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Tél. : 05 61 15 80 90 – Fax : 05 61 15 80 99
[email protected] – www.urps-mp.org
DIRECTEUR DE LA PUBLICATION :
Docteur Jean-Louis Bensoussan
COMITÉ DE RÉDACTION ET DE LECTURE :
Les docteurs Jean-Louis BENSOUSSAN, Maurice BENSOUSSAN,
Michel BISMUTH, Michel COMBIER. Catherine MALGOUYRES-
COFFIN. Pr Marie-Christine HARDY-BAYLE, Laurent LESGOURGUES,
Pr Laurent SCHMITT, Bernard PRADERE, Jacques LEGLISE, Anne
DEPAIGNE et Dr Marielle LAFFONT.
TIRAGE : 6900exemplaires
MAQUETTE ET MISE EN PAGES : Groupe Composer
IMPRESSION : Équinoxe
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Partir du quotidien du patient
et du médecin traitant
Dr Michel COMBIER
PAGE 3
Pourquoi un DSPP en Midi-Pyrénées:
Dr Maurice BENSOUSSAN
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Le DSPP du Sud des Yvelines
Pr Marie-Christine HARDY-BAYLE
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Donner toute sa place à la pratique
médicale
Dr Laurent LESGOURGUES
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Le DSPP Un dispositif apprenant
Pr Laurent SCHMITT
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Les partenariats villes-hôpital
s’enrichissent
Pr Bernard PRADERE
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DSPP vu du CHU de Toulouse
Jacques LEGLISE
PAGE 10
«Améliorer la coordination entre le
médecin généraliste et les différents
acteurs de soins dans la prise en charge
des troubles mentaux » : le projet de la
Haute Autorité de Santé pour soutenir la
mobilisation des professionnels
Anne DEPAIGNE LOTH et
Dr Marielle LAFFONT
BRÈVES
Le site :
www.rempla-midi-pyrenees.org
Médimail : la messagerie régionale
de tous les professionnels de santé
éditorial
SOMMAIRE
Chers confrères,
Ce bulletin de l’URPS Midi-Pyrénées est le dernier avant
les prochaines élections du 12 octobre, amenées à renou-
veler notre instance. Les élus actuels restent en place
jusqu’au 31 décembre : ils auront notamment en charge la
transition-fusion vers la nouvelle URPS de la grande région
Midi-Pyrénées Languedoc-Roussillon qui sera installée le
1er janvier 2016.
Je sais que nombre d’entre vous s’interrogent encore sur la place des
URPS dans l’organisation de la santé en région. J’admets volontiers
cette remarque et si ce sentiment perdure au sein de notre profession
c’est que, malgré nos vingt-et-une années d’existence (URML puis
URPS), nous n’avons certainement pas assez communiqué et agi. Les
futurs élus devront en tenir compte.
Dans ce bulletin vous trouverez justement un des moyens d’action
de l’URPS médecins concernant l’organisation des soins. Ce DSPP,
Dispositif de Soins Partagés en Psychiatrie, peut, s’il se met en place,
modifier considérablement notre quotidien avec nos patients présen-
tant des pathologies d’ordre psychiatrique.
Tout le dispositif est largement détaillé dans les pages qui suivent. Ce
projet ambitieux revêt toutes les facettes de nos missions : informa-
tion des patients, organisation des soins, amélioration de la réponse
de soins, utilisation des systèmes d’information, lien ville-établisse-
ments, place essentielle des libéraux, etc.
Nous œuvrons pour qu’il puisse trouver un financement de l’ARS et
qu’il puisse se mettre en place dans les prochains mois, avant la fin de
notre mandature.
Nous avons été et nous sommes toujours fortement mobilisés par
plusieurs éléments de la Loi de Santé qui ne sera débattue au Sénat
qu’en septembre et au final adoptée par l’Assemblée qu’en octobre
au plus tôt.
Je souhaite que la campagne électorale, qui va s’ouvrir pour ces élec-
tions professionnelles du 12 octobre, soit un vrai débat d’idées et de
propositions de l’ensemble de nos organisations syndicales représen-
tatives.
C’est ce débat qui vous donnera envie de participer et de voter pour
vos futurs représentants.
