de l’ampleur du bilan initial
d’une NORB (pratique d’une IRM, voire
étude du LCR) devra être posée à la lumiè-
re de ces résultats. T. de B.
Saint-Denis.
La névralgie postzostérienne :
une maladie rare ?
■Une étude prospective réalisée en
Islande auprès de 62 médecins géné-
ralistes a colligé l’ensemble des premiers
épisodes de zona survenus pendant une
période de 5 ans. Le diagnostic était fait
uniquement sur des données cliniques.
Étaient exclus les récidives de zona, les
patients dont l’interrogatoire était impos-
sible et les cas jugés incertains par les
coordonnateurs de l’étude. La fréquence,
la durée et la sévérité (sur une échelle
numérique) des douleurs résiduelles ont
été évaluées. Au total 421 patients ont été
inclus, dont 418 ont été revus à un an. Un
âge élevé était un facteur prédictif de dou-
leurs résiduelles : pour chaque décade sup-
plémentaire, le risque de douleurs était
globalement multiplié par deux à un mois
(OR : 1,87 ; IC : 1,56-2,84), 3 mois (OR :
2,11 ; IC : 1,56-2,84), 6 mois (OR : 2,45 ;
IC :1,5-4,01) et un an (OR 2,33 ; IC : 1,48-
3,69). Les sujets de moins de 60 ans
avaient un risque très faible de douleurs
persistantes (2 % à 3 mois). Les sujets de
plus de 60 ans avaient un risque de dou-
leurs persistantes de 20 % à 3 mois, dont
7 % étaient sévères, et de 10 % à un an,
dont 3,4 % étaient sévères. Seulement 4 %
des patients ont reçu un traitement antivi-
ral, qui était administré à doses subopti-
males dans la grande majorité des cas.
Commentaire. Les points forts de cette
étude sont le recrutement en population
générale, la durée prolongée du suivi et
l’absence quasi complète d’utilisation des
antiviraux, qui en font une véritable étude
d’histoire naturelle. Sa faiblesse tient à
l’évaluation succincte de la douleur, sans
appréciation de la qualité de vie. Elle
montre que les algies postzostériennes
sont beaucoup plus rares en population
que dans les essais thérapeutiques, où sont
peut-être inclus des patients ayant des
symptômes d’emblée plus sévères (la
sévérité des douleurs initiales étant un fac-
teur prédictif d’algies postzostériennes).
Elle confirme l’absence presque complète
de douleurs résiduelles chez les sujets de
moins de 60 ans, chez qui les antiviraux
apparaissent donc inutiles, sauf dans les
cas de zona ophtalmique ou d’immunodé-
pression. Elle devrait conduire à limiter
leur prescription aux sujets de plus de
60 ans ayant d’emblée des douleurs
sévères. Cela malgré l’avis de l’éditoria-
liste… financé par un laboratoire commer-
cialisant un antiviral bien connu !
P. Niclot,
Hôpital Lariboisière, Paris.
Tachycardie posturale sans
hypotension orthostatique
■Jacob et al. ont étudié 10 patients
présentant un syndrome de tachy-
cardie posturale et 8 sujets sains pour pré-
ciser la physiopathologie des manifesta-
tions cliniques (sensation d’étourdisse-
ment, vision assombrie, confusion et
anxiété, aspect violacé des membres) pou-
vant apparaître en position debout et dis-
paraissant en décubitus et pouvant exister
chez certains patients en l’absence d’hy-
potension artérielle mais en présence
d’une tachycardie posturale (augmenta-
tion > 20 battements/mn). Une augmenta-
tion similaire de la norépinéphrine au
niveau des membres supérieurs fut notée
dans les deux groupes à l’orthostatisme. À
l’inverse, la variation observée au niveau
des membres inférieurs était plus faible.
Ces résultats étaient observés après diffé-
rents stimuli (test non spécifique doulou-
reux – cold-pressor test) administration de
nitroprussiate ou de tyramine (précurseur
de la norépinéphrine). Ces résultats mon-
trent que la tachycardie posturale à l’origi-
ne de manifestations de type “hypotension
orthostatique” mais sans hypotension arté-
rielle, est liée à une dénervation sympa-
thique au niveau des membres inférieurs.
Commentaire. Une augmentation de la
fréquence cardiaque supérieure à 30 batte-
ments/mn sans modification de la tension
artérielle à l’orthostatisme doit faire évo-
quer ce syndrome en présence de manifes-
tations cliniques évoquant une hypoten-
sion orthostatique. Les traitements pos-
sibles sont l’augmentation de la charge
hydrosodée (boire plus d’eau avec du sel),
l’utilisation de vasoconstricteurs de demi-
vie courte et la compression des membres
inférieurs. H.C.
“Docteur, puis-je avoir
une grossesse après
mon infarctus cérébral ?”
■La réponse est “oui”. Elle est appor-
tée par une étude propective de
441 femmes âgées de 15 à 40 ans qui
avaient eu un infarctus cérébral artériel
(373) ou veineux (68). Parmi ces femmes,
135 ont eu 187 grossesses. Après 5 années
en moyenne, 13 récidives ont été enregis-
trées, toutes artérielles, soit un risque de
1 % la première année et de 2,3 % sur
5 ans. Ce risque est plus élevé lorsque la
cause de l’infarctus cérébral a pu être
identifiée. Sur les 13 récidives, 11 sont
survenues en dehors d’une grossesse et
2 pendant une grossesse ou après celle-ci.
Le risque de récidive était significative-
ment plus élevé en post-partum (P < 0,03).
Aucune des 37 femmes, dont le premier
infarctus cérébral était survenu pendant ou
au décours de la grossesse, n’a eu de réci-
✔ Helgason S et al. Prevalence of postherpetic
neuralgia after a single episode of herpes zoster :
prospective study with long temr follow-up. BMJ
2000 ; 321 : 1-4.
✔ Jacobs LD, Beck RW, Simon JH et al. et the
CHAMPS Study Group. Intramuscular interfe-
ron beta-1a therapy initiated during a first
demyelinating event in multiple sclerosis. N Eng
J Med 2000 ; 343 : 898-904.
N Engl J Med 2000 ; 343 : 1008-14.