
celui-ci reste le référent de la prise en
charge psychiatrique ou non. Dans le pre-
mier cas de figure, le dispositif de soins
partagés reste un recours du médecin
généraliste pour assurer le suivi du patient
avec lui lors de moments d’aggravation
du patient ou pour intervenir ponctuellement à la demande du médecin
de premier recours (on parle de soins partagés). Dans les autres cas de
figure le suivi psychiatrique est assuré par le système spécialisé, psy-
chiatre libéral ou hospitalier, ou par un psychologue si seule une psycho-
thérapie est proposée. Le dispositif se charge d’assurer le lien avec le
spécialiste, à la grande satisfaction des médecins généralistes.
La qualité de la réponse apportée par le dispositif de soins partagés
dépend ainsi des ressources psychiatriques qu’il pourra mobiliser pour
assurer le suivi psychiatrique lorsque celui-ci est nécessaire. Ce dispositif
doit donc, afin d’assurer sa mission, entretenir des liens avec la psychia-
trie libérale et la psychiatrie de secteur afin qu’un adressage soit possible
en cas de besoin. Un répertoire des ressources doit être à la disposition
du dispositif et les modalités de recours au système spécialisé doivent
être établies par le dispositif en concertation avec les acteurs du libéral
et du public.
Depuis sa création le nombre de médecins généralistes ayant utilisé le
dispositif est de 453 soit la quasi-totalité des médecins du territoire (le
nombre total de médecins généralistes se situant autour de 500). Près
de 45% des patients ont nécessité quatre consultations ou plus, inscri-
vant ainsi le dispositif dans le soin partagé plus que dans une intervention
unique, qui se limiterait à un avis ponctuel sans assurer le travail sur la
demande du patient et la mise en œuvre initiale du projet de soins.
Le nombre d’actes effectués chaque année se situe aux alentours de
1400. Le nombre d’adressage direct au système spécialisé sans prise
en charge initiale par le dispositif de soins partagés est stable depuis cinq
ans, autour de 5% des demandes.
La satisfaction des patients reçus au dispositif et des médecins généra-
listes pour lesquels le dispositif a été mis en place est évalué on line à
chaque patient reçu selon cinq niveaux : excellente, très bonne, bonne,
moyenne et mauvaise. En 2014, 84,6% des patients et 92,3% des
médecins généralistes ont exprimé une satisfaction excellente ou très
bonne et 15,4% des patients et 7,7% des médecins généralistes, une
bonne satisfaction.
Enfin, la coopération établie entre médecins de premier recours et méde-
cins spécialistes dans le cadre du dispositif est un levier particulièrement
efficace de délégation de compétences aux médecins généralistes pour
le suivi psychiatrique des patients. A l’origine du dispositif, le recours au
système spécialisé pour le suivi psychiatrique était de 30% des patients
reçus, aujourd’hui pour des patients de typologie comparable il est de
70%.
L’activité de ce dispositif est assurée par un psychiatre plein temps (1,5
ETP afin de couvrir les absences de ce psychiatre), une infirmière plein
temps (2 ETP) et un mi-temps de psychologue. La mise en place du
dispositif a été confiée à un psychiatre expérimenté dont la mission était
de superviser l’équipe et de construire le réseau de partenaires, libéraux
et hospitaliers, nécessaire au bon fonctionnement de la structure. Le dis-
positif est localisé à l’hôpital général, lieu déstigmatisé nécessaire au bon
fonctionnement du dispositif, et est sous la responsabilité d’un établis-
sement public, les psychiatres libéraux n’ayant pas souhaité, dans le Sud
Yvelines, assumer cette mission. Le recours aux psychiatres libéraux, de
même que le recours aux secteurs de psychiatrie se fait en seconde
intention, après évaluation et prise en charge initiale au dispositif de soins
partagés.
Le périmètre couvert par ce dispositif est d’environ 500000 habitants
(les 2/3 du Sud Yvelines).
Le Dispositif de Soins Partagés
du Sud Yvelines
Dans le cadre des constats effectués par les acteurs du Groupement
de Coopération Sanitaire du Sud Yvelines (RPSM Sud Yvelines), créé en
1999, l’amélioration de la coopération entre médecins généralistes et
psychiatres s’est imposée comme une priorité.
