Lignes directrices

Éclaireurs de la Nature V1 - avril 2011
Lignes directrices du développement spirituel Page 1
Scoutisme et bouddhisme
Lignes directrices
du développement spirituel des EDLN
Objectif du document
• La pédagogie générale du scoutisme
La méthode scoute commune à tous les mouvements scouts du monde est constituée de 7
éléments interagissant les uns avec les autres. Ces 7 points de la méthode scoute sont
exposés dans le document « Pédagogie générale ».
• La pédagogie des EDLN par branches
A partir de cette méthode, les EDLN ont établis leur propre pédagogie pour les 4 branches
(ou tranche d’âge). Ces pédagogies sont exposées dans les documents intitulés « Pédagogie
des Voyageurs », « Pédagogie des Vaillants », etc.
• Le développement spirituel
Les « lignes directrices du développement spirituel » présentées ici ont pour objectif
d’identifier comment l’application de la méthode scoute peut soutenir le développement
spirituel des jeunes, et en particulier de quelle façon et par quelles méthodes la tradition
bouddhiste est présente dans la pédagogie des Éclaireurs de la Nature.
Ce document est une première version qui exprime les grandes lignes de la vision des EDLN. Il
sera précisé et complété au fur et à mesure du développement du projet pédagogique.

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1. En général : le scoutisme et la spiritualité
La structure pédagogique du scoutisme est dans ses fondements au service du
développement spirituel. Ainsi toute la méthode des EDLN est orientée vers
l’épanouissement des qualités humaines fondamentales présentes en chacun.
• Les 3 principes du scoutisme
Le scoutisme repose sur 3 principes fondamentaux :
- le principe personnel, en tant que progression individuelle et d’apprentissage de
l’autonomie ;
- le principe social, en tant que progression dans un groupe et d’apprentissage de la
fraternité et de la solidarité ;
- le principe spirituel, en tant que manière de découvrir et de développer ses qualités
spirituelles.
• La dimension spirituelle du scoutisme
La plus grande partie du monde industrialisé connaît un déclin religieux mais manifeste en
même temps un intérêt soutenu pour la spiritualité. Le scoutisme tend à y répondre à sa
manière. L’aspect spirituel est au fond de toute sa pédagogie. Il affirme toujours plus sa
volonté de renforcer les expériences spirituelles de chacun de ses membres.
• La spiritualité dans la vie quotidienne
Le scoutisme n’est pas un catéchisme. Dans le scoutisme, le développement spirituel est lié
aux efforts que le jeune fait pour comprendre par lui-même le sens de ses expériences de
vie. A ce titre, le développement spirituel du scoutisme n’est jamais séparé de la vie
quotidienne mais en fait intimement partie.
Ce n’est pas en ajoutant au scoutisme une pratique religieuse que l’on peut réellement aider
les jeunes à développer leur dimension spirituelle, mais en vivant des expériences qui ont un
sens spirituel.
• La relation avec les chefs
Les scouts apprennent par l’action et par eux-mêmes. Les jeunes regarderont le responsable
comme un compagnon dans leur recherche de sens, plus que comme une source d’autorité.
La dimension spirituelle du scoutisme est « non-formelle » plutôt que scolaire.
La dimension spirituelle du scoutisme : Explorer l’invisible
Chacun de nous a besoin d’un vocabulaire qui permet de donner sens à une expérience
spirituelle, de la critiquer et de l’intégrer. Nous avons besoin « d’explorer l’invisible ». C’est
une quête personnelle qui nécessite des cartes et des guides.
Les lignes directrices du développement spirituel des EDLN visent ainsi à montrer comment
développer cette compétence chez les jeunes, comment devenir un « éclaireur de
l’invisible ».

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2. Les fondements spirituels des EDLN
• Les deux pôles de la voie du Bouddha
Le bouddhisme (ou « Dharma » en sanskrit) est une voie de libération et de réalisation
enseignée par le Bouddha Shakyamuni il y a 2500 ans. Elle enseigne comment se libérer des
conditionnements et des illusions, sources de disharmonie et de souffrances, et réaliser
notre nature profonde, source d’harmonie et de bonheur.
La nature de l’éveil et de toute la voie peut se résumer à deux aspects fondamentaux :
- Karuna comme bonté, compassion, empathie, la qualité d’un bon cœur, ouvert
- Prajna, la compréhension profonde ou sagesse, une qualité d’ouverture et de
compréhension des choses telles qu’elles sont. Prajna, dans son sens profond, n’est
pas une compréhension intellectuelle, mais une compréhension aconceptuelle, vécue
dans l’expérience directe sans les filtres habituels du mental et de ses concepts.
Ces deux qualités, de bonté et de compréhension, sont inhérentes à notre nature profonde.
On parle ainsi de notre nature comme d’une bonté fondamentale ou d’une santé
fondamentale. Tout le cheminement est alors envisagé comme une thérapie sacrée nous
permettant de retrouver cette santé fondamentale.
• Les trois apprentissages du Dharma
Le cheminement permettant de découvrir et de cultiver ces deux qualités peut se résumer
en trois apprentissages :
- l’éthique (shila) est l’apprentissage d’une vie saine fondée sur la bonté, la
compassion, la non-violence, le respect de la vie sous toutes ses formes. C’est la
découverte de l’harmonie tant au niveau individuel, qu’au niveau relationnel et avec
l’environnement. L’éthique fondamentale n’est pas un ensemble de règles et de lois
mais découle naturellement d’une expérience d’empathie et de participation.
- la méditation ou contemplation (samadhi) est l’entraînement à la pratique de la
présence et de l’attention. Elle permet progressivement de découvrir une qualité
d’expérience directe, reliée aux sens, au-delà de la bulle du mental. La méditation
consiste à découvrir et à cultiver cette qualité d’ouverture en toute situation.
- la compréhension (prajna) est celle de la réalité. Elle est ce qui libère des
conditionnements et de l’ignorance et d’elle procède toutes les qualités inhérentes à
notre nature. Cette compréhension se situe d’abord au niveau conceptuel, puis elle
devient plus directe et intuitive dans l’expérience contemplative.
• Une vision d’unité dans la diversité
L’enseignement du Bouddha porte une vision d’unité dans la diversité des traditions
spirituelles authentiques : toutes partagent un fond commun éthique et spirituel dans une
diversité d’expressions et de moyens. Aussi la voie du Bouddha se situe t’elle au-delà de tout
dogme et de toute croyance. Elle est fondamentalement le domaine de l’expérience. « Ne
croyez pas à mon enseignement par respect pour moi, mais mettez-le en pratique et vérifiez-
le dans votre expérience » a dit le Bouddha.

