Vaccination anti-papillomavirus et prévention du cancer du col de l’utérus Benjamin Bertin, Faculté de Pharmacie Vendredi 05 décembre 2014 Le cancer du col de l’utérus en quelques chiffres Le cancer invasif du col de l’utérus (CCU) était, en 2012, le 11ème cancer chez la femme en France métropolitaine avec 3 028 cas estimés (2ème cancer le plus fréquent chez la femme jeune avant 45 ans), et le 12ème le plus meurtrier avec 1 102 décès estimés1 En 2011, 32 179 femmes ont été hospitalisées pour le traitement d’une pathologie précancéreuse du col utérin2 L’épidémiologie du CCU est marquée par des disparités sociales et géographiques notables2 1 2 source INVS 2014; http://opac.invs.sante.fr/doc_num.php?explnum_id=9452 http://www.e-cancer.fr/publications/75-prevention/735-prevention-et-depistage-du-cancer-du-colde-luterus Vendredi 05 décembre 2014 Papillomavirus et histoire naturelle du cancer du col utérin Le cancer du col de l’utérus est une maladie infectieuse associée à une primo-infection par un papillomavirus Environ 200 types (génotypes) de papillomavirus humains (HPV). Présentent une spécificité de tissus étroite: infection d’épithélium cutané ou muqueux. Virus très contagieux. Vendredi 05 décembre 2014 Papillomavirus et histoire naturelle du cancer du col utérin Tropisme cutané: verrues cutanées et épidermodysplasie verruciforme Verrues vulgaires (HPV 2) épidermodysplasie verruciforme (HPV 5 et 8) Verrues plantaires (HPV 1) Vendredi 05 décembre 2014 Papillomavirus et histoire naturelle du cancer du col utérin Tropisme muqueux: condylomes acuminés et cancer du col de l’utérus • 45 HPV peuvent infecter la sphère anogénitale. • L’infection génitale par un HPV est l’une des trois principales infections sexuellement transmissibles (IST) concernant la population générale (1ère IST d’origine virale). • 30 millions de nouvelles infections chez la femme par an dans le monde – 50 à 75% des femmes de 15 à 44 ans sont ou ont été exposées aux HPV Vendredi 05 décembre 2014 Papillomavirus et histoire naturelle du cancer du col utérin HPV à tropisme muqueux sont classés selon leur risque oncogène Bas grade / faible risque oncogène: condylomes (verrues génitales) En très grande majorité dues aux HPV 6 et 11 (83% des cas en France selon l’étude EDiTH; source INVS 2009) 300 000 à 600 000 personnes atteintes en France Évolution en carcinome très faible Vendredi 05 décembre 2014 Papillomavirus et histoire naturelle du cancer du col utérin Haut grade / fort risque oncogène: cancer du col de l’utérus 18 HPV sont considérés à haut risque oncogène pour le col utérin. Parmi ceux-ci, 8 génotypes (par ordre de fréquence : 16, 18, 45, 31, 33, 52, 58, 35) sont impliqués dans presque 90% des cancers du col utérin HPV 16 et 18 sont impliqués dans 70% des cancers du col utérin Vendredi 05 décembre 2014 Papillomavirus et histoire naturelle du cancer du col utérin 15 ans 90% des infections régressent spontanément Différents types de lésions: 1. Dysplasie de bas grade (CIN1) Lésions pré-cancéreuses 2. Dysplasie de haut grade (CIN2/CIN3) 3. Cancer (non invasif / invasif) Vendredi 05 décembre 2014 Prévention du cancer du col utérin et vaccination Caractéristiques Composition adjuvant Gardasil Vaccin quadrivalent HPV 6, 11, 16 et 18 Cervarix Vaccin bivalent HPV 16 et 18 20µg HPV 6 40µg HPV 11 40µg HPV 16 20µg HPV 18 20µg HPV 16 20µg HPV 18 Sulfate d’hydroxyphosphate d’aluminium (225µg) AS04 Schéma 9-13 ans : 0, 2, 6 mois ou 0, 6 mois + 14 ans : 0, 2, 6 mois Prix 123,44 euros par injection Vendredi 05 décembre 2014 (500µg d’hydroxyde d’aluminium + 50µg de lipide A détoxifié) 9-14 ans : 0, 6 mois 15 ans et +: 0, 1, 6 mois 111,52 euros par injection Prévention du cancer du col utérin et vaccination Gardasil® est un vaccin indiqué à partir de 9 ans pour la prévention des : • Lésions génitales précancéreuses (du col de l'utérus, de la vulve et du vagin), lésions anales précancéreuses, du cancer du col de l'utérus et du cancer anal dues à certains types oncogènes de Papillomavirus Humains (HPV) ; • Verrues génitales (condylomes acuminés) dues à des types HPV spécifiques. Cervarix® est un vaccin pour la prévention des lésions génitales précancéreuses (du col de l'utérus, de la vulve et du vagin) et du cancer du col de l'utérus dus à certains types oncogènes de Papillomavirus Humains (HPV) à partir de l'âge de 9 ans. Vendredi 05 décembre 2014 Prévention du cancer du col utérin et vaccination La vaccination contre le cancer du col utérin est-elle efficace ? La vaccination contre le cancer du col utérin est-elle « dangereuse » ? Vendredi 05 décembre 2014 La vaccination contre le cancer du col utérin est-elle efficace ? J1 + 48 mois Vaccination « Per protocol » HPV: négative Lésions prè-cancéreuses: négatives Cervarix® Gardasil® • Infections par HPV 16 et 18 • CIN 2/3 et AIS associés aux HPV 16 et 18 • 100% efficacité contre les infections HPV 16 et 18 • Efficacité vaccinale de 98,2% en prévention des CIN 2/3 ou des AIS associés aux HPV 16 et 18 • 92,9% efficacité contre les infections HPV 16 et 18 (12 mois) • Efficacité vaccinale de 94,9% en prévention des CIN 2/3 ou des AIS associés aux HPV 16 et 18 Vendredi 05 décembre 2014 La vaccination contre le cancer du col utérin est-elle efficace ? J1 + 48 mois Vaccination « En intention de traiter » HPV: ? Lésions prè-cancéreuses: 11% (Gardasil®) Cervarix® Gardasil® • Infections par HPV 16 et 18 • CIN 2/3 et AIS associés aux HPV 16 et 18 Vendredi 05 décembre 2014 • Efficacité vaccinale de 51,8% en prévention des CIN 2/3 ou des AIS associés aux HPV 16 et 18 • Efficacité vaccinale de 60,7% en prévention des CIN 2/3 ou des AIS associés aux HPV 16 et 18 La vaccination contre le cancer du col utérin est-elle efficace ? Efficacité vaccinale de 82,8% en prévention des condylomes acuminés quelque soit le type d’HPV Efficacité vaccinale de 61% en prévention des lésions vaginales de haut grade quelque soit le type d’HPV « Per protocol » Efficacité vaccinale de 83,1% en prévention des lésions vulvaires de haut grade quelque soit le type d’HPV HPV: négatives Lésions prè-cancéreuses: négatives Vendredi 05 décembre 2014 La vaccination contre le cancer du col utérin est-elle efficace ? 1. Efficacité vaccinale très importante (≈ 100%) sur les CIN 2/3 ou AIS dus aux HPV 16 et 18 chez les jeunes femmes indemnes de toute infection HPV 2. Efficacité vaccinale moins importante (≈ 50%) sur les CIN 2/3 ou AIS dus aux HPV 16 et 18 « en population générale ». Justifie l’indication de Gardasil et Cervarix (à partir de 9 ans; population cible 11-14 ans) qui sont des vaccins très efficaces chez les jeunes filles naïves de toutes infections HPV. 3. Gardasil est efficace pour la protection contre les condylomes acuminés Vendredi 05 décembre 2014 Prévention du cancer du col utérin et vaccination La vaccination contre le cancer du col utérin est-elle efficace ? La vaccination contre le cancer du col utérin est-elle « dangereuse » ? Vendredi 05 décembre 2014 La vaccination contre le cancer du col utérin est-elle « dangereuse » ? Vendredi 05 décembre 2014 La vaccination contre le cancer du col utérin est-elle « dangereuse » ? Réseau PGRx (Pharmacoepidemiologic General Research Extension) Grimaldi-Bensouda et al. J of internal Medecine 2014; 275:398-408 Vendredi 05 décembre 2014 La vaccination contre le cancer du col utérin est-elle « dangereuse » ? Point d’information ANSM, 26 novembre 2013: « Les données de la littérature internationale et française ne montrent pas d’augmentation de l’incidence des maladies auto-immunes ni plus particulièrement de SEP après une vaccination par Gardasil®. » http://ansm.sante.fr/var/ansm_site/storage/original/application/d205520689cf2cacdb15144658a9833c.pdf Vendredi 05 décembre 2014 Les stratégies de prévention contre le CCU 1. Le préservatif Efficacité de protection contre les infections par HPV : 70% 2. Le frottis cervico-utérin (FCU) En France, selon les recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS), il est préconisé aux femmes de 25 à 65 ans d’effectuer un FCU tous les 3 ans après 2 frottis normaux à 1 an d’intervalle 3. La vaccination Vendredi 05 décembre 2014 Paradoxe de la vaccination: acte intrusif, intervention médicale, imposés à l’individu en bonne santé au nom de la collectivité. « les vaccins on toujours été victimes de leur succès. Plus la crainte des maladies infectieuses est grande, plus le public est prêt à accepter les contraintes et les risques de la vaccination. Mais plus la menace s’estompe, moins il les tolère. » Source: JJ Bertrand & Pr P. Saliou. Les sentinelles de la vie – Le monde des vaccins. Ed. Albin Michel Vendredi 05 décembre 2014