Confraternellement,
Le Président
Dr Jean-Louis Bensoussan
UNION RÉGIONALE DES PROFESSIONNELS DE SANTÉ I JUIN 2015 I NO 10
SECTION MÉDECINS
MIDI-PYRÉNÉES
Le Dispositif de soins partagés en Psychiatrie - DSPP
URPS des Médecins
Espace Pierre-Gaubert
33, route de Bayonne
31300 Toulouse
DSPP
Le Dispositif de soins partagés en Psychiatrie
Partir du quotidien du patient
et du médecin traitant
Les médecins généralistes face aux troubles psychia-
triques fréquents de leurs patients ont une position
souvent compliquée par des ressources d’aval qui ne
permettent pas fréquemment une démarche spécia-
lisée rapide, sans être urgente, confrontée avec l’état
du patient, le ressenti du médecin, les difficultés de
l’entourage.
Un dispositif de soins partagés en psychiatrie doit rele-
ver ce défi.
Face à un patient pour lequel le médecin traitant pense
avoir besoin d’un avis spécialisé afin de permettre une
prise en charge pertinente et complète, il doit pouvoir
disposer d’un accueil rapide (trois jours à trois semaines
selon le cas dans le dispositif du sud-Yvelines) pour éta-
blir en coordination le meilleur soin pour le patient. Cela
peut être un besoin urgent, un avis unique, un démar-
rage de psychothérapie, une prise en charge complexe
ou tout autre besoin. L’intérêt doit résider dans tous les
cas dans la coordination et l’information du processus
de soins psychiatriques comme nous le vivons dans
d’autres spécialités. Le partage de la décision de la prise
en charge du patient doit permettre la gestion des crises
futures, si elles doivent survenir, l’amélioration des sor-
ties d’hospitalisation et en plus sécuriser le médecin trai-
tant face à un certain nombre de situations complexes
en améliorant par l’expérience la gestion des cas aux-
quels il est confronté.
On le voit, il s’agit pour l’URPS des médecins de Midi-
Pyrénées d’un projet ambitieux dont nous avons eu
l’initiative. Il a regroupé dès le début l’hôpital public, le
secteur psychiatrique, les établissements de soins pri-
vés, les médecins spécialistes de médecine générale
et de psychiatrie dans leur représentation, la commu-
nauté municipale de santé, entre autres, et bien sûr les
associations de patients. L’Agence Régionale de Santé
semble accorder une attention favorable à ce projet.
Nous allons devoir le faire vivre dans notre exercice
quotidien pour apporter une meilleure fluidité au par-
cours du patient ayant des troubles psychiatriques
fréquents et pour pouvoir être les partenaires les plus
pertinents pour les accompagner dans un parcours de
soins souvent difficile à identifier depuis nos cabinets.
Du dialogue entre les intervenants, organisé par une
structure souple, véritable service à notre exercice quo-
tidien, doit émerger une amélioration pour le patient en
concordance avec un meilleur confort de soins pour le
médecin traitant.
Dr Michel COMBIER
Médecin spécialisé en
médecine générale,
Secrétaire général
adjoint de l’URPS des
médecins
2URPS info juin 2015 NO
10
Pourquoi un dispositif
de soins partagés en psychiatrie
en Midi-Pyrénées est indispensable
Dr Maurice
BENSOUSSAN
Psychiatre, Secrétaire
général adjoint de l’URPS
des médecins
Quelle place pour l’exercice libéral en
psychiatrie ?
Les plans de santé, nationaux ou régionaux, ont main-
tenant pris la fâcheuse habitude de systématique-
ment oublier toute référence à la psychiatrie libérale.
Si celle-ci apparaît, c’est toujours secondairement, de
raccroc, suite à l’intervention de quelques-uns.
Subrepticement, à la faveur de réunions de la démo-
cratie sanitaire, le modèle technocratique se dévoile
à mesure. Ce n’est pas une question de pure séman-
tique, quand les tutelles parlant d’ambulatoire ne font
référence qu’aux seules pratiques hospitalières orga-
nisées par l’hôpital hors ses murs. Sous la dépen-
dance, le contrôle et le fonctionnement du modèle
hospitalier, des pratiques ambulatoires se déve-
loppent, le modèle du centre médico-psychologique
(CMP), anciennement appelé dispensaire d’hygiène
mentale, n’étant qu’un exemple parmi d’autres. Il n’y
a là aucune critique du travail remarquable et indis-
pensable de nos collègues hospitaliers, mais juste
la démonstration que les mots préfigurent les évolu-
tions socio-culturelles et organisationnelles. Dans ces
plans, l’exercice libéral de la psychiatrie est exclu des
schémas organisationnels technocratiques de la psy-
chiatrie et de la santé mentale.