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3. Les trois apprentissages au sein de la pédagogie scoute
La question qui se pose alors est : comment les valeurs éthiques et spirituelles universelles
du bouddhisme peuvent-elles être transmises aux jeunes d’une façon ouverte et sans
dogmatisme dans le cadre de la méthode scoute ?
Il y a un rapprochement naturel entre scoutisme et bouddhisme.
Tout d’abord le dharma comme le scoutisme sont une voie d’expérience : il s’agit de
découvrir et de comprendre dans l’expérience plutôt que de croire en quelques notions que
ce soit.
Les EDLN basent leur pédagogie autour des trois apprentissages fondamentaux dont nous
venons de parler.
• Les 3 apprentissages dans la pédagogie
- L’éthique comme discipline d’une vie saine fondée sur la non-violence, le respect et
la bonté est au fond de la méthode scoute. Elle trouve en particulier un terrain
d’apprentissage dans la dynamique de groupe et le contact avec la nature,
caractéristiques de la pédagogie scoute.
- L’apprentissage de la méditation consiste à développer chez les jeunes une qualité
d’attention et de présence en toute activité. Cette présence est ce qui permet d’agir
le plus justement en toute situation.
- La compréhension se développe naturellement dans les expériences de vie des
jeunes, et aussi lors d’échanges de groupe (temps spi) permettant de mieux
comprendre le monde dans lequel nous vivons : l’impermanence, la causalité, la
bonté comme source du bonheur, la connaissance de soi, etc…
Ces trois apprentissages sont la base du projet pédagogique des EDLN. Ils sont
complémentaires et se développent progressivement dans chacune des 4 branches du
mouvement (des Voyageurs 8-11 ans aux compagnons 17-18 ans et aux responsables).
4. Les éléments de la méthode
Ces trois apprentissages sont mis en œuvre au travers de certains éléments clés de la
pédagogie scoute :
• Les éléments symboliques
La tenue, les rituels, les images, les insignes, les emblèmes, la façon d’installer les camps,
l’autel, etc., tous ces aspects soutiennent le développement spirituel en apportant à
l’environnement et à la pédagogie une dimension symbolique sacrée.
A chaque branche sont associées des symboles particuliers en fonction de la maturité et de
l’expérience des jeunes.

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• Les « temps spirituels »
Les « temps spi » constituent un court moment quotidien, dans les groupes locaux comme
dans les camps. Ils sont de 2 types :
- les temps spi consacrés à l’apprentissage de la présence. Ils sont pratiqués à chaque
sortie des groupes locaux et quotidiennement pendant les camps.
- les temps spi consacrés à l’échange sur un thème de compréhension permettant de
mieux comprendre le monde qui nous entoure à la lumière de l’enseignement
bouddhiste. Ils sont organisés une à deux fois par camps d’été et quelques fois dans
l’année d’un groupe local.
• L’éthique et la promesse
Le rituel de la promesse et l’éthique associée, caractéristiques du scoutisme, expriment la
vision éthique fondée sur les principes conjoints du Dharma et du scoutisme et introduisent
le jeune au sens de l’engagement et de la responsabilité.
• La progression individuelle
Cet élément de la pédagogie a pour objectif de développer les qualités de chacun, au travers
d’une progression fondée sur la symbolique des 5 éléments (terre, eau, feu, vent, espace).
• La progression collective
La dimension collective du groupe donne le cadre pour l’apprentissage d’une vie en
communauté fondée sur le respect et la solidarité mutuels. Apprendre à dépasser les
attitudes égocentriques habituelles pour se mettre au service des autres et de la société.
5. Organisation des « temps spi »
• Fréquences et durée
Chaque journée des EDLN comporte un temps spi.
Sur les groupes locaux, on en fera donc un à chaque sortie. Sur les camps, on prend un
temps chaque jour, idéalement le matin après la vaisselle du petit déjeuner.
Le temps spi dure entre 30 et 45 min et ne dépasse pas 1 heure. On comptera 10 min pour
l’introduction, 20 min pour le corps du temps spi et 5 min pour la conclusion
• L’environnement du temps spi
- Dans l’idéal, on choisit un lieu de plein air, beau et ouvert sur l’espace environnant.
- On crée une enceinte particulière en forme de cercle, un « espace sacré » dans lequel on
participe au temps spi. L’enceinte peut être faite d’un cercle de drapeaux de prière, ou bien
seulement de bois ou d’éléments naturels. On rentre dans le cercle par une « porte », réelle
ou symbolique.
- Au centre du cercle, on installe un élément symbolique, dans l’idéal crée par les jeunes eux-
mêmes (cairnes en pierre, mât de prière, stupas en pierre ou en bois, bougies, feu le soir…)