Cette priorité rejoignait les constats internationaux d’une difficulté dans la
coopération entre le premier recours et l’offre de soins spécialisés.
Une enquête réalisée sur le territoire Sud Yvelines montrait que :
• 67% des médecins généralistes étaient insatisfaits ou très insatisfaits
de la collaboration avec les psychiatres, libéraux ou hospitaliers ;
• les médecins généralistes suivaient seuls une patientèle psychiatrique
de typologie comparable à celle suivie par les psychiatres libéraux, donc
sévère, et 60% des patients adressés à la psychiatrie l’étaient trop tar-
divement d’après les psychiatres qui les recevaient ;
• pour 81% des patients adressés par un médecin généraliste à un psy-
chiatre, aucun retour du psychiatre n’était apporté au médecin géné-
raliste.
Sur la base de ces constats, les acteurs du territoire ont proposé de créer
un dispositif dédié aux médecins généralistes, visant à répondre à toutes
leurs demandes dans des délais compatibles avec les besoins du patient.
En somme, ce dispositif se voulait être un support à « la pratique en
psychiatrie du médecin traitant » comme le formule le Docteur Maurice
Bensoussan.
En pratique, le patient lui-même s’adresse au dispositif pour obtenir un
rendez-vous. Il peut être en possession d’un courrier de son médecin
généraliste, ce qui est attendu ou non, le médecin généraliste sera de
toute façon contacté par le dispositif.
Le premier contact du patient est une infirmière et non une secrétaire.
Cette première accroche est en effet essentielle pour, d’une part, recueil-
lir de manière cliniquement pertinente les informations utiles pour déci-
der du délai pour le premier rendez-vous ou d’un ré-adressage direct
au système spécialisé et, d’autre part, établir une relation de confiance
notamment en apportant au patient les premiers conseils et en propo-
sant de rester en contact avec eux, si besoin, dans l’attente du premier
rendez-vous. En somme, il s’agit d’un entretien d’orientation clinique et
déjà thérapeutique. La qualité de cette première accroche a permis d’ob-
server de manière continue un taux d’absentéisme très faible de moins
de 5%, là où les études montrent un taux d’absentéisme pouvant aller
jusqu’à 40% pour le premier rendez-vous avec un psychiatre.
Le patient est informé dès ce premier contact que son médecin géné-
raliste, si celui-ci n’a pas adressé de courrier, sera sollicité. Les patients
sont satisfaits de ce contact avec leur médecin généraliste proposé par le
dispositif, le nombre d’entre eux s’y étant opposé, depuis l’ouverture en
2000 se compte sur les doigts d’une main. Le contact avec le médecin
généraliste est systématique et permet d’affiner sa demande et d’appré-
cier la place qu’il souhaite prendre dans le projet de soins.
L’ensemble des demandes est discuté chaque jour avec le psychiatre et
le délai le plus approprié pour l’obtention du rendez-vous est évalué. Il ne
s’agit pas en effet de répondre le plus vite possible mais de la manière la
plus appropriée à la situation du patient. La moyenne est de dix jours pour
le premier rendez-vous mais ce délai peut être plus long ou plus court si
l’état du patient le justifie.
Les consultations effectuées par le psychiatre, avec ou sans le concours
d’un psychologue, relève d’une véritable séquence thérapeutique. Il
ne s’agit pas simplement de donner un avis mais de construire avec le
patient, son entourage s’il est présent et son médecin généraliste, un
projet de soins et de travailler sur la demande du patient afin de le rendre
possible.
Le projet de soins est ainsi négocié (élaboré) avec le patient et son entou-
rage et coordonné avec le médecin généraliste afin que sa place et celle
du spécialiste dans ce projet soit bien établie.
Le projet de soins implique donc toujours le médecin généraliste que
Pr Marie-Christine
HARDY–BAYLE
Chef du pôle psychiatrie
au centre hospitalier de
Versailles.
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URPS info juin 2015 NO
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