Le processus est connu : l’ambulatoire ainsi défini
administrativement n’a plus qu’à être articulé avec
le premier recours des professionnels de santé. Et
oui, la loi HPST, sous cette terminologie a décloi-
sonné médecins et paramédicaux pour permettre à la
future Loi de santé de faire encore mieux, en créant
les «professionnels du territoire de santé ». C’est le
début de la fin du cloisonnement des compétences:
outre les professionnels de santé, d’autres interve-
nants, non professionnels de santé, les assistants
sociaux, les éducateurs, les psychologues, les péda-
gogues etc. sont regroupés. Personne ne peut être
oublié et les psychothérapeutes définis par décret
seront là aussi. Ainsi le système est bouclé.
Dans cette tendance de rationalisation et d’organisa-
tion de la proximité, le débat porte sur la place des
médecins libéraux spécialistes autres que généra-
listes. Pour la psychiatrie, un premier modèle, est de
vouloir différencier trouble mental fréquent qui justi-
erait d’un traitement ambulatoire de premier recours
et trouble mental sévère qui justifierait d’un traite-
ment hospitalier. Les psychiatres seraient à l’hôpital
et les professionnels de premier recours s’organise-
raient pour les pathologies mentales fréquentes. Des
améliorations seraient préconisées, des protocoles
signés entre généralistes et psychiatres hospitaliers
pour améliorer les collaborations pour des patholo-
gies définies. Ce modèle méconnait la place actuelle
du psychiatre libéral, le service médical qu’il rend, du
fait de sa disponibilité de proximité, de sa thérapeu-
tique personnalisée, inscrite dans un exercice spécia-
lisé de suivi des patients.
La HAS chargée du projet : «Améliorer la coordina-
tion entre le médecin généraliste et les différents
acteurs de soins dans la prise en charge des troubles
mentaux»(1), n’a pas spontanément intégré les psy-
chiatres libéraux. Leur donner une place ne procède
pas d’une évidence et oblige ces derniers à montrer
la qualité et la pertinence de leur exercice coordonné.
Les constats de la coopération entre
généralistes et psychiatres
Les évolutions socio-culturelles modifient l’exercice
médical, dont la pratique libérale. Alors que long-
temps le pouvoir a cru que l’offre de soins créait la
demande, la question de la démographie médicale,
agitée bien avant la baisse programmée et concertée
des effectifs médicaux, ne semble pas être le prisme
adapté pour aborder les problèmes d’accès et de
continuité des soins. L’amélioration de la couverture
sociale, le progrès médical, l’explosion de la demande
de soins et la diversification des attentes des usagers
dérégulent le système. La notion de clientèle dispa-
rait. Il n’est pas rare aujourd’hui de voir un psychiatre,
récemment installé, indiquer sur son répondeur télé-
phonique ne plus pouvoir assumer la demande de
soins de nouveaux patients. Les médecins généra-
listes, eux, se plaignent des difficultés à trouver des
psychiatres pour rendre un avis, ou s’engager dans
un suivi.
Le problème de la coopération entre généralistes
et psychiatres se pose donc d’emblée et fait l’objet,
documenté dans la littérature internationale(2), d’un
large consensus sur le déficit de cette coopération,
tant pour les troubles mentaux sévères que fré-
quents. Ces derniers ont pourtant une forte préva-
lence en médecine générale (près de 30%), un carac-
tère invalidant pour le patient et la collectivité. Il existe
ainsi des obstacles à l’accès et à la qualité des soins,
un recours excessif aux services d’urgence, un déficit
de prévention et de suivi, des ruptures dans les par-
cours de soins et des complications aggravées.
Le médecin traitant souhaite un délai approprié
pour obtenir un avis psychiatrique et des réponses
différenciées en fonction d’un besoin de conseils,
d’orientation spécialisée, de consultation ou de suivi
conjoints. Le psychiatre libéral attend une demande
mieux régulée pour s’engager dans une pratique de
soins non programmés, d’avis d’expert ou de suivi.
Les hôpitaux projettent d’éviter les hospitalisations
aux urgences et d’obtenir des relais spécialisés en
aval des urgences. (suite page 4)
3
URPS info juin 2015 NO
10
DSPP
Le Dispositif de soins partagés en Psychiatrie
Le dispositif de soins partagés en
psychiatrie de Midi-Pyrénées
Le contexte est celui d’une offre de soins psychia-
triques conséquente à Toulouse et de zones déser-
tiques en région. Par contre, paradoxalement, les dif-
cultés d’accès aux soins existent sur tout le territoire.
S’inspirant de dispositifs de soins partagés en psy-
chiatrie qui existent en région parisienne(3), l’URPS
médecins Midi-Pyrénées prend l’initiative de pro-
mouvoir une telle organisation dans la région. Cette
volonté libérale vise à répondre à une forte demande
des médecins généralistes concernant l’amélioration
de leur coopération avec les psychiatres. La première
intention est d’y associer les psychiatres libéraux
volontaires pour organiser et promouvoir une dyna-
mique de valorisation de l’offre de soins libérale de
proximité en psychiatrie. Une enquête de motivations
est réalisée par l’URPS auprès des généralistes et
des psychiatres libéraux. Plusieurs réunions vont par
la suite regrouper les acteurs pour réfléchir à la mise
en œuvre de ce dispositif de soins partagés en psy-
chiatrie (DSPP). Ainsi se constitue un premier groupe
autour de généralistes et de psychiatres libéraux
associant dans une complémentarité entre médecins
et administration, le CHU (avec une implication active
et précoce), les cliniques psychiatriques privées, le
centre hospitalier G. Marchant, ainsi que la ville de
Toulouse (contrat local de santé mentale), le départe-
ment universitaire de médecine générale, des asso-
ciations d’usagers.
Ce projet présenté à l’Agence Régionale de Santé
pourrait se décliner simplement comme un DSPP
visant à intervenir là où des difficultés d’accès aux
soins et de fluidité des parcours apparaissent. Il
n’aura aucune pertinence dans les situations où la
coopération généralistes - psychiatres fonctionne
suffisamment bien et il se veut être un support à la
pratique en psychiatrie du médecin traitant.
Ce dernier sollicite directement le DSPP pour expo-
ser sa demande d’aide à la prise en charge de son
patient. Une infirmière lui répond et, en fonction de
ses attentes, prépare la consultation psychiatrique
conjointe par un recueil d’informations auprès du
patient et du médecin si nécessaire. Le but est de
construire avec le médecin traitant une trajectoire de
soins en fonction du partenariat. L’offre de soins pro-
posée se limite à l’évaluation, à l’élaboration conjointe
d’un projet de soins et le cas échéant à l’accompa-
gnement vers un nouveau professionnel. C’est une
pratique clinique orientée vers la construction, l’expli-
citation et la délégation du projet de soins, qui par cet
aspect a aussi une action de formation en direction
des médecins généralistes avec la rédaction d’un
compte-rendu à visée formative.
Ce dispositif doit fédérer les acteurs en aval de
son intervention avec en particulier les articulations
nécessaires avec les psychiatres libéraux exerçant en
ville et en clinique privée, les psychiatres hospitaliers
dans leurs activités de secteur ou intersectorielles. Il
va contribuer à l’établissement, et l’enrichissement
du répertoire opérationnel des ressources (ROR) en
demandant par exemple aux psychiatres libéraux
leurs disponibilités pour recevoir un patient ainsi
régulé, mais aussi leurs spécificités de pratique et
souhaits d’intervention : psychiatrie générale du sujet
âgé, de l’adulte jeune, etc. Les psychiatres diront
aussi leurs disponibilités pour pratiquer des suivis et
leurs orientations psychothérapeutiques : TCC, psy-
chanalyse, psychothérapies d’inspiration analytique,
psychothérapies interpersonnelles, etc.
Le même travail sera fait avec les secteurs de psy-
chiatrie.
Une réunion des psychiatres libéraux déjà impliqués
et des volontaires aura lieu prochainement à l’URPS
pour établir le questionnaire qui sera adressé aux psy-
chiatres libéraux afin de spécifier ce ROR.
Conclusion
Notre objectif n’est pas de remplacer ce qui fonc-
tionne de manière satisfaisante, mais juste de tenter
de répondre à ce qui ne fonctionne pas, dans l’objec-
tif secondaire de modifier les organisations de soins
afin d’en améliorer la pertinence.
C’est aussi l’occasion de montrer la capacité des
acteurs de la psychiatrie à s’organiser pour faire des
propositions innovantes en termes d’organisation
et d’amélioration des pratiques de soins. Répondre
ainsi aux enjeux d’une médecine moderne valorise
les pratiques médicales, au plus près des besoins
des patients. Les aspects relationnels, comme de
coordination de la médecine, ne sont pas oubliés et
privilégient l’indispensable colloque singulier, méde-
cin-patient, socle d’un exercice médical de qualité.
(1) http://www.has-sante.fr/
portail/jcms/c_2032142/fr/
ameliorer-la-coordination-entre-
le-medecin-generaliste-et-les-
differents-acteurs-de-soins-dans-
la-prise-en-charge-des-troubles-
mentaux-note-de-cadrage
(2) . http://www.has-sante.fr/
portail/jcms/c_1050358/fr/
les-courriers-echanges-entre-
medecins-generalistes-et-
psychiatres-lors-dune-demande-
de-premiere-consultation-par-
le-medecin-generaliste-pour-
un-patient-adulte-presentant-
un-trouble-mental-avere-ou-une-
souffrance-psychique
(3)
Comment améliorer la
coopération entre médecins
généralistes et psychiatres ?
M-C.
Hardy Baylé, N. Younès 04/2014
in Information psychiatrique.
(suite de la page 3)
4URPS info juin 2015 NO
10
celui-ci reste le référent de la prise en
charge psychiatrique ou non. Dans le pre-
mier cas de figure, le dispositif de soins
partagés reste un recours du médecin
généraliste pour assurer le suivi du patient
avec lui lors de moments d’aggravation
du patient ou pour intervenir ponctuellement à la demande du médecin
de premier recours (on parle de soins partagés). Dans les autres cas de
figure le suivi psychiatrique est assuré par le système spécialisé, psy-
chiatre libéral ou hospitalier, ou par un psychologue si seule une psycho-
thérapie est proposée. Le dispositif se charge d’assurer le lien avec le
spécialiste, à la grande satisfaction des médecins généralistes.
La qualité de la réponse apportée par le dispositif de soins partagés
dépend ainsi des ressources psychiatriques qu’il pourra mobiliser pour
assurer le suivi psychiatrique lorsque celui-ci est nécessaire. Ce dispositif
doit donc, afin d’assurer sa mission, entretenir des liens avec la psychia-
trie libérale et la psychiatrie de secteur afin qu’un adressage soit possible
en cas de besoin. Un répertoire des ressources doit être à la disposition
du dispositif et les modalités de recours au système spécialisé doivent
être établies par le dispositif en concertation avec les acteurs du libéral
et du public.
Depuis sa création le nombre de médecins généralistes ayant utilisé le
dispositif est de 453 soit la quasi-totalité des médecins du territoire (le
nombre total de médecins généralistes se situant autour de 500). Près
de 45% des patients ont nécessité quatre consultations ou plus, inscri-
vant ainsi le dispositif dans le soin partagé plus que dans une intervention
unique, qui se limiterait à un avis ponctuel sans assurer le travail sur la
demande du patient et la mise en œuvre initiale du projet de soins.
Le nombre d’actes effectués chaque année se situe aux alentours de
1400. Le nombre d’adressage direct au système spécialisé sans prise
en charge initiale par le dispositif de soins partagés est stable depuis cinq
ans, autour de 5% des demandes.
La satisfaction des patients reçus au dispositif et des médecins généra-
listes pour lesquels le dispositif a été mis en place est évalué on line à
chaque patient reçu selon cinq niveaux : excellente, très bonne, bonne,
moyenne et mauvaise. En 2014, 84,6% des patients et 92,3% des
médecins généralistes ont exprimé une satisfaction excellente ou très
bonne et 15,4% des patients et 7,7% des médecins généralistes, une
bonne satisfaction.
Enfin, la coopération établie entre médecins de premier recours et méde-
cins spécialistes dans le cadre du dispositif est un levier particulièrement
efficace de délégation de compétences aux médecins généralistes pour
le suivi psychiatrique des patients. A l’origine du dispositif, le recours au
système spécialisé pour le suivi psychiatrique était de 30% des patients
reçus, aujourd’hui pour des patients de typologie comparable il est de
70%.
L’activité de ce dispositif est assurée par un psychiatre plein temps (1,5
ETP afin de couvrir les absences de ce psychiatre), une infirmière plein
temps (2 ETP) et un mi-temps de psychologue. La mise en place du
dispositif a été confiée à un psychiatre expérimenté dont la mission était
de superviser l’équipe et de construire le réseau de partenaires, libéraux
et hospitaliers, nécessaire au bon fonctionnement de la structure. Le dis-
positif est localisé à l’hôpital général, lieu déstigmatisé nécessaire au bon
fonctionnement du dispositif, et est sous la responsabilité d’un établis-
sement public, les psychiatres libéraux n’ayant pas souhaité, dans le Sud
Yvelines, assumer cette mission. Le recours aux psychiatres libéraux, de
même que le recours aux secteurs de psychiatrie se fait en seconde
intention, après évaluation et prise en charge initiale au dispositif de soins
partagés.
Le périmètre couvert par ce dispositif est d’environ 500000 habitants
(les 2/3 du Sud Yvelines).
Le Dispositif de Soins Partagés
du Sud Yvelines
Dans le cadre des constats effectués par les acteurs du Groupement
de Coopération Sanitaire du Sud Yvelines (RPSM Sud Yvelines), créé en
1999, l’amélioration de la coopération entre médecins généralistes et
psychiatres s’est imposée comme une priorité.
Cette priorité rejoignait les constats internationaux d’une difficulté dans la
coopération entre le premier recours et l’offre de soins spécialisés.
Une enquête réalisée sur le territoire Sud Yvelines montrait que :
67% des médecins généralistes étaient insatisfaits ou très insatisfaits
de la collaboration avec les psychiatres, libéraux ou hospitaliers ;
les médecins généralistes suivaient seuls une patientèle psychiatrique
de typologie comparable à celle suivie par les psychiatres libéraux, donc
sévère, et 60% des patients adressés à la psychiatrie l’étaient trop tar-
divement d’après les psychiatres qui les recevaient ;
pour 81% des patients adressés par un médecin généraliste à un psy-
chiatre, aucun retour du psychiatre n’était apporté au médecin géné-
raliste.
Sur la base de ces constats, les acteurs du territoire ont proposé de créer
un dispositif dédié aux médecins généralistes, visant à répondre à toutes
leurs demandes dans des délais compatibles avec les besoins du patient.
En somme, ce dispositif se voulait être un support à « la pratique en
psychiatrie du médecin traitant » comme le formule le Docteur Maurice
Bensoussan.
En pratique, le patient lui-même s’adresse au dispositif pour obtenir un
rendez-vous. Il peut être en possession d’un courrier de son médecin
généraliste, ce qui est attendu ou non, le médecin généraliste sera de
toute façon contacté par le dispositif.
Le premier contact du patient est une infirmière et non une secrétaire.
Cette première accroche est en effet essentielle pour, d’une part, recueil-
lir de manière cliniquement pertinente les informations utiles pour déci-
der du délai pour le premier rendez-vous ou d’un ré-adressage direct
au système spécialisé et, d’autre part, établir une relation de confiance
notamment en apportant au patient les premiers conseils et en propo-
sant de rester en contact avec eux, si besoin, dans l’attente du premier
rendez-vous. En somme, il s’agit d’un entretien d’orientation clinique et
déjà thérapeutique. La qualité de cette première accroche a permis d’ob-
server de manière continue un taux d’absentéisme très faible de moins
de 5%, là où les études montrent un taux d’absentéisme pouvant aller
jusqu’à 40% pour le premier rendez-vous avec un psychiatre.
Le patient est informé dès ce premier contact que son médecin géné-
raliste, si celui-ci n’a pas adressé de courrier, sera sollicité. Les patients
sont satisfaits de ce contact avec leur médecin généraliste proposé par le
dispositif, le nombre d’entre eux s’y étant opposé, depuis l’ouverture en
2000 se compte sur les doigts d’une main. Le contact avec le médecin
généraliste est systématique et permet d’affiner sa demande et d’appré-
cier la place qu’il souhaite prendre dans le projet de soins.
L’ensemble des demandes est discuté chaque jour avec le psychiatre et
le délai le plus approprié pour l’obtention du rendez-vous est évalué. Il ne
s’agit pas en effet de répondre le plus vite possible mais de la manière la
plus appropriée à la situation du patient. La moyenne est de dix jours pour
le premier rendez-vous mais ce délai peut être plus long ou plus court si
l’état du patient le justifie.
Les consultations effectuées par le psychiatre, avec ou sans le concours
d’un psychologue, relève d’une véritable séquence thérapeutique. Il
ne s’agit pas simplement de donner un avis mais de construire avec le
patient, son entourage s’il est présent et son médecin généraliste, un
projet de soins et de travailler sur la demande du patient afin de le rendre
possible.
Le projet de soins est ainsi négocié (élaboré) avec le patient et son entou-
rage et coordonné avec le médecin généraliste afin que sa place et celle
du spécialiste dans ce projet soit bien établie.
Le projet de soins implique donc toujours le médecin généraliste que
Pr Marie-Christine
HARDY–BAYLE
Chef du pôle psychiatrie
au centre hospitalier de
Versailles.
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